ÉDITO - L'augmentation des prix du carburant "devient un problème politique" pour le gouvernement

  • l’année dernière
Les prix des carburants sont au plus haut depuis un an. La ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, convoque les distributeurs de carburants pour leur demander un geste de solidarité envers les consommateurs. L'édito politique Matthieu Croissandeau. 
Transcript
00:00 Les carburants. La ministre de la Transition énergétique, Agnès Pagny-Runacher, convoque aujourd'hui les distributeurs de carburants.
00:05 Énième réunion pour leur mettre la pression.
00:08 Oui, parce que la situation l'exige. Les automobilistes le constatent tous les matins en faisant le plein.
00:14 Les prix à la pompe sont remontés en flèche. On en parlait dans le journal. Ils ont atteint un niveau inconnu depuis un an.
00:20 Alors en cause, la hausse du baril était montée très haut, vous vous souvenez, à près de 140 dollars juste après l'invasion de l'Ukraine par la Russie.
00:28 Puis il était redescendu autour de 70 euros au printemps dernier. Puis là, le voilà qui remonte, près de 90 euros.
00:33 Pourquoi ? Parce que les pays de l'OPEP et la Russie ont décidé de fermer des robinets, pas tous, mais suffisamment pour faire remonter les coûts.
00:40 Et puis les distributeurs aussi sont dans le viseur parce que, en tout cas, il y a des associations de consommateurs qui leur reprochent d'avoir profité de la baisse au printemps
00:46 pour surtout reconstituer leurs marges plutôt que de répercuter, évidemment, la baisse des prix auprès des automobilistes.
00:53 Que peut faire le gouvernement ?
00:54 Pas grand-chose. D'abord parce que toute mesure gouvernementale d'aide aux automobilistes pour remplir leurs réservoirs serait contradictoire avec les objectifs de baisse des énergies fossiles, vous le savez.
01:05 D'ailleurs, on vient d'apprendre que la consommation de carburant avait baissé de 1,3% depuis le début de l'année. C'est notable parce que c'est la première fois que c'est autant.
01:17 Ensuite, le gouvernement ne peut pas faire grand-chose non plus parce que ça coûte très cher aux finances publiques.
01:21 La semaine dernière, Xavier Bertrand, le patron des Hauts-de-France, réclamait une baisse de 15 à 20 centimes, vous le savez, et Bruno Le Maire lui a dit "Ça va pas la tête, ça coûte 12 milliards d'euros".
01:29 On sait que le gouvernement cherche plutôt 15 milliards d'euros d'économies même pour boucler son budget 2024.
01:34 Et puis enfin, parce que Bruno Le Maire l'avait dit, c'était pas idiot, ça revient à payer la diplomatie pétrolière de la Russie et de l'Arabie Saoudite que d'éponger à chaque fois avec nos finances publiques.
01:43 Il ne reste donc qu'à faire pression auprès des distributeurs pour leur demander, dit Xit Agnès Pannier-Lachey, une preuve de solidarité, autrement dit continuer à faire des opérations de vente à prix coûtant.
01:52 Et par exemple, Bruno Le Maire a demandé à Total de prolonger son plafonnement des prix à 1,99 au-delà du 31 décembre.
02:00 - Et les autres, qu'est-ce qu'ils peuvent faire ?
02:02 - Les autres, c'est compliqué parce que c'est pas toujours efficace ces compressions. On l'a bien vu, regardez sur la grande distribution, on a eu des réunions avec les grands distributeurs, avec les industriels.
02:11 Et on sait bien que là aussi, pour faire ses courses au supermarché, les Français n'en voient pas toujours la couleur.
02:15 Ça devient un problème politique, cette histoire des carburants, on le sait depuis maintenant plus d'un an, parce que le pouvoir d'achat reste évidemment la préoccupation numéro un des Français.
02:22 Et puis, les oppositions en face, elles rassentent gratis, elles disent "il faudrait baisser ci, il faudrait baisser ça", ou alors elles ironisent.
02:27 Marine Le Pen, tiens, dimanche à Hénin-Beaumont, a ironisé sur ce gouvernement qui demande au lieu de décider en disant qu'un gouvernement c'est le retranché.
02:35 - Merci Mathieu.

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