Le "plus vieux métier du monde" est-il un métier comme les autres ? Certaines féministes tentent de le banaliser au nom du droit à la liberté de disposer de son corps. Cette activité n'en reste pas moins la plus ignoble. Dans son ouvrage "Le monde de la prostitution : de la violence à l'illusion", l'écrivain et éditeur Max Chaleil permet de mesurer l’histoire et l’actualité de la prostitution à une époque où le trafic sexuel s’intensifie, plus inhumain que jamais et où de nouvelles formes de prostitution apparaissent. Face aux réseaux de traites des êtres humaines, faut-il réglementer cette activité au mieux des intérêts prétendus des prostituées ? Pourquoi le client n'apparaît pas dans les conventions internationales liées au phénomène ? Max Chaleil répond à de nombreuses questions avec une grande humanité mais constate avec désarroi comment la mondialisation favorise les pires outrances sur les individus.
Category
📺
TVTranscription
00:00 [Générique]
00:06 Bonjour à tous. Pour notre Zoom aujourd'hui, nous recevons Max Chalet.
00:10 Bonjour Monsieur.
00:10 Bonjour.
00:12 Max Chalet, auteur, éditeur. Vous avez collaboré avec plusieurs médias
00:16 et vous publiez cet ouvrage que voici "Le monde de la prostitution, de la violence,
00:22 à l'illusion" que vous pourrez retrouver sur la boutique officielle de TV Liberté.
00:28 Alors Max Chalet, quand on évoque le monde de la prostitution,
00:32 il y a évidemment une expression qui revient.
00:36 En premier, c'est le métier le plus vieux du monde.
00:39 Alors qu'est-ce que cela dit justement de notre monde ?
00:42 Alors d'une part, le plus vieux métier du monde, c'est une facilité.
00:46 En fait, ce n'est pas un métier.
00:47 Premièrement, c'est une alienation, une exploitation.
00:51 Deuxièmement, ce n'est pas le plus vieux métier puisque des sociétés dites primitives
00:56 n'ont pas connu la prostitution.
00:58 En Mélanésie, Margaret Mead et Brad Malinowski ont montré qu'il y avait des sociétés
01:02 pour qui le concept même de prostitution, de vente de la femme, n'existait pas.
01:06 Il y avait une hospitalité sexuelle, certes.
01:08 Les Comanches, en Amérique du Nord, ne connaissaient pas.
01:11 Donc c'est un métier qui apparaît, comme métier entre guillemets,
01:15 qui apparaît avec la concentration urbaine, avec la naissance des villes.
01:19 Et elle apparaît en Grèce avec Solon parce que la Grèce concentre.
01:24 Les gens sont déracinés, elle arrive à une population.
01:27 Et il faut qu'on analyse la Grèce antique.
01:29 Et c'est Solon le latinien qui crée les premiers bordels, les dictérions,
01:34 où on va mettre des dictériades, c'est-à-dire des esclaves, des captives,
01:38 donc de la main-d'œuvre bon marché qui n'a aucune considération humaine,
01:43 et on les exploitera dans ces dictérions pour préserver la vertu des femmes honnêtes.
01:48 Donc c'est un argument qui va fleurir tout au long de l'histoire.
01:53 C'est le paravent aux audaces sexuelles qui viseraient les femmes honnêtes.
01:59 Donc ça nous renseigne sur...
02:01 Je veux dire que la Prussie est une excellente spectrographe
02:04 pour comprendre le monde dans lequel on est.
02:07 On le voit dans l'Antiquité, effectivement,
02:09 on le voit dans la Grèce antique, dans la Rome antique,
02:12 tout au long de l'histoire, en France comme dans d'autres pays.
02:15 C'est un monde où la femme est considérée comme quelque chose qu'on peut acheter,
02:20 c'est-à-dire le désir sexuel n'est pas réciproque,
02:25 mais il y a le désir masculin et la femme qui est marchandisée,
02:29 qu'on peut acheter comme un produit.
02:31 D'ailleurs certains clients disent "moi quand je vends une femme,
02:34 c'est comme si j'avais besoin de changer de chaussettes".
02:36 Il y a une vision mercantile et utilitaire de la femme
02:39 qui est ravelée à un objet, une marchandise, un bout de viande, etc.
02:45 Et donc là je crois que si on a une conception de la femme,
02:49 la femme est l'égale de l'homme, Aragon disait "l'avenir de l'homme",
02:52 bien qu'Aragon s'est avéré homosexuel à la fin de sa vie,
02:55 mais enfin la formule est jolie.
