La France suffoque à nouveau, les demandes d'asile en Europe augmentent et l'interview exclusive de Gérald Darmanin... Les informés de franceinfo du mardi 5 septembre 2023

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Autour de Jean-François Achilli et de Bérengère Bonte, les informés débattent de l'actualité du mardi 5 septembre 2023.

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00:00 Bonsoir à tous, bienvenue dans Les Informés, on est ensemble jusqu'à 21h.
00:03 Bonsoir Jean-François.
00:04 Et bonsoir Bérangère.
00:05 Et s'il était caniculaire était celui du déclic sur le climat,
00:09 Etats, collectivités, entreprises particuliers,
00:11 Les Informés ouvre ce débat alors qu'Emmanuel Macron
00:14 fait déjà hurler les présidents de région, notamment avec son passe-transport.
00:18 Notre expert jusqu'à 21h, c'est François Gemenne,
00:21 l'un des auteurs du GIEC, spécialiste du climat donc,
00:25 et des migrations, ce qui nous amène à notre deuxième sujet.
00:28 Mais oui, les demandes d'asile qui explosent littéralement
00:32 depuis le début de l'année en Europe, des ressortissants syriens, afghans
00:35 et autres nationalités qui fuient les persécutions et la guerre.
00:40 L'asile est-il en passe de devenir une nouvelle filière d'immigration ?
00:46 À part entière, nous poserons la question.
00:48 Dur avec les méchants, gentils avec les gentils,
00:51 les mots simples de Gérald Darmanin,
00:53 en exclusivité pour France Info depuis la Guadeloupe,
00:57 il évoque la future loi immigration au micro d'Adrien Beck,
01:01 mais aussi Tourcoing, le groupe Lyott et le rugby.
01:04 Avec ce soir donc les informés, Audrey Goutard,
01:06 journaliste spécialisée dans les faits de Société Affrance Télévision,
01:10 Cédric Clérin, rédacteur en chef à l'Humanité Magazine,
01:13 et Albert Zénou, rédacteur en chef du service politique du Figaro.
01:17 Bonsoir à tous.
01:18 Bonsoir.
01:19 Ce nouvel été caniculaire servira-t-il enfin de déclic ?
01:25 Jean-François, c'est notre grande question ce soir.
01:28 Allez, nous posons le cadre de cette discussion bérangère.
01:30 Et si la France dépassait d'ici à la fin du siècle
01:33 la barre symbolique des 50 degrés qui a été atteinte
01:37 pour la première fois cet été, c'était au Maroc.
01:39 Le mois de juillet de cette année 2023 a été le plus chaud
01:42 enregistré sur la planète Terre.
01:44 Nous en sommes les responsables, nous-mêmes ici,
01:47 autour de cette table et les autres collectivement,
01:49 tant que nous continuerons à produire des gaz à effet de serre
01:54 responsables de ce réchauffement climatique.
01:57 L'urgence qui nous semblait un horizon lointain
02:00 s'impose désormais à nous tous, au quotidien,
02:03 tant que nous enverrons sans cesse dans l'atmosphère ce CO2.
02:07 Je vous donne des exemples, nos combustibles fossiles,
02:09 du méthane qui résulte de la production, du transport du charbon,
02:13 du gaz naturel, du pétrole, ainsi que de l'élevage,
02:17 ou encore du protoxyde d'azote issu de la production chimique
02:22 ou des engrais. Les températures ne vont cesser de monter.
02:26 Il faut arrêter de s'étonner, année après année.
02:28 Ah, il fait plus chaud que l'année dernière.
02:29 Il faut arrêter de se poser la question.
02:31 C'est un fait inutile de s'affoler.
02:33 Il faut agir pour stopper ce processus Bérangère.
02:36 Il nous faut atteindre le zéro émission.
02:39 C'est la seule clé de résolution du problème.
02:42 Objectif 2050, si tout va bien.
02:44 - Alors, on va poser, on a plein de questions à poser,
02:46 évidemment, à François Gemmene dans un instant.
02:48 Petit tour de table rapide, les uns, les autres.
02:51 Quand on dit l'été du déclic, avec tout ce que Jean-François décrit,
02:55 vous dites on en est loin, vous dites peut-être quand même cette fois-ci,
02:59 ce sera, voilà, cette canicule tardive est vraiment, vraiment en train de marquer
03:04 les esprits en France et partout dans le monde, Audrey.
03:07 - Oui, alors, en fait, on l'a remarqué, nous, journalistes,
03:10 lorsqu'on était en reportage cet été,
03:12 pour faire les sujets canicule, que l'on a tous,
03:14 tous vus sur les journaux télévisés et chez vous.
03:17 Eh bien, on a bien noté pour la première fois,
03:20 dans l'esprit des gens, il n'y avait pas de doute.
03:22 C'était le dérèglement climatique.
03:24 C'est-à-dire que les années précédentes, la canicule,
03:27 c'était un événement positif ou négatif.
03:29 Là, les gens ont vraiment, les Français ont vraiment intégré,
03:33 même moi, je dirais les Européens,
03:34 puisque on fait des sujets également à l'étranger.
03:36 Les Européens ont tous ressenti, effectivement, le dérèglement climatique.
03:42 Et en tout cas, on fait un lien clair entre dérèglement climatique
03:45 et ce qu'ils vivaient, ce qu'ils voyaient, ce qu'ils constataient
03:48 au quotidien dans leur vie et pendant leurs vacances.
03:52 - Est-ce que pour autant, ça entraîne des changements de comportement ?
03:54 C'est évidemment la grande question.
03:55 Je continue le tour de table.
03:58 Cédric, tu as un ?
04:00 - Alors, je ne sais pas si ça va engendrer des changements de comportement.
04:02 Je pense qu'il y a une prise de conscience dans la population
04:04 qui, en fait, date d'il y a quelques années,
04:07 qui est grandissante dans la population.
04:10 Il y a beaucoup de choses, d'enquêtes d'opinion qui le montrent
04:13 et de gestes d'initiatives locales, groupées, collectives,
04:18 pour essayer de faire tout ce qu'on peut pour baisser les gaz à effet de serre
04:22 et respecter l'environnement.
04:24 Mais ce qui interpelle, c'est surtout sur les pouvoirs publics.
04:26 Est-ce qu'on a pris conscience des choses ?
04:30 Ça, j'en suis moins sûr.
04:31 J'en veux pour preuve les pouvoirs publics et ceux qui ont le pouvoir d'agir, d'ailleurs.
04:34 Parce que le président Macron a dit que le climat était la cause du siècle
04:40 il y a déjà un petit moment.
04:42 - Mais vous ne trouvez pas, Cédric Lérin, qu'il y a quand même un changement de ton ?
04:46 - Mais non, précisément pas.
04:47 - Il y a beaucoup d'annonces, beaucoup de décisions qui sont prises
04:50 en fonction, justement, du dérèglement climatique.
04:51 C'est ce que fait le chef de l'État depuis plusieurs jours.
04:53 - Le discours du mois de juillet, "climat zéro",
04:55 grande interview dans Le Point avec les grands objectifs à venir,
04:58 "climat esquissé", grandes annonces de rentrée.
05:03 Si vous, vous êtes capable de citer une grande annonce de rentrée
05:05 du gouvernement sur la question climatique...
05:07 - Alors, pour le coup, elles vont venir.
05:08 - Je suis preneur.
05:09 - Il y a eu, pardonnez-moi, pardonnez-moi, je vous la parole bien,
05:14 mais il y a eu Hugo Décrypte hier soir, on en a parlé ici même
05:16 avec Bérangère, Bonte, dans Les Informés.
05:18 Ce ne sont pas des annonces, mais ce sont des inclinations.
05:20 Il dit, le chef de l'État, il faut complètement changer de vitesse
05:23 la nature de nos efforts.
05:24 Il souligne qu'il faut faire comme le préconise le Haut Conseil pour le climat.
05:30 Pour les cinq ans qui sont devant nous, il faut aller encore deux fois plus vite.
05:33 Et puis, il annonce des décisions qui sont prises ça et là.
05:35 Ça concerne les écoles, ça concerne pas mal d'entrées.
05:37 Il y a des choses qui sont quand même décidées.
05:39 - Le Haut Conseil pour le climat, il dit à Emmanuel Macron,
05:42 vous n'allez pas assez vite.
05:43 Donc, il critique la politique qui n'a pas été mise en œuvre depuis un moment.
05:46 L'année dernière, c'est 10 milliards annoncés, mis au budget, 3,5 milliards.
05:51 Donc oui, des annonces, il y en a périodiquement, mais des actes, beaucoup moins.
05:55 Et en plus, on a l'impression qu'on est quand même dans des séquences de communication.
05:59 Parce qu'encore une fois, quand on a une interview sur nous qui sommes de la presse,
06:02 on sait ce que ça veut dire, une interview de 16 pages dans le Pourin.
06:05 Et j'ai compté dans la bouche d'Emmanuel Macron, il y a 4 occurrences...
06:09 - 17 pages. - Pardon ?
06:10 - Je crois que c'est une 17 pages. - 17 pages !
06:12 Il y a une page de pub au milieu.
06:13 - Albert, juste votre sentiment un peu...
06:15 - 4 occurrences du mot climat sur 16 pages, vous avouerez qu'on est loin du coup.
