Jean-Noël Barrot - "Les cyberharceleurs seront bannis des réseaux sociaux"

  • l’année dernière
Avec Jean-Noël Barrot, Ministre délégué chargé du Numérique.
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##L_INVITE_POLITIQUE-2023-09-05##

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Transcription
00:00 - Il est 8h33, merci d'être avec nous sur Sud Radio pour retrouver, comme tous les matins de 8h30 à 9h, notre invité politique.
00:07 Et ce matin avec nous Jean-Noël Barraud qui est ministre délégué chargé du numérique. Bonjour.
00:12 - Bonjour.
00:13 - Vous êtes aussi vice-président du MoDem et je parlerai un peu de politique en fin d'interview.
00:18 Rentrée scolaire et numérique, lutte contre le cyberharcèlement,
00:21 interdiction de l'accès au porno pour les mineurs, la sécurité numérique, l'interdiction éventuelle de TikTok.
00:27 Ce sont des sujets que nous allons développer mais je vais commencer avec cette info.
00:33 En 2040, le SCAF, avion de chasse européen, succédera au Rafale.
00:38 Il pourra transporter l'arme nucléaire et sera connecté à des drones accompagnateurs.
00:42 Est-il vrai que l'infrastructure cloud et l'intelligence artificielle,
00:47 indispensables pour les pilotes et le fonctionnement de l'avion, ont été confiées en partie à IBM, entreprise américaine ?
00:55 - Ce que je peux confirmer, je ne connais pas les détails de ce projet qui est porté par le ministre des armées,
01:01 c'est que les armées sont particulièrement vigilantes à ce que nous soyons souverains en matière d'armement et en matière de numérique.
01:09 Donc je pourrais revenir après, mettre un peu plus... renseigner sur le sujet précis que vous évoquez.
01:16 - C'est pourtant un sujet important, Jean-Noël Barraud. C'est un sujet essentiel, c'est l'indépendance de la France qui est en jeu.
01:22 Je connais l'attention qui est accordée aux armées, qui sont très en pointe sur les sujets de souveraineté numérique,
01:28 à ce qu'aucune dépendance, aucune interférence étrangère ne puisse venir perturber la politique militaire de la France.
01:35 - Problème de l'indépendance de la France, soumission aux américains, risque pour l'indépendance stratégique.
01:41 Et puis, n'était-il pas répété ici ou là que le programme SCAF devait permettre de développer l'autonomie stratégique européenne ?
01:51 - Mais c'est tout le projet du président de la République. - Et Thalès ! Pourquoi est-ce que Thalès n'a pas été choisi ?
01:56 - C'est vrai pour les armées et c'est vrai dans bien d'autres domaines du numérique.
02:00 Vous avez raison de citer Thalès, qui a cet été démontré une nouvelle fois qu'il était un leader en matière de numérique,
02:06 mais aussi en matière de cybersécurité, qui joue un rôle très important auprès des armées.
02:12 Ce qui ne veut pas dire évidemment qu'il n'y ait pas, au cas par cas, quelques alliances qui puissent se faire avec d'autres constructeurs.
02:20 - Vous déplorez ce choix ?
02:22 - Je vous le dis, je fais toute confiance aux armées pour protéger, dans le domaine numérique, la souveraineté et notre autonomie.
02:27 - Mais le choix est fait ! - Eh bien c'est qu'il était conforme avec nos objectifs d'autonomie.
02:30 - Le choix est fait par les allemands sur décision allemande.
02:34 - Le ministère des armées est constamment attentif à ce que nous ne puissions pas, dans tous les domaines de notre défense nationale,
02:42 être soumis à des interférences ou à des dépendances étrangères.
02:47 Donc je fais toute confiance au ministère des armées dans les choix qui ont été faits.
02:51 - Emmanuel Macron, hier soir, sur Youtube et TikTok, Jean-Noël Barraud, a beaucoup parlé, évidemment, de numérique.
02:59 Et notamment, notamment, le numérique et le cyberharcèlement.
03:05 Alors, le cyberharcèlement, c'est rentrée scolaire hier. Où en est-on d'ailleurs ?
03:11 Est-ce que c'est en augmentation, le cyberharcèlement, dans nos écoles ?