02:57 Et effectivement, à partir du moment où on n'estime pas
03:00 que la femme est votre égale et qu'on doit la mériter,
03:04 on doit la séduire, non, c'est beaucoup plus simple de l'acheter.
03:08 C'est-à-dire on n'achète plus un être humain,
03:10 on achète un objet disponible et corvéable à merci.
03:13 – Est-ce que la prostitution est un phénomène
03:16 que l'on ne rencontre à l'origine qu'en Occident ?
03:19 Est-ce qu'il se passe par exemple en Chine ?
03:21 – Il y a eu une prostitution, mais disons, on peut s'interroger sur la Chine,
03:26 si c'est arrivé avec l'influence occidentale,
03:30 mais il y a toujours, en Chine, une forme de prostitution antérieure.
03:34 Mais l'essentiel de la prostitution est occidentale
03:36 et a été ensuite implantée, en Afrique notamment,
03:40 et dans des tas de pays où effectivement la concentration a opéré
03:43 et où on a fourni d'ailleurs pendant toute une époque,
03:46 l'occidentale est très recherchée.
03:49 La française notamment a une réputation de femme volage, de femme légère,
03:54 et en Amérique du Sud, notamment, dans l'entre-deux-guerres,
03:57 la française est un produit d'exportation,
04:00 comme dans les anciennes colonies,
04:01 comme en Indochine, comme partout, en Afrique aussi.
04:04 Bon, après, on va évoluer et après on va rechercher une position sur le terrain,
04:11 beaucoup plus jeune, qui va concurrencer la prostitution européenne.
04:15 Et ça c'est une histoire beaucoup plus récente, dirais-je.
04:18 – Certains présentent la prostitution comme un métier semblable aux autres,
04:23 et vous, qu'est-ce que vous en pensez ?
04:24 – Oui, alors ça c'est la tactique mise en avant par des féministes
04:28 qui voient dans la prostitution une réalisation de la femme,
04:31 une transition des pudeurs, de la morale vraiment vieillotte,
04:35 et donc, on a eu des textes de Badinter et d'autres qui disaient,
04:39 mais c'est la réalisation de la femme.
04:41 Elle transgresse les tabous et elle s'affirme en tant que femme.
04:44 Alors pour ces gens-là, pour, j'irais du bon mot, bien-pensants,
04:48 on arrive à un phénomène qui consiste à dire,
04:51 on va banaliser la prostitution, c'est un métier comme les autres.
04:54 Et de ce fait, puisque c'est un métier comme les autres,
04:57 ben, il n'y a pas de tabou, on ne va pas jeter la latème sur ce métier.
05:02 Et donc, vous avez des prostituées qui sont endoctrinées,
05:05 qui vous le disent ou elles le récitent, etc.
05:08 Mais ce n'est pas un métier.
05:09 Un métier, quel que soit le métier que vous avez,
05:11 vous êtes peut-être exploités, puisque vous êtes,
05:14 à théorie de la plus-value, vous êtes salariés,
05:16 et le bénéfice que vous faites va à l'entreprise,
05:18 mais une prostituée ne possède rien,
05:20 puisque son argent va chez le macro.
05:24 Alors la fiction, c'est-à-dire, métier comme les autres,
05:26 et les femmes se prostituent librement.
05:28 Il est vrai qu'il y a des femmes qui se prostituent librement,
05:31 en croyant, en pensant que c'est une façon de gagner sa vie très rapidement.
05:34 En général, elles le sont récupérées,
05:36 et elles se retrouvent dépendantes d'exploitants et d'exploiteurs.
05:41 Mais cette vision permanente, permanente,
05:44 dans les associations de prostituées,
05:46 c'était l'idée qui n'arrête pas de dire
05:48 "il n'y a plus de macro aujourd'hui, c'est fini, on les a éradiquées,
05:51 les femmes se prostituent librement, et c'est un métier comme un autre".
05:55 Donc la prostituée, il faut la respecter comme n'importe quel travailleur.
05:58 Or, ce n'est pas un métier.
06:00 – Mais n'y a-t-il pas des courants au sein du féminisme,
06:04 avant ce qu'il est devenu aujourd'hui,
06:07 qui auraient cherché à sauver la prostituée
06:09 et à la tirer de sa condition ?
06:12 – Tout à fait, il y a encore plein d'associations,
06:14 le NID, l'équipe d'action de la Fondation CEL, etc.
06:18 et bien d'autres, bien d'autres,
06:20 sont des mouvements qui cherchent à aider les filles
06:24 qui peuvent s'en sortir, ou qui font des expéditions.
