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Dans son ouvrage "Le fulgurant destin du chevalier de Limoëlan", René d’Ambrières, polytechnicien et historien spécialiste du XVIIIème siècle, retrace la vie oubliée de Jospeh Picot, chevalier de Limoëlan, acteur éminent de la cause bretonne, chouanne, contre-révolutionnaire, anti-bonapartiste et catholique au XIXème siècle. Ami de collège de Chateaubriand, il émigre, tandis que son père membre de l’Association bretonne du marquis de La Rouërie est guillotiné. Revenu en France, il prend en 1799 le commandement de la division chouanne de Fougères et mène avec succès plusieurs combats. Après la paix, il fomente contre Bonaparte le complot de la "Machine infernale" le soir de Noël 1800. L’attentat échoue mais l’explosion tue dix personnes. Limoëlan parvient à s’échapper et part en Amérique où il est ordonné prêtre en 1812. Un récit haletant pour tous les publics, jeunes et adultes.

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Transcription
00:00 [Générique]
00:05 Bonjour à tous, bienvenue dans notre Zoom, aujourd'hui en compagnie de René Dambrière. Bonjour monsieur.
00:12 – Bonjour monsieur.
00:14 – René Dambrière est historien, spécialiste des 18e et 19e siècle.
00:20 Il vient nous présenter cet ouvrage "Le fulgurant destin du chevalier de Limollan"
00:26 que vous pourrez retrouver sur notre boutique. Alors est-ce que vous pouvez, René Dambrière,
00:30 commencer par nous dresser un rapide portrait de votre héros et surtout,
00:36 nous préciser sur quelle fondation s'est construite sa personnalité.
00:40 – Tout à fait, alors ce héros, c'est un héros breton, originaire de Saint-Malo.
00:45 Donc un des premiers fondements de sa personnalité, c'est bien sûr l'armement commercial.
00:53 Il appartient à une grande famille de Malouins qui a développé ses activités dans le monde entier,
00:59 jusqu'aux Indes, avec une succursale à Cadix, etc.
01:04 Cette famille extrêmement dynamique de Saint-Malo s'est enrichie au 18e siècle
01:11 et a abandonné le commerce et a accédé à la noblesse.
01:16 Donc il a cet héritage du commerce, des affaires, du dynamisme
01:23 qui a toujours caractérisé cette ville. Premier fondement.
01:26 Deuxième fondement, le frère de son père était quelqu'un d'extrêmement connu,
01:33 c'est le père de Chlorivière, qui est un jésuite, un très grand jésuite,
01:38 qui a été, c'est assez extraordinaire, le dernier père prophète.
01:43 Le père prophète, ce sont les jésuites qui, après avoir passé un certain nombre de suffisant d'années
01:49 dans la compagnie de Jésus, prononcent leur dernier voeu de fidélité totale au pape.
01:58 Et il a prononcé ce voeu juste quelques semaines avant que le pape supprime la compagnie de Jésus,
02:04 ce qui est assez extraordinaire.
02:06 Et ce père de Chlorivière, qui est une personnalité extrêmement remarquable
02:11 sur le plan spirituel, sur le plan de sa fécondité aussi,
02:14 puisqu'il a créé un institut féminin "Les filles du cœur de Marie"
02:19 qui existe toujours, qui a plus de 1000 personnes dans le monde aujourd'hui.
02:24 Il a restauré les jésuites en France, après elle sous la restauration.
02:27 C'est dire quand même le poids ecclésial et spirituel de cet homme.
02:32 Et ce père de Chlorivière s'est beaucoup intéressé à son neveu
02:36 et il l'a également beaucoup aidé à trouver son chemin spirituel personnel.
02:47 Donc, vous avez dans ce personnage deux fondements.
02:50 J'allais dire un fondement économique, un fondement aristocratique
02:57 et vous avez un fondement spirituel.
02:59 Et c'est la synthèse des deux qui explique sa vie,
03:01 mais qui du coup, fait qu'elle est particulièrement riche et foisonnante.
