Les sacrifices romains étaient-ils sanglants ?

Pierre Le Vadrouilleur

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Transcript

00:00 Les sacrifices à Rome étaient-ils sanglants ? Et si oui, dans quelles conditions étaient-ils pratiqués ?

00:05 Salut la vadrouille ! Cette vidéo va se découper en deux parties.

00:10 La première qui concernera les sacrifices à Rome, sanglants ou non, et leur mode d'emploi.

00:16 Et la seconde dans laquelle je parlerai de l'influence de la divination dans la vie quotidienne des Romains.

00:23 Chez les Romains, il existe deux types de sacrifices, les sacrifices sanglants et non sanglants.

00:30 Les sacrifices non sanglants concernent

00:32 toutes les offrandes que l'on peut faire au dieu sans verser de sang, comme par exemple

00:37 des gâteaux, des fruits, du vin, du miel ou du fromage la plupart du temps.

00:42 Les sacrifices sanglants quant à eux concernent l'abattage d'animaux selon des rituels très strictes.

00:48 On y sacrifie bien souvent des cochons, des moutons ou des bœufs.

00:52 Le sexe et la couleur de l'animal sont déterminés en fonction du dieu auquel il est consacré.

00:59 Il est aussi important de noter qu'il est impératif que l'animal se montre docile et en bonne santé.

01:05 Les animaux effrayés ou malades ne sont pas gardés.

01:08 Ces sacrifices sont très importants car ils ont pour but d'apaiser les dieux, de restaurer la Pax Déorum, la paix des dieux.

01:17 En effet, il peut arriver que les hommes provoquent la colère des dieux par leurs actions.

01:22 Il est alors indispensable de les apaiser pour restaurer cette paix.

01:27 Conserver le contrat établi entre les hommes et les dieux tout en respectant leur supériorité.

01:32 Ce sacrifice a pour objectif de restaurer l'équilibre.

01:36 Chaque étape du sacrifice est minutieusement pensée et doit être strictement respectée.

01:42 La religion romaine est une religion ritualiste.

01:46 C'est l'accomplissement parfait du rite à toutes les étapes qui garantit son efficacité.

01:51 Une seule erreur et tout est à recommencer.

01:55 On ouvre donc la cérémonie par la prafacio, l'offrande inaugurale qui consiste à offrir une libation avec du vin au dieu.

02:05 De l'encens est également brûlé durant le rituel,

02:09 suivi de l'imolacio qui consiste à saupoudrer de la mola salsa, une farine salée, sur le dos de l'animal.

02:16 Cet acte représente le passage de l'animal du monde humain au monde divin.

02:23 Quelques gouttes de vin sont alors versées par le prêtre sur le front de la bête.

02:27 Il lui passe son couteau sur le dos d'un geste rapide de la main afin de confirmer sa consécration.

02:34 Vient alors le moment du sacrifice, l'abattage de l'animal.

02:38 D'abord assommé à l'aide d'un gromaillet, il est ensuite cuit.

02:44 Enfin la praecacio, la prière au dieu, est prononcée à haute voix par le prêtre pour terminer par la litacio qui confirme l'acceptation de l'offrande par le dieu.

02:55 Une partie du sacrifice est brûlée sur l'autel ou au sol en gage d'offrande au dieu et le reste est mangé par les hommes durant le banquet.

03:04 Mais pourquoi les romains faisaient-ils autant d'offrandes ? Qu'est-ce qui les poussait à agir de la sorte ?

03:10 Les romains prenaient très au sérieux la divination.

03:14 Elle avait une grande influence sur leur quotidien, des petits tracas journaliers aux importantes décisions stratégiques comme les guerres ou les affaires publiques.

03:24 Il était indispensable de consulter la volonté des dieux avant chaque événement du quotidien, aussi important ou banal soit-il.

03:33 Il était crucial d'avoir l'approbation de ceux-ci avant d'entamer n'importe quelle action.

03:40 Ça allait du chant du coq durant le banquet qui nécessitait de tout arrêter pour procéder aux exhortations et conjurer le mauvais présage,

03:47 au choix des magistrats ou des batailles à entreprendre, rien ne se faisait sans l'aval des dieux.

03:52 Et pour cela, les romains consultaient les hospices.

