Sur le terrain lors de France-Namibie au troisième match de poule de la Coupe du monde 2007, Yannick Nyanga se remémore les souvenirs de la plus large victoire de l'histoire du XV de France et se projette sur le match qui opposera les deux équipes jeudi (21 heures).
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00:00 La France a fondé jeudi la Namibie pour son troisième match.
00:10 Je vais vous raconter mon match contre cette équipe en Coupe du Monde.
00:13 Ce qui reste encore le plus large succès de l'histoire du 15 de France, c'était le
00:27 16 septembre 2007.
00:28 On avait vraiment raté notre entrée de Coupe du Monde avec cette défaite contre l'Argentine.
00:42 On avait eu, je pense, une préparation trop studieuse.
00:46 On avait respecté tout ce qu'on s'était dit.
00:50 On n'avait pas mis de vie vraiment dans ce qu'on avait fait.
00:55 Il n'y avait pas eu de la vie autre que du rugby.
00:57 On était très très studieux et très très dans le rugby, la performance et tout ça.
01:02 Et quand on a perdu ce match-là, je me souviens le lendemain, c'était Domi, Thierry Dussautoir
01:07 et moi.
01:08 On était restés au repas et on s'était dit qu'on n'avait pas de souvenirs marquants
01:13 de la préparation en termes de vie, en termes de convivialité, de collectif.
01:18 On s'était très bien entraînés tous, mais on n'avait pas fait de soirée par exemple.
01:22 Et Domi, qui était quand même très porté là-dessus, quand on lui parle de ça avec
01:27 Titi, il a vraiment un éclair où il dit « on va le faire maintenant ».
01:32 Il se lève de table et il va taper à toutes les chambres et il dit « bon, mais tout le
01:35 monde au bar de Marc aussi ». Il donne le choix à personne, on se retrouve
01:38 tous au bar, on boit tous un coup au bar de Marc aussi.
01:40 Et là, il dit « on sort et on va boire un coup dehors ».
01:43 Le lendemain de ce match de Coupe du Monde, il y avait un match de l'équipe de France
01:47 de foot.
01:48 Je ne sais plus quel match.
01:49 Il y avait un grand écran qui était pour la Coupe du Monde et qui diffusait aussi ce
01:52 match.
01:53 Donc on va là, sauf que ça fait quand même un petit attroupement de gens parce qu'il
01:56 y avait du monde là.
01:57 Et là, il y a le patron du baratin qui vient nous voir et nous dit « si vous voulez,
02:00 j'ai le bar qui est juste à côté, on peut l'ouvrir que pour vous et on s'enferme
02:05 dedans ». Et donc, c'est ce qu'on fait.
02:07 On part s'enfermer dans ce bar-là et on passe une soirée mémorable.
02:12 Je pense que c'est la meilleure soirée de la Coupe du Monde.
02:16 Et derrière, on prépare ce match-là avec beaucoup plus de vie.
02:19 Ça solde un peu ce début, cette pression qu'il y avait tout autour de la Coupe du
02:23 Monde.
02:24 Et on prépare ce match-là, je trouve, très bien, avec beaucoup d'envie.
02:28 Et en plus de ça, ce match se joue à Toulouse.
02:31 Et moi, je joue au Stade Toulousain à ce moment-là.
02:34 Les Toulousains en Coupe du Monde à la maison, ça nous a tous galvanisés.
02:40 Une ambiance incroyable.
02:46 Je mens un peu, je n'ai pas tout à fait les souvenirs des 21 minutes parce que j'avais
02:53 pris un KO.
02:54 Je me souviens de m'être réveillé un peu.
02:55 Où est-ce que je suis ? Et d'avoir vu France-Namibie, Toulouse.
03:00 Je me mets du temps à reprendre mes esprits parce que je ne me focalise pas sur les bonnes
03:05 choses.
03:06 Pendant tout le temps, je me dis « je suis à 12 à 6, mais comment on a fait pour marquer
03:08 12 à 6 ? ». Et je me souviens de Fred Michalak et de Titi Sotoir qui sont là et qui jouaient
03:12 avec moi.
03:13 Je ne fais que leur demander, mais je pense que j'ai pris un coup.
03:16 Je ne me souviens pas comment on a marqué les 12 à 6.
03:19 Je ne me focalise que là-dessus.
03:20 Il y a des lancements de jeu où je me trompe parce que je pense à autre chose et que je
03:23 ne suis pas concentré.
03:24 Par contre, je ne veux pas sortir.
03:25 Je me souviens de tout ça.
03:27 Aujourd'hui, je me souviens de tout ça.