03:15 - Le cyberharcèlement, c'est la poursuite sur les réseaux sociaux du harcèlement qui est un fléau,
03:21 qui touche de très nombreux élèves dans nos écoles, et contre lequel le gouvernement entend agir,
03:27 puisque la première ministre annoncera dans quelques semaines un plan.
03:31 Mais je veux d'abord rappeler quelques-uns des éléments sur lesquels nous avons travaillé ces dernières années,
03:36 avec la majorité et avec le gouvernement.
03:38 D'abord, une loi, celle qui a été portée par le député Erwann Balanant,
03:42 qui a créé un délit de harcèlement, et donc de cyberharcèlement,
03:46 qui est passible d'une peine de prison, qui peut aller jusqu'à 10 ans de prison,
03:50 une amende qui est particulièrement lourde,
03:52 et la capacité de saisir les ordinateurs, les téléphones portables,
03:56 de ceux qui se livrent au harcèlement et au cyberharcèlement.
04:00 Ça, c'est pour le volet répressif.
04:02 Mais il y a évidemment une dimension de sensibilisation qui est très importante.
04:06 L'année dernière, nous avons commencé à expérimenter dans plusieurs centaines de collèges,
04:11 avec le ministère de l'Éducation nationale,
04:13 un module de sensibilisation pour les sixièmes.
04:16 C'est un module qui se fait en salle informatique.
04:18 - Une sorte de formation.
04:19 - Oui, et qui les sensibilise sur ce que c'est que le cyberharcèlement,
04:22 et sur ce qu'il faut faire.
04:23 Et qu'est-ce qu'il faut faire quand on est témoin ou victime de cyberharcèlement ?
04:26 Il faut en parler à un adulte, il faut le signaler sur la plateforme sur laquelle on est,
04:30 quand on voit un message qui est problématique,
04:32 il y a un bouton à côté qui permet de le signaler,
04:34 et enfin il faut se tourner vers le numéro d'appel,
04:37 qui est le numéro d'appel 3018,
04:38 vers lequel on peut se tourner dans ce cas de situation.
04:40 - Ce module, il va être généralisé à la rentrée,
04:43 c'est-à-dire que tous les élèves de sixièmes pourront en bénéficier.
04:45 - Il est généralisé cette rentrée ?
04:47 - Il est généralisé, absolument.
04:48 - Depuis hier ?
04:49 - Absolument.
04:50 - Depuis hier, bien.
04:51 Débat le 19 septembre sur le projet de loi numérique du gouvernement
04:54 que vous portez sur le cyberharcèlement.
04:58 Hier, le président de la République a dit
05:01 qu'il fallait bannir des réseaux sociaux les cyberharceleurs.
05:04 Comment les bannir ?
05:06 Éloigner en ligne des cyberharceleurs, comment ?
05:09 - Le projet de loi que je porte,
05:11 qui a été adopté à l'unanimité au Sénat
05:13 et qui sera examiné dans quelques jours à l'Assemblée nationale,
05:15 prévoit en effet une peine complémentaire
05:18 de bannissement des réseaux sociaux
05:20 pour les personnes condamnées par le juge
05:22 pour des faits de cyberharcèlement.
05:24 Comment ça marche ?
05:25 Eh bien, ça sera de la responsabilité des plateformes
05:27 de prendre tous les moyens nécessaires
05:29 pour veiller à ce que la personne condamnée
05:33 ne puisse pas se réinscrire sur le réseau social en question,
05:36 en utilisant des données de connexion notamment,
05:38 puisqu'on n'est jamais anonyme sur Internet,
05:40 il n'y a pas d'anonymat sur Internet,
05:41 on peut retrouver les auteurs,
05:43 eh bien en utilisant ces données de connexion,
05:45 la réinscription sera rendue impossible.
05:47 - Oui, mais avant la sanction judiciaire.
05:50 Ça prend du temps la sanction judiciaire.
05:52 Le harceleur pourra poursuivre sa victime.
05:55 - Vous avez raison, ça prend du temps,
05:57 mais des moyens supplémentaires ont été donnés
05:59 au ministère de l'Intérieur, avec la loi de programmation
06:01 du ministère de l'Intérieur,
06:03 à la justice, avec la loi de programmation de la justice,
06:06 pour permettre là aussi d'aller plus vite
06:08 dans le recueil des plaintes.