06:19 - Rapidement, le bilan général, et puis on va évoquer le passe-transport,
06:21 on va évoquer la rénovation des bâtiments scolaires et le reste.
06:27 - Non, je pense que les Français font le lien direct,
06:29 parce qu'on n'arrête pas de leur dire aussi,
06:31 il y a une volonté de tout le monde de lier à chaque fois le réchauffement climatique
06:36 avec la hausse des températures, les canicules qui arrivent,
06:38 il y en avait avant, il y en aura encore, bon, ça c'est certain.
06:41 Moi, ce qui me chiffonne un peu, c'est que...
06:44 Est-ce que tout le monde a pris conscience véritablement du problème dans son étendue globale ?
06:50 Est-ce que l'Allemagne, par exemple, a pris conscience que l'énergie nucléaire,
06:55 je reviens à cet anemé dada, c'est une énergie non décarbonée ?
06:59 Est-ce que les écologistes français ont pris vraiment conscience
07:02 que promouvoir l'énergie nucléaire, c'est aussi aider à lutter contre le réchauffement climatique ?
07:08 - Les Allemands sont conscients qu'ils sont en retard avec le charbon,
07:11 ils en sont conscients depuis la guerre nucléaire.
07:13 - Ils n'ont pas la même histoire non plus.
07:14 - Non, mais ils ont ouvert quand même quelques centrales thermiques à charbon.
07:18 - Oui, nécessairement, parce qu'il y avait l'approvisionnement au gaz qui était réduit.
07:21 - Et en l'occurrence en France aussi, vous vous souvenez de Saint-Avold ?
07:23 - C'est la pire année en termes d'utilisation de charbon de 2023
07:26 et la pire année qu'on ait jamais connue.
07:28 - Bon, le débat est lancé, 20h10, le Fil info et on y revient.
07:31 Stéphanie Lhomme.
07:32 - Et cet avertissement de la Maison Blanche ce soir,
07:35 la Corée du Nord paiera le prix pour toute livraison d'armes à la Russie
07:39 en soutien à la guerre en Ukraine.
07:41 Les Etats-Unis affirmaient désièrent que les régimes russes et nord-coréens
07:45 menaient des discussions actives.
07:48 Gérald Darmanin le déclare depuis la Guadeloupe et sur France Info,
07:51 "J'attends la fin des élections sénatoriales pour reprendre les discussions
07:55 sur la loi immigration avec les différents groupes politiques
07:58 et notamment les républicains".
07:59 L'examen de ce texte doit revenir à l'automne au Parlement.
08:02 Cette loi a été maintes fois reportée,
08:05 notamment après la réforme des retraites et ses difficultés à trouver une majorité.
08:09 Emmanuel Macron, lui, poursuit sa rentrée depuis Horthès.
08:12 Au pied des Pyrénées, le chef de l'Etat souhaite que 40 000 établissements scolaires
08:16 bénéficient d'une rénovation thermique.
08:18 D'ici 10 ans, l'Etat débloquera dès l'an prochain une enveloppe de 500 millions d'euros.
08:24 Dans le Val d'Oise, le corps de l'homme recherché à l'île des loisirs de Sergi Pontoise
08:29 a finalement été retrouvé.
08:30 Ce jeune d'une vingtaine d'années était porté disparu depuis dimanche 22h
08:34 après la fermeture de la plage qui est surveillée en journée.
08:38 En tennis, l'américaine Coco Gauffe, qualifiée pour sa première demi-finale à l'US Open,
08:42 elle n'a que 19 ans, elle bat la Lettone.
08:45 Et 21e joueuse mondiale, Jéléna Osta-Penko, en 2-7 et moins d'1h10.
08:51 France Info
08:53 20h21, les informés.
08:57 Jean-François Aquilli, Bérangère Bonte.
09:00 Thédérique Lerrain, rédacteur en chef de l'Humanité Magazine, nous disait qu'il n'y avait pas beaucoup de mesures.
09:04 Il y en a quand même une qui a été annoncée ce matin par Emmanuel Macron dans un lycée d'Orthèse.
09:08 C'est l'isolation des bâtiments scolaires, la rénovation thermique.
09:12 500 millions, écoutez.
09:14 On va lancer donc une série d'initiatives pour la rénovation du bâti scolaire.
09:18 Ce que vous avez fait ici en lien avec le département.
09:23 Et notre objectif, c'est dans les 10 ans de pouvoir ainsi rénover 40 000 écoles.
09:30 40, 44 000 écoles.
09:32 Et donc d'accompagner les communes, les départements, les régions en fonction du niveau dans ce travail.
09:37 Mais que ça repose sur un projet pédagogique.
09:39 Projet pédagogique, ça veut dire les régions, vous m'entendez, c'est à vous.
09:44 Et il passe le bébé un peu comme il le fait sur le passe-transport.
09:48 Et on en parlera dans un instant.
09:50 On va accueillir François Gemmene qui nous rejoint.
09:52 Bonsoir à vous.
09:54 Audrey Goutard sur cette isolation des bâtiments.
09:57 Le grand problème des bâtiments français, c'est qu'ils ont été construits,
10:02 beaucoup ont été construits dans les années 70, 80.
10:04 À l'époque, on faisait des grandes vitres, des bâtiments très ouverts, etc.
10:09 Et effectivement, c'est l'antithèse de ce qui doit être fait en matière d'environnement aujourd'hui.
10:14 Pourquoi ? Parce qu'en hiver, il fait un froid de canard.
10:17 En été, il fait une canicule de dingue.
10:20 Et c'est vrai que pour les élèves, un, c'est une façon d'apprendre dans de très mauvaises conditions.
10:26 Et deux, effectivement, d'un point de vue énergétique, c'est une catastrophe.
10:29 Alors refaire ces bâtiments, c'est une énorme urgence.
10:31 C'est une urgence qui est réclamée par les rectorats depuis des années déjà.
10:36 Et là, visiblement, le président dit qu'il s'est engagé à rénover 40 000 bâtiments.
10:42 Mais sur ce point, il y a quand même un truc qui est vraiment regrettable.
10:45 Le gouvernement a décidé de placer la rentrée scolaire sur le thème de la baille à bois.
10:49 On en pense à ce qu'on veut, soit.
10:51 Il n'y avait-il pas là une opportunité d'accès à cette rentrée scolaire
10:55 sur la question de la rénovation des bâtiments scolaires ?
10:58 C'est ce qui vient d'annoncer.
10:59 Et vraiment...
11:00 Pour le coup, c'est ce qui est annoncé ce matin, mais dans des proportions...
11:02 Mais oui, mais occasion manquée.
11:03 Je suis désolé, la rentrée scolaire, c'était hier.
11:05 Et puis alors, ils se prennent un bad buzz parce qu'ils sont allés à Rennes en jet privé.
11:09 Là encore, n'était-il pas possible d'aller visiter un lycée ou un collège en Seine-Saint-Denis
11:14 qui tombe en ruine et d'annoncer un grand plan de rénovation ?
11:17 On explique le bad buzz pour ceux qui n'ont pas suivi.
11:19 Elisabeth Born, Gabriel Attal qui vont à Rennes, une heure et demie d'autres TGV.
11:23 Et eux, ils préfèrent le faire en Falcon, 38 minutes.
11:25 Et ça a fait effectivement beaucoup de bruit.
11:27 Alors qu'il y a tellement de lycées et de collèges en Seine-Saint-Denis,
11:30 est-ce que les membres du gouvernement ont besoin à chaque fois d'aller se déplacer au Quai de la France ?
11:34 C'est une erreur ou c'est pour vous le signe qu'ils sont très loin du compte
11:39 et qu'ils n'ont pas pris la mesure de l'enjeu ?
11:42 Je pense qu'on comprend évidemment que pour des raisons de sécurité, de praticité,
11:46 le jet privé soit plus pratique.
11:48 Mais je pense qu'ils ne prennent pas encore la mesure du symbole que cela représente pour les Français.
11:54 Et quand on s'engage, et on va annoncer d'ici 10 ou 15 jours un grand plan de planification écologique,
12:01 il est certain que si les mesures annoncées ne donnent pas l'impression d'être équitables,
12:06 elles risquent d'être rejetées.
12:08 L'équité, c'est une condition de l'efficacité des mesures aujourd'hui.
12:11 Le débat est planté.
12:13 Je rappelle que vous êtes, juste pour ceux qui nous rejoignent,
12:16 François Gemmell, auteur du GIEC,
12:18 à la fois pour votre avance sur les migrations,
12:21 puisque c'est ce qu'on appelle le fameux groupe 2 qui travaille sur le GIEC,
12:25 pas les sciences dures, pas les climatologues, etc.
12:27 Le groupe 2 qui travaille sur les questions d'impact, de vulnérabilité, d'adaptation.
12:29 Voilà. Et donc spécialiste du climat à ce titre-là. Albert Zénoudj.
12:32 Je voulais juste mettre un petit incident.
12:34 Quand on est ministre, fortiori quand on est Premier ministre,
12:38 on est Premier ministre de la France, on ne doit pas se contenter d'être à Sainte-Sandy.
12:43 Il faut aller aussi à Rennes, à Marseille, à Guadeloupe.
12:47 Ils y vont, ils y vont. Ils vont par là toute la France.
