• l’année dernière
La famille de Bernard Arnault, propriétaire de LVMH, a annoncé le versement d'une aide de 10 millions d'euros aux Restos du Cœur, touchés par des difficultés financières. Un geste froidement accueilli à gauche de l'échiquier politique.

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Transcription
00:00 - Vous ne vous dites pas merci ? - Non, je ne dis pas merci, je vais expliquer pourquoi.
00:04 Si on le met en parallèle d'un Français moyen qui gagne le SMIC,
00:08 c'est l'équivalent d'un don de 30 centimes d'euro.
00:10 Voilà ce qu'a versé la famille de Bernard Arnault au resto du cœur.
00:14 - Donc ce n'est pas assez ? - Non, ce n'est pas assez.
00:16 Et puis surtout, nous ce qu'on demande, ce n'est pas qu'il y ait une aumône de ces ultra-riches.
00:19 Quand il y a une crise alimentaire, vous l'avez souligné, qui se produit,
00:22 qu'ils participent avec un petit chèque cosmétique.
00:25 Parce qu'en parallèle, les caisses de l'État aujourd'hui,
00:27 si elles bénéficient d'un manque en gagné, notamment sur ce qu'on appelle les niches fiscales
00:30 et les générations des plus riches, c'est parce que des gens comme Bernard Arnault
00:33 aujourd'hui ne paient pas l'impôt à la hauteur qu'ils devraient le payer.
00:36 Je donne juste un exemple, parce que je ne veux pas donner trop de chiffres,
00:39 mais sur l'année 2022, Bernard Arnault, sur ses revenus nets,
00:43 il a été imposé à hauteur de 14%.
00:45 C'est normalement l'équivalent d'un foyer qui gagne 150 000 euros.
00:49 - C'est l'impôt sur le revenu ? - Voilà, exactement.
00:51 - Par ailleurs, l'FMH paye de l'impôt sur la société.
00:53 - Non, mais là je parle de la fortune de Bernard Arnault sur le revenu net.
00:56 C'est 14%, il a été imposé.
00:58 C'est normalement le revenu d'un foyer qui gagne 150 000 euros nets.
01:01 - C'est un chiffre qui est officiel ? - C'est un chiffre officiel, il est vérifiable.
01:04 Bernard Arnault, son revenu net, c'était 1,2 milliard en 2022.
01:08 S'il avait payé 45% d'imposition sur ce revenu-là,
01:11 comme c'est normalement le cas s'il n'y avait pas des niches fiscales, des exonérations,
01:14 il aurait pu payer, il aurait pu donner 50 fois plus.
01:18 Donc c'est un geste d'aumône et qui ne répond pas à la meilleure...
01:22 - D'accord, mais vous faites une confusion. - Non.
01:24 - La générosité ça n'a rien à voir avec l'impôt.
01:26 - Parce que c'est pour... - Non mais ça n'a rien à voir par rapport à l'impôt qu'on paye.
01:29 C'est un geste personnel. Soit on estime qu'il faut faire ce geste,
01:32 soit on estime... et ce n'est pas en fonction du nombre de l'impôt qu'on paye.
01:35 Ça n'a rien à voir. - Non, mais aujourd'hui on est sur un débat profondément politique
01:38 et moi je trouve absolument choquant qu'Aurore Paréger se déplace
01:41 avec quelqu'un de la famille Arnault pour donner un chèque au Restos du Coeur.
01:44 Parce qu'aujourd'hui déjà les Restos du Coeur n'avaient pas vocation à continuer
01:47 quand ils ont été créés.
01:49 Quand on est dans un pays où on a quasiment un Français sur six
01:52 qui ne mange pas à sa faim, 46% des plus précaires qui sautent un repas,
01:55 le rôle des responsables politiques c'est de mettre en place des politiques...
01:58 - Mais si Jean-Luc Mélenchon était président de la République, il n'accepterait pas
02:01 que des grandes entreprises fassent des dons au Restos du Coeur ou au Secours Populaire ?
