Avec Elisabeth Philippe, journaliste.
Retrouvez les éditos culture sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-edito-culture
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00:00 L'édito culture avec vous Elisabeth Philippe. Ce matin Elisabeth vous allez nous parler d'un écrivain qui aimait autant les chats que le whisky, c'est bien ça ?
00:08 C'est bien ça et pour deviner de qui il s'agit, je propose de vous remettre en tête un moment mythique de télévision. Un indice, ce n'est pas une séquence de 30 millions d'amis.
00:16 Au revoir monsieur. Au revoir.
00:20 C'est votre faute, il fallait mettre un faux vent, il fallait mettre de l'eau dedans. Il a porté ses bouteilles.
00:31 Alors Léa l'a reconnu, vous l'avez sans doute tous reconnu ici, cette scène culte de la télévision française, on est en 1978.
00:38 L'écrivain américain Charles Bukowski, c'est lui, complètement ivre et titubant, il a bu au moins trois bouteilles de blanc au goulot, quitte le plateau d'Apostrophe en pleine émission.
00:46 Bernard Pivot n'essaie même pas de le retenir. Et dans l'imaginaire collectif, Bukowski, mort en 1994 à 73 ans, c'est ça, un vieil ivre, une barbu à la peau grêlée, un provocateur, un éminent représentant de la biture generation.
00:58 Pour le dire en deux mots, Bukowski c'est un vieux dégueulasse. Ce sont d'ailleurs ses « Mémoires d'un vieux dégueulasse » parues en 1969 aux Etats-Unis qui ont façonné sa gloire littéraire.
01:07 Dans ses chroniques souvent outrancières, Bukowski raconte sa vie de débauche, les boire et déboire d'un vieux mec avec des histoires cochonnes comme il se décrit lui-même.
01:15 Et aujourd'hui, vous nous parlez d'un recueil qui permet de découvrir un autre visage de ce bon vieux Buc.
01:21 Et oui, il s'agit de « Sur les chats », un recueil de textes et de poèmes inédits en français.
01:26 Depuis quelques années, les éditions au Diable Vauvert ont en effet la bonne idée de publier des anthologies d'inédits de Bukowski.
01:32 Il y a eu « Sur l'amour », « Sur l'alcool », logique, « Sur l'écriture » et maintenant donc « Sur les chats », traduit de l'anglais par Romain Monnery.
01:39 Le côté tendre du romancier qui affleurait déjà dans ses romans comme « Le postier » ou dans certains textes des « Contes de la folie ordinaire » se révèle ici sans phare et surtout sans mièvrerie.
01:49 « Je n'aime pas les poèmes de chats mignons », avertit d'ailleurs Buc.
01:52 Et en effet, je rassure ses fans, on trouve dans ce livre des poèmes sur les couilles des chats, des prostituées qui prennent le soleil, des tenanciers de bordel et assez d'alcool pour prendre une cuite rien qu'en le lisant.
02:03 Mais si Bukowski n'a pas vraiment les manières de Nadine de Rothschild, avec les chats, c'est une vraie cat lady.
02:08 Il recueille tous les félins errants qui se présentent à sa porte, les swines, les dorlotes.
02:13 Au fil des pages, leur nombre ne cesse d'augmenter. 5, 6, jusqu'à 9.
02:17 Il y a Manx, le chat blanc qui louche et se fait rouler dessus par une voiture.
02:21 Un super chat, une vraie personnalité, commande Bukowski.
02:24 Il y a aussi Butch, un gros matou noir qui se retrouve avec une oreille en chou-fleur après une rixe et que Bukowski rebaptise aussi sec « Butch Van Gogh Artho Bukowski ».
02:32 Ou encore Ting, le chat écrivain qui passe ses journées postée à côté de la machine à écrire.
02:37 On peut voir tous ces chats en photo dans les bras du vieux dégueulasse.
02:40 C'est assez touchant car au fil des pages, on finit par s'attacher à ces petites bêtes.
02:44 On comprend surtout que les chats sont la véritable influence de Bukowski.
02:47 Ils sont ses professeurs, ceux qui lui enseignent la beauté et la grâce.
02:50 Je terminerai ainsi en lisant un extrait du poème « Quelque part sur cette terre ».
02:55 Dans l'horreur de l'horreur de l'horreur, surgit parfois un éclat de lumière aveuglant.
03:00 Ce soir, quand j'ai fait entrer les six chats, c'était si beau.
03:04 Durant l'espace d'un instant, j'ai dû me tourner pour regarder le mur opposé.
03:08 Absolument magnifique. Merci Elisabeth.