03:55 Non, pas cela évidemment.

03:57 Les hospices, c'est-à-dire l'observation des oiseaux, que ce soit leur vol ou leur chant.

04:03 Les prêtres chargés d'observer les hospices se nommaient les augures.

04:08 Aux origines, le collège des augures se composait de trois membres qui évolua progressivement vers 6 puis vers 16 sous le règne de Jules César.

04:17 Pendant longtemps, cette fonction était réservée aux patriciens, l'aristocratie qui dominait Rome.

04:24 Puis plus tard, elle fut ouverte aux plébéens qui appartenaient à la plèbe qui venait juste après les patriciens.

04:32 Les augures se distinguaient par des insignes propres.

04:36 Le litus, un bâton augural dont l'une des extrémités est courbée en volute,

04:42 et la trabea ou trabé, une toge constituée de bandes écarlates avec une bordure pourpre.

04:49 L'influence des augures était telle que le litus figurait bien souvent sur le revers des pièces de monnaie.

04:56 Cela s'explique aussi par la légende disant que le litus de Romulus,

05:02 l'un des fondateurs mythiques de Rome avec son frère Rémus,

05:06 aurait été le seul artefact qui aurait résisté aux terribles incendies du Palatin lors de l'invasion des Gaulois en 390 avant notre ère.

05:16 Rémus et Romulus sont d'ailleurs considérés comme les premiers augures de Rome,

05:21 dont l'observation des présages aurait permis de fonder la cité.

05:25 Le prestige dont gissaient les augures se justifie par le lien qu'ils entretenaient avec le dieu Jupiter,

05:32 qu'ils consultaient et invoquaient du haut de la colline.

05:35 Attention que les augures n'avaient pas le rôle de médiateurs entre les hommes et le dieu,

05:40 mais bien d'interprètes.

05:42 Ils étaient chargés d'interpréter les signes qui leur étaient envoyés.

05:45 Les vrais intermédiaires étaient les oiseaux, dont les augures tiraient les présages.

05:51 Attention également que le rôle des augures n'était pas de prédire l'avenir en observant les oiseaux,

05:58 mais bien de déterminer si les actions des hommes étaient validées ou non par le dieu.

06:02 La réponse ne pouvait jamais être que positive ou négative,

06:07 et celle-ci expirait à la fin de la journée,

06:09 mais pouvait tout à fait être renouvelée le lendemain matin.

06:12 L'augure n'était donc pas un devin, mais bien un interprète des consentements divins.

06:17 La prédiction de l'avenir, elle se faisait à travers la ruspicine,

06:22 que j'aborderai un peu plus loin dans la vidéo.

06:26 Si la vidéo vous plaît, c'est le moment de vous abonner pour soutenir la chaîne et ne manquer aucun épisode.

06:31 Les hospices pouvaient se présenter de deux manières différentes,

06:35 soit de façon inattendue,

06:37 à travers les éclairs et les coups de tonnerre,

06:40 c'étaient les signes du ciel.

06:41 Ils étaient considérés comme très défavorables,

06:44 car ils remettaient directement en cause la paix avec les dieux,

06:47 la Pax Deorum, dont nous parlions au début de cette vidéo.

06:51 Dans ce cas, il fallait immédiatement avorter le projet en cours,

06:55 soit en étant sollicité,

06:56 c'est-à-dire observé par un magistrat possédant le droit d'hospice.

07:01 Mais il n'observait jamais les hospices seul.

07:04 Il était toujours accompagné d'un augure,

07:06 en qualité de technicien,

07:08 pour interpréter les signes qui lui étaient envoyés.

07:10 Il devait donc se soumettre à l'avis des augures,

07:13 ce qui pouvait parfois avoir de lourdes conséquences pour les plans du magistrat.

07:17 La prise des hospices suivait un protocole très strict, elle aussi.

07:22 Elle avait lieu dans l'Auguraculum.

07:25 Un espace quadrangulaire,

07:26 à quatre angles donc,

07:28 de petite taille et pourvu d'une seule entrée.

07:31 Depuis le sommet de la colline où avait lieu le rituel,

07:35 l'Augure, assise sur son siège en pierre,

07:38 se servait de son litus

07:39 pour tracer un espace céleste

07:41 qu'il soumettait ensuite à ses observations.