03:10 – Alors, une carrière, enfin, issue d'une famille de commerçants dans la marine
03:16 et puis également, lui, il est devenu sous-lieutenant à 15 ans dans l'armée du Roi.
03:20 – Tout là, donc il est…
03:21 – Et puis après, il a eu cette carrière dans la prêtrise
03:24 que l'on pourra évoquer d'ailleurs après dans l'entretien.
03:28 – Donc, sa famille à ce chevalier de Limollan était ouverte aux lumières.
03:33 C'était donc une famille aristocratique.
03:35 Son père a prononcé le serment patriotique.
03:38 Alors, comment vous expliquez l'engouement d'une partie de l'aristocratie française
03:44 pour les idées de cette révolution qui finalement a été fatale à cette aristocratie ?
03:51 – Vous savez, on pourrait se poser le même problème aujourd'hui.
03:53 Pourquoi les engouements des gens pour telles et telles idées ?
03:57 Aujourd'hui, c'est un peu, j'allais dire, l'universalisme, si vous voulez,
04:02 qui crée un certain engouement.
04:06 À l'époque, les idées des lumières avaient été largement diffusées dans la société.
04:12 Elles présentaient effectivement un certain modernisme.
04:15 Et ces gens qui étaient instruits, il ne faut pas s'étonner
04:19 que ces idées les aient au moins intéressés, sinon interpellés.
04:24 Donc, ils y ont été assez sensibles, mais rapidement, la révolution est venue,
04:30 ils en ont vu les limites et ils les ont même totalement abandonnés.
04:36 – Et alors, votre héros, le chevalier de Limollan,
04:41 va s'engager dans la Chouannerie, le mouvement contre-révolutionnaire.
04:46 Est-ce que vous pouvez nous expliquer ce moment de sa vie ?
04:49 Comment s'engage-t-il ?
04:50 – Alors, Joseph de Limollan est effectivement dans l'armée,
04:55 où s'il n'y avait pas eu la révolution, il aurait mené certainement une carrière,
04:59 j'allais dire, lambda.
05:00 – Plus militaire que normal, oui.
05:01 – Normal, tout à fait normal, puisque la guerre d'indépendance des États-Unis
05:07 était finie, donc il n'y avait pas de nouvelle guerre où il aurait pu s'illustrer.
05:12 Et donc, au moment de la révolution, il est dans un régiment,
05:18 le régiment d'Angoulême, où il a une carrière normale,
05:24 et arrive le moment du serment, et là, on est en 1791,
05:34 et ce serment lui déplaît, il est dans un régiment
05:40 où il y a une trentaine de sous-lieutenants,
05:44 sur ces 30 sous-lieutenants, il y en a à peu près les deux tiers,
05:47 voire les trois quarts, qui refusent de prêter le serment.
05:50 – Serment patriotique, révolutionnaire.
05:51 – Voilà, enfin révolutionnaire, c'est un serment de fidélité…
05:54 – Oui, patriotique, oui, à la nation.
05:56 – Un serment à la nation, de fidélité aux institutions,
05:58 mais qui prévoyait quand même de défendre les institutions
06:02 si elles étaient menacées de les défendre de manière totalement loyale.
06:08 Donc il refuse de prêter ce serment, comme la plupart de ses camarades,
06:13 et plus on monte dans la hiérarchie, au niveau des capitaines
06:17 et de la hiérarchie la plus élevée du régiment,
06:21 plus le pourcentage des gens qui prononcent le serment est élevé.
06:26 Alors c'est assez curieux, il critique beaucoup ça,
06:28 il dit que les officiers supérieurs étaient des couards, etc.
06:31 Enfin, c'est assez… il est assez critique,
06:34 parce que c'était courageux de sa part, si vous voulez,
06:36 parce que du jour au lendemain,
06:39 bon, il refuse de prêter le serment d'une part,
06:41 mais la conséquence c'est que du jour au lendemain,
06:42 il est sans emploi, sans solde, etc.