12:50 Donc ce n'est pas intolérable de voir que les ministres se déplacent dans toute la France.
12:56 En même temps, je trouve que c'est très étonnant de voir ce fonctionnement
12:59 qui ressemble beaucoup au fonctionnement des Français, à nous tous finalement.
13:02 C'est-à-dire que d'un côté, il y a nos volontés, nos discours, nos souhaits,
13:06 c'est-à-dire d'être plus vertueux en matière d'environnement, de faire attention, etc.
13:09 Et puis il y a le quotidien qui rattrape.
13:11 C'est-à-dire que finalement, ces ministres ne font pas plus ni moins que ce que nous, nous faisons,
13:16 nous, citoyens. C'est-à-dire qu'on a envie de faire mieux,
13:19 et puis finalement, on est rattrapé par des habitudes, la volonté de faire plus vite, la volonté...
13:25 - Ce sont des symboles de la République.
13:28 - Bien sûr, nous sommes tous imparfaits.
13:30 - Je suis complètement d'accord. Et je disais, j'allais ajouter, et ce qui est regrettable, effectivement,
13:33 c'est que nous, citoyens, nous faisons ce qu'on peut,
13:35 et effectivement, eux sont des symboles de la République et devraient être beaucoup plus vertueux.
13:39 - Il faut rappeler quand même qu'il y avait eu ce bad buzz au début du quinquennat de François Hollande
13:43 puisqu'il avait promis de prendre lui-même le train en lieu et place de l'avion.
13:47 C'était tellement catastrophique en termes de temps de transport du président de la République
13:51 et de sécurité, comme vous l'avez dit.
13:53 - Il a mis tous les ponts.
13:55 - Oui, je comprends la symbolique et en même temps, on s'attarde aussi peut-être à des points de détail.
14:01 - C'est vrai. Je comprends les impératifs en termes de sécurité et de praticité, évidemment, de ce moyen de transport,
14:09 mais je me dis, quelle occasion manquait à nouveau ?
14:12 - Ça répond un peu à notre première question, c'est que ça ne passe plus.
14:16 Ça fait un tollé, là où il y a quelques années, ça serait passé sans doute mieux.
14:21 Aujourd'hui, c'est très difficile de le faire et puis on en revient aussi...
14:24 - Je pense que les Français sont un tollé.
14:26 - Je pense que ça... En tout cas, ça passe beaucoup moins...
14:29 - Quand j'entends "Bernand-Enoog", il n'a pas l'air choqué. Ils ont d'autres représentatifs, effectivement, de gens qui considèrent...
14:33 - Peut-être pas tous les Français, mais en tout cas, je pense que le niveau, le seuil de tolérance...
14:38 Parce que tout le monde fait des efforts, tout le monde change un bout de son mode de vie.
14:42 Tout le monde est confronté aussi à des décisions, des injonctions contradictoires,
14:47 d'obligation de changer de voiture, son arrière-plan, les moyens, etc.
14:49 Et quand on voit ça de l'autre côté, je rappelle juste qu'Elisabeth Borne, l'année dernière,
14:52 sur une affaire, je ne sais pas si vous vous en souvenez, du char à voile au PSG,
14:55 qui était peut-être anecdotique, Elisabeth Borne avait pris la parole pour expliquer
14:59 que ces gens-là n'avaient pas compris dans quelle société on était et quels étaient les enjeux climatiques.
15:03 C'était scandaleux. - Pour répondre à Bernger, je me suis mis en vélo tous les jours.
15:06 - Bon, c'est déjà ça, on va dire. Mais en revanche, je pense qu'on...
15:09 - Mais vous, j'ai envie de dire, on s'en fiche complètement, en fait.
15:11 Vous ne symbolisez pas la République. Ce qui compte ici, c'est le symbole.
15:16 La République, ce n'est pas moi. - Sur ce sentiment, prise de conscience ou pas prise de conscience,
15:21 qu'on a évoqué au début, il s'est frappant quand même de voir
15:26 qu'une espèce de courant climato-sceptique continue quand même,
15:31 et d'exister, et sans doute même de progresser d'une certaine façon.
15:34 - Et sur la France, bien sûr. - 37% de climato-sceptiques,
15:37 sondage du mois de cet été, là, +8 points en France, en un an, France-Agemene.
15:44 La faute à qui ? C'est l'État qui n'est pas assez mobilisé ?
15:49 C'est vous, les scientifiques, qui n'êtes pas assez convaincants ?
15:51 - Je pense qu'il y a plusieurs types de climato-scepticisme.
15:55 Il y a effectivement ceux qui sont dans une sorte de réalité alternative,
15:59 qu'on va appeler les complotistes, et qui, plus le changement climatique va, à mon avis,
16:05 se manifester et devenir réel dans la réalité, plus ils vont s'enfermer dans cette réalité alternative
16:11 qui ne les laissera pas voir la réalité du monde tel qu'il est.
16:15 - Après l'été qu'on vient de vivre, il faut vraiment être une autruche, pour pas...
16:19 - Mais c'est le concept de la réalité alternative, c'est que vous êtes littéralement dans une bulle,
16:23 comme une autruche, qui refuse de voir le monde tel qu'il est.
16:26 Et puis je crois qu'il y a aussi le fait qu'on se rend compte désormais que cette question du climat,
16:32 qui jadis était confinée aux pages « science et environnement » des journaux,
16:36 est devenue un sujet politique de premier plan,
16:39 va impliquer des transformations parfois radicales en termes de politique publique,
16:43 de modèles d'affaires, etc.
16:45 Et que donc, comme c'est devenu un sujet politique de premier plan,
16:49 eh bien ça va susciter naturellement des oppositions,
16:52 et que pour ceux qui vont s'opposer aux mesures prises au nom de l'urgence climatique,
16:57 eh bien un moyen facile de s'opposer à cela, ça va être naturellement d'attaquer la science
17:02 sur laquelle reposent ces mesures.
17:04 Et puis je pense qu'on a aussi, nous, à battre notre coupe,
17:08 et quand je dis « nous, chercheurs »,
17:10 est-ce que parfois nous n'avons pas versé dans un discours alarmiste et démobilisateur ?
17:16 Est-ce que parfois nous n'avons pas versé dans un discours outrageusement militant
17:20 et de ce fait d'exposer la réalité de la science à des attaques de type militante ?
17:25 Je pense qu'il y a aussi une vraie question sur la communication sur ces sujets.
17:29 Et beaucoup de Français, effectivement, ont l'impression d'être moralisés,
17:32 culpabilisés, qu'on leur donne la leçon,
17:35 qu'il y a des influenceurs sur Internet qui gagnent leur vie en postant des messages d'indignation,
17:40 sont en train de les culpabiliser alors qu'eux ont un vrai travail tous les jours.
17:44 Je pense que ça, c'est insupportable pour beaucoup de gens.
17:46 On s'interroge juste quelques secondes, 20h21, sur France Info, Le Fil Info, Stéphane Willom.
17:51 Emmanuelle Béhard révèle avoir été victime d'inceste.
17:55 La comédienne se livre dans un documentaire, un silence si bruyant.
17:59 Les faits se sont produits quand elle avait entre 10 et 14 ans.
18:03 Le reportage sera diffusé le 24 septembre sur M6.
18:06 En attendant, la déléguée générale de l'association Face à l'inceste le reconnaît sur France Info.
18:11 C'est important que des personnalités prennent le haut du pavé pour lutter contre ce tabou.
18:16 L'ancienne formule du Levothyrox sera encore distribuée en France l'année prochaine,
18:21 également en 2025.
18:22 Une annonce du laboratoire Merck et du ministère de la Santé.
18:25 C'est un nouveau répit pour les quelques 100 000 malades de la thyroïde
18:29 qui ne supportent pas cette nouvelle formule du médicament.
18:32 Alors que près de 300 jeunes filles ont été recensées hier portant la baïa à l'école,
18:36 et malgré l'interdiction, le Conseil d'État était aujourd'hui appelé à trancher.
18:40 L'association Action Droit des Musulmans demandait en référé la suspension de l'interdiction.
18:45 La plus haute gérédiction administrative rendra sa décision dans les 48 heures.
18:50 Pour tirer les conséquences de l'affaire Rubiales en Espagne,
18:54 le président de la félé de foot qui avait embrassé une joueuse après la finale du Mondial,
18:58 le sélectionneur de cette équipe féminine d'Espagne est limogée.
19:02 Et c'est une première, une femme, Montse Tomé, le remplace à la tête de la formation.
19:07 Et puis la France bat aujourd'hui encore un nouveau record de chaleur pour un mois de septembre.
19:11 31 degrés à Annecy, où Saint-Brieuc, Nevers et Chartres flirtent avec les 35 degrés.
19:16 Nouvelle journée chaude attendue demain. Parole de Météo France.
19:24 20h, 21h, les informés. Jean-François Ackilly, Bérangère Bonte.
19:29 Toujours avec Audrey Goutard, France Télévisions, Cédric Clérin, l'Humanité Magazine, Albert Zénou, Dufigaro,
19:36 François Gemenne, le chercheur spécialiste des climats et des migrations.
19:39 Est-ce que les entreprises prennent elles aussi ou pas la mesure de l'enjeu ?