06:27 À l'époque, je collaborais un peu avec l'équipe d'action,
06:30 et je voyais des gens qui me disaient "mais on fait des descentes,
06:32 il y a des filles qui veulent sortir, qui sont empêchées, on les récupère".
06:36 Donc, il y a une rééducation, parce que c'est très compliqué,
06:39 une fille qui a été prostituée, pendant 20 ans,
06:42 a un comportement qui n'a rien à voir avec ce qu'il avait à avoir.
06:47 Mais il y a des mouvements qui ne sont pas du tout…
06:49 et les premiers en féministe, autour de Simone de Beauvoir,
06:52 il y a des collections de livres aussi, de bouquins,
06:56 où il y a vraiment un souci de dénoncer la prostitution,
06:59 d'aider les filles qui peuvent s'en sortir, ou qui veulent s'en sortir,
07:02 ce qui n'est pas si simple, de poursuivre,
07:05 de dénoncer les trafiquants, de se mettre, disons,
07:09 au tribunal comme partie plaignante, etc.
07:12 Donc, il y a tout un mouvement, il n'y a pas que les salauds qui exploitent.
07:16 Il y a quand même des gens qui ont un souci de la dignité humaine.
07:19 – Et qu'est-ce que cela dit du féminisme moderne,
07:22 quand les tenants du féminisme disent que c'est un métier comme les autres ?
07:28 – C'est vrai qu'il y a tout un féminisme moderne qui soutient cette thèse,
07:32 pour banaliser, comme tu disais, le métier des prostituées.
07:36 Et d'une certaine façon, ça avalise leur combat en disant
07:41 "mais les prostituées sont nos sœurs, elles ont choisi leur métier,
07:45 nous devons les défendre, qu'on entend les calomnies".
07:48 Alors, quand on voit les prostituées, 90% des prostituées sont des prostituées,
07:53 c'est la position coercitive, ce n'est pas un choix personnel.
07:57 Il y a des choix personnels, on le disait tout à l'heure, mais les minoritaires.
08:01 Et la position actuelle, avec la légalisation d'un certain pays,
08:04 le Danemark, l'Allemagne, etc., le Pays-Bas, l'Allemagne,
08:07 et d'autres, l'Autriche et tout,
08:09 eh bien on voit qu'il y a une concentration énorme,
08:13 les prostituées autochtones deviennent minoritaires,
08:17 et on arrive au Pays-Bas à avoir 90% ou à l'Autriche 80% des prostituées
08:20 qui viennent de l'extérieur.
08:22 Il y a donc un appel d'air, la légalisation fait un appel d'air,
08:26 et il y a les trafiquants qui donnent l'approvisionnement.
08:29 – Alors, votre ouvrage traite essentiellement de la prostituée,
08:33 on parlera du client après, quelle place occupe-t-elle dans la société ?
08:38 – C'est une place, je dirais, négative, elle fait partie de la marge.
08:43 Tout au long de son histoire, elle a été associée aux truands,
08:47 aux voleurs, aux assassins et tout,
08:50 donc c'est quelqu'un qui est marginalisé,
08:53 qui a quitté la bonne société pour aller dans un monde interlope.
08:57 Alors évidemment, quand elle est jeune, jolie, on l'adule,
09:01 parce qu'elle est désirable, mais quand elle vieillit,
09:05 quand elle perd ses charmes, elle devient un repoussoir.
09:09 D'ailleurs le vocabulaire était pharaon pour nommer la prostituée,
09:12 qui n'est plus une femme désirable, c'est un chiffon, une serpillère,
09:17 c'est vraiment… au niveau animalier par exemple,
09:21 il y a beaucoup de synonymes et des indications de la prostituée
09:23 par des mots animaliers, et bien quand une jeune prostituée,
09:26 c'est une gazelle, c'est une panthère, et après c'est un bourrin, une aridelle,
09:31 vraiment, c'est plus rien.
09:33 Je veux dire que là il y a un mépris et les gens rient de la prostituée.
09:37 Il fut une époque, il y a les prostituées dans les rues à Paris,
09:40 où le samedi soir, les bourgeois, bien dans leur peau,
09:43 allaient faire un tour dans les quartiers chauds,
09:45 pour voir comment ça se passait, ça les excitait de voir les clients,
09:48 le trafic des clients.
09:49 Donc c'est quelque chose d'un peu insolite, d'amusant à la limite,
09:54 mais la prostituée n'a pas du tout de considération dans l'opinion publique.
09:59 Pas du tout.
10:01 – Est-ce qu'il y a des facteurs qui prédisposent un individu à se prostituer ?