06:10 - Je vous dis ça parce que hier, le président de la République
06:11 a parlé d'interdiction de réseau pendant 6 mois.
06:14 - Oui, c'est bien la peine qui est prévue,
06:17 qui peut aller jusqu'à un an en cas de récidive,
06:19 une fois que la personne est connue.
06:20 - Oui, mais avant la décision de justice,
06:21 on ne peut rien faire.
06:23 Comment peut-on exclure des réseaux sociaux un harceleur,
06:26 avant que la justice n'ait décidé ?
06:28 - Alors c'est déjà possible dans certains cas,
06:30 puisque les règles européennes que la France a portées l'année dernière
06:35 et qui sont entrées en vigueur pendant l'été,
06:37 vont permettre aux plateformes de le faire.
06:40 Mais ce qui est très important,
06:42 c'est que nous avons renforcé les moyens du ministère de l'Intérieur
06:45 pour le recueil des plaintes,
06:47 et puis du ministère de la Justice pour l'instruction des enquêtes,
06:49 et que des condamnations ont eu lieu.
06:50 Et je crois que c'est important de le rappeler à nos auditeurs.
06:53 Dans le cas du...
06:54 Alors ce n'était pas du cyber-harcèlement scolaire,
06:56 mais c'était du cyber-harcèlement de personnalité.
06:59 Dans le cas de Mila,
07:01 dans le cas du chanteur Edi Depreto,
07:03 dans le cas plus récent de la chanteuse Oshie,
07:06 les personnes qui se sont livrées à du cyber-harcèlement
07:09 parfois n'étaient pas au courant du fait que ce qu'ils faisaient
07:13 était passible de sanctions lourdes.
07:15 - Ils ont récipé, on les a retrouvées et condamnées.
07:17 - Et on les a condamnées à des peines de prison.
07:20 Et je crois que c'est très important de savoir que même derrière un pseudo,
07:23 on peut être retrouvé et on peut être lourdement sanctionné.
07:26 Et désormais on pourra être en plus banni des réseaux sociaux.
07:29 - Les plateformes collaborent ?
07:30 - Elles collaborent, mais il faut qu'elles...
07:32 Désormais elles vont devoir le faire plus activement,
07:34 car les règles européennes qui sont entrées en vigueur le 25 août dernier
07:38 leur imposent une responsabilité nouvelle
07:41 beaucoup plus importante qu'auparavant.
07:43 Auparavant les réseaux sociaux étaient considérés
07:46 comme quasiment irresponsables vis-à-vis des messages,
07:49 des contenus qui transitaient sur leurs plateformes.
07:51 Nous avons mis fin à cette situation
07:53 et nous allons leur imposer une forme de responsabilité
07:57 vis-à-vis de ceux qui transitent sur la scène.
07:59 - Jean-Noël Barraud, je vais vous parler des mineurs et du porno,
08:02 mais auparavant, hier, le président de la République
08:05 est revenu sur le port de l'uniforme, enfin...
08:08 pas l'uniforme, une tenue unique.
08:11 Vous êtes favorable au port d'une tenue unique à l'école ?
08:14 - J'y suis favorable, à condition qu'elle puisse être expérimentée
08:17 en lien avec les directeurs d'établissement.
08:19 - Vous êtes d'accord, vous êtes sur la même ligne ?
08:20 - Je suis absolument sur la même ligne.
08:21 - Au modem, on est sur la même ligne que le président de la République.
08:24 - De même que je pense que la généralisation du service national universel
08:27 qui arrive un peu plus tard dans le parcours,
08:29 mais qui là aussi passe par une tenue commune,
08:32 un parcours commun pendant quelques semaines,
08:34 j'y suis favorable car c'est une manière de recréer
08:37 les conditions d'une forme de communauté nationale
08:41 par le brassage.
08:42 Et je pense que, par ailleurs, pour traiter des sujets qu'on évoquait tout à l'heure,
08:46 et en particulier du harcèlement,
08:48 une tenue unique, nous verrons en tout cas ce que les expérimentations montreront,
08:54 c'est une manière aussi d'éviter, d'exacerber des différences
08:57 dans un lieu où on doit créer les convergences entre les élèves,
09:02 quel que soit leur parcours.
