Dans 100 jours, le 31 décembre 2023, tout le monde devra avoir la possibilité de trier ses restes alimentaires et ses végétaux. Les collectivités ont l'obligation de trouver des solutions à leurs habitants. Manuel Leick-Jonard, coordinateur du réseau compost citoyen en Occitanie, répond à nos questions.
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00:00 Ici, c'est le 6/9 France Bleu Occitanie.
00:03 Nous sommes le mercredi 20 septembre, soyez les bienvenus, bon début de journée avec nous, un peu plus de 8h moins le quart et dans le
00:08 quart d'heure, Toulousain, on va mettre les mains dans la tête.
00:10 - Oui, on met les mains dans le compost en fait, c'est notre dossier ce matin sur France Bleu Occitanie parce que le 1er janvier, une nouvelle
00:16 loi va entrer en vigueur en France.
00:18 Chaque français devra disposer d'une solution de tri de ses biodéchets, donc du compost,
00:22 pour vos restes alimentaires par exemple, vos épluchures de bananes, vos coeurs de tomates,
00:26 et ce sont les collectivités qui devront vous mettre du matériel de compost à votre disposition.
00:31 Bonjour Manuel Lecjonard. - Bonjour. - Vous êtes coordinateur du réseau compost citoyen en Occitanie.
00:37 Manuel Lecjonard, tous les matins on donne la parole à nos auditeurs, je vous propose d'abord d'écouter ces habitantes d'un immeuble toulousain.
00:43 - Notre résidence n'a pas de compost, donc on peut pas composter, tout simplement. Ça me désole, voilà.
00:50 - Moi aussi, ça me désole.
00:51 - Oui, parce que je ramène les légumes de la campagne, alors voilà.
00:54 Vous mettez tout dans la poubelle normale, et voilà. Et oui, c'est dommage.
00:58 - Vous aussi, vous trouvez ça dommage ? Réajussez 05 34 43 31 31. Christine, attends vos appels, on va accueillir Jimmy dans un instant.
01:05 - Manuel Lecjonard, coordinateur du réseau compost citoyen en Occitanie.
01:09 Vous venez d'entendre ces deux Toulousaines, il y a une vraie envie de passer au compost, ou encore un petit peu de réticence ?
01:15 - Il y a une véritable envie, c'est vraiment une demande des habitants qui se rendent bien compte de l'intérêt de ces ressources
01:21 pour les sols, et aussi du gaspillage de ressources que c'est de tout simplement brûler ou incinérer ces biodéchets.
01:27 - Concrètement, vous, quelle est votre mission alors au sein de votre réseau compost citoyen en Occitanie ?
01:32 - Alors, le but de notre réseau, c'est d'accompagner le développement de toute la filière du compostage et de la prévention des biodéchets,
01:38 donc lutte contre le gaspillage alimentaire et contre les végétaux jetés,
01:42 pour que les collectivités, les entreprises, les associations, tout le monde puisse aller dans le même sens, améliorer la qualité du compostage, du matériel,
01:50 la qualité et la formation des agents, des agentes, des travailleurs,
01:53 pour vraiment que le compostage soit bien fait et mis en place dans toute la région en Occitanie.
01:58 - Donc concrètement, vous faites le lien entre tout le monde, entre les habitants qui vont devoir utiliser le compost,
02:03 et ceux qui vont devoir installer le matériel, puisque c'est donc ça la règle,
02:06 l'obligation n'est pas directement destinée finalement aux habitants, aux gens comme vous et moi,
02:11 ce sont les collectivités qui auront l'obligation de mettre à disposition ce matériel.
02:15 - Alors, il y a deux volets, il y a le volet qui repose sur les collectivités,
02:18 donc c'est mis à disposition de matériel pour le compostage, ou également aussi de collecte,
02:22 il y a toujours la possibilité de faire de la collecte aussi, pour ensuite faire du compostage sur des plus grandes plateformes de taille industrielle,
02:27 comme ça se fait dans quelques endroits dans la région ou en France,
02:30 et à l'autre volet par contre, les entreprises, les bureaux, les administrations doivent elles aussi trouver des solutions pour leurs biodéchets,
02:37 les restaurants, les cantines, et là l'obligation repose déjà aussi sur elles, et c'est un volet largement oublié encore.
02:42 - 05 34 43 31 31, on est au sud-ouest de Toulouse avec Jimmy Hassan-Lys, bonjour Jimmy !