19:44 Écoutez, Jean Jouzel, et je voudrais que vous réagissiez après,
19:47 Jean Jouzel, le climatologue, ancien vice-président du GIEC, à son retour des universités d'été du MEDEF.
19:54 J'ai terminé en disant de façon très claire qu'il était urgent d'agir.
19:59 Patrick Pouyanné a été le premier à répondre.
20:02 Il a dit que la transition se ferait effectivement, mais lentement, disons qu'elle prendrait son temps.
20:08 C'est bien là le problème.
20:10 Disons, je dois dire que mon intervention a été accueillie de façon assez glaciale,
20:15 tandis que celle de Patrick Pouyanné a été saluée par vraiment beaucoup d'applaudissements.
20:20 Et je serais quand même aimé savoir quelle est la position du MEDEF.
20:23 Ne doit-on pas aller de façon extrêmement rapide dans cette transition ?
20:27 Patrick Pouyanné, évidemment, patron de Total.
20:29 François Gemenne, vous êtes aussi désabusé.
20:32 Vous l'avez parfois été, voire pire que Jean Jouzel.
20:35 Oui, je pense qu'on connaît tous, quand on travaille sur le climat, des moments, effectivement, un peu de désespoir,
20:42 mais à tout le moins de découragement.
20:44 Et ce qu'on voit au travers de ce que dit mon collègue Jean Jouzel,
20:47 qui a vraiment été le premier et peut-être le meilleur d'entre nous,
20:51 c'est ces deux visions du monde qui s'affrontent.
20:54 Jean se tracasse du futur, Patrick Pouyanné se tracasse du présent.
20:58 Et on voit bien à quel point il y a une urgence à ce que le présent aille vers le futur,
21:03 et aussi des forces contraires qui essaient de ramener le présent vers le passé.
21:06 François Gemenne, vous n'avez pas la sensation, quand même, pour envoyer un message peut-être plus positif ce soir,
21:10 que les entreprises, de plus en plus, je ne parle pas du cas de Total qui est accusé de polluer parce qu'elle fait du fossile,
21:17 ça c'est un autre sujet, mais les entreprises, avec les normes RSE et tout le reste,
21:21 vont de plus en plus vers le zéro émission carbone, elles se transforment aujourd'hui.
21:24 Mon sentiment, c'est que beaucoup d'entreprises comprennent la nécessité,
21:28 parfois l'intérêt, qu'elles ont à se transformer, et comprennent bien qu'une entreprise qui ne devient pas durable aujourd'hui
21:36 ne sera pas non plus une entreprise qui sera profitable demain.
21:40 Et moi, le discours, et ce que j'entends, et ce que je vois chez de nombreuses entreprises,
21:45 c'est effectivement ce souci de se transformer.
21:50 D'abord de réduire l'empreinte carbone de son activité,
21:53 parfois d'embrasser de nouveaux modèles d'économie, notamment d'économie circulaire,
21:58 voire même parfois de changer complètement de modèle d'affaires.
22:02 Et j'étais à la place de Jean Jouzel l'an dernier à l'université d'été du Medef,
22:06 et je veux dire que moi j'avais plutôt été positivement impressionné par le message des entreprises,
22:13 et quand on regarde la société aujourd'hui, j'ai bien l'impression que ce sont surtout les entreprises et les municipalités qui avancent.
22:18 Pas assez vite, pas assez fort, mais ce sont elles qui sont quand même malgré tout dans la bonne direction.
22:23 Mais est-ce qu'on n'est pas face à un vrai débat de société pour notre futur,
22:27 entre ceux qui vont prôner la déconsommation, et ceux qui vont prôner une adaptation,
22:33 en expliquant qu'effectivement il y aura de nouvelles industries qui vont se créer,
22:37 grâce effectivement à un cercle vertueux économique,
22:41 via toutes les sociétés qui vont générer des panneaux solaires, etc.
22:46 Donc on a l'impression vraiment qu'il y a un bras de fer en ce moment,
22:49 entre ceux qui disent "non, il faut arrêter de consommer",
22:51 et puis ceux qui disent "attendez, une nouvelle économie est possible".
22:54 Vous vous en pensez quoi ?
22:56 Je suis absolument d'accord, et je déplore un peu cette polarisation du débat,
23:00 où on va placer les gens dans un camp,
23:03 chaque camp d'ailleurs ayant volontiers tendance à excommudier l'autre,
23:07 et où on va considérer que l'un exclut forcément l'autre.
23:10 Alors que je pense que le débat est mal posé.
23:12 Aujourd'hui le débat auquel vous faites référence, croissance versus décroissance,
23:16 à mon sens la question c'est de savoir quel type de croissance nous voulons.
23:20 Et jusqu'ici nous l'avons toujours mesuré en termes quantitatifs,
23:23 en termes de PIB, de chiffre d'affaires, débit de date, de part de marché.
23:27 La vraie question à mon sens, c'est de voir si on peut remplacer une croissance quantitative,
23:33 du plus, par une croissance qualitative, du mieux.
23:36 Et nous poser la question, dans quelle mesure est-ce que la croissance quantitative
23:39 peut servir la croissance qualitative ?
23:41 Dans certains cas ce sera le cas, dans d'autres pas.
23:43 C'est tout l'enjeu de cette transition énergétique ?
23:45 Je pense que c'est l'enjeu de cette transition absolument.
23:47 Est-ce que c'est une question de moyens, d'argent ? Est-ce qu'il manque d'argent ?
23:50 Non, on a plein d'argent.
23:52 Le problème c'est le choix de l'allocation de cet argent.
23:56 Si on regarde les subventions qui sont allouées aux énergies fossiles,
24:01 chiffre du FMI c'est 640 milliards de subventions publiques par an.
24:07 Si on ajoute les financements privés aux énergies fossiles,
24:11 on arrive au total faramineux de 7000 milliards de dollars par an,
24:15 c'est-à-dire 13 millions de dollars par minute,
24:18 c'est-à-dire 7% du PIB mondial de la totalité de la richesse.
24:21 C'est un peu vertigineux là, ces chiffres.
24:23 C'est vertigineux !
24:24 On est quand même obligés de respecter une transition qui ne peut pas se faire d'un seul coup.
24:29 Je comprends les messages d'urgence de la réaction,
24:34 il faut lutter contre le réchauffement climatique, ça c'est certain,
24:38 et je pense que l'immense majorité des Français le comprennent, et des hommes le comprennent.
24:42 Maintenant il s'agit d'y mettre un peu les formes et le temps.
24:47 La disparition de pans d'industrie, d'entreprise, ne peut pas se faire comme ça.
24:53 C'est le débat qu'il y avait pendant la dernière campagne présidentielle,
24:57 entre la fin du monde et la fin du mois.
24:59 Justement.
25:00 On est obligés de tenir compte aussi des équilibres économiques.
25:03 - Pour compléter ce qu'avance Albert Zenou,
25:06 est-ce qu'il y a des modélisations assez fiables pour passer,
25:10 en douceur, tout ça va être assez brutal parce que le temps court,
25:13 il nous reste un petit quart de siècle avant le 2050,
25:16 le zéro carbone, zéro émission, on n'y est pas encore.
25:19 Est-ce qu'il y a des modélisations qui nous permettraient de respecter le quotidien des gens qui souffrent,
25:24 qui ont encore besoin de ces énergies fossiles parce qu'ils ne peuvent pas faire autrement,
25:28 et amener l'ensemble vers une transition vertueuse,
25:31 qui permettrait de produire ces gaz à effet de serre et être en zéro émission
25:35 pour qu'on puisse sauver la planète ?
25:37 Est-ce qu'il existe des modèles vertueux qui embrassent tout le monde ?
25:40 - Ça existe et c'est vraiment l'enjeu des scénarios qui sont développés dans le troisième groupe du GIEC.
25:45 Après, bien entendu, c'est une affaire de choix politique.
25:48 Je suis absolument d'accord avec vous lorsque vous parlez notamment des emplois.
25:52 C'est souvent un point aveugle de la transition écologique.
25:55 C'est qu'on parle des nouveaux emplois qui se créent, des nouveaux métiers.
25:58 Le problème, c'est ce qu'on appelle les emplois bruns,
26:00 c'est-à-dire les emplois qui, aujourd'hui, sont déjà occupés par des gens
26:03 qui travaillent dans le secteur des énergies fossiles
26:05 et qui, bien entendu, n'ont pas envie de perdre leur emploi.
26:08 Le problème, c'est qu'il y a des emplois à créer dans le futur
26:11 et des emplois qui sont déjà occupés aujourd'hui.
26:13 Et là, on a, bien à des égards, des points aveugles encore,
26:16 notamment sur le côté social.
26:18 - Très brièvement.
26:19 - Pardon, la grande arnaque, excusez-moi.
26:22 Je suis d'accord avec Albert de dire qu'effectivement, il faut ménager l'emploi.
26:26 Néanmoins, la grande arnaque, c'est quand on voit, par exemple,
26:28 que la demande en pétrole au niveau mondial n'a jamais été autant en croissance.
26:32 Donc, d'un côté, on fait croire qu'effectivement, ça va être pour préserver,
26:36 qu'il faut faire attention, y aller mollo, etc., pour préserver l'emploi.
26:40 Mais d'un autre côté, on continue à appliquer une politique
26:43 et une économie totalement libérale, en tout cas en matière de pétrole.