10:06 – Alors ça c'était une thèse qu'avait sortie le criminaliste Lombroso en Italie,
10:11 qui avait une proposition pour la prostitution.
10:13 En fait la science a fait l'idée de tout ça.
10:16 Non, il y a, disons, des terrains sociologiques, des climats sociaux,
10:22 qui vont engendrer une prostitution.
10:25 Par exemple, quand on a des crises, on l'a vu par exemple,
10:28 en France la crise viticole, on a eu le naissance des prostituées du Languedoc,
10:32 les crises agricoles en Bretagne, le naissance des prostituées bretonnes,
10:35 qui arrivent sur Paris.
10:37 Donc ça, ça joue, effectivement, mais il n'y a pas de prostitution personnelle.
10:42 Certains disent que les prostituées sont moins intelligentes, non.
10:45 À niveau égal, elles sont peut-être moins scolarisées,
10:48 parce qu'elles ont la prostitution plus tôt,
10:50 mais il n'y a pas une imbécilité prostitutionnelle, comme on l'a dit à un moment.
10:53 Il n'y a pas une paresse prostitutionnelle.
10:56 Alors des prostituées peuvent penser que de se prostituer au début,
11:00 avec quelques passes, ça va, mais en vieillissant, on va augmenter les passes.
11:04 Et on sera rivés, on sera rivés à sa prostitution.
11:08 À un certain moment, dans les maisons d'abattage qu'on a connaissées dans le 18e,
11:12 les prostituées pouvaient faire jusqu'à 90, 100 passes par soirée.
11:16 Imaginez, c'est quelque chose de terrible.
11:18 Donc ce côté-là, il n'y a pas de prédisposition, il y a un climat social,
11:23 il y a parfois dans des familles, la violence, très souvent la violence,
11:27 l'abus sexuel, les pères qui abusent de leur fille ou le frère.
11:31 Et donc ils vont déconsidérer au niveau de la personne, de la fille, sa valeur.
11:37 Elle va dire "j'ai été violée, je ne vaux plus rien" et elle va tomber facilement.
11:42 Il y a l'environnement, il y a des amis, des soeurs, des cousines qui se prostituent,
11:46 qui vont peu à peu amener la personne sur le chemin de la prostitution.
11:50 Il n'y a pas de position naturelle.
11:52 On n'en est pas futur prostitué, ça n'existe pas.
11:55 – Alors la prostitution existe malheureusement depuis quasiment toujours,
12:00 donc en Occident, faut-il, c'est la question, réglementer cette activité
12:04 au mieux des intérêts prétendus des prostituées ?
12:08 – Alors le réglementarisme qui a été de facto,
12:12 qui réglementait la prostitution dans la Grèce antique, dans la Rome antique,
12:17 et ensuite qui a fluctué à l'histoire, et que Napoléon a remis en 1805,
12:22 il réintroduit la réglementation, le réglementarisme.
12:25 Le réglementarisme c'est, la prostituée obéit à des règlements,
12:28 elle doit être enfermée dans la maison-close,
12:32 et si elle s'enfuit, la police la ramène à la maison-close.
12:35 Oui c'est vraiment, c'est très tout bénéfique pour les exploitants.
12:39 Et en 1946, la France va adopter le système abolitionniste.
12:44 L'abolitionnisme, ce n'est pas l'abolition des prostitutions,
12:47 c'est l'abolition du réglementarisme,
12:49 qui fait que la prostituée était pied et poing liée dans les mains
12:52 des souteneurs et des macarons, et des patrons de maison-close.
12:57 Donc la prostituée est libre, en France aujourd'hui,
12:59 on est libre de se prostituer.
13:01 Alors avec des contingences diverses,
13:03 on ne peut pas faire du racolage actif pendant une époque, etc.
13:08 Mais il y a la liberté de se prostituer, et totale.
13:11 Mais la plupart des filles qui sont prostituées,
13:13 ne se prostituent pas librement.
13:15 Notamment quand on voit aujourd'hui, le cheptel prostitué,
13:19 si l'on peut parler ainsi, vient majoritairement de l'étranger.
13:23 – D'Afrique, d'Europe de l'Est.
13:25 – Europe de l'Est, Amérique Latine, Extrême-Orient.
13:30 Donc on a à la fois un renouvellement de la prostitution internationale,
13:36 et un rajeunissement considérable de la prostitution.
13:39 Et d'ailleurs les clients abandonnent les prostituées plus âgées,
13:43 et ils disent "écoute, moi je préfère la chair fraîche".
