SMART IMPACT - Emission du lundi 28 août

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Lundi 28 août 2023, SMART IMPACT reçoit François Perret (Directeur général, Pacte PME) , Xavier Daval (Président, Commission solaire du syndicat des énergies renouvelables en France) et Martin Bocken (Directeur Technique, HyLight)

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Transcription
00:00 [Musique]
00:07 Bonjour, bonjour à toutes et à tous.
00:09 Bienvenue, heureux de vous retrouver pour une nouvelle saison de Smart Impact.
00:13 Vous le savez, Smart Impact, c'est l'émission de la transformation environnementale et sociétale de notre économie.
00:18 Ici, on parle de RSE. Ici, on reçoit les sociétés à mission.
00:22 On donne la parole à celles et ceux qui font de ces enjeux de transition un axe fort de leur stratégie.
00:27 Et voici le sommaire. Mon invité, c'est François Perret, le directeur général de Pacte PME,
00:32 qui lance une alliance entre l'État, 7 grands groupes et des petites entreprises pour décarboner notre économie.
00:38 Des PME qui pèsent pour environ un tiers de notre empreinte carbone.
00:42 Le zoom de ce Smart Impact, dans ce zoom, on se demandera si le solaire n'est pas victime de son succès,
00:47 le photovoltaïque qui bat des records partout en Europe avec des conséquences sur les prix qui inquiètent les professionnels.
00:54 Et puis dans Smart Ideas, notre rubrique est consacrée aux startups éco-responsables.
00:58 On va monter à bord des dirigeables à hydrogène créés par Highlight.
01:02 Voilà pour les titres. On a une trentaine de minutes pour les développer. C'est parti.
01:05 [Musique]
01:11 Bonjour François Perret. Bienvenue.
01:13 Bonjour Thomas Hugues.
01:14 Vous êtes donc le directeur général de Pacte PME qui lance cette alliance dont on va parler longuement ensemble.
01:19 Mais d'abord, d'un mot, c'est une association, c'est ça, il y a une douzaine d'années, Pacte PME ?
01:23 Oui, Pacte PME a été créé à l'origine par Henri Lachman qui était à l'époque président de Schneider Electric,
01:29 les pouvoirs publics et les grands groupes privés qui se sont associés autour de l'idée qu'il fallait responsabiliser les uns et les autres
01:37 dans le devenir des PME, les faire grandir et donc développer la coopération entre les grands groupes et les PME.
01:42 Et donc le 13 juillet dernier, il y a cette alliance Pacte PME qui a été lancée.
01:47 Alors il faut décrire cet objet hybride en quelque sorte. C'est quoi cette alliance ?
01:51 Donc une alliance proclamée par Olivia Grégoire, la ministre en charge des PME,
01:55 et qui vise finalement à créer un dispositif qui va embarquer les PME sous-traitantes des grands comptes dans la décarbonation et la transition énergétique.
02:05 Alors pourquoi est-ce qu'on en a véritablement besoin ?
02:07 C'est parce qu'aujourd'hui, à la fois l'ambition nationale en matière de décarbonation est élevée, mais on y va un petit peu en ordre dispersé.
02:15 Il y a des obstacles financiers pour les PME.
02:19 Ça coûte cher de lancer la transformation ?
02:21 Financer en effet la décarbonation et la transition énergétique, c'est pas rien.
02:25 Il y a un bilan carbone à faire, il y a un plan d'action, mais il y a surtout des solutions technologiques pour gagner en efficacité énergétique sur lesquelles il faut investir.
02:33 Et donc on s'est dit qu'on n'allait pas laisser les PME y aller toutes seules et qu'elles pourraient profiter de la force d'entraînement des grands groupes.
02:42 Les grands groupes, eux, je vous rappelle qu'ils ont un plan décarbonation, mais ils ont l'enjeu de ce qu'on appelle le scope 3 pour les initiatives.
02:48 Leurs émissions indirectes.
02:50 Les émissions indirectes sont celles finalement de leurs fournisseurs, donc ils sont intéressés à cette démarche d'embarquement des PME.
02:55 Alors on va entrer dans le détail en voyant la liste de ces 7 grands comptes, ces 7 premiers grands groupes engagés.
03:03 Aéroports de Paris, Bouygues Construction, EDF, ENGIE, Sanofi, Schneider Electric et Thalès.
03:09 Il y a d'autres grands groupes ou d'autres grands comptes qui pourraient rejoindre cette alliance ?
03:13 On est en discussion avec d'autres grands groupes. Il y a effectivement cet effet de 13 juillet de lancement.