06:45 Bon, il a effectivement…
06:46 il peut compter sur une certaine richesse familiale,
06:48 mais pour lui, l'argent qui tombe à la fin du mois,
06:53 enfin je ne sais pas si ça tombe à la fin du mois,
06:55 ou si le gamin qu'aujourd'hui, enfin le principe était le même,
06:58 et c'était terminé.
07:00 Bon, donc il va à Paris, et il décide d'aller dans les Flandres autrichiennes,
07:09 où déjà un certain nombre de Français se rassemblaient,
07:13 bien qu'aucune guerre ne soit encore déclarée.
07:16 – D'accord, alors est-ce que vous pouvez revenir un petit peu
07:19 sur ces faits d'armes, une fois qu'il est engagé
07:22 dans cette chouannerie, le mouvement contre Rémi Chéveu.
07:25 – Alors je vais vous décevoir, il n'a pas eu de faits d'armes,
07:28 et il a… – Il a pris une ville, je crois, mais…
07:31 – Non, c'est après, alors là on saute directement à la chouannerie française,
07:38 quand il est revenu en France, là on est en…
07:39 – Oui, voilà.
07:40 – Donc alors, effectivement, il émigre, etc.
07:43 – Oui, et il revient.
07:44 – Et au bout de 6 ans, il revient, et à ce moment-là,
07:47 il s'engage activement dans la chouannerie,
07:51 et là effectivement, alors qu'il n'avait pas eu justement de…
07:55 il avait une expérience militaire extrêmement courte,
07:59 et il n'avait pas de faits d'armes à son actif,
08:01 il est nommé Major Général de la chouannerie du nord de la Bretagne,
08:08 de la région d'Ille-et-Vilaine, plus ou moins rattachée à Cadoudal,
08:13 en 1799, et là, cette troisième chouannerie s'avère extrêmement dynamique,
08:20 ils arrivent à prendre pratiquement toutes les villes de l'ouest,
08:26 Nantes, Le Mans, enfin des très très grandes villes,
08:30 mais, Saint-Brieuc, etc., mais ils ont peu de ressources,
08:36 donc ils prennent les villes par surprise,
08:38 et comme ils n'ont pas les moyens de s'y maintenir,
08:41 – De rester, de s'y gérer.
08:41 – Donc ils les évacuent, ils s'évacuent.
08:43 Donc lui, Fépard, est associé à plusieurs combats dans la région de Fougères,
08:50 et il est lui-même blessé, enfin il a fait une chouannerie,
08:55 j'allais dire, comment dire, aujourd'hui, tout à fait honorable,
08:58 et qui le promeut au rang de chef de la chouannerie,
09:04 à tel point qu'il a été associé aux négociations de paix,
09:07 qui font suite à la proposition de Bonaparte de pacification,
09:12 et il s'est retrouvé au même rang, enfin au moins dans l'aéropage,
09:17 de l'ensemble de tous les chefs de la chouannerie de cette époque.
09:21 – Alors vous nous parlez d'une troisième chouannerie dans votre ouvrage,
09:23 qui commence à partir environ de 1799,
09:27 est-ce que vous pouvez nous expliquer, nous dire combien de temps
09:30 cette chouannerie, ce mouvement contre-révolutionnaire
09:33 a affronté les forces de la République ?
09:35 – Alors ce mouvement a duré à peu près un an, et en 1799…
09:39 – La chouannerie je parle, le départ, la première, la deuxième, la troisième…
09:43 – Alors la chouannerie, ça a commencé vers 1793,
09:47 avec la mort du roi, la constitution civile du clergé,
09:52 bon il y a eu la première grande époque, ça a été la Vendée, etc.
09:57 donc je ne saurais pas vous parler avec talent,
10:00 même si ces faits sont tout à fait remarquables.