09:03 - Jean-Albaro, sur TikTok, il y a eu une poussée de fièvre
09:08 de beaucoup, beaucoup d'intervenants qui ont défendu la baïa,
09:12 et notamment des youtubeurs ou des youtubeuses.
09:15 TikTok, outil d'espionnage du gouvernement chinois ou pas ?
09:20 - TikTok est une...
09:23 - Je dis ça parce que des sénateurs ont été très sévères avec TikTok,
09:26 demandant même l'interdiction de TikTok.
09:29 - Bien sûr, TikTok et ses liens avec la Chine,
09:33 c'est pas tout à fait le même sujet que celui de la baïa.
09:36 Mais TikTok, comme les autres plateformes, depuis le 25 août...
09:39 - Mais c'est une plateforme d'influence, c'est ce que je veux dire.
09:42 - Comme je l'ai dit aux sénateurs, qui ont fait un excellent rapport,
09:46 TikTok aujourd'hui n'est pas conforme aux droits européens.
09:49 Un, sur la protection des données personnelles,
09:51 parce qu'effectivement, il est avéré que ces dernières années,
09:54 des données ont transité vers la Chine.
09:56 Or la Chine ne respecte pas les conditions qu'on se fixe nous.
09:59 Ça s'appelle le RGPD, c'est la protection des données personnelles.
10:02 Deuxième élément, TikTok n'est pas encore tout à fait conforme
10:06 à ces nouvelles règles européennes que j'ai citées tout à l'heure,
10:08 et qui imposent une responsabilité vis-à-vis des utilisateurs.
10:11 - Est-ce que vous envisagez de suspendre TikTok ?
10:13 - La règle est très claire, TikTok doit se mettre en conformité
10:16 avec les règles européennes de protection des données personnelles.
10:19 Ils sont en train de construire des centres de données en Europe
10:23 pour pouvoir y héberger nos données sans qu'elles transitent par la Chine.
10:26 Et deuxièmement, s'agissant de leurs algorithmes, de leurs services,
10:30 depuis le 25 août, ils sont, sous le contrôle de la Commission,
10:34 obligés de prendre des mesures de protection de leurs utilisateurs
10:39 et notamment les plus jeunes.
10:40 S'ils ne les prennent pas, ils s'exposent à des amendes allant jusqu'à...
10:43 - Il y a un risque de suspension ?
10:45 - Il y a un risque d'amende, dans un premier temps,
10:47 qui peut aller jusqu'à 6% du chiffre d'affaires mondial de TikTok,
10:49 c'est-à-dire 600 millions d'euros.
10:51 Et s'il y avait des manquements répétés, si TikTok ne se mettait pas au pas,
10:56 alors la Commission européenne pourrait décider d'un bannissement de TikTok
11:01 de l'Union européenne.
11:02 - Est-ce qu'il y a un contrôle effectif de l'âge des utilisateurs ?
11:05 - Aujourd'hui, non. Mais nous avons adopté au printemps
11:09 une loi portée par un député de la majorité, Laurent Marcangeli,
11:14 qui veut obliger les plateformes à faire une vérification d'âge sérieuse des utilisateurs.
11:20 Et je pense que c'est très important.
11:21 Hier matin, je suis allé dans des établissements, collèges et lycées,
11:26 pour souhaiter une bonne rentrée aux élèves
11:28 et leur donner aussi quelques clés pour limiter les risques en ligne.
11:34 Et ce que j'ai constaté, c'est que même dans des petites classes,
11:37 même dans des classes de 6ème,
11:38 des élèves qui n'avaient pas encore 13 ans étaient déjà inscrits sur TikTok,
11:43 alors que TikTok fixe une limite de 13 ans pour s'inscrire.
11:47 Et cela, c'est tout simplement parce que l'âge n'est pas vérifié sérieusement.
11:51 Cette situation, nous voulons y mettre fin.
11:53 Nous voulons d'abord y mettre fin pour la question du porno.
11:55 - Oui, je vais y venir.
11:57 - Car aujourd'hui, c'est révoltant.
11:59 - Mais comment ?