03:20 Il faut qu'on mette en place maintenant le dispositif. On est en train de choisir les opérateurs qui vont assurer l'accompagnement des PME.
03:29 On a bâti des parcours qui tiennent compte du niveau de maturité des PME.
03:35 On a celles qui n'ont vraiment rien fait, qui ont déjà un peu pris conscience, mais qui n'ont pas fait de bilan carbone.
03:40 On a celles qui ont déjà fait un bilan carbone mais qui n'ont pas encore de feuille de route.
03:44 Et puis on a celles qui sont beaucoup plus avancées et pour lesquelles il va falloir proposer des solutions d'accompagnement sur les choix technologiques.
03:51 Donc évidemment on construit ces parcours et derrière on discute avec l'ensemble des grands groupes de la place.
03:57 Mais ça veut dire, là je me place du côté des PME, ça veut dire qu'il ne faut pas forcément être déjà engagé dans une transition ou à maturité pour pouvoir bénéficier de cette alliance ?
04:07 Il faut qu'on soit évidemment très pragmatique. La situation sur le marché c'est quoi ?
04:12 On a à peu près 8 entreprises sur 10 qui n'ont pas engagé de démarche.
04:18 Disons 7 ennemies sur 10 qui n'ont pas engagé de démarche.
04:21 Rien du tout ?
04:22 Rien du tout. Donc elles sont dans la prise de conscience et elles sont en train de se dire comment je vais faire, quels moyens il faut que je consacre,
04:27 comment j'embarque mes équipes, comment j'avance en termes de méthode.
04:31 On a celles qui ont déjà accompli un bilan carbone, on ne va pas leur redemander de le faire.
04:35 On va s'appuyer sur ce bilan carbone et on va les accompagner vers le plan d'action.
04:40 Et puis enfin on a celles qui sont vraiment les plus matures et qui elles ont plutôt besoin d'être accompagnées pour l'identification des solutions technologiques.
04:46 Mais il y a à peu près 150 000, 146 000 PME en France aujourd'hui.
04:50 Pour démarrer évidemment vous n'allez pas accompagner 146 000 PME d'un coup.
04:54 Il y en a combien qui sont concernés d'ores et déjà ?
04:56 Alors notre priorité c'est l'industrie.
04:58 L'industrie c'est 18% des émissions de gaz à effet de serre.
05:03 L'industrie c'est donc à peu près 33 000 PME.
05:07 C'est ces 33 000 PME qu'on vise en complément des efforts accomplis par ailleurs par les pouvoirs publics.
05:13 Je rappelle qu'il y a le dispositif ADEME, il y a le dispositif BPI France
05:17 et en termes de plus de sensibilisation le dispositif des chambres de commerce.
05:20 Donc nous on ne va pas repartir d'une page blanche.
05:23 On va plutôt compléter ces dispositifs en s'appuyant sur les faits de levier des grands comptes.
05:27 Ce sont les grands comptes qui déterminent quels PME industriels sont éligibles à notre dispositif.
05:33 Et effectivement vous avez raison on ne va pas accompagner d'emblée 33 000 PME industriels.
05:37 On a un objectif qui nous a été fixé par l'état d'accompagner 3500 entreprises d'ici 2025.
05:44 On va sans doute pour cela embarquer une quinzaine de grands comptes, peut-être 20,
05:48 qui vont chacun du coup nous proposer une centaine de boîtes à accompagner.
05:52 Ça représente quoi ? C'est quel budget pour créer cette alliance et qui met quoi en quelque sorte ?
05:57 Oui il y a d'une part l'investissement de l'état pour faire fonctionner l'alliance
06:02 parce que l'alliance c'est finalement l'animation de cette communauté de grands groupes et de PME qui vont s'engager.
06:07 Donc là pour être assez transparent avec vous sur trois ans on va solliciter environ 1,7 millions d'euros de budget
06:16 dont 600 et quelques milles qui sont d'ores et déjà octroyés pour l'année 2023.
06:21 Ça c'est le financement du fonctionnement.
06:23 Après ça les PME évidemment devront être contributrices et tout notre objectif à travers l'alliance,
06:29 puisqu'il y a du volume en termes d'accompagnement, c'est de négocier des prix plus favorables avec les opérateurs
06:35 et d'offrir également aux PME de mettre à leur disposition des dispositifs de subvention publique.
06:41 Donc de porter à leur connaissance tout ce qui existe en termes de prêt vert pour réduire la facture.