13:46 Et on a un rajeunissement permanent,
13:48 on a des filles de 15, 16 ans, jusqu'à 12 ans.
13:51 Quand vous allez en Thaïlande, c'est des filles de 12 ans, 10 ans, garçons, filles.
13:56 On voit comme Pattaya, une ville, le plus gros bordel du monde,
14:01 dit-on, puisqu'il y a 100 000 prostituées.
14:03 Ça devient dément.
14:04 Dire qu'il y a une exploitation pour les touristes occidentaux,
14:07 pour les japonais, pour les autochtones aussi,
14:10 et donc il y a une augmentation de la prostitution,
14:13 une industrialisation de la prostitution.
14:15 Puisque maintenant, on achète des enfants aux parents,
14:18 on rasile avec les guerres qui se répandent partout,
14:22 c'est très facile.
14:24 Et des femmes se prostituent aussi parce que tout est détruit,
14:27 elles n'ont plus de quoi vivre.
14:29 Il y a aussi ce chaos international qu'on rencontre partout,
14:33 engendre aussi ces déséquilibres qui vont engendrer la prostitution également.
14:37 – Alors vous le dites, les prostituées en France
14:39 viennent principalement d'Afrique, d'Europe, de l'Est.
14:43 Comment les réseaux s'organisent, ces réseaux de traite des êtres humains
14:48 s'organisent-ils vers la France ?
14:50 – Alors par exemple, l'Afrique du Ghana essentiellement,
14:53 et les pays adjacents, il y a des réseaux,
14:55 il y a des mafias du Niger, pardon, du Nigeria,
14:59 des réseaux du Nigeria qui sont implantés dans tous les pays occidentaux.
15:04 Donc il y a une mafia qui prend les filles,
15:06 qui les surveille, qui les conditionne à l'arrivée,
15:09 avec des mamas qui leur jettent des sorts si elles les désobéissent et tout.
15:14 Il y a donc un formatage, un formatage, et après une surveillance
15:17 par ces réseaux implantés dans tous les pays d'Europe.
15:20 Mais également avec l'Europe de l'Est,
15:24 et puis on voit par l'Albanie, le Kosovo, etc.,
15:28 on voit passer également dans ces réseaux qui servent aussi à la drogue,
15:32 qui servent aussi aux armes, qui servent aux clandestins, aux migrants.
15:36 Les mêmes réseaux fonctionnent pour tout.
15:38 Et donc on le voit aussi depuis l'extrême-Orient,
15:40 et donc ces réseaux arrivent d'Amérique latine également,
15:43 on a donc un ensemble d'organisations internationales.
15:46 Alors quand on dit, par exemple, certains disent
15:48 "non, non, les filles viennent d'elles-mêmes dans certaines maisons-closes,
15:51 à la Junckera par exemple, sur la Costa Brava,
15:55 en fait on se dit comment une fille isolée au fin fond du Costa Rica,
15:59 au fin fond du Bangladesh, trouverait l'adresse pour venir d'elles-mêmes ?
16:04 Non, c'est des réseaux qui organisent tout ça, tout ça.
16:07 Et effectivement, on voit là, je dis, une internationalisation
16:10 et une mondialisation de la prostitution.
16:13 Alors justement, pourquoi pensez-vous que la mondialisation
16:16 entraîne une accélération du phénomène de la prostitution ?
16:20 Parce que dans la mondialisation, tout est consommable.
16:23 Je veux dire, ce qui compte, c'est ce que ça rapporte.
16:26 C'est pas l'individu, il vaut par ce qu'il représente comme valeur marchande.
16:30 C'est pas comme valeur humaine.
16:32 Et donc, on vend des petites filles, des petits garçons,
16:36 comme on vend de la drogue, comme on vend des armes.
16:39 Et il y a effectivement ces trafics qui sont...
16:41 Parfois les mafias travaillent sur plusieurs secteurs.
16:46 Les mêmes réseaux sont utilisés pour diverses...
16:48 Drogues, alcool, tabac, prostitution...
16:51 Et donc, effectivement, la mondialisation aide grandement tout ça.
16:54 Les déplacements, le tourisme sexuel, qui est une partie intégrante du tourisme,
17:00 puisqu'il y a des... Parfois on vous propose des opérations,
17:04 des tours opératoires avec une femme à la clé.
17:07 Vous pouvez avoir dans certains endroits d'affaires, on leur propose...
17:10 Voilà. Il y a en plus le petit plus.
17:13 Et donc là, on voit que l'individu...
17:16 On a même des fermes où on élève des filles pour faire des enfants,
17:21 pour en faire des futurs prostituées.