26:48 - C'est passionnant, messieurs, dames.
26:49 On va faire un point sur l'info, puisqu'il est 20h30.
26:52 (Générique)
26:59 - Bonsoir, Bérangère, bonsoir à tous.
27:01 Le président de la Roumanie, pays de l'OTAN, dénonce ce soir
27:05 des nouvelles attaques très près de la frontière avec l'Ukraine,
27:09 des attaques recensées à 800 km de la frontière.
27:12 Hier déjà, des chutes de drones ruses sur le Danube ont été répertoriées.
27:17 La Russie, de son côté, ne confirme pas la tenue d'un sommet
27:20 entre Vladimir Poutine et Kim Jong-un, le dictateur de Corée du Nord,
27:24 selon les États-Unis.
27:25 Une rencontre entre les deux hommes est en préparation
27:28 pour discuter de vente d'armes de Pyongyang à Moscou.
27:31 Après les incendies, les pluies meurtrières en Grèce,
27:34 une tempête traverse l'Ouest et le centre du pays.
27:37 Des pluies torrentielles qui provoquent des inondations.
27:40 Un homme est mort, emporté par un torrent.
27:43 Deux autres personnes sont portées disparues.
27:46 En France, c'est la chaleur.
27:47 47 départements du centre et de l'Ouest sont en vigilance jaune
27:51 pour la canicule.
27:52 Des records de température ont été battus pour un mois de septembre
27:55 dans de nombreuses villes encore aujourd'hui.
27:58 Rénover 40 000 écoles d'ici 10 ans pour les adapter
28:01 justement au réchauffement climatique.
28:03 Nouvelle annonce d'Emmanuel Macron en matière d'éducation.
28:06 Pour cela, un demi-milliard d'euros du Fonds Vert seront débloqués l'an prochain.
28:11 Un nouveau procès pour Éric Zemmour, qui a soutenu en 2019
28:14 que le maréchal Pétain avait sauvé des Juifs français
28:17 pendant la Seconde Guerre mondiale.
28:18 La Cour de cassation l'ordonne.
28:20 Après la relaxe prononcée en première instance
28:22 et confirmée en appel, le polémiste sera donc rejugé
28:25 pour contestation de crimes contre l'humanité.
28:28 Résultat d'un pourvoi formé par cinq associations,
28:30 partis civils et par le parquet général.
28:33 Suite à l'affaire du baiser forcé en Espagne,
28:35 une femme prend la tête de l'équipe féminine de football.
28:38 Monsey Thome remplace Jorge Vilda,
28:41 qui a été démis de ses fonctions, pour avoir soutenu Luis Rubiales,
28:45 le président de la fédération suspendue par la FIFA,
28:48 pour avoir embrassé de force une joueuse lors du Sacre mondial.
28:52 L'américaine Coco Gauff, qualifiée pour sa première demi-finale
28:56 à l'US Open de tennis, elle bat en deux manches
28:58 la lettonne Osta Penko, actuellement sur le court,
29:00 Novak Djokovic contre l'américain Tyler Fritz.
29:03 Le serbe mène dans le premier set.
29:06 France Info
29:08 20h, 21h, France Info, les informés.
29:12 Jean-François Ackilly, Bérangère Bond.
29:15 Toujours avec Audrey Goutard de France Télévisions,
29:17 Cédric Clerin, l'Humanité Magazine, Albert Zenoul, Figaro,
29:20 François Gemenne, auteur du GIEC.
29:23 Vous disiez tout à l'heure, François Gemenne,
29:24 c'est pas une question d'argent.
29:26 Autre exemple très concret dans l'actualité,
29:28 ce passe-transport que Emmanuel Macron évoque
29:31 et dont il espère des expérimentations dans les régions.
29:34 Qu'est-ce que ça vous inspire de voir, d'entendre
29:37 les régions hurler depuis ce matin
29:40 avec cette question d'argent ?
29:42 Xavier Bertrand dit "chiche, mais qui paye ?"
29:45 Bien sûr, on est toujours sur le même problème
29:48 et on se demande sans cesse qui va devoir payer,
29:51 comment répartir ce qui apparaît comme un effort
29:54 alors qu'en réalité, moi je dis, il faut le voir
29:56 comme un investissement.
29:58 Et donc je comprends bien entendu que les régions
30:00 puissent tiquer et que ça tient aussi
30:04 à la centralisation française.
30:06 Paris décide et puis les régions, les municipalités
30:09 sont chargées d'appliquer.
30:10 Je pense qu'il y a un vrai enjeu d'y mettre les moyens
30:13 et vraiment j'incite le gouvernement à débloquer
30:16 cet argent. C'est vraiment une question d'investissement.
30:19 Arrêtons de le voir comme une charge.
30:21 Mais ce premier réflexe, alors que tout le monde a fait
30:23 la constatation d'un billet d'avion qui est en général
30:27 moins cher souvent, hélas, qu'un billet de train,
30:30 le premier réflexe c'est quand même...
30:32 C'est le billet de train qui est plus cher que le billet d'avion.
30:34 L'enjeu c'est de faire baisser le prix des billets de train.
30:36 Mais bien sûr, je déplore toujours et vraiment,
30:40 j'ai parfois l'impression que c'est une caractéristique
30:42 un peu franco-française, que dès que quelque chose
30:46 est annoncé, quelque part, c'est toujours une levée
30:50 de bouclier et on voit bien à quel point nous avons du mal
30:53 à nous rassembler derrière un projet sur ce sujet.
30:55 - Pour cette histoire de passe-transport,
30:57 elle est à double tranchant.
30:59 Ce que propose Emmanuel Macron, c'est en gros,
31:02 ce que dit ma grand-mère, c'est généreux avec l'argent des autres.
31:05 Ce sont les régions qui gèrent les transports régionaux,
31:09 les TER et pas l'État.
31:11 Donc dire que les régions doivent financer
31:14 et proposer des passerailles, c'est pour les régions.
31:19 Et l'autre chose qui est encore plus drôle,
31:21 c'est que ces passes existent déjà dans beaucoup de régions
31:24 en Occitanie, dans le Nord, ça existe déjà.
31:27 Et Carole Delga, qui est présidente de la région Occitanie,
31:31 non seulement elle propose des passes-transports,
31:34 elle propose même des gratuités de transports
31:36 pour beaucoup de jeunes, pour des personnes âgées.
31:38 Donc c'est un effet d'annonce du président de la République
31:41 qui se trouve un peu contredit par la réalité sur le terrain.
31:45 - Cédric Lérin, pion d'accord.
31:46 - C'est un peu ce qu'on disait tout à l'heure,
31:48 c'est que là il y a un effet d'annonce et de communication
31:50 sur ce train formidable, tout le monde entend,
31:52 bah oui si on pouvait avoir le transport à 49 euros,
31:54 mais effectivement le président de la République ne paye pas,
31:56 contrairement à l'Allemagne, l'État fédéral met un milliard...
32:00 - Ils ont manifestement du mal à pérenniser le système,
32:02 ils vont être confrontés à ce problème-là.
32:04 - En tout cas, ils ont mis un milliard et demi sur la table
32:06 au niveau fédéral, ce que ne met pas aujourd'hui le gouvernement,
32:10 en tout cas il n'y a pas d'annonce de ce point de vue-là.
32:12 Et puis en plus, le problème, c'est très bien de faire des passes
32:15 comme ça, mais il y a un problème d'investissement.
32:17 Si on veut que les transports deviennent le mode de transport
32:21 favori des Français, il faut investir dans les structures,
32:25 aujourd'hui il faut savoir que les régions doivent carrément
32:27 investir dans des rames, etc.
32:29 Donc c'est extrêmement coûteux, et donc il faut mettre d'autres moyens
32:33 pour investir dans les infrastructures, et les moyens d'accessibilité
32:36 d'autre part. Mais ça, ça ne peut pas être les régions
32:38 toutes seules qui ne se rendent pas.
32:40 - En termes d'annonce, j'aurais préféré l'annonce de l'investissement
32:42 sur les dits RER régionaux, qui là était un vrai investissement
32:45 pour les transports. Le problème souvent de ces passes transports,
32:49 c'est que ce sont souvent des réductions pour des gens qui utilisent
32:52 déjà ces transports. La question, c'est comment est-ce qu'on va pouvoir
32:55 arriver à un changement de mode de transport, et ça, ça va passer
33:00 par des investissements dans les infrastructures.
33:02 Il y a beaucoup de gens qui voudraient utiliser des transports publics,
33:05 mais qui ne le peuvent pas simplement parce qu'ils n'ont pas de transports
33:07 publics à proximité de chez eux.
33:08 - Allez, on va clore ce sujet pour ce soir.
33:10 On aura mille occasions d'y revenir, et on s'intéresse aux demandes d'asile.
33:15 Jean-François, en forte progression en Europe sur ce premier semestre 2023,
33:20 c'est quasi inédit depuis 2015-2016.
33:22 - Oui, Bérangère, il y a des chiffres très précis fournis par l'agence
33:26 de l'Union européenne pour l'asile. 519 000 demandes déposées
33:32 dans les 29 pays, parce qu'on parle de l'Union plus la Norvège et la Suisse.
33:37 Donc, ces demandes pourraient excéder le million d'ici la fin de l'année.