06:46 Et côté grands groupes, côté grands comptes, il y a une participation qui peut être financière, budgétaire
06:52 ou alors c'est du mécénat de compétences par exemple, comment ça va fonctionner ?
06:55 Il y a une participation humaine, c'est à dire que chacun des sept grands comptes a un interlocuteur privilégié
07:01 qui est présent dans ce projet mais en réalité embarque derrière la direction des achats généralement, la direction RSE.
07:07 Plusieurs ressources qui s'investissent directement dans l'accompagnement des entreprises, dans des conseils,
07:12 dans des mises à disposition d'informations, dans des kits de formation.
07:16 Donc il y a ces sept grands groupes qui réellement se prennent en charge pour accompagner leurs fournisseurs dans le travail.
07:21 Donc c'est de l'accompagnement humain, c'est peut-être pas du mécénat de compétences mais on est dans cette logique là.
07:25 Vous parliez des opérateurs, la sélection des opérateurs, on parle de qui ?
07:28 On parle d'opérateurs privés principalement puisqu'on ne va pas aller chasser, j'allais dire, sur le terrain
07:34 des opérateurs publics qui ont déjà leur public à aller chercher.
07:38 Nous on va compléter le dispositif et vous savez aujourd'hui les opérateurs privés, c'est dans une cartographie qu'on a commencé à réaliser,
07:44 c'est entre 400 et 500 opérateurs, autant dire qu'aujourd'hui.
07:47 Mais qu'est-ce qu'elles font ? C'est quoi ? C'est du conseil en transformation environnementale ?
07:51 Elles ne sont pas toutes exactement sur la même profondeur d'intervention mais globalement vous avez celles qui en effet accompagnent
07:57 au bilan carbone et au plan d'action puis vous avez celles qui font ça mais qui sont également plus en aval dans la détection des solutions technologiques.
08:04 Alors je regarde, on parle de stratégie bas carbone en préparant l'émission, je me suis dit mais au fait on emploie cette terminologie tout le temps,
08:10 c'est quoi exactement ? L'objectif c'est de réduire les émissions françaises de 55% entre le point de départ qu'on s'est donné c'est 90% et 2030.
08:20 Pour ça il faut embarquer les PME, on a bien compris vu ce qu'elles représentent dans le tissu économique français.
08:28 Est-ce que le dispositif est opérationnel dès maintenant, dès cette rentrée puisqu'il a été officiellement lancé le 13 juillet ?
08:35 On vous met un peu la pression mais est-ce que ça démarre déjà ?
08:37 Oui il l'est parce qu'il y a déjà 1500 entreprises qui ont été identifiées, sourcées comme disent les acheteurs par grand groupe.
08:46 1500 entreprises, c'est à partir de ces 1500 entreprises, de ce vivier-là qu'on commence la communication auprès de ces entreprises.
08:54 On leur fait rédiger, remplir ce qu'on appelle une enquête de maturité pour savoir d'où elles partent,
09:00 est-ce qu'elles ont réalisé ou pas un bilan carbone, à quel secteur elles appartiennent, quelle est leur taille.
09:05 En fonction des spécificités également sectorielles ou géographiques, on ne va pas adopter exactement le même parcours.
09:10 Donc oui elles réalisent une enquête de maturité, elles vont signer une charte d'engagement dans le dispositif
09:15 et dès le début de l'automne on va pouvoir leur proposer un ou plusieurs opérateurs pour les accompagner en fonction de la consultation, de l'appel d'offres qu'on va réaliser dans les prochaines semaines.
09:26 Alors là je me place du côté des patrons ou des cadres de PME qui sont sans doute en train de nous regarder.
09:31 On a beaucoup de téléspectateurs qui viennent de cet univers. Est-ce qu'ils peuvent candidater ou est-ce que ça ne marche pas comme ça ?
09:36 Vous nous avez dit c'est plutôt les grands groupes qui identifient dans leur scope 3 des PME industrielles avec lesquelles elles travaillent.
09:43 Est-ce que malgré tout certains peuvent candidater ?
09:46 Il y a trois leviers pour entrer dans le dispositif. Le premier vous l'avez évidemment signalé c'est le sourcing grand compte.
09:51 Donc ça je dirais que ce sera probablement entre 70 et 80% des flux.
09:55 Le deuxième levier ça va être des fédérations professionnelles, des collectivités locales qui dans une filière ou un territoire vont vouloir embarquer des PME dans le dispositif.
10:06 Et enfin le troisième levier c'est la candidature directe. On ne va pas empêcher à une PME qui a envie d'entrer dans un parcours décarbonation de le faire.
