LA BANDE PREND LE POUVOIR - Hijabeuses: le tollé pour Sephora

  • l’année dernière
La bande de 22H Max réagit à la pub de la marque Sephora, accusée de faire la promotion du hijab.
Transcript
00:00 C'est vous qui avez été surpris par la pub que l'on va voir,
00:03 pub pour les parfumeries Sephora,
00:04 qui ont choisi comme égérie des footballeuses voilées,
00:08 des hijabeuses, comme elles se surnomment,
00:10 qui se battent pour avoir le droit de jouer avec leur voile.
00:12 La Fédération française ne veut pas de leur voile,
00:15 le Conseil d'État a donné raison à la Fédération,
00:17 et ces jeunes femmes se retrouvent donc ce soir dans cette pub Sephora.
00:21 Oui, alors moi je vais faire très court ce soir,
00:23 contrairement à la dernière fois,
00:27 et je vais employer un mot que j'emploie souvent ici,
00:29 moi tout ça, ça commence à me gonfler en fait.
00:32 C'est-à-dire moi je suis athée,
00:35 et j'en ai marre que toutes les semaines,
00:37 il y ait quelque chose autour du hijab,
00:40 à un moment de la baïa, il y a des règles.
00:44 On les respecte, là en l'occurrence,
00:46 c'est la Fédération française de foot qui a décidé,
00:48 parce que c'est ça, ils ont le droit en un terme de décider ça,
00:51 dans d'autres sports c'est autorisé,
00:52 bon voilà très bien, donc je leur demande pas de faire un autre sport,
00:55 ils font ce qu'ils veulent, mais il y a des règles,
00:57 et en tant qu'athée, d'avoir en permanence comme ça,
01:00 un rappel avec des gens qui essayent de pousser sur différents domaines,
01:03 et je dirais exactement la même chose,
01:05 s'ils étaient avec des croix, des kippas,
01:07 j'en ai marre.
01:08 Moi c'est juste ça que je voulais dire,
01:10 voilà, qu'ils fassent le sport qu'ils veulent,
01:11 qu'on respecte les règles, il y en a un,
01:13 et basta.
01:14 Voilà, c'est tout ce que je voulais dire.
01:15 Alors Nora va réagir tout de suite.
01:16 Alors en tant qu'athée,
01:17 je vais reprendre les mêmes éléments de langage,
01:19 parce que c'est quand même caricatural,
01:20 en tant qu'athée,
01:23 moi j'en ai marre, j'en ai absolument ras-le-bol
01:25 qu'on emmerde les gens
01:27 à force de regarder et de leur interdire
01:30 de faire du sport comme elles en ont envie.
01:31 Ces gamines, elles n'emmerdent personne.
01:34 - Je suis d'accord. - Elles veulent juste faire du sport.
01:35 - Oui mais il y a une règle. - Pourquoi ?
01:36 Mais la règle, bizarrement,
01:38 même les clubs à l'internationale,
01:40 même la FIFA, n'est pas d'accord
01:42 avec le règlement français.
01:44 Donc à un moment, pourquoi, au même titre que la Baïa,
01:47 on emmerde des jeunes femmes,
01:48 et pardon, mais l'émancipation par le sport,
01:50 il faut quand même voir ce qui se passe en Iran,
01:52 il faut quand même voir ce qui se passe au Maroc,
01:54 on a des jeunes femmes...
01:55 - Mais c'est dans l'autre sens.
01:57 C'est dans l'autre sens, c'est en essayant d'enlever.
01:58 - Mais au Maroc, elles sont...
02:00 - Mais il y a des gens d'ailleurs...
02:03 - Pendant le...
02:04 Comment ça s'appelle, le truc de foot qu'on a eu,
02:07 la Coupe du Monde.
02:09 La Coupe du Monde féminine,
02:10 on avait des jeunes femmes qui étaient...
02:11 - Il y a une différence de règles, effectivement.
02:13 - Et donc en fait, à un moment,
02:14 arrêtons de vouloir absolument
02:16 dire aux femmes comment elles s'habillent.
02:18 Si elles veulent jouer en crop top, tant mieux.
02:20 Serena Williams à qui on dit
02:21 "Non mais en fait, ta combi, ça va pas."
02:23 Les joueuses anglaises de foot à qui on dit
02:26 "Non mais vous allez jouer en blanc et elles, elles veulent pas."
02:28 Pourquoi est-ce qu'on emmerde les nanas à longueur de temps ?
02:31 Pardon, je suis hyper grossière.
02:32 - Mais non, il n'y avait pas ça.
02:32 On peut prendre l'exemple de Wimbledon et du tennis,
02:34 ils devaient jouer en blanc.
02:36 Et les femmes aussi.