10:04 Ensuite il y a eu une pacification du général Loche
10:08 avec la deuxième chouannerie, etc.
10:10 et ça on se retrouve avec la troisième chouannerie,
10:14 parce qu'il y a eu des hauts et des bas pendant la révolution,
10:18 la convention a été dissoute, a été remplacée par le directoire,
10:24 le directoire a fait des offres de paix, etc.
10:26 donc à des moments il y a eu de la paix, et à des moments la guerre.
10:29 Et donc le directoire en 1799 est en décomposition totale de l'intérieur,
10:35 il est incapable de maîtriser la situation politique et économique de la France,
10:39 et le pouvoir se décompose, la chouannerie,
10:43 comme le pouvoir est faible, il prend des lois d'exception dures,
10:49 alors évidemment ces lois ont un effet coinverse,
10:51 c'est-à-dire qu'elles ressoulèvent tous les opposants contre le pouvoir,
10:57 et en particulier il prend une loi qui pouvait quasiment conduire
11:01 à arrêter toutes les familles, les parents, etc.,
11:06 des gens qui étaient dans la chouannerie.
11:08 – C'est ce qui est arrivé à la famille Limola en fait.
11:10 – Voilà, ce qui était extrêmement dur, et donc les gens se soulèvent,
11:14 font une chouannerie extrêmement audacieuse en prenant toutes ces villes, etc.,
11:20 comme je vous l'explique, mais il manquait de poudre, de moyens, etc.
11:25 et ils étaient face à eux, face à une armée républicaine
11:29 qui était extrêmement statique et très peu dynamique,
11:32 et donc le directeur a vraiment cru qu'il perdait la main,
11:37 et si Bonaparte n'avait pas fait son coup du brumeur,
11:43 je pense que, je ne sais pas comment ça serait fini,
11:45 mais là la partie n'était absolument pas jouée,
11:49 peut-être que la révolution aurait terminé dans une guerre civile,
11:53 je ne sais pas ce qui serait passé, on peut tout imaginer.
11:56 – Qui finançait la chouannerie ?
11:57 Parce que vous nous dites qu'ils avaient quand même du matériel,
11:59 mais pas assez, donc d'où venaient les moyens ?
12:02 Qui finançait la chouannerie ?
12:03 – Alors, il y avait plusieurs façons de financer la chouannerie,
12:07 il y a eu la façon traditionnelle des guerres,
12:10 si vous voulez, quand vous prenez une ville,
12:12 vous ne vous contentez pas de passer dans les rues,
12:17 au passage, vous faites vos courses, vous remplissez un peu vos caisses,
12:22 ensuite, il y avait les émigrés qui…
12:28 – L'aristocrate s'est parti.
12:30 – Londres, le comte d'Artois, le futur Charles X, aidait la chouannerie,
12:37 on imitait aussi de la fausse monnaie, des faux billets, etc.
12:42 Donc tout ça, la chouannerie n'a pas eu de problème d'argent,
12:45 à ma connaissance, elle a plutôt eu des problèmes,
12:48 j'allais dire de moyens, parce que avoir l'argent c'est une chose,
12:52 mais ce qu'il faut c'est arriver à constituer des stocks,
12:55 en particulier de poudre, ce qui était un point essentiel,
12:57 et là, elle avait du mal.
12:59 – Alors, la famille de votre héros, notre chevalier de Limollent,
13:02 allait passer entre les mains des tribunaux révolutionnaires
13:06 avec ce fameux Fouquet-Tinville, qui était le procureur de la Révolution,
13:11 qui a envoyé pas mal de monde sous la guillotine,
13:14 il a d'ailleurs lui-même mal terminé, il a fini sous la guillotine.
13:18 Est-ce que vous vous parlez d'ailleurs de mascarade juridique,
13:22 dans ces tribunaux, ça a fonctionné comment ?