10:15 Vous avez la vraie chance d'y entrer ?
10:17 Oui parce qu'en réalité on doit tous devenir plus vert. Donc en réalité on ne va pas faire de sélection sur des critères qu'on ne peut même pas imaginer.
10:26 Si je vous titille un peu c'est quand même d'abord un outil créé pour les grands groupes pour améliorer leur scope 3.
10:32 D'ailleurs vous êtes transparent là de ce que vous avez fait.
10:34 C'est évidemment le point de départ. Pourquoi ? Parce que finalement c'est ça qui va peser le plus en termes d'impact sur le résultat obtenu en termes d'évitabilité de tonnes de CO2.
10:45 Donc on s'intéresse d'abord à la population industrielle d'une certaine taille qui va effectivement être responsable d'une partie des émissions,
10:54 qui va devoir changer ses process industriels. C'est cette révolution qu'on veut amorcer à partir des entreprises les plus importantes.
11:01 Dernier mot, il nous reste un peu plus d'une minute donc on va, on l'a bien compris, se focaliser avec cette alliance Pacte PME sur le tissu industriel.
11:08 Le bâtiment c'est un gros émetteur de gaz à effet de serre en France et dans le monde.
11:12 Et c'est peut-être le secteur d'activité où il y a le plus de PME justement.
11:17 Ça représente 90-95% sans doute des entreprises. C'est la cible suivante ? Il y a d'autres leviers pour que le bâtiment se transforme ?
11:26 Le bâtiment fait partie aussi de notre dispositif. C'est la raison pour laquelle on a embarqué Bouygues Construction avec nous.
11:32 Et donc il y a évidemment un énorme enjeu de baisse des émissions de CO2 associées à la construction des nouveaux bâtiments.
11:39 Et je crois que, effectivement, que ce soit Bouygues Construction, Vinci, Eiffage, on voit qu'il y a un effort là aussi pour embarquer les fournisseurs.
11:47 Et vous l'avez dit, c'est un milieu, c'est un écosystème extrêmement décentralisé, extrêmement émietté le bâtiment.
11:53 Donc là, il y a énormément de PME et de TPE à toucher. Il faut qu'on les embarque également dans le dispositif.
11:58 Merci beaucoup François Perret. C'était passionnant. Bon vent à cette alliance Pacte PME.
12:02 On passe tout de suite à notre débat. Le photovoltaïque est-il victime de son succès ?
12:13 Le zoom de ce Smart Impact est consacré au boom de l'énergie solaire avec en duplex Xavier Daval, qui est vice-président du syndicat des énergies renouvelables,
12:23 président de la commission solaire de ce syndicat et directeur général de KiloWattsol. Bonjour, bienvenue à vous.
12:29 On va peut-être commencer par un constat, celui d'un été record. C'est ça la production solaire, que ce soit au mois de juin, mais au mois d'août aussi, a battu des records en France ?
12:39 Oui, mais j'allais dire que ce sont des records faciles parce que quand tous les ans on ajoute des capacités, la somme des capacités installées produit plus que l'année d'avant puisqu'on est en augmentation.
12:51 Mais quand même, c'est un record. D'ailleurs, la France se place où au niveau européen ? Est-ce qu'on est toujours en retard ? Est-ce qu'on est en train de rattraper ce retard ? Comment ça se passe ?
13:02 Alors, on est en train d'accélérer depuis le début de l'année. Il faut quand même saluer les succès. On a à peu près 33% d'augmentation par rapport à la même période de l'année dernière.
13:11 Donc ça, c'est super. Mais on part de loin parce que la France est quand même toujours un peu le dernier élève. Il faut comprendre qu'en 2022, la France installe moins de panneaux solaires qu'en 2021,
13:22 là où tous les autres pays d'Europe ont des croissances à 20-30%. Donc une croissance négative en 2022, l'année de la pire crise énergétique que la France a connue, c'est incroyable.
13:33 Alors qu'effectivement, si on regarde les chiffres européens, le boom du solaire en Europe, ce sont vraiment des nouvelles capacités qui ont été branchées au réseau électrique européen en 2022.
13:42 47% ! Là sont les chiffres européens, on est bien d'accord. 47% de plus qu'en 2021. C'est Solar Power qui nous fournit ces chiffres.
13:52 Si on fait un petit classement européen, qui sont les leaders ? Puis ensuite, on va développer les axes de développement en France évidemment. Qui sont les leaders en Europe ?