12:00 - Eh bien, avec des solutions que des entreprises françaises,
12:04 européennes, peuvent développer.
12:06 Nous sommes en lien avec elles.
12:08 Nous constatons que le défi technique n'est pas insurmontable.
12:12 Ce qui permettra, à la fois, s'agissant du porno en tout cas,
12:17 d'avoir une garantie de l'âge de l'utilisateur,
12:21 mais aussi une garantie d'absence de fichage
12:25 et de protection des données personnelles.
12:27 - Je vais venir sur le porno et les mineurs.
12:30 À propos de l'usage du téléphone à l'école,
12:34 est-ce qu'il faut fixer des règles plus strictes ?
12:38 Je ne sais pas moi, dans les établissements scolaires ?
12:42 - Dans les établissements, des règles ont été prises par Jean-Michel Blanquer.
12:48 - Oui, dans les classes.
12:49 - Vous savez, je crois que, il me semble que l'un des sujets majeurs,
12:53 et c'est bien le problème du cyberharcèlement,
12:56 c'est qu'il se déplace sur les réseaux sociaux
12:59 et sur les boucles WhatsApp,
13:01 mais à l'extérieur du temps scolaire.
13:03 Donc je crois que la réponse, c'est la vérification d'âge,
13:06 c'est la restauration de l'autorité parentale,
13:08 de ce qu'on appelle désormais la parentalité numérique.
13:11 - Pas de téléphone en classe, évidemment.
13:13 - Et ensuite, bien avoir conscience, et là je m'adresse aux parents,
13:16 que les smartphones, les téléphones portables qu'ils achètent pour leurs enfants,
13:21 sont des outils qui ont été conçus par des adultes, pour des adultes.
13:25 Et qu'il n'est pas concevable de laisser entre les mains ce type d'outils
13:29 sans accompagner les enfants.
13:31 Et c'est une des raisons pour lesquelles on a pris une loi
13:34 qui va entrer en vigueur en début d'année prochaine,
13:36 qui généralise ce qu'on appelle le contrôle parental,
13:39 sur l'ensemble des appareils qui sont vendus sur notre sol.
13:41 - Justement, le contrôle parental, les mineurs et le porno.
13:44 Une simple déclaration de majorité est insuffisante.
13:49 - Non seulement c'est insuffisant, mais c'est un scandale.
13:51 Parce que vous avez aujourd'hui en France,
13:53 2 millions d'enfants qui sont exposés chaque mois au contenu pornographique.
13:56 - Et puis pas que sur Internet, on est bien d'accord.
13:59 Sur Twitter, sur Telegram, sur Snapchat,
14:02 du porno, on peut en trouver partout.
14:04 Un mineur peut trouver du porno partout aujourd'hui.
14:07 - Un mineur est parmi les plus jeunes.
14:09 Il faut se dire qu'aujourd'hui, dans notre pays,
14:12 les petits garçons de 12 ans,
14:14 eh bien, il y en a la moitié qui sont exposés chaque mois à de la pornographie.
14:18 - Alors comment faire ?
14:19 - Eh bien, nous avons pris des mesures,
14:22 il y a 2 ans, pour imposer une vérification d'âge
14:26 au site pornographique, en disant
14:28 "Sinon, le juge pourra ordonner votre blocage".
14:30 La situation n'a pas évolué.
14:32 - Rien n'a évolué.
14:33 - C'est la raison pour laquelle nous allons durcir dans le projet de loi que je porte.
14:35 C'est l'Arkom qui, sans passer par le juge,
14:37 l'Arkom c'est le gendarme d'Internet et des médias,
14:40 l'Arkom pourra, sans passer par le juge,
14:42 ordonner le blocage en quelques semaines des sites pornographiques
14:44 qui ne vérifieront pas l'âge de leurs utilisateurs.
14:46 - Oui, mais vérifier l'âge, comment vérifier l'âge ?
14:48 - Exactement. Et donc on ne pouvait pas faire que des lois.
14:51 Il fallait aussi s'assurer que techniquement c'est possible.
14:54 Et nous avons plusieurs industriels français
14:56 qui ont lancé des expérimentations
14:58 d'applications simples
15:00 qui viendront chercher et stocker sur votre smartphone
15:04 une preuve anonyme de majorité.