17:22 Il y a aussi des fermes d'organes, on vend aussi des organes.
17:26 Je veux dire, l'être humain devient une marchandise sans considération humaine.
17:31 – Alors, il est beaucoup question, évidemment, dans votre ouvrage
17:34 de la prostitution des femmes, mais qu'en est-il du tabou de la prostitution infantile ?
17:39 – Alors, la prostitution infantile se développe considérablement,
17:43 parce qu'il y a, si vous voulez, une démarche de la pornographie
17:47 qui va de pair avec la prostitution.
17:50 Je dirais que la pornographie est ce qui met en appétit le client
17:55 pour aller vers une demande.
17:57 Or, la pornographie devient de plus en plus arde, devient de plus en plus jeune.
18:02 On a de plus en plus...
18:03 Souvent d'ailleurs, les prostituées servent aussi à faire des films pornos,
18:06 etc. etc. pédophiles et autres.
18:08 Et donc, on prépare le terrain à une demande prostitutionnelle.
18:14 On le voit très bien avec ce qu'on voit aujourd'hui,
18:16 de quelle façon les enfants sont accros à leur ordinateur, leur téléphone, etc.
18:21 Et on voit que c'est parfois 4-5 heures par jour.
18:25 Et on s'aperçoit, je cite certains responsables d'éducation infantile,
18:32 qui disent que certains enfants, maintenant, à partir de 10-12 ans,
18:37 sont addicts au réseau porno.
18:41 Et même certains disent plus tôt encore.
18:43 Donc, ils ont une connaissance, la sexualité pour eux,
18:47 passe par la pornographie.
18:48 Donc, une vision totalement faussée de la femme,
18:51 une pornographie hard où on frappe la femme, on la torture,
18:55 les pires exerctions.
18:58 Et donc, ces adolescents se forment avec une vision de la femme
19:02 qui n'est pas leur égale, mais un objet.
19:05 C'est très, très difficile.
19:07 Alors, cette lutte contre la pornographie,
19:10 je cite dans le livre aussi quelque chose d'assez extraordinaire,
19:14 c'est la vidéo porno à distance, les tortures vidéo à distance.
19:20 En Occident, on a démantelé des réseaux pédophiles,
19:25 en France par exemple, qui à distance,
19:28 selon un prix qu'on met d'avance, demandent en direct,
19:31 sur la vidéo, des tortures.
19:33 Ils font torturer des jeunes enfants.
19:37 Et tous les gens qu'on a arrêtés, il y avait un travailleur social,
19:40 un enseignant, un maire d'une commune française.
19:44 – Le gratin.
19:46 – Donc, on voit que peu à peu, cette intoxication pédopornographique
19:51 pénètre les individus et qu'ils deviennent de plus en plus demandeurs de nouveautés.
19:57 Ce n'est plus simplement la violation, le coït, non.
20:01 C'est un peu de torture, un peu.
20:03 Et puis, un homme de 60 ans, 70 ans quelquefois,
20:06 ou plus, aime bien s'envoyer une petite fille de 12 ans ou de 8 ans.
20:10 Il y a là une perte des valeurs totales qui est terrifiante.
20:14 – La sexualisation de plus en plus précoce des enfants,
20:18 on voit ça notamment à l'école, avec des enfants qui se font raconter
20:23 des histoires par des personnes transsexuelles.
20:26 Ça vous évoque quoi ce phénomène nouveau ?
20:28 – On rajoute, on rajoute, effectivement.
20:30 Quand on voit que dans les écoles, des enfants,
20:33 tout petits enfants à l'école primaire, il y a des travaux qui vont leur…
20:37 Mais c'est hallucinant.
20:38 Et puis, il y a le communiste sur la culture qui dit qu'il faut développer
20:41 une éducation sexuelle plutôt genrée.
20:44 Mais on s'est dit que ces enfants qui sont maliables,
20:47 on fabrique des enfants névrosés, totalement.
20:50 On les invite à changer de sexe.
20:52 Ils ont 6 ans, 8 ans.
20:54 Mais je veux dire qu'il y a une vision du monde par les champs
20:58 qui nous dirigent, les politiques qui nous dirigent,
21:00 plus c'est une minorité, mais ils ont le pouvoir,
21:03 qui démantibule la société toute entière.
21:06 N'est-ce pas un but volontaire dans le cadre de la modélisation ?
21:10 On peut s'interroger beaucoup.
21:12 – Alors, le client, venons-y, n'apparaît pas ou rarement
21:16 dans les conventions internationales alliées au phénomène de la prostitution.