14:00 Le leader incontesté depuis très longtemps, c'est l'Allemagne qui a enclenché en 2000 l'énergie Vendee et cette dynamique de passer au redoublable massivement.
14:12 Mais bien évidemment, autant des pays qu'on attend dans ce top 10 comme l'Espagne paraissent des évidences. Mais là où c'est très surprenant par exemple, c'est que l'année dernière,
14:23 les Pays-Bas, un pays qui n'est pas d'offense pour les Néerlandais, met 4 gigawatts installés. Quand la France en met 2,6.
14:33 La Pologne aussi est un pays assez avancé en matière d'énergie solaire ?
14:38 Oui mais encore une fois, on a toujours ce paradoxe en tête d'imaginer que le solaire est un vecteur réservé exclusivement aux pays du Sud.
14:47 L'année dernière, la Pologne installe 5 gigawatts. C'est-à-dire que les pays qui sont dans une perception intime de l'urgence énergétique
14:59 et pour la Pologne par exemple se désengager très rapidement de l'emprise soviétique, du gaz ou du charbon, qu'est-ce qu'ils font ?
15:06 Ils n'ont pas d'autre choix que de basculer sur les vecteurs d'avenir que sont les renouvelables.
15:11 Alors qu'il y a eu effectivement, parce que vous parlez de gaz, de dépendance au gaz russe par exemple,
15:18 dans la foulée du conflit qui a été déclenché par la Russie en Ukraine, la Commission européenne a dû prendre des mesures d'urgence,
15:26 des mesures d'urgence de soutien à la filière photovoltaïque. Qu'est-ce que vous nous dites ?
15:31 Vous nous dites que la France n'a pas suffisamment pris ce train en marche ? Comment ça se passe ?
15:35 Oui. Moi je vais être excessivement cash et je m'en excuse, mais j'aime mon pays, je suis fier de mon pays, je suis français,
15:43 j'ai travaillé beaucoup à l'international, je suis toujours revenu dans mon pays.
15:46 Et je suis triste de voir qu'aujourd'hui mon pays n'a pas compris que le solaire sera le vecteur énergétique du 21e siècle.
15:54 Si vous lisez les rapports de l'IAE, l'Agence internationale de l'énergie, si vous lisez les rapports du GIEC,
16:00 ils vous disent qu'en 2050-2060, le solaire représentera, suivant les différentes hypothèses, 50 à 60% des énergies.
16:09 Ça va devenir un vecteur qui va devenir naturel. Pourquoi ? Parce qu'il est simple à installer.
16:12 Alors je parle mondialement bien sûr, donc certains pays ne sont plus disposés,
16:16 mais pour moi, ce tsunami industriel, cette révolution industrielle va tout entraîner.
16:22 Et nous la France, parce que nous avons fait d'autres choix dans les années 70, nous devrions nous exclure,
16:27 nous interdire de toucher au solaire pour être certain que nous n'ayons aucun expert sur le sujet.
16:32 Je vais vous faire une analogie complètement stupide.
16:35 C'est comme si en 1900, on avait dit « grâce à Napoléon, on a développé des élevages de francotois et de percherons excellents,
16:43 qu'est-ce qu'on aurait à faire dans l'industrie automobile ? »
16:45 Heureusement que M. Peugeot et que M. Renault ont eu une idée différente.
16:49 Ça veut dire que le nucléaire, parce que je vais au bout de votre pensée, c'est une sorte d'aveuglement de tout miser sur le nucléaire ?
16:59 Est-ce qu'on peut dire ça d'ailleurs ? Parce que moi, on a quand même le sentiment que les énergies renouvelables sont en train,
17:03 vous êtes là pour ça, sont en train de se développer en France.
17:07 C'est quoi ? C'est des batailles de lobby et vous êtes plus faible que le lobby du nucléaire ? Comment ça se passe ?
17:13 C'est évident, quand vous êtes le dernier arrivé, vous êtes d'abord celui qu'on n'attend pas.
17:16 Et puis vous n'allez pas imaginer que les autres allaient vous dire « tapez dedans, ça tombe bien, on voulait arrêter ».
17:20 Donc non, dans la vraie vie, on est dans une forme de concurrence, mais ne vous trompez pas, je n'ai rien contre le nucléaire.
17:30 On a fait, et la France a conçu, un système énergétique d'avant-garde extraordinaire.
17:37 Donc il faut saluer le travail de nos anciens et tout ce qui a été fait, c'est fantastique.