33:42 Alors, essentiellement des Syriens, des Afghans, des Vénézuéliens, des Turcs,
33:46 des Colombiens, principaux demandeurs, c'est à peu près 44% des requêtes.
33:51 L'Allemagne est le pays qui en a reçu le plus des dossiers, 30%,
33:55 deux fois plus que l'Espagne, 17%, la France, 16%.
33:59 Il faut savoir qu'il y a tout de même 4 millions d'Ukrainiens
34:03 qui ont fui l'invasion russe, qui bénéficient actuellement
34:06 d'une protection temporaire. Il faut comprendre, pour ceux
34:10 qui nous regardent, qui nous écoutent, que l'asile n'est qu'une partie
34:14 de ce qu'on appelle l'immigration, de façon générique.
34:17 Cela concerne une personne qui a quitté son pays, demande protection
34:20 pour échapper aux persécutions, aux menaces graves et à la guerre.
34:24 Mais attention, le risque aujourd'hui est que ce droit international
34:28 devienne peu à peu une sorte de nouvelle filière d'immigration
34:32 à part entière qui va aller croissant au fil des conflits armés
34:35 et du réchauffement climatique.
34:38 - Pour ça, j'amène quel regard et quelle explication vous avez à ce phénomène ?
34:41 - Il est certain qu'on a, et ce n'est pas nouveau, depuis au moins
34:45 une vingtaine d'années en Europe, réduit drastiquement
34:48 ce qu'on appelle les voies d'immigration légale,
34:50 c'est-à-dire d'immigration pour des motifs familiaux
34:53 et en particulier pour le travail. Et de ce fait, la demande d'asile
34:57 est devenue pour beaucoup quasiment le seul moyen
35:01 de pouvoir espérer recevoir un titre de séjour dans l'espace européen.
35:05 - Ce sont des gens qui, autrefois, il y a quelques années...
35:08 - Ça devient une filière.
35:10 - C'est pour beaucoup la seule voie d'accès.
35:14 Et donc, de ce fait, on a parmi les demandeurs d'asile
35:17 des gens qui sont éligibles à une protection parce qu'ils sont menacés
35:20 et des gens qui cherchent simplement à migrer sur le continent européen.
35:24 Et ça crée évidemment un système engorgé avec des situations
35:28 qui sont d'un point de vue humanitaire difficilement tenables
35:31 où les gens attendent des réponses pendant des mois, sinon des années
35:34 et sont quasiment impossibles à expulser par la suite.
35:38 Et puis, il faut bien dire aussi qu'il y a aux alentours de l'Europe
35:41 une multiplication des crises et des crises qui ne trouvent pas de solution.
35:46 La crise en Syrie ne trouve pas de solution.
35:50 L'Afghanistan, c'est pareil. Le Venezuela, c'est pareil.
35:54 Et donc, on ne parvient plus aujourd'hui à mettre un terme
35:56 à des situations de conflits et de violences qui continuent chaque année
36:00 à pousser des gens à quitter leur domicile et pour qui l'Europe
36:03 apparaît parfois comme la seule porte de sortie.
36:05 Albert Zénou ?
36:07 Je m'étonne que François Hollande parle de restrictions de l'immigration.
36:11 On a quand même depuis de nombreuses années une augmentation des flux migratoires.
36:16 Juste à titre, pour rappeler, en 2022, l'année dernière,
36:22 on a battu un record qui est quand même 320 000 entrées légales
36:26 plus les demandes de droit d'asile.
36:30 C'est à peu près autour de 400 000 entrées sur le sol français.
36:34 C'est énorme. Et vous multipliez ça tous les ans,
36:36 ça fait au bout de quelques années des millions de personnes.
36:40 Les gens meurent aussi.
36:42 Oui, oui.
36:44 Les chiffres ne sont pas ceux-là.
36:48 Je pose bien.
36:50 On va y revenir.
36:52 C'est peut-être pas une filière très importante, mais c'est quand même une filière.
36:55 Quand on sait que l'immense majorité, plus de 80% des demandes de droit d'asile
36:59 sont déboutées.
37:01 Et les déboutés ne se repartent jamais dans leur pays.
37:03 Vous aurez tous vos chiffres.
37:05 20h40, le Fil info, Stéphane Milhomme.
37:08 Et aux Etats-Unis, United Airlines suspend tous ses vols intérieurs.
37:13 C'est une annonce de la Fédération américaine de l'aviation
37:16 qui parle d'un problème matériel, une panne informatique sur cette compagnie aérienne.
37:20 La guerre en Ukraine à la frontière de l'Europe
37:23 et le président de la Roumanie dénoncent de nouvelles attaques très près de sa frontière.
37:27 Ce soir, une déclaration au lendemain déjà de la chute de drones explosifs russes sur le Danube.
37:33 La Roumanie également membre de l'OTAN.
37:36 C'est une conséquence directe de ce conflit.
37:38 La Pologne consacrera l'an prochain plus de 4% de son produit intérieur brut au budget défense.
37:43 Alors que l'OTAN, son allié, demandait 2%.
37:46 Le président Andrei Duda estime que c'est le prix pour que la Pologne reste libre, souveraine et indépendante.
37:52 Un nouveau rassemblement ce soir à l'appel de la famille d'Adama Traoré.
37:56 A la place de la République à Paris, les proches de ce jeune, tué en 2016 lors de son interpellation,
38:01 dénoncent ce qu'ils appellent un déni de justice après le non-lieu prononcé la semaine dernière en faveur de trois gendarmes.
38:08 Éric Zemmour, lui, sera à nouveau jugé pour contestation de crimes contre l'humanité.
38:12 La cour de cassation annule la décision de la cour d'appel.
38:16 Elle avait relaxé le polémiste après ses propos tenus sur CNews concernant le maréchal Pétain.
38:20 Il affirmait alors que le chef de l'Etat français avait sauvé des Juifs français.
38:25 Au Gabon, le président de la transition, le général Ouligui, reçoit son voisin centrafricain.
38:32 Avant cela, il s'est entretenu avec l'ex-candidat rival d'Ali Bongo six jours après avoir pris le pouvoir à ce dernier.
38:38 Brice Ouligui entend toujours rendre le pouvoir au civil mais ne donne pas de date d'échéance.
38:44 20h, 21h, les informés. Jean-François Aquilli, Bérangère Bonte.
38:54 Je serai animée autour de la table, même pendant que Stéphane Villam nous donnera les infos, notamment autour des chiffres.
39:00 C'est vrai que c'est important. Alors on va essayer de ne pas noyer tout le monde.
39:03 Audrey, Albert, vous nous parliez de 320 000 entrées en France.
39:10 Vous, la référence, c'est quoi ?
39:12 Aujourd'hui, si vous voulez, on parle en termes européens.
39:16 Puisque ensuite, si vous voulez, les étrangers et les réfugiés arrivent aux portes de l'Europe
39:20 et ensuite sont dispatchés selon des critères dans les différents pays européens qui se répartissent.
39:26 Les Allemands accueillent beaucoup, les Français beaucoup moins.
39:30 Et ce qui est intéressant, c'est de noter que de toute façon, les demandes d'asile sont complètement liées à l'état du monde.
39:38 On se rend compte, si vous voulez, qu'en 2015-2016, on avait à peu près 1,3 million de demandes d'asile pour l'Europe.
39:47 Aujourd'hui, on est à mi-chemin et on est à peu près à 500 000 demandes d'asile.
39:52 On va finir à peu près comme ces gros chiffres des années 2015-2016.
39:57 Pourquoi ? Parce qu'on a énormément de conflits dans le monde, on le voit,
40:01 et on a également des réfugiés climatiques qui sont liés à des crises majeures dans leur pays.
40:06 Alors c'est vrai que ça surprend toujours certains, mais François Germain, vous êtes l'un des premiers,
40:10 si ce n'est le premier, que j'ai entendu vraiment aussi clairement dire que les migrations aujourd'hui,
40:14 qu'on dit économiques, sont très souvent finalement climatiques déjà.
40:18 Bien sûr, les impacts du changement climatique aujourd'hui, c'est un des premiers facteurs de migration et de déplacement dans le monde.
40:23 L'année dernière, en 2022, ce sont 32 millions de personnes qui ont été déplacées par des catastrophes climatiques,
40:28 c'est-à-dire davantage de personnes que le nombre de celles déplacées par des conflits ou par des violences.
40:34 Si on regarde encore les statistiques 2022, parmi les cinq premiers pays de demandes d'asile en France,
40:40 on trouve le Bangladesh et le Pakistan, c'est-à-dire deux pays qui sont en première ligne face aux impacts du changement climatique.
40:46 Simplement, nous refusons de les voir parce que la plupart de ces migrations au niveau mondial
40:52 ont lieu à l'intérieur des frontières du pays ou dans le pays voisin.
40:56 Et il faut bien reconnaître que les migrations ne nous intéressent que dès lors qu'il y a la traversée d'un continent vers un autre.
41:01 Les migrations internes ou intra-africaines, il faut bien reconnaître qu'on y accorde guerre d'attention.
41:06 Et d'autre part, toute une série de migrants que nous appelons migrants économiques,
41:11 nous pourrions tout aussi bien les appeler migrants climatiques ou écologiques.
41:14 En Afrique subsaharienne, environ la moitié des ménages dépendent de l'agriculture de subsistance comme première source de revenus.