13:24 – Alors, j'ai eu la chance, si je peux m'exprimer ainsi,
13:27 de pouvoir analyser un procès dans les moindres détails,
13:32 parce que le père de Joseph de Limollent, Michel de Limollent,
13:37 était membre de la conspiration de la Rouerie,
13:40 qui était une chouannerie qui a éclaté en 1792,
13:45 et il a été arrêté, ainsi que trois de ses nièces,
13:49 et il a été jugé par le tribunal révolutionnaire en juin 1793.
13:55 Et il se trouve que, pour le tribunal révolutionnaire,
14:00 était composé évidemment d'un certain nombre de juges,
14:04 et d'un jury, parce que le jury c'était une évasion du droit révolutionnaire,
14:13 enfin du droit, pas au sens, enfin dès le début de la Révolution,
14:16 c'était une évasion du droit, qui avait pour but de rendre moins arbitraires
14:21 les décisions et le choix des peines.
14:29 Alors effectivement, dans l'absolu, c'était merveilleux,
14:31 mais dans la pratique, ça a été épouvantable,
14:37 et, enfin, à certaines périodes, bien entendu.
14:40 Et là, dans ce procès particulier, de l'affaire de Bretagne,
14:45 où il y avait quand même 40 accusés,
14:47 sur les 40, je crois qu'il y en a 20 qui ont été guillotinés,
14:50 j'ai pu, les archives étant abondantes,
14:55 j'ai donc retrouvé le nom exact de tous les 12 jurés,
15:00 qui étaient choisis sur une liste de 24,
15:05 et j'ai pu vérifier toutes leurs incoïtances avec Fouquet-Tinville,
15:12 mais si vous voulez, c'était effarant, sur ces 12 jurés,
15:15 il y en avait 6, en gros, à la moitié à peu près,
15:19 qui étaient à la main de Fouquet-Tinville.
15:21 Il y en a un qui a été guillotiné avec lui,
15:25 il y en a deux qui ont été exilés, qui sont morts en exil,
15:29 et il y en a deux qui étaient des fameux septembriseurs,
15:31 vous savez, des journées de septembre, du 2 septembre,
15:35 où il y a eu ces massacres qui étaient épouvantables dans les prisons,
15:39 qui étaient remplies de prêtres en particulier,
15:42 et d'aristocrates, mais en fait c'est beaucoup de prêtres,
15:45 et ces journées de la Révolution sont considérées comme les plus funestes
15:49 de ces journées de septembre 1992, de toute la Révolution,
15:52 et même à la fin de la Révolution,
15:54 avoir participé à ces journées de septembre,
15:56 c'était quand même quelque chose d'indigne.
15:58 Il y avait deux septembriseurs là-dedans,
16:00 donc on peut imaginer que ces jurés étaient relativement dociles à Fouquet-Tinville,
16:06 et il y en a même un qui a dit des choses ignobles,
16:15 que j'ose à peine… – Allez-y !
16:17 – Bon, j'y vais ! [Rires]
16:19 Quand Charlotte Corday a été passée devant ce tribunal,
16:24 après avoir été condamnée,
16:26 enfin entre le moment où elle était condamnée et le moment où elle était guillotinée,
16:29 donc on faisait circuler lentement, volontairement,
16:33 pour montrer ça au peuple,
16:36 au peuple de Paris, on faisait circuler les condamnées dans une charrette,
16:41 et Charlotte Corday a eu une très forte, très belle contenance,
16:45 très héroïque, face au destin qui l'attendait dans quelques minutes plus tard.
16:51 Et l'un de ces jurés a dit "on aurait dû la saigner avant qu'elle…
16:55 qu'on le fasse monter dans la charrette,
16:58 pour qu'elle ait une posture qui convienne à sa situation".
17:03 Vous voyez, des choses vraiment… c'est vraiment des choses épouvantables.
17:08 – C'est le fanatisme révisionnaire.
17:10 – C'est un fanatisme absolument, et il faut qu'Étainville
17:12 aille lui-même dans le jury, etc., pour faire passer ses positions.