17:41 Le reproche que j'ai à faire, si je dois en faire un en tant que citoyen, c'est qu'au moment où on était au top du top de cette technologie,
17:49 pourquoi on n'a pas réussi à l'exporter ? Pourquoi est-ce qu'on ne l'a pas vendu dans le monde entier ?
17:53 On était les seuls à avoir raison ? Est-ce que ce n'est pas un peu d'arrogance ?
17:56 Et puis alors maintenant, après toutes les catastrophes qu'il y a eu, etc., on découvre d'un coup que nos centrales ont maintenant 40 ans
18:01 et on a oublié d'appuyer sur le bouton pour les remplacer.
18:04 Très bien, mais ce n'est pas mon problème. Moi, mon problème, il est le solaire.
18:09 Et le solaire, je dis simplement, je lance l'alerte, le solaire sera l'énergie de ce siècle.
18:14 Et je veux que tous les jeunes qui sont aujourd'hui en école et autres n'aient pas demain un diplôme qui sera ridicule parce que ces sujets ne sont pas regardés chez nous.
18:22 Alors il y a quand même des difficultés qui sont liées à cette expansion du solaire.
18:26 Là, j'élargis un peu, je sors de la seule situation française pour regarder un peu la situation européenne,
18:31 parce qu'il y a eu ces records de production pendant l'été avec, je l'ai dit chez nos confrères des Échos il y a quelques jours,
18:37 des difficultés liées à, dans certains pays, des prix négatifs.
18:40 Est-ce que vous pouvez nous expliquer ce qui s'est passé, ce qui est en train de se passer ?
18:44 Alors d'abord, ce qu'il faut comprendre, c'est que la notion de prix négatif, elle est proportionnelle au pays dans lequel on a cette notion de prix.
18:55 L'électricité, même si elle circule bien à travers l'Europe, circule d'un pays à l'autre à travers des petits tuyaux.
19:02 Donc quand un prix est très négatif, par exemple en Pologne, le temps que cette propagation d'infos arrive chez nous,
19:10 notre prix n'est pas aussi négatif que ça. Donc ce n'est pas du tout un seul marché, ce sont des marchés par pays.
19:15 Et plus un pays est petit, plus son volume de transaction, j'achète, je vends, je produis, je consomme, est faible,
19:22 et plus il a des réactivités importantes.
19:25 Donc ça, c'est pour ça que ces prix négatifs et le cri d'alarme que nous avons lancé,
19:29 alors Solar Power Europe, qui est l'association européenne dont bien évidemment le CERF est membre,
19:33 nous avons écrit à la Commission parce qu'un certain nombre de nos adhérents pays, notamment la Pologne, entre autres, et la République tchèque,
19:44 elles se sont vues interdire de produire pour laisser la place aux carbonés, ce qui nous semble être un non-sens.
19:52 Ça ne touche pas la France. Mais bien évidemment, les prix négatifs peuvent exister, mais chez nous en France, ça ne compte pas grand-chose.
19:59 Je voudrais quand même remettre les choses à la place, l'église au centre du village, si je puis dire.
20:03 C'est que nous avons rajouté en 2022 2 TWh de consommation et la France consomme près de 500.
20:12 Et vous imaginez qu'avec nos 2 TWh, on aurait déstabilisé le système et il serait par terre ?
20:18 Oui, effectivement, quand on prend vos chiffres, on comprend que ça ne peut pas être lié.
20:23 Mais je voudrais quand même, parce que ça pose une question centrale, qui est la question du stockage d'électricité.
20:29 Il y a des solutions qui existent, mais est-ce que c'est l'une des difficultés qui explique cette question de prix négatif ?
20:36 Moi, je suis baie aussi, j'assume, mais on va produire beaucoup d'électricité grâce au solaire l'été, au moment où peut-être on en a moins besoin.
20:44 Est-ce que c'est ça, là, ce qui est en train de se passer ?
20:47 Alors, ce que je voudrais, peut-être un peu d'explication, d'abord en France, si j'invite quiconque qui connaît ou qui s'intéresse un peu de près ou de loin à cette histoire d'électricité,
21:01 à aller regarder, par exemple, le dimanche 21 mai. Le dimanche 21 mai, nous avons un phénomène de prix négatif.
21:08 De mémoire, on est à -40 ou -70 euros aux Pays-Bas. En France, on est à -0,7. Prix négatif, on est d'accord.