02:37 Mais c'était comme ça.
02:38 - Je suis désolée.
02:39 Regardez, en termes d'histoire des femmes dans le sport,
02:42 la question de savoir comment elles doivent s'habiller, etc.
02:45 C'est vraiment une question de prise de pouvoir.
02:47 Quand on voit à quel point on les enquiquine sur
02:50 "il faut faire ci, il faut pas faire ça",
02:52 laissez-les tranquilles.
02:53 - Elles ont le droit de jouer en crop top,
02:56 les équipes féminines dans l'Iran ?
02:58 - Ah bah pardon, mais en beach volley, je suis désolée.
03:01 Elles sont comment, les filles ?
03:02 Elles sont en bikini.
03:03 Les mecs, quand ils font du beach volley,
03:04 - Les iraniennes, elles sont en bikini.
03:07 - Ah non, mais moi je parle de ça.
03:09 On parle précisément de ça, en fait.
03:10 - Ah bah non.
03:11 Non, non, on parle pas de ça.
03:13 Là, moi je suis en train de vous dire que...
03:14 - La liberté de qui ?
03:16 - La liberté des femmes de s'habiller comme elles le veulent,
03:18 pour faire le sport qu'elles veulent.
03:19 - Mais où ? On veut où ? Dans quel pays ?
03:22 - En France.
03:22 - Mais partout ?
03:23 - Ah non, en Iran, c'est pas possible.
03:24 - En Iran, c'est pas possible.
03:25 - Mais moi je parle d'Arabie Saoudite, c'est pas possible.
03:27 C'est pas possible dans plein de pays, et ça, vous en foutez.
03:29 - Ah non, je m'en fous pas.
03:30 C'est juste que moi, je respecte le fait qu'il y ait des jeunes femmes
03:34 qui aient envie de faire du sport,
03:36 et si elles ont envie de le faire avec un hijab,
03:39 pourquoi est-ce qu'à un moment, je vais me prendre la tête avec ça ?
03:42 La liberté de toutes...
03:43 Pourquoi le corps des femmes est à ce point ?
03:45 - Je vais mettre deux choses sur la table.
03:47 On parlait ces dernières semaines de laïcité,
03:49 on a parlé de la baillette, etc.
03:51 dans ce qui a été présenté comme un sanctuaire,
03:53 c'est-à-dire l'école, on en a parlé dans les services publics, etc.
03:56 Sur un terrain de foot.
03:57 - C'est différent.
03:58 - Pourquoi est-ce que sur un terrain de foot,
04:00 il y aurait effectivement cette règle-là ?
04:03 C'est la première question.
04:04 La deuxième question, c'est pourquoi est-ce que Sephora choisit,
04:08 aujourd'hui, de mettre en avant ces jeunes femmes-là ?
04:10 - Alors, je vais répondre aux deux questions, et même à une troisième.
04:13 La première question, en effet, la norme est différente.
04:15 L'école, c'est un sanctuaire.
04:16 Quand des islamistes essayent d'y faire rentrer un signe religieux,
04:19 en trafiquant une histoire de mode, il faut agir.
04:21 On a agi très bien.
04:22 Là, on n'est pas dans un sanctuaire, c'est pas l'école.
04:24 Donc, c'est les règlements des fédérations ou des clubs
04:27 qui peuvent s'appliquer, qui doivent s'appliquer.
04:29 Donc, les fédérations sont indépendantes.
04:31 En Suisse, en Belgique, au Ghana, on décide des choses.
04:34 En France, on en décide une autre.
04:35 La fédération peut changer d'avis de demain.
04:37 Moi, ce qui m'inquiète, simplement, c'est que si on autorise les hijabeuses,
04:40 est-ce qu'on est sûr que dans deux ans, dans trois ans,
04:42 dans une équipe où il n'y a que des hijabeuses,
04:44 il y a une jeune fille qui dit "moi, je ne suis pas hijabeuse,
04:46 je joue au foot avec les cheveux à l'air",
04:48 est-ce qu'elle sera gardée dans l'équipe ?
04:50 Est-ce qu'elle ne sera pas virée par ses copines ou par l'entraîneur ?
04:53 - Précisément, dans la pub de ce forum, ce qui est dit aujourd'hui,
04:56 c'est que par une des demoiselles qui est présente,
04:59 c'est que tout le monde peut être là, d'une certaine manière, dans cette équipe.
05:02 - Oui, puis à bout d'un moment, ne peuvent plus être là
05:04 ceux qui n'ont pas le hijab.
05:05 C'est ça qui m'inquiète.
05:07 Et une fois qu'on en est là, c'est trop tard.
05:08 C'est trop tard.