17:17 Et là, curieusement, il y avait en fait, concernant la famille de Leman,
17:25 il y avait son père et trois de ses nièces.
17:29 Et ces trois nièces, qui étaient plus ou moins associées
17:35 à la congélation de la Rouery, c'était des jeunes femmes
17:37 qui étaient toutes mariées, mais très jeunes mariées,
17:41 cousine germaine du héros, et elles ont failli passer
17:46 toutes les trois à la guillotine, et il y a quand même certains…
17:49 la libération du jury a duré 12 heures, toute la nuit,
17:52 parce que le jury est siégé.
17:54 À l'époque, on n'avait pas peur de ça en supplémentaire,
17:56 le jury siégait la nuit, il a rendu ses conclusions à 6h du matin,
18:01 et finalement, il y a deux… sur les trois filles,
18:06 il y en a deux qui n'ont pas été condamnées à mort, et…
18:09 – Parce que c'était des jeunes mères, et le jury a été un petit peu…
18:12 – Certains membres du jury ont été ébranlés,
18:14 ils n'en ont connus qu'une.
18:16 – Alors, votre chevalier de Limolent, acte fondamental dans sa vie,
18:21 a organisé le fameux attentat raté contre Napoléon Bonaparte,
18:28 ça avait eu lieu un 24 décembre 1800, alors vous dites que
18:33 ce sont le club, les révolutionnaires du club des Jacobins
18:36 qui ont inspiré les contre-révolutionnaires.
18:39 Alors, ces Jacobins, ils étaient quand même pour la révolution,
18:42 un petit peu comme Napoléon, donc pourquoi ont-ils inspiré
18:47 cet attentat aux contre-révolutionnaires ?
18:50 – Alors, ces Jacobins, si vous voulez, Napoléon c'est un petit peu…
18:54 – Un équilibriste.
18:55 – C'est un équilibriste, voilà, et donc il s'est appuyé
18:58 sur un centre un peu large, et il restait des Jacobins
19:02 qui étaient d'extrême jacobinisme, qui considéraient que Bonaparte
19:07 était un traître, qu'il avait trahi la révolution.
19:10 Et ces Jacobins-là ont essayé de faire des attentats qui ont échoué,
19:15 mais qui ont échoué dans l'œuf, enfin qui n'ont pas été exécutés,
19:21 si vous voulez, avant cet attentat du Trois-Niveaux.
19:27 Et on mettait tous les gens, on les mettait ensemble,
19:30 ces gens-là évidemment on les mettait en prison,
19:32 et on mettait ensemble en prison, on mélangeait les royalistes ultra
19:39 et les jacobins ultra, si vous voulez.
19:42 Et donc ces gens-là c'était des hommes, et donc encore en prison,
19:45 le temps est long, j'imagine, enfin je n'y ai jamais été.
19:48 – Ils avaient quand même le temps de se parler.
19:51 – Ils avaient le temps de se parler, etc.
19:54 Et je pense que… Et Napoléon lui-même à Sainte-Hélène a dit
19:58 "j'ai enfermé les jacobins et les royalistes ensemble",
20:02 et ce sont les jacobins qui ont passé l'idée de l'attentat
20:10 parce que ce n'était pas simple d'abattre le Premier Consul,
20:12 si vous voulez, on ne pouvait pas l'approcher comme ça, etc.
20:17 Donc c'était compliqué, il fallait trouver un moyen efficace,
20:21 rapide et immédiat, et la bombe, la machine infernale
20:28 était probablement un moyen efficace dans ce sens-là.
20:34 – Alors, on va terminer par cette question,
20:37 donc le chevalier Limolan a passé une partie de sa vie à manier les armes,
20:43 et puis il s'est finalement exilé aux États-Unis,
20:46 et là, dites-vous, il a contribué à l'essor de la religion catholique
20:50 aux États-Unis, est-ce que vous pouvez revenir là-dessus ?