07:44 L'orientation nord-sud et est-ouest était essentielle,

07:48 car elle divisait l'espace en quatre régions

07:51 projetées de façon imaginaire sur Terre.

07:54 Regardant par exemple vers le sud,

07:56 l'Augure observait les oiseaux qui entraient dans le temple.

07:59 Les favorables arrivaient par la gauche,

08:01 les défavorables par la droite.

08:03 Le vol, mais aussi les espèces auxquelles ils appartenaient,

08:07 donnaient des informations très précieuses

08:09 sur les observations qu'il fallait en tirer.

08:11 Pour les halites, auxquelles appartenaient les vautours, aigles et faucons,

08:16 on observait leur vol,

08:18 la hauteur et le genre de vol,

08:20 la région où ils apparaissaient

08:23 et l'endroit où ils se posaient.

08:25 Pour les haussines, auxquelles appartenaient les corbeaux, corneilles et hiboux,

08:30 on écoutait leur cri,

08:31 la manière dont évoluait le ton,

08:33 la direction du son ou encore la fréquence du chant.

08:37 Au-delà de ces deux catégories,

08:39 il existait une hiérarchisation entre les oiseaux,

08:42 l'un apportant des auspices plus significatifs que l'autre.

08:45 La consultation des auspices devait se faire à l'aube,

08:49 dans le silence absolu.

08:52 Aucun bruit n'était toléré,

08:54 au risque de ruiner la cérémonie

08:56 et annuler les effets de la consultation.

08:58 Comme je le disais au début de cette vidéo,

09:01 les augures n'étaient pas des devins,

09:03 mais bien les interprètes des manifestations divines.

09:06 L'art divinatoire était plutôt réservé aux auspices.

09:10 Il existait trois manières de prédire l'avenir.

09:13 L'interprétation des éclairs,

09:16 l'interprétation des prodiges ou événements exceptionnels

09:19 comme les tremblements de terre,

09:21 le passage de comètes,

09:22 les éclipses solaires, etc.

09:25 Et la ruspicine à proprement parler,

09:27 qui consistait à lire les entrailles des victimes sacrificielles.

09:31 Des animaux, bien sûr,

09:33 c'était la plus connue des trois.

09:35 Elle consistait à lire l'avenir à travers le foie de l'animal.

09:39 Une foie localisée dans le corps,

09:42 on l'extrayait pour analyser sa couleur et son aspect externe.

09:46 Le processus de lecture des entrailles était très rigoureux.

09:50 La ruspice, le devin donc,

09:51 tenait le foie dans sa main gauche

09:53 et le palpait avec la droite,

09:55 tout en posant son pied gauche sur un rocher.

09:58 Orientant l'organe vers le sud,

10:01 il s'aidait d'un instrument qui lui permettait

10:03 de déterminer quelle était la divinité impliquée

10:06 et quelles étaient les significations des anomalies ou difformités.

10:09 Cet instrument était un foie en bronze de petite taille,

10:14 appelé le foie de plaisance,

10:16 en référence à la localité

10:19 où il aurait été découvert.

10:20 Parallèlement aux augures et aux aruspices,

10:24 les Romains pouvaient aussi se référer à leur prophétesse.

10:28 Tout comme les Grecs avaient l'appétit de Delphes,

10:31 les Romains avaient la cibyle de Cune.

10:34 Cette prédiction se fondait sur des livres de prophéties

10:37 apportés par les premiers rois de Rome

10:39 et consultés par les magistrats

10:41 lorsque de terribles événements survenaient sur la ville,

10:44 comme les éboulements de pierre, par exemple.

10:47 Ces livres s'appelaient les livres similains.

10:49 Nombreuses furent les méthodes utilisées par les Romains

10:54 pour assurer la sécurité et la prospérité de Rome.

10:56 L'une des fonctions les plus importantes

10:59 était sans nul doute l'entretien du feu sacré,

11:02 assuré par les vestales.

11:04 Nombreux étaient leurs privilèges,

11:06 mais ils avaient un prix,

11:08 30 ans de chasteté.

11:09 Mais pourquoi ?

11:10 Je vous en parle juste là.

11:12 Sous-titrage ST' 501

11:14 ♪ ♪ ♪

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