Charlotte d’Ornellas : «Nous sommes en voie de mexicanisation de la France».

  • il y a 5 mois
La journaliste Charlotte d'Ornellas réagit sur le plateau de Face à l’info au sujet du niveau de corruption du pays : «Nous sommes en voie de mexicanisation de la France».

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Transcription
00:00 À Marseille, on avait parlé de la mexicanisation de Marseille, des magistrats avaient parlé de la mexicanisation de Marseille.
00:04 Et on se dit, il y a des magistrats qui viennent en France à l'invitation du parquet de Paris et de la juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée.
00:11 Et on se dit, bon, les magistrats mexicains, ils vont venir et vont dire "bon ça va, calmez-vous, on va vous expliquer comment..."
00:16 Eh bien pas du tout. En fait, ils participent à l'angoisse un peu générale devant le constat, puisqu'ils tirent la sonnette d'alarme eux-mêmes.
00:24 Ils appellent la France à prendre des mesures d'urgence en expliquant qu'on est au seuil d'un basculement que le Mexique a bien connu.
00:30 Alors le Mexique, c'est 130 millions d'habitants d'accord, mais enfin on est juste à la moitié, et c'est 450 000 morts en 20 ans.
00:37 Donc peut-être qu'il faut s'arrêter. Ah bon, on a déjà beaucoup de morts à cause du trafic de drogue.
00:41 Et eux, ils n'ont pas du tout trouvé qu'on était si loin et que c'était absolument incomparable.
00:46 Et l'un d'eux a pris l'exemple de l'attaque du fourgon, parce qu'il y a quelques jours, ça s'est passé assez inaperçu cette visite.
00:51 Mais juste, il a pris l'exemple de l'attaque du fourgon...
00:56 - Avec Mohamed Abra. - Voilà.
00:58 En expliquant qu'en effet, il était de manière absolument évidente, les forces de l'ordre et les organisations criminelles ne jouaient pas arme égale,
01:04 et que c'était un des signes d'inquiétude à prendre.
01:08 Et ils ont conseillé avec leur expertise, un, le renforcement des moyens humains, ça on en a déjà parlé,
01:13 la modification urgente de la loi pour pouvoir mieux traiter, et je cite,
01:18 "nos systèmes pénaux garantissent les droits et libertés des personnes, mais il faudrait aussi organiser la manière de travailler contre le crime organisé."
01:25 Deuxième citation, "la France peut encore proposer des modifications législatives,
01:29 et donner plus de pouvoir au parquet, à la police et aux juges, pour intervenir de manière efficace.
01:34 Des peines plus fortes sont nécessaires, et un réveil sur le sujet des armes est également nécessaire."
01:40 Je précise que ces citations, elles sont transmises via les réseaux sociaux, elles ont été rendues publiques par le parquet de Paris.
01:47 Ce qui n'est pas rien comme information, parce que c'est eux qui rendent publiques les citations de ces magistrats mexicains,
01:52 qui alertent sur la situation du narcotrafic en France.
01:55 Ça rappelle quand même un petit peu une prise de position prise par les magistrats marseillais,
01:59 et vous vous souvenez de la réaction du garde des Sceaux.
02:02 Donc on sent qu'il y a quand même une inquiétude qui est nourrie.
02:06 Et la procureure de Paris, qui a fait un peu le tour des médias ces derniers jours,
02:10 elle veut rassurer, et elle dit régulièrement "nous n'en sommes pas au narco-état aujourd'hui en France".
02:15 Pourquoi ? La question lui est posée, elle dit "le narco-état, c'est le fait que toutes les instances décisionnelles sont finalement pénétrées,
02:22 infiltrées par les trafiquants, y compris des juges, parfois des magistrats,
02:26 et dès lors les décisions qui peuvent être prises au niveau législatif, judiciaire ou tout autre, sont influencées par les trafiquants.
02:32 Nous en sommes loin d'être là."
02:34 D'accord, mais en fait la définition c'est le fait que toutes les instances décisionnelles sont donc prises,
02:39 par le biais de la corruption active ou passive, sont prises par ces trafiquants,
02:44 mais on a déjà vu des cas où c'était déjà le cas, alors on ne va peut-être pas attendre que toutes les instances soient évidemment prises pour s'inquiéter.
02:50 D'ailleurs le terme de "envoi de mécanisation" prouve que c'est un processus qui n'est pas achevé.
02:55 On n'a pas dit "nous sommes le Mexique", on a dit "nous sommes en voie de mexicanisation".
02:59 Et si la différence significative, si le basculement réel se fait sur le terrain de la corruption,
03:05 alors il y a deux alertes qui ont été lancées, celles des magistrats qui ont été balayées par Eric Dupond-Moretti.
03:12 Je rappelle quand même, j'insiste beaucoup là-dessus, mais la colère du garde des Sceaux s'est fait notamment sur le terrain de la corruption.
03:18 Il avait expliqué que le procureur de Marseille n'aurait pas dû dire ça, qu'il n'était pas possible de le dire.
03:22 La deuxième chose c'est le rapport du Sénat après des dizaines d'auditions,
03:25 où les sénateurs nous disent qu'il y a un degré élevé du risque de corruption dans les institutions françaises,
03:30 et les sénateurs prennent la peine d'écrire dans leur rapport que l'intégralité de leurs interlocuteurs se sont inquiétés du niveau de corruption en France.
03:38 Donc si c'est vraiment ça le sujet du basculement, il est temps de s'en préoccuper en effet.
03:43 Désolé.
03:44 Sous-titrage Société Radio-Canada
03:47 [SILENCE]

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