• l’année dernière
Sami Biasoni, essayiste et auteur d'un ouvrage sur les statistiques, revient sur les écarts de salaires entre les hommes et les femmes.

Category

🗞
News
Transcription
00:00 Le chiffre est statistiquement correct.
00:01 Lorsqu'on entend Marlène Schiappa dire, à l'époque,
00:03 quand elle était encore secrétaire d'État,
00:05 il y a 27% de salaire entre les hommes et les femmes.
00:09 Ce chiffre est statistiquement correct.
00:11 Mais il est incorrect statistiquement.
00:12 C'est-à-dire qu'en fait, effectivement, si vous prenez,
00:15 et on en revient à le débat qu'on a eu hors plateau,
00:19 en tout cas en rentaine, sur la question de l'espérance de vie,
00:22 si vous prenez strictement les salaires de toutes les femmes en France
00:26 et tous les hommes en France, vous vous retrouvez,
00:28 effectivement, en faisant une moyenne stricte,
00:30 vous retrouvez 25%, 27% d'écart.
00:32 En tout cas, il y a quelques années, cet écart est en train de se réduire.
00:35 Mais si on procède ainsi, c'est exactement…
00:38 et si on en conclut qu'il y a une discrimination,
00:41 c'est exactement comme de dire,
00:43 il y a une discrimination avérée à l'encontre des personnes qui sont à mi-temps.
00:47 Puisque vous noterez qu'elles gagnent 50% de moins.
00:49 Ce chiffre est statistiquement correct, mais il est incorrect statistiquement.
00:52 Oui, ce que vous voulez dire, c'est que quand on prend toutes les femmes et tous les hommes,
00:56 il se trouve que les femmes sont beaucoup plus à mi-temps que les hommes.
00:59 Pas à mi-temps, mais elles travaillent une durée moindre.
01:02 Voilà. Et qu'en plus, elles n'ont pas les mêmes professions.
01:06 Elles n'ont pas les mêmes professions. En fait, c'est des choses très simples.
01:09 Et ça, aujourd'hui, l'INSEE a bien corrigé cela.
01:11 Même le gouvernement, en fait, a corrigé cela.
01:14 On arrive à des écarts qui sont de l'ordre de 9% maintenant, de plus en plus régulièrement.
01:17 Non, en 2021, ils arrivent à 16,5%.
01:21 En 2022, ils arrivent à 15,8%.
01:23 Et on nous dit qu'à partir du 4 novembre, les femmes travaillent gratuitement.
01:28 Non, on nous dit, ce sont quelques groupes militants.
01:30 Ça aussi, c'est une aberration statistique.
01:32 C'est-à-dire que c'est comme si on nous disait que les ouvriers gagnent moins que les cadres supérieurs.
01:35 Comme si on disait qu'à partir du 6 août, les ouvriers travaillent gratuitement.
01:40 Non, ils sont juste moins payés que les cadres supérieurs.
01:43 Qui eux-mêmes sont moins payés que d'autres.
01:44 Exactement. Donc, je fais la démonstration et je vais un petit peu plus loin.
01:46 C'est-à-dire, quand on essaye de comparer…
01:47 En fait, la base de la statistique, c'est de comparer les comparables.
01:50 Pour essayer, ici, dans ce sujet-là, le sujet, le fond du problème,
01:54 c'est de savoir s'il y a un effet de discrimination.
01:56 C'est-à-dire un effet actif, à mérite, compétence, fonction et effort égal.
02:03 Et temps de travail égal, je crois.
02:04 Bien évidemment.
02:05 Et donc, les travaux académiques tentent à démontrer que les écarts sont plutôt de l'ordre de 2 à 5%.
02:11 Le Sénat s'approche dans ses auditions récentes.
02:13 Et donc, tout ça, même le débat public, simplement en travaillant différemment,
02:17 en étant plus explicite quant à ses hypothèses, arrive à ces chiffres-là.
02:20 Il n'y a pas de débat sous-jacent à avoir.
02:22 Simplement, ce qui est très ennuyeux, c'est d'utiliser ces chiffres du statistiquement correct
02:26 qui, en fait, ne disent rien du réel et qui nous conduisent à dire 27%
02:29 et ne pas préciser les choses, ne pas préciser qu'on ne compare pas le comparable.
02:33 C'est une faute.
02:33 C'est une faute parce que cela déporte, effectivement, les termes du débat.
02:38 [Musique]
02:42 [SILENCE]

Recommandations