La journaliste Charlotte d'Ornellas salue ce mardi 12 septembre dans Face à l'info la «rapidité de la réaction de la mairie et de la préfecture» après le rassemblement d'extrême droite identitaire à Cherbourg.
Category
🗞
NewsTranscription
00:00 Qui y avait-il sur ces banderoles ? Plusieurs questions pour vous ce soir.
00:03 Pourquoi le maire de Cherbourg, le maire socialiste de Cherbourg,
00:06 qu'on a très très peu entendu jusqu'alors, parle de racisme et de haine
00:10 avec ces manifestations et ces banderoles ?
00:13 Beaucoup de questions pour comprendre réellement ce qui s'est passé derrière ces banderoles, Charlotte.
00:17 Alors sur les banderoles, bon déjà le collectif,
00:19 alors il y avait assez peu de personnes en réalité,
00:21 mais ces jeunes qui ont déployé les banderoles,
00:24 ils venaient de partout en France et ils font,
00:26 ils participent d'un collectif qui s'appelle Argos,
00:28 que l'on voit sur les banderoles,
00:30 et qui est en gros un collectif qui est né après la dissolution de Génération Identitaire,
00:35 vous savez cette association dont on avait déjà parlé.
00:37 Et là en l'occurrence sur ces banderoles,
00:39 ils sont donc devant l'endroit où vivait Houmar avant d'être,
00:43 il est en détention provisoire aujourd'hui,
00:45 il y a deux slogans sur les banderoles,
00:47 "L'État ne te défend pas, prépare-toi"
00:50 et la deuxième "Mégane violée par Houmar, 17 mentions au casier et 5 condamnations".
00:55 Alors il y a 12 de ces personnes,
00:57 je ne sais pas s'ils étaient plus nombreux,
00:58 mais en tout cas 12 ont été arrêtés,
01:00 ils ont entre 18 et 28 ans,
01:02 ils ont fait 48 heures de garde à vue
01:04 et ensuite ils sont passés en comparution immédiate.
01:06 Vous savez on en a parlé hier des comparutions immédiates post-émeute,
01:09 ils sont passés en comparution immédiate en l'occurrence pour,
01:12 je cite, "provocation non suivie des faits à commettre un crime ou un délit".
01:18 Alors la question serait intéressante,
01:20 ils ont probablement demandé un report eux-mêmes pour préparer la défense,
01:23 puisqu'ils se sont tués pendant la garde à vue,
01:25 ils ont usé leur droit au silence,
01:26 mais de savoir quel est le crime ou le délit en l'occurrence
01:29 qui est visé très exactement par la justice.
01:33 Alors il y en a deux, je mets à part,
01:34 il y en a deux qui ont été poursuivis pour transport d'une arme
01:38 sans motif légitime,
01:39 puisque dans les voitures ont été retrouvées des matraques et des couteaux,
01:42 donc là c'est des procédures évidemment à part.
01:44 Il y en a un qui avait un casier judiciaire déjà une condamnation,
01:48 donc la comparution immédiate est beaucoup plus compréhensible dans l'ordre naturel.
01:51 Moi je fais par rapport à ce qui se passe d'habitude,
01:53 parce que c'est comme ça qu'il faut analyser la chose,
01:56 et le jugement a finalement été reporté au 16 octobre prochain.
02:00 En attendant, les 12 personnes sont libres sous contrôle judiciaire,
02:03 avec interdiction de paraître dans la région.
02:06 Alors je note simplement, on parlait du syndicat de la magistrature juste avant,
02:09 on pourrait évoquer même des autorités ou des responsables politiques.
02:12 Je note qu'en l'occurrence personne n'a jugé la comparution immédiate
02:15 absolument insupportable.
02:18 Le syndicat de la magistrature fait une table ronde à la fête de l'humanité
02:21 sur les procès fictifs que seraient les comparutions immédiates.
02:24 Bon là ils avaient piscine cet après-midi.
02:26 Et par ailleurs, souvenez-vous au moment de...
02:28 On en avait parlé, alors c'était Christophe Castaner à l'époque,
02:31 mais qui disait "parfois l'émotion légitime dépasse le cadre juridique".
02:35 On parlait en l'occurrence de George Floyd,
02:37 donc une affaire qui avait lieu aux Etats-Unis,
02:39 et il y avait eu des dégradations, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui,
02:42 dans cette manifestation devant le domicile d'Oumar.
02:46 Alors on a le maire et la préfecture qui ont réagi en effet,
02:49 se félicitant de la rapidité de la réaction.
02:52 Alors là c'est pareil, je ne peux pas m'empêcher de faire un peu de mauvais esprit,
02:55 et de me dire qu'au moment où la population a été interrogée
03:00 dans le quartier où vit Oumar, donc où sont déployés ces banderoles,
03:03 vous avez tous les habitants qui sont interviewés et qui disent,
03:06 premièrement, que ce Oumar en question terrorisait tout le quartier,
03:10 qu'il empêchait, vous vous souvenez on en avait parlé,
03:12 que les gens avaient peur de rentrer,
03:13 qu'il squattait avec ses amis en bas et que tout le monde baissait la tête, etc.
03:16 Alors en effet, la mairie et la préfecture peuvent se féliciter de la rapidité de la réaction.
03:21 Je pense que les habitants rêveraient d'une rapidité de la réaction
03:24 en tout temps, en tout lieu, et pour des choses qui leur font prendre
03:27 autrement plus de risques que des banderoles, quoi qu'on pense,
03:30 et du message et du collectif qui déploie les banderoles.
03:33 Ensuite, il y a, et si on se détache encore une fois du collectif,
03:37 parce que vous pensez bien génération identitaire
03:38 et le truc qui est né après génération identitaire, c'est tellement pratique.
03:42 Si on regarde simplement le message qu'il y a sur la banderole,
03:45 un, ils évoquent la question du suivi judiciaire de cet individu,
03:49 notamment quand il était mineur, puisqu'il a 18 ans aujourd'hui.
03:51 Or, il a 17 antécédents, en effet, préalables.
03:56 Donc, il pose la question du suivi judiciaire.
03:58 Ensuite, il pose la deuxième question de l'impuissance de l'État
04:01 à protéger correctement ses citoyens.
04:03 Ce sont deux revendications que l'on trouve dans la bouche
04:06 de toutes les familles de victimes,
04:09 et dans la bouche des Français aussi, quand ils revendiquent
04:12 une meilleure justice, une justice qui les protège mieux.
04:15 Alors, c'est sûr que tweeter pour un groupe qui est connu
04:17 pour d'autres options politiques, en l'occurrence,
04:19 que cette manifestation où ces banderoles-là,
04:22 résumer ce qu'ils écrivent sur ces banderoles
04:24 à quelques militants présents ce jour-là et identifier,
04:27 c'est tellement plus facile que de répondre aux familles de victimes
04:30 qui, quand elles parlent, n'ont jamais un tweet de telle mère,
04:33 jamais un tweet de la préfecture, jamais une réaction du gouvernement.
04:37 C'est tellement facile.
04:38 En fait, c'est un prétexte où là, la réaction est immédiate.
04:41 Elle est en général indignée sur le terrain du discours global.
04:45 En attendant, personne ne répond sur ces banderoles
04:47 qui recoupent quand même ce qu'on entend dans la bouche
04:49 de beaucoup d'autres gens.
04:50 [Musique]
04:54 [SILENCE]