02:04 Ça n'existerait plus ?
02:06 - Si Jean-Luc Mélenchon était président de la République, on aurait taxé les ultra-riches de ce pays,
02:09 on aurait créé une répartition des richesses. - Et il n'y aura plus de pauvres !
02:12 - Et il y aurait des gens qui mangeraient à leur faim. - Mais ça n'a rien à voir.
02:15 - Si on réduirait les inégalités, on permettrait que les gens mangent à leur faim.
02:18 Parce qu'aujourd'hui, la réalité de ce pays, c'est qu'on a des gens qui ne mangent pas à leur faim.
02:21 - C'est à cause de Bernard Arnault. - C'est à cause de gens qui aujourd'hui ne payent pas leurs impôts,
02:24 qui aujourd'hui ne participent pas assez à la solidarité nationale. - Pas assez.
02:27 - Pas assez ! Pas assez ! Je n'ai pas dit que Bernard Arnault ne payait pas d'impôts,
02:30 vous ne me ferez pas dire ça, mais il ne participe pas assez à la solidarité.
02:33 - Mais par exemple, je vais vous prendre un exemple. Quand le Crédit Mutuel
02:36 donne 12,5 millions d'euros à la Croix-Rouge, pareil, vous contestez ?
02:39 - Mais parce qu'on considère qu'aujourd'hui... - Une banque aide la Croix-Rouge, vous contestez ?
02:42 - Mais parce que si vous voulez la réponse à la crise alimentaire de ce pays,
02:45 et aux gens qui ont faim, parce que si les restos du cœur ont autant de demandes,
02:48 c'est qu'il y a des gens qui ont faim et qui n'arrivent plus à aller dans la grande distribution, à se nourrir.
02:51 Ça ne passe pas par une politique où des grandes entreprises font des petits dons
02:54 pour essayer de compenser à la minute la souffrance dans laquelle les gens ont faim.
02:57 - Donc en fait, les grandes entreprises ne devraient pas donner ? - C'est une politique publique.
03:00 - D'accord, mais j'essaie de comprendre, parce que qui doit donner ? Qui a le droit de donner ?
03:03 - Qui a le droit de donner et qui n'a pas le droit de donner, en fait, dans votre système ?
03:06 - Je vais vous répondre. Les grandes entreprises, nous, on irait chercher l'argent dans les grandes entreprises
03:09 en les taxant beaucoup plus pour les mettre dans les fonds de l'État et avoir une politique alimentaire...
03:12 - On n'est pas sûr de ça. - ...qui permette à chacune et chacun de manger. Bien sûr que si !
03:15 - Parce que les Français sont déjà très imposés, ils ne sont pas sûrs que leur argent serve aux bonnes causes.
03:19 - Écoutez, tout le monde sait que les plus grandes fortunes de ce pays sont les moins imposées.
03:22 La France est un paradis fiscal pour milliardaires.
03:25 Ça a été dit par Gabriel Zucman pendant la campagne présidentielle.
03:28 Donc c'est une réalité. - Alors ?
03:30 - Oui. Ils se donnent bonne conscience avec ce chèque alimentaire de 10 millions d'euros.
03:35 C'est une opération de communication.
03:37 Très sincèrement, est-ce que le gouvernement n'avait pas les moyens de mettre 35 millions d'euros sur la table
03:41 comme le demandait le patron du Resto du Coeur ?
03:43 Parce que vous l'avez très bien dit, Aurore Berger s'est précipité sur TF1, elle dit 15 millions d'euros.
03:47 En vérité, c'est 5 parce que les 10 n'ont pas été versés, mais ils étaient déjà prévus...
03:52 - C'est l'argent des Français, hein. C'est pas l'argent du gouvernement.
03:54 - Oui, mais si vous voulez... - On en parle de...
03:56 - Donc Aurore Berger donne 5 millions d'euros. Voilà ce qu'annonce le gouvernement, au final.

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