41:21 Ça veut dire que les conditions environnementales ont un impact direct sur les revenus des gens.
41:26 Lorsque votre revenu dépend directement des conditions environnementales,
41:31 vous ne faites plus de différence entre les facteurs environnementaux et les facteurs économiques.
41:34 Et c'est quelque chose qu'on oublie volontiers, nous, en Occident.
41:37 Rangers à Jean-François, je suis sûr que France Info, que Radio France, vous paye le même salaire en été comme en hiver.
41:42 Pour beaucoup de gens, ce n'est pas le cas.
41:44 Une piste qui va intéresser le DRH de France Info.
41:47 Mais effectivement, ça représente quoi, juste pour finir là-dessus,
41:51 les migrations climatiques sur l'ensemble des mouvements aujourd'hui sur la planète ?
41:55 Alors, le problème, c'est qu'on n'est pas sur des catégories qui sont strictement délimitées.
42:01 Et donc, on n'a pas de statistiques précises.
42:04 Ce qu'on peut dire avec précision, c'est le nombre de personnes déplacées par des catastrophes climatiques.
42:08 32 millions de personnes en 2022.
42:10 Et à ce chiffre, il faut ajouter tous ceux et celles qui sont déplacées par des dégradations plus lentes de leur environnement,
42:15 la dégradation des sols, la hausse du niveau de la mer, etc.
42:18 François Gemin, pour bien comprendre votre pensée sur ce problème de migration climatique,
42:23 le sapiens migre depuis la grotte, c'est connu.
42:26 Absolument.
42:27 Ça ne va jamais s'arrêter.
42:28 C'est normal, c'est humain.
42:30 Qu'est-ce qu'il faut faire aujourd'hui ?
42:32 Regardez, ne serait-ce que l'Afrique, un milliard d'habitants dans peu de temps,
42:36 avec une jeunesse à 60% et plus,
42:38 souvent dans des pays avec des pouvoirs qui ne partagent pas les richesses.
42:43 Qu'est-ce qu'il faut faire ?
42:44 Il faut accueillir tous ces migrants.
42:45 Et ça vient à coloniser l'Europe, Jean-François,
42:47 parce que l'Europe bénéficiait d'un climat tempéré et de ressources abondantes.
42:51 Donc, l'environnement a toujours été un facteur majeur de migration.
42:55 Nous sommes à l'aube d'un changement environnemental majeur.
42:58 Et donc, la question, c'est celle que vous posez.
43:00 Que faire, effectivement ?
43:02 Est-ce qu'il faut ouvrir les vannes ?
43:04 Est-ce qu'il faut réguler ?
43:06 Alors, je pense que la première raison et le premier motif de lutte contre le changement climatique,
43:11 c'est celui de l'habitabilité.
43:12 C'est-à-dire de garder la terre habitable pour tous,
43:15 et en particulier pour les populations les plus vulnérables.
43:18 Cela étant, les mouvements de population sont structurels et ont toujours existé.
43:23 Et le problème que nous avons, c'est que nous persistons à penser
43:27 que c'est le degré d'ouverture ou de fermeture d'une frontière
43:30 qui est le facteur qui va déterminer le nombre de gens qui arrivent ou qui viennent.
43:34 Et beaucoup de gens sont persuadés que si on ferme les frontières, plus personne ne va venir,
43:38 alors que si on les ouvrait, tout le monde viendrait d'un coup.
43:41 Mais vous ne croyez pas à la théorie de l'appel d'air ? C'est pourtant réel.
43:44 Absolument pas.
43:45 Ce qui est très intéressant, c'est de voir les chiffres.
43:47 Par exemple, aujourd'hui, on voit bien que l'Allemagne reste le pays qui attire le plus les demandes de droits d'asile.
43:52 Pourquoi ? Parce que, moi, pour avoir été en reportage à la frontière turque,
43:56 et j'étais dans les camps justement de demandeurs d'asile,
43:59 ils n'avaient pas du tout envie de venir en France, les Syriens, etc.
44:03 Ils avaient envie d'aller en Allemagne, parce qu'en Allemagne, ils ont leur famille, leur communauté.
44:08 Et puis parce que l'Allemagne a réclamé à un moment donné, souvenez-vous,
44:12 Mme Merkel avait demandé de la main d'œuvre.
44:14 Avant de refermer.
44:15 Avant de refermer.
44:16 Mais néanmoins, c'est là où... Ce qui est intéressant, c'est qu'on voit bien que l'appel d'air n'existe pas.
44:21 C'est simplement les gens vont là où, effectivement, ils auront le plus d'opportunités
44:25 et surtout, ils pourront retrouver un terreau familial, amical et de travail.
44:30 Ce qui décide les gens à partir, c'est pas du tout le degré d'ouverture des frontières,
44:33 ni le niveau des sociales.
44:35 C'est des facteurs exogènes qu'ils ont liés à des conflits, à des motifs impérieux qui poussent les gens à partir.
44:41 Et le pays qu'ils vont choisir, ça dépend des proches qu'ils vont retrouver,
44:45 de la famille, de l'état du marché du travail et de la langue qu'ils parlent aussi.
44:48 Albert Zineau, je vous voyais tiquer sur cet appel d'air.
44:50 Oui, quand André parle de pas d'appel d'air, quand on voit les masses qui arrivent en Europe...
44:57 C'est pas un appel d'air.
44:59 On peut dire que c'est peut-être pas assez, que c'est pas grave...
45:02 C'est en effet vrai que ça génère...
45:05 Bien sûr que ça génère.
45:06 Quand ils voient ce qui est arrivé aux Soudavans qui meurent en Méditerranée,
45:11 les dixièmes du XIème, ils se disent...
45:13 Personne n'a envie de quitter son pays.
45:14 Ils se disent "on va être bien accueillis".
45:16 Il y a une volonté aussi d'aller vers l'Europe.
45:20 Et elle est de plus en plus grande.
45:23 Quand vous parliez de 1,6 million de demandes d'asile, c'est quand même énorme.
45:29 C'est que les demandes d'asile.
45:31 Prenez la situation à Calais.
45:32 Nous sommes d'accord pour dire qu'un des endroits où les migrants sont les plus mal reçus
45:36 et sont dans des conditions absolument inhumaines, c'est à Calais.
45:39 Ils sont face à une des frontières les plus fermées au monde face à l'Angleterre.
45:43 Et pourtant, les gens continuent d'arriver à Calais parce qu'ils sont déterminés à aller en Angleterre.
45:48 Ils passeront coûte que coûte.
45:51 Ils feront dix fois, cent fois, mille fois la traversée.
45:54 Ils y laisseront des fortunes, ils y laisseront souvent la vie.
45:56 Mais ils seront absolument déterminés à passer.
45:58 Ce n'est pas le degré d'ouverture de la frontière,
46:00 ni le niveau d'aide sociale quasiment inexistant en Angleterre qui les motive.
46:04 La solution, pardonnez-moi, elle se trouve donc dans les pays de départ, c'est ça ?
46:08 Elle se trouve, je pense, dans une coopération renforcée entre les pays de départ.
46:12 Les pays de transit qu'on oublie souvent et les pays de destination.
46:15 Qui n'existent jamais, pensez-je, qui n'existent jamais cette coopération.
46:17 Pour le moment, nous les considérons comme des sous-traitants.
46:19 C'est-à-dire que l'Europe, qui ne veut pas prendre de vraies politiques en matière d'asile et d'immigration
46:24 à la hauteur de son projet politique, se contente de sous-traiter ce dossier à des pays tiers,
46:29 parfois très peu recommandables comme la Libye.
46:31 Et ces pays, malheureusement, deviennent souvent des enfers assez louverts pour les migrants.
46:35 Les opinions nationales, en tous les cas en France,
46:39 ne sont pas d'accord avec cette ouverture et cet afflux.
46:44 Les opinions nationales ne sont pas d'accord avec le chaos.
46:47 Mesdames, messieurs, ça va nous amener au débat immigration qui est en train de s'ouvrir,
46:52 qui n'a jamais vraiment été refermé à vrai dire.
46:54 En France, on va s'interrompre 20h50 pour le Fil-Info et on en parle après. Stéphane Milhomme.
46:58 La Corée du Nord paiera le prix pour toute livraison d'armes à la Russie en soutien à sa guerre en Ukraine.
47:06 C'est une déclaration en forme d'avertissement d'un porte-parole de la Maison-Blanche.
47:10 Les Etats-Unis affirmaient dès hier que les régimes russes et nord-coréens menaient des discussions actives.
47:16 La situation au Niger et la France confirment que des échanges ont bien eu lieu avec l'armée
47:21 sur le retrait de certains éléments militaires français présents dans l'état africain.
47:25 Confirmation du ministère français des armées qui ne précise pas quelles unités sont concernées.
47:30 1500 soldats français sont déployés au Niger.
47:33 Alors que la Grèce a souffert cet été des incendies de forêt des pluies torrentielles et meurtrières,
47:38 touche maintenant la Magnesia, le centre du pays.
47:41 Ces inondations ont causé la mort d'au moins une personne.
47:44 Un berger dans cette même région est porté disparu et les îles alentours sont placées en alerte rouge.
47:50 Le beau temps et la chaleur synonyment aussi de pollution en France.