03:28 Je ne me souviens juste pas du début de match.
03:32 Du coup, à la mi-temps, je me fais gronder par Bernard parce que je n'étais pas au
03:37 bon endroit sur deux actions.
03:39 Je me souviens de me demander pourquoi ils me grondaient.
03:42 J'ai l'impression que c'est un peu un rêve ce match.
03:45 Le souvenir, c'est quand même malgré tout le travail bien fait parce que même si la
03:54 Namibie n'est pas une équipe majeure de la Coupe du Monde, mettre 80 points à une équipe,
03:57 ça reste quand même bien.
04:00 Je me souviens des Black cette année-là, ils mettent 100 points à je ne sais plus
04:04 laquelle équipe et ça reste impressionnant quand même.
04:07 Mais quand tu mets 80 points à une équipe, ce n'est pas que l'équipe en face qui est
04:12 nulle.
04:13 C'est que tu as aussi fait le match qu'il fallait.
04:16 Tu peux gagner la Namibie, leur mettre 30 points, 40 points sans faire un très bon
04:19 match.
04:20 Là, c'était quand même une énorme fête.
04:22 On avait redonné un peu de goût à tout le monde en se disant qu'on a raté le premier
04:26 match, mais on est là.
04:28 Et puis, d'ailleurs, on avait confirmé contre les Irlandais.
04:31 C'était le vrai départ de la Coupe du Monde.
04:35 Je me souviens d'un essai de Vincent et je me souviens de celui de Chabal.
04:39 Ça a participé à la légende du personnage.
04:41 C'est celui-là, je pense, l'essai de ce match.
04:44 Je crois que ça part d'une touche.
04:45 On prend le milieu de terrain, c'est une touche réduite.
04:47 On prend le milieu de terrain, on fait un ruck au milieu de terrain.
04:52 Moi, je dois participer à ça, je crois.
04:53 Et puis le ballon, il rebondit sur Chabal qui était extérieur.
04:56 Il a un intervalle, mais il est au milieu de trois quarts quand même.
04:58 Il accélère, il met un rafu et puis tout le monde lui revient dessus.
05:01 Et puis sur les 5-10 derniers mètres, il résiste au plaquage et il marque.
05:04 Avec sa chevelure dégoulinante sur son visage, il se lève.
05:07 Et puis dans les tribunes, c'était la folie.
05:10 Il y avait tout un truc de Chabal.
05:12 Tout le monde criait un peu.
05:13 Il y avait comme un bourdonnement quand il touchait le ballon.
05:17 Et là, il y a ce bourdonnement.
05:19 Et en plus de ça, il y a cet essai de pratiquement 50 mètres ou un peu plus même.
05:23 La Coupe du Monde était lancée.
05:24 On était l'équipe de France avec notre "coqueluche".
05:28 On s'est remis à y croire après ce match-là.
05:32 Je pense qu'ils savent exactement comment l'aborder.
05:40 Ils n'ont pas grand-chose à apprendre de nous.
05:41 Parce que là, franchement, ce qu'ils sont en train de faire en ce moment, c'est assez
05:44 extraordinaire.
05:45 On va dire que ce genre de match-là, on l'a réussi.
05:48 Donc c'est peut-être le seul truc sur lequel ils peuvent prendre exemple.
05:50 Mais c'est se concentrer sur soi.
05:51 Et puis je pense que c'est la clé de tout match de haut niveau.
05:54 Il faut inscrire ce match au milieu d'un plan de développement.
05:59 Ça veut dire que ce match-là, il nous faut les cinq points qui vont nous permettre, je
06:04 l'espère, d'être premier de poule et qui vont nous permettre de jouer un quart de finale
06:07 face à un deuxième et pas face à un premier.
06:09 Et je l'espère, une demi-finale.
06:10 Et j'espère une finale pour un titre.
06:11 C'est le parcours de l'équipe de France qui passe par la Namibie et qui doit montrer que
06:17 c'est une équipe qui va se préparer à championnat.
06:18 Il ne doit pas y avoir de match entre l'équipe de France et la Namibie, quelle que soit l'équipe
06:24 qui est alignée.
06:25 Ils ne jouent pas dans la même catégorie.
06:26 Donc ça doit se voir entre eux.
06:27 Et j'espère que ça se verra.
06:28 Et si l'équipe de France joue à son niveau, il n'y a pas de problème.
06:34 Et ça, face à n'importe qui.
06:36 Donc ça ne déroge pas la règle.
06:38 C'est comment ils vont construire leur histoire vers le titre de champion.
06:44 [Musique]