• l’année dernière
L’île italienne de Lampedusa tente de faire face à l’afflux de plus de 7000 migrants arrivés depuis deux jours sur ses côtes - soit l’équivalent de la population locale - alors que le centre d’accueil prévu à cet effet peut héberger moins de 400 personnes.

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Transcription
00:00 En fait, le phénomène migratoire est toujours la résultante de deux facteurs.
00:05 D'une part un facteur de répulsion et d'autre part un facteur d'attraction.
00:10 En termes de répulsion, il est clair que toute la partie nord de l'Afrique est dans une situation
00:17 où les gens ont un sentiment de ne pas avoir confiance dans l'avenir.
00:22 C'est-à-dire les déstabilisations politiques que l'on a constatées,
00:26 le fait que les islamistes gagnent du terrain et créent effectivement des conditions d'insécurité
00:33 dans une partie la plus importante de l'Afrique.
00:36 Aujourd'hui, cela signifie que les populations n'ont plus d'espoir,
00:40 qu'ils savent aussi que malheureusement des gouvernements de militaires n'ont pas forcément de meilleures compétences
00:47 pour améliorer la situation de développement.
00:50 Et donc, face à cette situation, ils quittent leur pays.
00:55 Le deuxième élément important, qui a été évoqué d'ailleurs à l'instant,
00:59 c'est-à-dire que les pays de transit sont en fait déstabilisés,
01:03 qu'il s'agisse de la Libye, de la Tunisie.
01:06 Aujourd'hui, ce sont des pays qui n'arrivent pas à contrôler leur propre territoire
01:12 et donc encore moins à contrôler les réseaux de passeurs
01:16 qui fonctionnent en toute impunité sur ces pays de transit.
01:21 Le troisième élément, donc la dimension attraction,
01:24 c'est-à-dire que l'Europe reste extrêmement attractive.
01:27 Elle est extrêmement attractive parce que les migrants ont l'espoir de pouvoir s'y installer,
01:34 dans la mesure où ils savent très bien que même un migrant en situation irrégulière,
01:39 il a très peu de chances d'être envoyé dans son pays,
01:42 et il va pouvoir avoir des revenus, même s'il n'effectue que des travaux faiblement rémunérés.
01:49 Parce qu'il est absolument essentiel toujours de bien comprendre qu'un immigrant qui en Europe
01:55 ne reçoit que l'équivalent d'un SMIC, c'est un petit salaire pour l'Europe,
02:00 mais lorsqu'il envoie 15 ou 20 pourses de son salaire dans son pays africain d'origine,
02:06 là ça représente un pouvoir d'achat très important dans son pays d'origine.
02:10 Donc les causes sont toujours les mêmes,
02:14 et comme en plus l'Europe n'est pas capable de s'organiser pour lutter contre les réseaux de passeurs,
02:21 parce que ce qui est absolument dramatique dans ce qui se passe,
02:25 c'est évidemment les morts qu'il y a en Méditerranée,
02:28 mais c'est aussi le fait que tous ces migrants financent des passeurs,
02:32 et donc en réalité ils perdent de l'argent.
02:36 Et en plus ils sont dans une situation où ils sont contraints parfois
02:42 à devoir rémunérer plusieurs réseaux de passeurs selon les lieux de traversée.
02:50 Mais Gérard François Dumont, quel pays est le plus attractif en Europe ?
02:56 Parce que là il débarque dans cette île italienne, mais c'est la porte d'entrée.
02:59 Ensuite ces migrants veulent aller où précisément ?
03:02 Il est sûr que ce n'est pas la France, pour une raison bien simple.
03:08 C'est-à-dire que si la France était le plus pays attractif de l'Union Européenne,
03:13 il n'y aurait jamais eu de situation de migration à Calais,
03:18 et dans la région de Calais comme nous l'avons vu toutes ces dernières années.
03:22 Donc clairement les migrants sont parfaitement informés des possibilités d'emploi.
03:28 Ils savent qu'il y a plus de possibilités d'emploi simples au Royaume-Uni,
03:33 dont vous avez vu que les résultats économiques se sont considérablement améliorés.
03:37 Ils savent qu'il y a des possibilités d'emploi en Allemagne,
03:39 même s'il y en a une dégradation en ce moment.
03:42 Donc la France est plutôt attirante en termes de protection sociale,
03:46 en termes d'avantages supplémentaires en termes de maladies,
03:54 donc d'accueil des migrants dans les hôpitaux.
03:58 Et puis il y a évidemment aussi la dimension linguistique.
04:02 C'est-à-dire que pour des migrants qui parlent français, c'est vrai que la France est attirante.
04:07 Par contre pour des migrants qui ont une connaissance de l'anglais,
04:10 le Royaume-Uni va être davantage attirant.
04:13 Donc c'est là où l'Union Européenne, par rapport à ce qui a été dit précédemment sur votre plateau,
04:19 à mon sens, peut très difficilement parvenir à une politique commune,
04:23 parce que les situations de chaque pays européen sont extrêmement différenciées,
04:28 que leurs besoins migratoires sont différenciés,
04:31 que les nécessités linguistiques ne sont pas les mêmes.
04:35 Et donc cette idée de répartir mathématiquement les migrants entre les différents pays
04:40 est une idée sympathique en soi, mais qui ne peut pas marcher.
04:44 Elle ne peut pas marcher pour une autre raison,
04:46 c'est que le migrant va essayer de trouver des migrants originaires du même pays que lui,
04:52 qui vont l'aider à l'accueillir dans le pays en question.
04:56 Donc vous pouvez toujours envoyer des migrants du Mali en Lettonie ou en Pologne,
05:02 ça ne les intéresse pas, alors qu'ils savent très bien qu'il y a déjà des migrants malis en France
05:07 qui sont susceptibles de les accueillir et de les aider à trouver un emploi,
05:11 les loger temporairement, etc.

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