21:21 Comment vous expliquez cela, cette absence ?
21:23 – Parce que d'abord, on est dans une société phallocratique
21:26 où l'homme a sa disposition, c'est pas pour rien.
21:29 Pourquoi les femmes n'auraient-elles pas des prostituées masculines ?
21:32 Non, il y a un tabou.
21:34 Et donc, le client ne veut pas apparaître illettré.
21:37 D'ailleurs, par exemple, les prostituées,
21:39 certains du client les appellent des furtifs.
21:41 Donc le client n'aime pas être mis en avant.
21:44 Il aime être dans l'ombre.
21:46 – Oui, c'est honteux.
21:48 – C'est honteux.
21:49 Alors, certains clients disent "moi je suis un abonné aux putes", etc.
21:52 Mais beaucoup de clients n'aiment pas, parce que leur image finalement,
21:56 on n'est pas donjuant.
21:58 – Oui, c'est la misère sexuelle.
22:00 – On est un minable.
22:02 En même temps, il y a un côté sadique.
22:04 Je paie donc je dispose de la personne que j'achète.
22:06 En même temps, je suis un minable,
22:08 parce que je dois acheter le plaisir,
22:10 au lieu d'avoir quelqu'un qui le consente.
22:12 On a donc cette vision permanente,
22:14 où le client aime bien être dans l'ombre,
22:16 il n'apparaît pas.
22:17 Et quand on voit des sondages,
22:19 si on interroge des hommes,
22:21 on se dit "mais c'est pas possible,
22:23 il y a si peu de clients que ça peut pas faire tourner la machine
22:25 pour se faire sécher."
22:27 Il y a ce côté vraiment.
22:29 Et donc, on a ce client,
22:31 alors maintenant, certains de l'Ontario,
22:33 décidés en France, à l'instar de la Suède
22:35 et d'autres pays nordiques,
22:37 de pénaliser le client.
22:39 Pour l'instant, ça n'a pas été très important.
22:42 Mais là, vous avez des clients en Suède,
22:44 quand on a vu ça, ils ont dit "bon ben écoutez,
22:46 moi je vais aller baiser en Estonie,
22:49 je vais aller baiser en Russie,
22:51 ou alors on m'emmerdera pas."
22:53 Ou alors je vais trouver au téléphone des filles,
22:56 il n'y aura pas de problème, je les ferai venir.
22:58 Donc il y a des parades pour éviter d'être dans le collimateur.
23:01 Le client, elle ne peut pas être dans le collimateur.
23:04 Et évidemment, la prostitution est obligée de l'être,
23:06 puisqu'elle a pas de client, il faut bien qu'elle soit visible,
23:08 et désirable.
23:10 Et le client, s'il peut rester en l'ombre, voilà.
23:13 – Alors Max Chaley, vous faites aussi de longs développements
23:16 sur la prostitution dans les pays islamiques,
23:20 mais quelle différence avec le même phénomène
23:23 dans les pays occidentaux ?
23:25 – Alors, il y a une prostitution traditionnelle
23:27 dans les pays islamiques, par exemple en Turquie,
23:29 où il y avait des peuplés de quantité de prostituées.
23:32 On avait la prostitution dans les pays maghrébins
23:34 du temps de la colonisation française.
23:36 Mais les prostituées, elles venaient de France,
23:39 dans les pays maghrébins. En Indochine aussi pareil.
23:42 Mais les pays musulmans ont une prostitution interne,
23:45 avec plutôt des étrangers,
23:47 ils sont très friands des scandinaves, évidemment.
23:49 En Iran, on voit par exemple, dans les monts actuellement,
23:53 les opposantes, comme qui dénoncent le voile quelquefois,
23:57 on les envoie dans des bordels pour s'en débarrasser,
23:59 ou on les vend à l'étranger.
24:01 Il y a donc une punition, et je veux dire que les pays islamiques
24:04 aiment bien que les prostituées ne soient pas musulmanes.
24:07 Mais quand, dans les pays étrangers,
24:11 toute femme qui est libérée est considérée comme une pute.
24:15 Le mot "pute", d'ailleurs, c'est la femme sans voile,
24:17 c'est une pute. On l'a vu en Cologne, on le voit partout,
24:21 une fille qui monte sa peau, qui monte ses cuisses,
24:24 – Sa féminité.
24:25 – Qui est une pute. Donc on peut la violer.
24:27 On l'a vu en Cologne, on le voit partout,
24:29 on le voit dans les banlieues parisiennes, les tournantes et tout.