15:07 Preuve anonyme de majorité qui pourra être sollicitée dans vos entreprises.
15:10 - Celui qui veut consulter un site porno
15:12 sera obligé de porter la preuve qu'il est majeur.
15:15 - Oui, mais de manière anonyme.
15:16 Pour garantir la protection des données personnelles et celles de l'ami fédéral.
15:20 - Donc ce sera obligatoire, ce sera un passage obligatoire
15:22 pour un adulte qui veut consulter un site porno.
15:26 - C'est inévitable.
15:27 Et si nous avons 2 millions d'enfants qui sont exposés aujourd'hui,
15:30 ce n'est pas parce que ces 2 millions d'enfants
15:32 veulent à tout prix être exposés à du porno,
15:34 c'est bien souvent parce qu'au détour d'une recherche
15:37 même innocente sur internet,
15:39 ils se trouvent à exposer à ces vidéos
15:41 qui sont déversées par millions
15:45 de manière gratuite et sans filtre
15:47 par ces sites porno irresponsables
15:49 qui posent un gros problème de santé publique à notre pays.
15:54 - Faut-il renforcer la surveillance des réseaux sociaux ?
15:57 - La surveillance des réseaux sociaux, nous l'avons renforcée
16:00 si l'on peut dire avec ces règles européennes que la France apportait en 2022
16:03 quand la France présidait l'Union Européenne.
16:05 C'est important de le rappeler.
16:06 C'est un règlement qui s'appelle le règlement sur les services numériques.
16:10 Auparavant, il était impossible ou quasi impossible
16:14 d'aller chercher la responsabilité de réseaux sociaux
16:17 lorsque des drames s'y produisent.
16:19 Désormais, et c'est une révolution,
16:21 le monde entier nous regarde
16:22 et va regarder la manière dont on met en œuvre cette réglementation.
16:26 Les plateformes ont une responsabilité.
16:28 Elles devront retirer les contenus qui leur sont signalés.
16:30 Elles devront faire auditer leurs algorithmes.
16:32 Elles devront partager leurs données avec les chercheurs.
16:35 Et, et c'est très important,
16:36 elles devront analyser et corriger le risque
16:40 qu'elles font peser sur la santé des utilisateurs,
16:43 sur le discours civique, sur la sécurité publique.
16:47 Donc, lorsque des réseaux sociaux seront dévoyés
16:52 pour capter l'attention des plus petits,
16:56 pour propager de la désinformation,
16:59 pour faciliter le dérassemblement émeutier,
17:02 elles auront une responsabilité face à ça.
17:04 - Donc, retirer les contenus, par exemple, menaçant des policiers ?
17:08 - Bien sûr.
17:09 - Hein ? Ça ?
17:10 - Mais pas seulement.
17:11 - Les plateformes devront retirer des contenus menaçant des policiers.
17:13 On est bien d'accord ?
17:14 - Absolument.
17:15 - Les contenus appelant, je ne sais pas moi, des émeutes ou des manifestations interdites ?
17:20 - Ça, en réalité, ça sera désormais le cas dans toute l'Union Européenne.
17:24 En droit français, le droit français avait un peu anticipé.
17:27 Mais ça va plus loin que ça.
17:30 C'est-à-dire que non seulement...
17:31 - Menace sur les libertés individuelles tout de même, non ?
17:33 - Alors, elles devront retirer les contenus ou les messages menaçant les policiers,
17:40 mais de manière plus profonde.
17:42 Elles devront modifier les paramètres de leurs algorithmes.
17:45 Les algorithmes, c'est ce qui fait que vous voyez tel ou tel contenu sur un réseau social
17:51 comme Instagram ou sur TikTok.
17:52 Elles devront modifier les paramètres s'il est avéré que ça fait peser un risque
17:56 sur la santé des utilisateurs, sur la désinformation ou sur la sécurité publique.
18:00 - Sur la sécurité des policiers.
18:01 - Et ensuite, la liberté, vous avez raison.
18:03 La limite, c'est la liberté d'expression.
18:04 - La limite, c'est la liberté.
18:05 - Vous avez raison.
18:06 - Parce que retirer, obliger le retrait des contenus menaçant des policiers,
18:10 c'est limite, non ?