47:53 La vitesse sera abaissée de 20 km/h demain sur les routes et autoroutes d'Île-de-France.
47:58 C'est une recommandation à prendre les transports en commun.
48:01 Le réseau Air Paris signale une pollution à l'ozone pour Paris et sa région.
48:05 En tennis, elle n'a que 19 ans et continue à nous surprendre.
48:08 L'américaine Coco Go fait qualifier pour sa première demi-finale de l'US Open.
48:12 Elle bat la Lettone et 21e joueuse mondiale, Jelena Ostapenko en 2-7 et moins d'une heure lisse.
48:19 20h, 21h, les informés.
48:27 Jean-François Aquilli, Bérangère Bond.
48:29 - Un tour de table très animé ce soir autour de Audrey Goutard, France Télévisions, Cédric Clerin,
48:33 l'Humanité Magazine, Albert Zénou, Le Figaro et François Jemen.
48:38 Auteur du GIEC, je parlais de la loi immigration, ça nous amène à Gérald Darmanin
48:42 qui donne une interview exclusive à France Info depuis la Guadeloupe.
48:46 Jean-François Aquilli, plus globalement, que cherche-t-il finalement ?
48:51 - Alors Gérald Darmanin a précisé sa pensée au micro d'Adrien Beck,
48:55 interview France Info, effectivement depuis la Guadeloupe, sur ce que nous évoquions à l'instant,
49:01 la loi immigration. Il nous l'a promis dans les mois qui viennent.
49:05 Donc il confirme qu'elle va venir à l'Assemblée nationale.
49:09 Il resserre sa formule qu'il avait déjà déployée, c'était en novembre 2002,
49:15 souvenez-vous, dans le journal Le Monde.
49:17 Il dit qu'il faut désormais être méchant avec les méchants et gentil avec les gentils.
49:23 Grosso modo, j'expulse les clandestins et je régularise les sans-papiers qui travaillent.
49:29 Pour le reste, pour faire très court, Gérald Darmanin, il essaie d'imposer sa marque en cette rentrée.
49:36 Il a réussi à le faire à Tourcoing. Il veut être au cœur de polémiques.
49:40 Il veut tourner le débat autour de lui.
49:42 Souvenez-vous, cette demande au préfet de fermeté systématique pour expulser des logements sociaux,
49:49 qui a été en clair et décodé en métier de juin dernier, il n'est pas encore candidat,
49:53 mais il nous fait comprendre qu'il a envie de l'être.
49:55 Et on va l'écouter, Gérald Darmanin au mitraux d'Adrien Beck.
49:58 Le but de ce texte immigration, c'est finalement deux pieds.
50:02 Être très dur avec les étrangers qui ne respectent pas les lois de la République,
50:06 être extrêmement dur contre les délinquants, les expulser lorsqu'ils commettent des actes de délinquance,
50:10 lutter contre les passeurs, les criminels.
50:12 Et puis d'être gentil avec les gentils, attentif avec ceux qui respectent les règles de la République.
50:16 Mais donc vous êtes prêt à bouger malgré tout sur cette mesure, sur les métiers en tension ?
50:19 Le principe d'une discussion parlementaire, c'est pas le gouvernement qui vient avec un texte pour dire "c'est comme ça puis c'est tout".
50:25 Le principe c'est que le gouvernement vient avec une proposition,
50:27 et les parlementaires, moi je suis trop respectueux de leur mandat, l'amendent.
50:31 Et après avec le gouvernement, on essaie de trouver un compromis entre ce que nous souhaitons et ce que souhaite le Parlement.
50:37 La politique c'est jamais l'idéal, c'est toujours le faisable.
50:39 Alors, tour de table pour terminer les uns les autres.
50:42 Que retenez-vous, notamment sur les métiers en tension, mais plus globalement, qui veut commencer ?
50:47 François Gemin peut-être ?
50:48 Bon, une suite de formules creuses.
50:50 C'est le même discours que celui qu'on entend depuis quasiment 20 ans.
50:54 Avant on appelait ça fermeté et humanité.
50:57 Là, Gérald Darmanin prend un peu les gens pour des enfants et dit "gentil avec les gentils, méchant avec les méchants".
51:01 La réalité c'est qu'il n'y a pas vraiment de méchant.
51:04 Le problème c'est que c'est notre système qui souvent va créer la clandestinité,
51:09 va créer des situations d'irrégalité.
51:11 Et donc, je suis frappé de voir comme quelque part on va attribuer des qualités aux gens,
51:15 alors qu'en réalité, ils se retrouvent dans des situations largement du fait du système.
51:20 Politiquement, Albert Zénou, et comme vous l'entendez comme ça, Gérald Darmanin se parlait simple, on va dire.
51:26 C'est une marque de fabrique qu'il est en train d'installer ?
51:29 Bien sûr. Il a un objectif, c'est aller à la reconquête du vote populaire.
51:34 Donc essayer de trouver d'ici à 2027 la formule magique qui pourrait le mettre devant ses concurrents à droite.
51:42 Mais il le dit dans l'interview, les classes populaires qui vont voter Marine Le Pen en 2027.
51:45 C'est son objectif, aller rechercher le vote qui s'est porté sur Marine Le Pen en 2022 et en 2017.
51:52 Je suis pas sûr que les classes populaires aiment qu'on leur parle comme à des enfants.
51:55 Non, après la difficulté c'est qu'il est pris, sur la loi immigration, il est un peu pris au piège
51:59 entre son aile gauche et une partie de la gauche qui aura du mal à voter ses textes,
52:04 et la droite qui ne veut absolument pas entendre parler de la régulisation des métiers en tension.
52:09 Donc comment pourra-t-il s'y prendre ?
52:12 À un moment a été évoqué même le 49.3 sur le texte immigration,
52:17 mais là on sait très bien qu'il peut y avoir potentiellement une motion de censure et qu'il pourrait être voté.
52:22 Parce que là, la droite en fait un point non franchissable.
52:27 C'est très clair votre regard sur cette interview.
52:29 Oui, effectivement, on est face à une simplification à l'extrême,
52:33 parce que l'Afghan qui a traversé 10 pays pendant 8 mois pour venir en France,
52:39 qui fuit les talibans et qui se voit refuser pour le réseau XY le droit d'asile et qui reste en France,
52:44 c'est un gentil ou c'est un méchant ?
52:47 Ça, Gérald Darmanin ne répond pas à ces questions.
52:50 Et il va avoir du mal à tenir les deux gouttes et trouver une majorité.
52:53 Vous l'entendez virer là, gentiment ? Qu'est-ce que vous comprenez en fait ?
52:57 Gentiment, je ne suis pas sûr, parce que s'il va chercher une majorité pour son texte,
53:00 il va devoir aller la chercher à droite.
53:02 Et aujourd'hui à droite...
53:03 Le titre de séjour pour les métiers en tension, il va y aller ou pas ?
53:05 Il va sans doute, comme il le dit lui-même, faire un compromis politique.
53:09 Et comme pour l'instant les propositions que met la droite sur la table,
53:11 ce sont des propositions qui ressemblent plus en plus au Rassemblement National
53:14 et qui sont un peu parfois farfelues.
53:16 Parce que quand on dit qu'on ne veut pas qu'un seul demandeur d'asile vienne en France,
53:20 mais qu'il fasse la demande dans son pays,
53:22 je prends l'exemple de mon Afghan qui est poursuivi par les talibans,
53:25 il ne va pas gentiment aller faire la queue devant le consulat français pour voir s'il a droit d'asile.
53:29 Donc si le compromis politique se fait là-dessus avec la droite,
53:32 je pense qu'il va avoir du mal à trouver un équilibre
53:35 qui ressemble à ce qu'il nous dit sur "Les gentils et les méchants".
53:38 - Audrey Goutard, émanciper ou recadrer, Viral Darmanin, comme vous l'entendez ?
53:44 - Moi je dirais recadrer quand même, parce qu'on voit bien employer ce discours très simpliste.
53:51 C'est ce qui a été commenté en tout cas.
53:54 Ça veut dire effectivement qu'on ne prend pas son élan,
53:58 mais en même temps, difficile de prendre son élan,
54:02 sachant qu'aujourd'hui tous les débats sur l'immigration se déroulent au niveau européen.
54:07 Rien ne se fait à un niveau national, rien ne se décide vraiment.
54:11 Et d'ailleurs c'est pour ça que les branches les plus à droite ont réclamé
54:14 que l'on déroge aux droits européens pour pouvoir avoir une vraie loi immigration selon eux.
54:19 - Ceci est très important, tout ce qu'on fait sans ambition européenne sur ce sujet ne sera que gesticulation.
54:25 - Albert Zenou, la une du Figaro demain matin.
54:29 - C'est autour de l'immobilier.
54:31 - L'immobilier, la une du Figaro, le savant.
54:35 Cédric Clérin, la une de l'Humanité.
54:39 - Alors la une de l'Humanité magazine de jeudi sera consacrée aux 50 ans du coup d'État sur le Chili,
54:46 avec un dossier spécial sur le Chili.
54:49 - Merci à tous, les informés reviennent demain.
54:51 Salia Brakhlia et Renaud Dely, merci François Gemmene d'avoir été notre grand expert ce soir.
54:56 Bonne soirée, on se retrouve nous demain avec Jean-François.
54:59 ♪ ♪ ♪

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