24:32 Je veux dire que là, on a une vision de la femme,
24:34 et la femme respectable, c'est la femme qui disparaît.
24:36 C'est la non-femme, la femme couverte, c'est-à-dire…
24:39 – Le tchador.
24:40 – Plus que le tchador.
24:41 – Oui.
24:42 – C'est-à-dire un scaphandre.
24:43 – La burqa, oui.
24:44 – Voilà, la burqa, ça c'est la femme honorable.
24:46 Elle est soumise, elle fait des enfants,
24:48 elle fait de la cuisine, et elle est enfermée.
24:51 Mais la femme qui s'émancipe, c'est pas une vraie femme,
24:54 c'est forcément une prostituée.
24:55 – La femme domestique.
24:56 – Donc on peut la violer, on peut la mettre à la tournante,
24:59 la violer à 10, 12, pendant des semaines, des semaines.
25:02 Elle n'a que ce qu'elle mérite.
25:04 Et alors quand vous avez des questionnements,
25:06 quand les gens sont arrêtés, elle l'avait bien voulu,
25:08 c'est une pute, elle nous a provoqués.
25:10 Il n'y a jamais…
25:12 – Oui, elle a la responsabilité.
25:13 – C'est pas la mienne qui a responsable.
25:14 – La culpabilité c'est toujours elle, c'est pas moi.
25:16 – La violence quotidienne de la prostitution, donc,
25:19 est tolérée dans les sociétés occidentales,
25:22 et vous dites que la révolte contre la prostitution
25:25 ne se déclencherait qu'à un certain degré d'horreur.
25:29 Alors vous pensez quoi ?
25:30 – Alors, disons qu'il y a eu des moments où, par exemple,
25:33 certains massacrent d'enfants, certains…
25:36 Alors là, ça a déclenché des ré…
25:38 – On pense à ce qui s'était passé en Grande-Bretagne, à Roser Hall,
25:42 avec un réseau de prostitution d'enfants
25:45 organisé par des Britanniques d'origine pakistanaise.
25:49 – Mais où, effectivement, pendant des années,
25:52 pendant des mois et des mois,
25:53 les familles qui portaient plainte à la police,
25:55 la police se disait "arrêtez de nous enquiquiner,
25:57 de venir nous faire reprendre notre temps".
25:59 Et en fait, ils ont avoué, après, ces flics ont avoué,
26:01 on n'avait pas envie d'être traités de raciste.
26:04 Alors là, c'est le tabou aujourd'hui, d'ailleurs on le voit très bien.
26:07 – La police et les juges, c'était…
26:09 – On le voit très bien en France aujourd'hui.
26:11 Les affaires de viol, si le violeur est un musulman ou un noir,
26:16 on cherche au moins la petite bête.
26:19 Si c'est un blanc, un ros sur le blanc hétérosexuel,
26:22 qui est un porc.
26:23 On a cette vision du monde, et donc ça, les gens en sont bien conscients,
26:28 c'est que nous sommes, nous, vraiment dans le pardon,
26:32 dans la soumission, et ça pose des longs problèmes.
26:37 Et la femme, aujourd'hui, peut se dire, s'il y a des changements,
26:40 elle va aller à la niche, à l'enfermé, ça sera fini.
26:43 Comme on l'a vu à l'Afghanistan, des femmes qui étaient profs,
26:47 qui étaient sages-femmes, médecins et tout, à la niche.
26:52 En tant que femme, tu n'as pas le droit d'être à l'extérieur,
26:55 tu provoques les hommes.
26:56 Vous avez des textes géniaux, j'ai lu des textes d'imams,
27:00 pour aimer l'islamisme et tout, qui disent que c'est la femme
27:03 qui provoque l'homme.
27:04 Donc il vaut mieux qu'elle ne travaille pas,
27:06 parce qu'en travaillant, elle va fréquenter des hommes,
27:08 elle se prostituera avec eux, ou alors c'est elle
27:12 qui va être responsable de la séduction qu'elle va opérer,
27:14 elle va les rendre mauvais.
27:17 Donc, cachons-la.
27:18 Cette vision du monde où la femme doit être cachée, disparaître,
27:21 c'est terrifiant.
27:23 On est aux antipodes de notre société occidentale
27:26 où la femme est l'égal de l'homme.
27:28 Après, oui.
27:29 Le monde de la prostitution, de la violence, à l'illusion,
27:33 c'est Max Chalet qui signe cet ouvrage,
27:36 à retrouver sur notre boutique TV Liberté.
27:38 Merci à vous Max Chalet.
27:39 Merci.
27:40 Sous-titrage Société Radio-Canada