18:12 - Ou pas, à vos yeux.
18:13 - Non, c'est un cas, bien sûr.
18:16 - C'est logique. Il faut.
18:17 - Il faut. Tout ce qui est illégal hors ligne doit l'être en ligne.
18:20 Et il est illégal de menacer un policier.
18:22 Mais il faut être toujours vigilant quand on encadre les réseaux sociaux
18:25 de ne pas porter une atteinte trop forte à la liberté d'expression.
18:28 Parce qu'il faut se rappeler que les réseaux sociaux, c'est aussi dans d'autres pays
18:32 qui n'ont pas la protection de nos institutions démocratiques,
18:36 c'est un moyen pour celles et ceux dont on veut brimer la liberté d'expression
18:41 de s'exprimer.
18:42 - Oui, l'Iran. Regardons l'exemple iranien.
18:44 Est-ce qu'il faut renforcer la cybersécurité ?
18:49 Oui, évidemment, à l'approche des Jeux Olympiques.
18:51 - Évidemment.
18:52 - Parce que vous attendez à quoi ?
18:53 À des millions, des dizaines de millions,
18:56 et même des milliards de tentatives de mails et SMS frauduleux, par exemple.
19:01 - Absolument. Et nous avons tous reçu un faux SMS du compte personnel de formation
19:07 nous disant qu'il faut qu'on se dépêche d'aller payer une amende
19:10 ou qu'on se rende sur notre compte personnel de formation.
19:12 Le président de la République s'est engagé pendant sa campagne
19:15 à créer un filtre anti-arnaque.
19:17 C'est-à-dire un dispositif qui fait que lorsque nous cliquons
19:22 sur les liens qui nous sont proposés par ces faux SMS,
19:26 plutôt que de nous envoyer vers ce site fraudulé,
19:28 il nous enverra vers une page sécurisée.
19:30 Et ça c'est très important.
19:31 Parce qu'effectivement, ces arnaques ou ces tentatives d'arnaques
19:34 vont se multiplier à l'approche des JO.
19:37 Et qui sont les principales victimes ?
19:39 C'est évidemment les Français les plus modestes ou les plus vulnérables
19:43 et les plus âgés.
19:44 Et il nous faut donc les protéger.
19:45 C'est une des mesures très importantes du projet de loi qui, je le souhaite,
19:49 sera adoptée largement à l'Assemblée nationale.
19:51 Et là aussi, c'est un sujet de loi, c'est un sujet juridique,
19:54 mais c'est un sujet technique.
19:56 Et donc, depuis des mois, nous travaillons avec l'ensemble
20:00 des administrations qui vont être concernées
20:02 pour que tout cela soit prêt.
20:04 Et croyez-moi, c'est un vaste chantier.
20:05 - Est-ce qu'il y a des menaces sur les élections européennes ?
20:08 Parce qu'il y a des cyberattaques, on le sait,
20:10 à des fins politiques, politiciennes.
20:12 Il y a l'intelligence artificielle qui permet aujourd'hui
20:16 de fabriquer de faux articles de presse,
20:19 qui permettent de reprendre le graphisme de grands journaux.
20:24 Enfin, on l'a vu avec le New York Times,
20:26 on le voit avec les journaux français aussi.
20:28 - Absolument. Il y a des risques importants.
20:31 - Il y a eu des attaques ces derniers temps ?
20:32 De nouvelles attaques ces derniers temps ?
20:34 - Écoutez, le dernier épisode qu'on a connu,
20:38 c'est celui des présidentielles et des législatives 2022.
20:41 Ce sont, à l'époque, six tentatives d'ingérence étrangère
20:45 qui ont été détectées par le service qui a été créé
20:47 par le Président de la République, qui s'appelle Viginium,
20:49 et qui veille, sur les réseaux sociaux, à contrer ce type de tentative.
20:54 L'année prochaine, pour les élections européennes,
20:56 nous nous attendons évidemment à ce type de tentative.
20:59 Vous avez raison de signaler que l'arrivée
21:01 de l'intelligence artificielle dite générative
21:04 est un sujet de vigilance particulière,
21:06 parce qu'on va pouvoir éventuellement constater, fabriquer, etc.