21:17 Eh bien, ceux qui ont accès, et tout le monde a accès d'ailleurs sur Internet, à la plateforme de supervision qui s'appelle Ecotumix de RTE, qui est remarquablement bien faite,
21:26 verront que l'opérateur avait très, très bien compris que les prix négatifs étaient en cours, et on voit qu'on arrête toutes les exportations,
21:34 et on se met à importer à prix négatif, parce que ça, c'est très intéressant. Et pour quoi faire ? Pour charger nos steppes, nos stockages hydrauliques,
21:42 parce que la France a 5 GW de stockage et on les a remplis. Donc on a saisi cette opportunité économique. Alors sur le papier, on peut dire, on peut crier au loup
21:50 « Vous faites des prix négatifs ». Très, très belle opportunité économique quand, à ce moment-là, on achète à prix négatif de l'électricité en masse pour avoir des réserves pour le soir.
21:57 – Mais est-ce que quand même, et on va conclure là-dessus, il nous reste un peu plus d'une minute, c'est l'un des défis d'avenir pour le secteur de l'énergie solaire,
22:06 de trouver des moyens de stocker l'électricité, pas seulement pour le solaire, d'ailleurs, de stocker l'électricité plus durablement, plus facilement ?
22:12 – Non, mais on n'a pas le temps en deux minutes de le faire, mais j'aimerais un jour revenir sur ce sujet. On va changer de monde et on va passer dans un monde
22:21 dans lequel l'énergie va devenir digitale, elle va être pilotée non plus à la main avec des tableaux Excel, mais avec des moyens en intelligence artificielle.
22:30 Et en vérité, à partir du moment où on va prendre en compte la dimension digitale de ces blocs d'énergie offre-demande dynamique interconnectée,
22:38 la problématique à l'ancienne de dire « à telle heure, les gens consomment et il faut que je prépare à l'avance la veille pour le lendemain », va commencer à disparaître.
22:46 Mais on y va et RTE, par exemple, est une entreprise qui est très à la pointe d'un point de vue de l'évaluation de ces technos.
22:53 Mais par contre, la mise en œuvre en est encore très loin.
22:55 – Merci beaucoup, Xavier Daval, d'être venu nous parler du boom du solaire et de son avenir.
23:01 On passe à notre rubrique consacrée aux startups éco-responsables des dirigeables à hydrogène.
23:08 [Générique]
23:14 Smart Ideas, la bonne idée du jour, elle est signée Highlight. Bonjour Martin Bocken, bienvenue.
23:19 – Merci beaucoup Thomas Hugues de m'accueillir aujourd'hui.
23:21 – Vous êtes le directeur général de Highlight, créé en juin 2022.
23:25 Vous êtes quatre co-fondateurs. C'était quoi votre idée de départ ? Racontez-moi.
23:28 – Alors avant de vous parler de notre idée, j'aimerais bien parler d'un fait d'actualité qui est assez récent.
23:33 En fait, début août, il y a eu un énorme incendie à Hawaï qui est extrêmement perturbateur.
23:38 Et cet incendie, en fait, il est causé par une défaillance du réseau énergétique, du réseau électrique.
23:43 Donc c'est une ligne électrique qui a pris feu, qui a touché un arbre et qui a démarré cet incendie.
23:48 Et ça fait cette catastrophe naturelle.
23:51 Il y a une autre chose que j'aimerais bien vous parler, pour vous parler de l'ampleur du problème qu'on essaie de résoudre, c'est 4%.
23:57 4%, c'est les émissions de gaz à effet de serre qui viennent des fuites de méthane sur les pipelines.
24:02 Donc c'est aussi des infrastructures énergétiques. C'est deux fois les émissions de l'aérien.
24:07 Donc c'est des émissions, c'est énorme. Et actuellement, en fait, les opérateurs essayent donc de maintenir ces infrastructures,
24:15 de réduire aussi ces émissions de méthane parce que les fuites, ça coûte extrêmement cher.
24:19 7 milliards de dollars en Europe et en Amérique du Nord.
24:23 Mais le problème, ce n'est pas de réparer ces fuites, mais c'est plus de savoir d'où elles viennent.
24:28 Et là, on est au cœur de votre business, puisque Highlight, ce sont des dirigeables.
24:33 C'est ça, à hydrogène, qui permet de quoi ? D'anticiper sur ces problèmes, sur les réseaux électriques ou les infrastructures ?
24:40 Exactement, c'est exactement ça. En fait, actuellement, il y a toujours des hélicoptères qui sont utilisés pour inspecter toutes ces infrastructures.
24:46 Tous les jours, en Europe, tous les jours dans le monde, il y a des hélicoptères qui survolent avec des gens qui prennent des photos,
24:51 des infras pour surveiller leur état. Et les solutions actuelles, donc les drones, quadcopters ou ailes volantes,
24:56 en fait, ne sont pas adaptées spécifiquement à ce bon réseau-là.
