Ce week-end, l'ambitieux Gérald Darmanin organisait sa rentrée politique à Tourcoing. Comme Gabriel Attal, le locataire de Beauvau, et beaucoup d'autres avant eux (Sarkozy, Giscard, Fabius...) s'est illustré au ministère du Budget. Un marchepied pour viser Matignon ou l'Élysée ?
Le magazine Marianne est en kiosques chaque jeudi et disponible en ligne.
"Le goût de la vérité n'empêche pas de prendre parti". Albert Camus
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00:00 Ils sont les deux principaux bénéficiaires du remaniement gouvernemental de cet été,
00:10 ou plutôt ajustement, comme l'ont relayé les conseillers ministériels,
00:14 dûment fournis en éléments de langage.
00:16 Nous parlons d'abord de Gabriel Attal, nommé ministre de l'Éducation nationale,
00:21 portefeuille dont les enjeux sont immenses.
00:23 À 34 ans, il est le plus jeune de l'histoire de la Ve République à atteindre ce poste.
00:29 Et puis il y a Gérald Darmanin, toujours ministre de l'Intérieur,
00:32 mais dont les attributions incluent désormais la politique de la ville,
00:36 en plus des collectivités territoriales et de l'Outre-mer.
00:39 Il se trouve qu'Attal et Darmanin ont une ligne de CV en commun.
00:43 Ils sont tous les deux passés, depuis 2017, par le ministère du Budget.
00:47 Si vous voulez diminuer la dépense publique ou changer le paradigme des comptes publics,
00:51 vous devez proposer une réforme des retraites.
00:52 Ça fait des mois que vous expliquez que vous vous opposez à tous les textes
00:56 que nous prenons pour le quotidien des Français,
00:58 parce que vous préférez manifester.
01:00 C'est ça votre solution.
01:01 Quand est-ce qu'une manifestation a rempli le frigo des Français ?
01:04 Quand est-ce qu'elle a fait baisser une facture ?
01:07 Alors tout cela confirme une tendance qui existe quasiment
01:09 depuis le retour au pouvoir du général de Gaulle en 1958.
01:13 Ce poste, qu'il prenne la forme d'un secrétariat d'État
01:16 ou d'un ministère de plein exercice,
01:18 s'est révélé un beau marchepied pour de nombreuses personnalités.
01:22 Premier exemple, Valéry Giscard d'Estaing,
01:24 qui l'occupe dès l'aube de la Ve République, sous la tutelle d'Antoine Pinet.
01:29 Et puis Jacques Chirac, au budget à la fin de la présidence de Gaulle
01:32 et qui y reste sous Pompidou.
01:34 Les deux hommes, on le sait, finiront un jour par devenir chefs de l'État.
01:39 Ainsi, c'est moi qui conduirai le changement.
01:44 Et ce n'est pas tout.
01:45 Dans le lot, on trouve de futurs premiers ministres.
01:47 D'abord Laurent Fabius, qui exerce ce rôle de 1981 à 83,
01:52 au début de la présidence Mitterrand.
01:53 Un an plus tard, il est nommé Amatignon.
01:56 Et puis Alain Juppé, ministre délégué au budget sous la cohabitation Mitterrand-Chirac,
02:00 et premier ministre du même Chirac à partir de 1995.
02:04 D'ailleurs, en parlant de la présidentielle de 1995,
02:07 qui se jouera entre Jacques Chirac et Édouard Balladur,
02:10 ce dernier, qui avait-il comme porte-flingue et accessoirement ministre du budget ?
02:14 Un certain Nicolas Sarkozy.
02:16 Quand ça va mal et qu'il y a un problème, je dois intervenir.
02:19 Et quand ça va bien, il faut surtout que j'y disparaisse.
02:22 Pour finir, on peut mentionner d'autres titulaires qui certes n'ont pas connu le même destin.
02:27 Alors Bernard Cazeneuve a été au budget et plus tard premier ministre, certes,
02:31 mais davantage pour clore le quinquennat Hollande qu'autre chose.
02:36 Quant à Jean-François Copé, il se voit président depuis tout petit,
02:39 mais a fini la primaire LR de 2016 avec 0,3% des suffrages.
02:44 François Baroin a été un hypothétique plan B à François Fillon en 2017,
02:49 qui ne s'est jamais matérialisé.
02:51 Et Valérie Pécresse, elle aussi au budget à la fin de la présidence Sarkozy.
02:56 Sa campagne présidentielle de 2022 s'est soldée par un effondrement de la droite française.
03:00 Bref, un bon maniement des cordons de la bourse peut amener loin, mais aussi durcir sa chute.
03:06 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org
03:09 [SILENCE]