21:11 Mais l'intelligence artificielle, c'est un couteau à double lame.
21:16 Il peut faire du mal, mais il peut aussi faire du bien.
21:19 Et ce que je souhaite, et c'est l'un des sujets que j'ai souhaité confier
21:23 aux états généraux de l'information,
21:26 qui vont commencer dans quelques semaines,
21:28 que le Président de la République a souhaité lancer,
21:32 ce sujet-là, comment utiliser ces nouveaux outils qui arrivent,
21:35 - Pour distinguer le vrai du faux ?
21:37 - Oui, non pas pour diffuser de fausses informations,
21:39 mais plutôt pour faire échec aux tentatives d'ingérence étrangère.
21:42 - Distinguer le vrai du faux. - Voilà, absolument.
21:44 - Jean-Noël Barreau, question politique, vous êtes vice-président du MoDem,
21:47 est-ce que vous souhaitez qu'il y ait un candidat MoDem à la présidentielle en 2027 ?
21:52 - Je souhaite évidemment que notre sensibilité,
21:54 cette sensibilité démocrate, qui est celle du MoDem,
21:57 que François Bayrou porte,
21:59 qu'il a portée aux élections présidentielles à plusieurs reprises,
22:03 elle soit représentée. Je crois d'ailleurs que cette sensibilité...
22:06 - Vous écartez la possibilité d'un François Bayrou candidat à la présidentielle ?
22:10 - Vous savez, comme moi, Jacques Bourdin, que François Bayrou
22:14 entretient une relation particulière avec les Français,
22:17 mais 2027 est encore loin. - Oui, c'est encore loin.
22:19 Mais vous n'écartez pas cette candidature.
22:23 - Je vous le dis, il a depuis des années tissé et cultivé
22:28 une relation toute particulière avec les Français.
22:30 - Donc vous ne l'écartez pas. - Donc quoi qu'il arrive,
22:32 il jouera un rôle important dans cette élection. - Oui, mais vous ne l'écartez pas.
22:36 - Ah ben je l'écarte jamais.
22:38 - Oui, vous ne l'écartez pas, dites-le franchement, carrément, pourquoi pas ?
22:42 Pourquoi pas ? Enfin, nous verrons, vous avez raison.
22:44 2027, c'est pas tout de suite, c'est encore loin.
22:48 Eh bien, Jean-Noël, ah oui, tiens, une dernière question.
22:52 Est-ce que vous sauriez aller en avion à Rennes, 38 minutes, 1h30 en TGV ?
22:58 C'est ce qu'ont fait Elisabeth Borne et Gérald Darmanin ?
23:01 Gabriel Attal ? - Je crois que c'était Gabriel Attal, mais...
23:05 - Vous savez, la solution de facilité pour la Première ministre
23:09 et pour le ministre de l'Éducation nationale, pour lesquels hier
23:13 était une journée quand même très importante et cruciale,
23:16 ces 12 millions d'élèves qui ont regagné les classes,
23:21 ça aurait été de se déplacer en région parisienne.
23:24 Moi, je salue le choix qui a été fait d'aller en région...
23:27 - Non mais d'accord, mais vous ne me répondez pas.
23:29 Est-ce que vous sauriez aller en avion à Rennes ?
23:31 - Je ne suis pas ministre de l'Éducation nationale, en tout cas.
23:33 - Vous ne répondez pas à ma connaissance.
23:35 - Non mais on a compris, je sais que vous n'êtes pas ministre de l'Éducation nationale,
23:37 mais est-ce que vous sauriez aller en avion à Rennes ?
23:40 Moi, je vous pose la question. Répondez-moi franchement, non ?
23:42 Vous auriez pris le train, non ?
23:44 - Je crois qu'il était important de montrer que la rentrée,
23:46 ça n'est pas qu'à Paris, que le gouvernement est attentif à la rentrée partout.
23:49 - Ça, c'est bien, c'est très très bien.
23:51 - Et ensuite, il y a des contingences, ensuite il y a des contingences matérielles,
23:53 vous le savez bien. - Bon, bon, vous n'avez pas répondu, Jean-Noël.
23:56 Enfin, ça arrive. 8h57, vous êtes sur Sud Radio.

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