05:09 Vous avez communautarisé le foot, donc il y a celles qui sont en hijab
05:11 contre les blondes, et puis après il y aura un tel contre un tel,
05:14 et vous transférez des guerres de communauté par le sport.
05:17 Et ça, ça m'inquiète beaucoup.
05:18 Et je ne suis pas sûr qu'on ait le verrou.
05:19 Quant à Sephora, ce n'est pas Sephora particulièrement,
05:22 c'est le monde du commerce qui fait feu de tout bois,
05:25 qui n'a qu'une seule religion, le profit.
05:27 Le profit.
05:29 Et c'est normal, ce n'est pas un vice.
05:31 Ce sont des commerçants, ils sont là pour faire du profit,
05:33 avec lequel ils payent des salaires et ils investissent.
05:35 C'est à la réglementation publique, c'est-à-dire à l'intérêt général,
05:38 à la loi, de dire "stop, vous, commerçants, vous franchissez une ligne.
05:42 Vous n'avez pas le droit de faire ça, on fait une règle
05:44 et les commerçants la respectent".
05:45 Tant qu'il y a du profit à faire, ils y vont parce que c'est la nature du commerce.
05:49 C'est comme le fauve qui dévore une biche.
05:51 Vous lui mettez une biche, il la dévore.
05:52 Vous lui expliquez que c'est interdit, c'est compliqué.
05:54 Géraldine Vosner.
05:56 Alors, oui.
05:58 Non, non, attendez, en restant, je sais que ce sera vous.
06:00 On reste là-dessus.
06:00 Oui, oui, là-dessus.
06:02 Je trouvais que vous n'aviez pas beaucoup parlé sur ce sujet-là.
06:04 Je pensais que vous aviez justement...
06:05 Oui, je suis d'accord avec Christophe.
06:07 Vraiment, oui, je pense que même à vie, d'autant plus dans le commerce,
06:10 je trouve ça fascinant, la nature du commerce, c'est de vendre.
06:14 Et pour ça, la communautarisation, c'est pain béni.
06:18 Ça leur permet de vendre deux fois plus de tenues,
06:21 parce qu'il y a la version homme, la version femme,
06:23 la version avec ou sans hijab.
06:28 La segmentation, c'est le secret du profit.
06:30 Mais pardon, la segmentation jusque-là...
06:32 Le commerce communautaire...
06:34 Sephora ou autre, ces jeunes femmes racisées,
06:38 noires, blanches, ou maghrébines, avec des cheveux crépus comme les miens,
06:42 elles n'ont jamais existé jusqu'il y a quelques années
06:46 dans ce secteur à la fois de la mode, à la fois des produits de beauté.
06:52 Donc en fait, aujourd'hui, heureusement qu'elles existent.
06:54 Ça explose, mais regardez les pubs.
06:56 Ça veut juste dire qu'enfin, elles existent.
06:58 Les publicités sont formidables.
06:59 Comment vous expliquez, Christophe, que moi, avec ma nature de cheveux,
07:01 moi qui suis née en France il y a quand même plus de 40 ans,
07:04 je n'ai pas trouvé avant il y a 4-5 ans, en fait,
07:06 un coiffeur, une coiffeuse en capacité,
07:09 et avec des produits en capacité de me coiffer.
07:11 - Dans le 10e arrondissement, on trouvait très bien.
07:16 - Figurez-vous que je ne suis pas...
07:17 Non, mais oui, un cheveu crépu, mais n'a rien à voir.
07:20 On ne va pas faire un débat là-dessus sur la typologie.
07:23 Non, mais pardon, mais à un moment, c'est comme pour le fond de teint,
07:26 mais parler aux maquilleuses qui vous disent,
07:28 en fait, on n'a jamais appris à maquiller des personnes noires,
07:31 on attrape ce retard.
07:32 - Mais oui, mais il était temps, donc, en fait,
07:33 à un moment que Sephora s'adresse à ces jeunes femmes,
07:35 c'est juste pour dire, venez nous, en fait,
07:37 pour nous, vous existez, quoi que vous portiez,
07:41 qui que vous soyez, et on est inclusif.
07:43 Heureusement, en fait, qu'il y a des entreprises inclusives en France,
07:46 contrairement au type de débat qu'on a ce soir,
07:48 et qui renvoient juste quoi ?
07:49 De l'autre racisme, parce qu'on a des jeunes filles...
07:51 - Attention à ne pas communautariser par part de marché.
07:55 - Mais alors, dans ce cas-là, je vais renvoyer au fait que,
07:58 peut-être que la première des communautés,
07:59 c'est la communauté nationale qui n'est pas capable
08:02 d'accepter tout le monde en son sein,
08:04 y compris ces jeunes femmes.

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