24:59 Les drones, c'est très bien pour surveiller un poteau, une zone spécifique, mais pour voler pendant très longtemps, sur de longues heures,
25:07 ça n'a suffisamment pas assez d'autonomie. Donc c'est pour ça que nous, on a un peu réfléchi et on s'est dit, mais il faut une solution
25:13 extrêmement adaptée, en fait, pour ce besoin spécifique, parce que le marché est énorme, le besoin est énorme, le problème est énorme.
25:18 Et c'est pour ça qu'on a développé ce drone augmenté, ce drone amélioré, ce dirigeable à hydrogène.
25:24 Donc on est avec deux technologies entre le drone et le dirigeable. Donc on a bien compris, ce sont des dirigeables autonomes.
25:31 Il n'y a pas de présence humaine à bord. On a vu quelques photos. Vous en avez tout du développement de l'entreprise ?
25:37 C'est une toute jeune entreprise. C'est quoi ? C'est les premières levées de fonds ? Racontez-nous, vous en avez tout.
25:42 Du coup, on a démarré l'année dernière, en juin 2022. On vient de réaliser notre première inspection au-dessus de l'île électrique et de pipelines.
25:49 C'était courant août. Et donc on a signé un contrat avec Enedis. Et on va réaliser ce premier projet pilote avec Enedis courant septembre et en fin d'année.
25:59 Donc voilà, ça se passe bien. On est accéléré par de nombreux accélérateurs en France et aussi aux États-Unis, notamment Y Combinator.
26:07 C'est le plus précis accélérateur du monde et qui nous aide pour aussi lever des fonds et trouver de l'intérêt.
26:13 Technologiquement, c'est une avancée technologique ou alors vous récupérez des briques qui existaient ailleurs et vous avez eu l'idée finalement de lier deux technologies qu'on n'avait pas liées auparavant ?
26:26 C'est ça, en fait. Le dirigeable, c'est un peu une ancienne technologie qu'on essaye de remettre au goût du jour parce qu'elle a un vrai intérêt.
26:33 Peut-être plus justement pour l'inspection parce que grâce à un dirigeable, en fait, on peut peu consommer d'énergie en vol et donc rester pendant très longtemps en vol.
26:41 En fait, on parle de 10 heures d'autonomie en vol, 350 kilomètres en un seul vol, en une seule journée.
26:46 Donc c'est assez remarquable par rapport aux solutions drone classiques qui font que 40 minutes.
26:53 Et l'hélicoptère, parce que vous avez commencé en disant qu'aujourd'hui, c'est l'hélicoptère qu'on utilise.
26:57 Donc en termes de bilan carbone, là, on peut venir au cœur de ce qui est aussi un des éléments importants de la création de notre entreprise.
27:04 C'est incomparable, j'imagine.
27:05 Exactement.
27:06 C'est comparable, mais le gain est énorme.
27:08 Oui, l'hélicoptère, c'est très polluant. C'est une tonne par heure, 1 500 euros de coût en fait aussi par heure d'inspection.
27:15 Et la précision de l'hélicoptère peut être améliorée parce qu'encore aujourd'hui, les hélicoptères, c'est des personnes qui prennent des photos manuellement.
27:23 Et ils vont un peu trop vite pour avoir des données extrêmement précises des infrarouges.
27:27 D'ailleurs, ils vont à quelle vitesse, le dirigeable ?
27:28 Le dirigeable, il peut aller très lentement. En fait, l'enjeu est de trouver la vitesse adaptée.
27:33 Donc pour les pipelines, c'est autour de 10-20 km/h. Pareil pour l'électrique.
27:38 Et en fait, l'hélicoptère, s'il vole à cette vitesse-là, il coûterait beaucoup trop cher.
27:42 Et donc, ils sont obligés de voler plus vite, à 50 km/h au moins, et donc avoir une donnée au final de faible qualité.
27:49 Merci beaucoup. Merci Martin Bocquen, bon vent à Highlight.
27:54 Merci d'être venu nous présenter vos drones dirigeables autonomes.
27:58 Voilà, c'est la fin de ce numéro de Smart Impact.
28:00 Merci à toutes et à tous de votre fidélité.
28:03 Un grand merci également aux équipes de BeSmart qui m'accompagnent.
28:06 Je vous dis à demain pour un nouveau rendez-vous de la transformation environnementale et sociétale.
28:11 Salut !
28:12 [Musique]

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