20:53 – Alors, il s'est exilé aux États-Unis, c'est un exil forcé,
20:57 il a réussi à fuir aux États-Unis, puisque vous imaginez
21:01 qu'après l'attentat il n'était pas très bien vu par Fouché,
21:03 et donc l'air de la France ne lui était pas très favorable.
21:09 Donc il part aux États-Unis, et là, après l'attentat,
21:14 il a eu une réflexion sur lui-même, etc.,
21:21 il s'est dit est-ce que ces attentats, etc.,
21:24 est-ce que c'est la bonne façon de faire, etc.
21:26 – Oui, il s'en est beaucoup voulu après, il priait le Seigneur en disant
21:29 "Excusez-moi Seigneur d'avoir tenté d'assassiner..."
21:31 – Non, je ne sais pas si c'est du... il s'en est voulu, enfin il a pensé que oui,
21:43 il s'est interrogé sur les moyens qu'il avait utilisés,
21:47 et il s'est convaincu que ce n'était pas la bonne façon
21:52 de faire évoluer les choses, voilà.
21:55 Alors est-ce qu'il a probablement regretté, effectivement, regretté cet attentat,
22:01 mais il s'en est détaché, et sous l'influence, petit à petit,
22:08 sous l'influence de son oncle, le père de Chloé Rivière
22:10 dont je vous parlais tout à l'heure,
22:14 il avait un projet de mariage, etc.,
22:22 mais bon, avec son départ aux États-Unis, son projet n'a pas abouti.
22:26 – Donc comment a-t-il impulsé, comment a-t-il développé
22:28 le catholicisme outre-Atlantique ?
22:30 – Alors, il est donc rentré au séminaire en 1808,
22:35 et ce séminaire avait été fondé par des Français,
22:37 parce que ce qui est assez extraordinaire,
22:39 c'est que l'évêque des États-Unis, de l'ensemble des États-Unis,
22:41 vous vous rendez compte, il n'y avait qu'un seul évêque au début
22:43 pour l'ensemble des États-Unis, même s'il n'y avait que 13 États.
22:46 Et donc l'évêque des États-Unis a fait appel aux sulpiciens français
22:51 qui n'avaient qu'une envie, c'était de revenir aux États-Unis,
22:55 en Amérique, dont ils avaient été obligés de quitter
22:57 après la perte du Québec.
23:00 Et ces sulpiciens, qui étaient de brillants théologiens,
23:04 lui ont proposé de faire un séminaire, comme ils en faisaient en France,
23:07 où ils avaient les meilleurs séminaires, probablement, à l'époque.
23:10 Et ils ont formé les prêtres catholiques.
23:13 Et donc, Limollan a été au séminaire,
23:18 et après, il a eu deux activités catholiques particulières.
23:26 Il a été vicaire dans la ville de Charleston,
23:29 où il y avait une communauté catholique composée d'Irlandais et de Français,
23:39 ou de gens qui venaient de Saint-Domingue,
23:41 et les marier ensemble était quelque chose d'extrêmement complexe.
23:45 Et après, il a quitté cette activité parvoiciale,
23:51 et il est devenu directeur de la maison des religieuses
23:59 de Georgetown, à côté de Washington,
24:04 qui s'est spécialisée dans l'éducation des filles,
24:07 et qui a eu un essor considérable pour former les mères de famille américaines,
24:15 qui ont fait des catholiques, etc.
24:16 Et c'est beaucoup par l'enseignement et par les mères de famille
24:20 que le catholicisme s'est multiplié aux États-Unis.
24:22 – Bon, écoutez, merci beaucoup pour cette présentation, René Dambrière.
24:27 Je rappelle le titre de votre ouvrage,
24:30 "Le fulgurant destin du chevalier", de Limollan,
24:32 séché via Romana, à retrouver évidemment sur la boutique de TV Liberté.
24:37 Merci à vous, monsieur.
24:38 – C'est moi qui vous remercie de cet entretien.
24:41 [Générique]

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