02:48 - Oui bonjour, bonjour tout le monde.
02:51 - Bonjour Jimmy, vous vouliez intervenir sur le compost ce matin sur France Bleu Occitanie, on vous écoute.
02:55 - Alors, donc en fait, moi je suis président de conseil syndical,
02:59 et effectivement on nous a demandé, en tout cas l'agglomération du Murta nous a demandé de mettre en place des composteurs collectifs
03:07 pour respecter la loi pour les personnes qui vivent dans les appartements,
03:11 sachant que nous on a une copropriété horizontale, c'est-à-dire avec des maisons et des appartements qui côtoient la même copropriété.
03:17 Et en fait, pour moi, le résultat est un peu bitigé, puisque c'est une vraie catastrophe au niveau gestion pour nous,
03:27 étant donné que le compost, c'est nous qui allons devoir le gérer, le collecter, l'utiliser, donc il faut trouver des utilisations,
03:35 et pour pouvoir mettre tout ça en place, en fait c'est un gouffre.
03:39 - Et ça dépend aussi de la bonne volonté de tout le monde, c'est ça que vous nous dites.
03:43 - Exactement, puisque le compostage, il faut l'alimenter, il faut le gérer, il faut qu'il soit sain, qu'il n'y ait pas de moyens d'issue, etc.
03:52 Et donc tout ça, c'est les propriétaires qui vont devoir le gérer, donc il faut trouver des bonnes âmes qui vont le gérer,
03:59 et ça c'est très très compliqué aujourd'hui.
04:01 - Merci Jimmy d'être intervenu sur France Bleu.
04:03 - Merci de ce témoignage. Comme Jimmy, vous pouvez nous appeler 05 34 43 31 31,
04:07 parler de logistique, parler de ce compost, puisqu'on en parle ce matin dans le quart d'heure Toulousain.
04:11 - Manuel Lague-Jonard, vous venez d'entendre Jimmy, qu'est-ce que vous lui répondez ?
04:15 Jimmy est un petit peu inquiet, il fait partie, il est responsable d'un syndic,
04:18 et donc il a l'impression qu'on lui impose ce compost obligatoire, mais que ça va dépendre des uns et des autres.
04:25 - Oui tout à fait, et c'est un véritable sujet humain, qui est générateur d'ailleurs de liens sociaux aussi,
04:30 et qui peut être très intéressant dans une dynamique, dans une copropriété ou un quartier.
04:33 Ce sur quoi on insiste au réseau compost citoyen, c'est sur le côté accompagnement et formation en fait.
04:40 Parce qu'effectivement, si on donne juste du matériel, et on laisse ensuite les habitants se débrouiller,
04:45 ça ne peut difficilement bien fonctionner.
04:47 D'où l'investissement nécessaire de la collectivité, pour avoir des guides ou des maîtres composteurs,
04:52 qui accompagnent les différents syndicats de copropriété.
04:55 À Toulouse Métropole par exemple, il y a un contrat passé avec l'association Humus et Associés,
04:59 qui visite les différents sites de compostage dans les immeubles régulièrement,
05:03 pour s'assurer que tout va bien, s'assurer que la dynamique des habitants fonctionne,
05:06 pouvoir corriger, intervenir si nécessaire.
05:08 Et en fait c'est véritablement du temps humain aussi nécessaire, du côté des collectivités.
05:13 - Ça veut dire que dans le cas de Jimmy, un adhérent viendra le rencontrer directement,
05:18 pour voir comment ça va se mettre en place ?
05:20 - Alors nous, nous ne sommes pas opérateurs directement de terrain en tant que réseau,
05:24 on va plutôt accompagner les collectivités, ou les associations, ou les entreprises,
05:27 pour faire ce travail, pour leur donner les outils, pour faciliter leur travail,
05:30 et leur permettre des interventions de qualité.
05:32 - Chaque immeuble ou chaque résidence devrait avoir un référent composte, ça va être une nouvelle mission ?
05:38 - Oui c'est ça, la difficulté c'est que ce sera une mission bénévole, si c'est chez les habitants.
05:42 D'où l'importance vraiment d'avoir des équipes en interne aussi, aux collectivités ou aux associations,
05:46 qui puissent faire ce travail. En fait c'est un nouveau métier local, porteur de sens,
05:50 vraiment les équipes, les collectivités ou autres, sont vraiment très heureuses de faire ce travail,
05:54 d'accompagnement du compostage dans leur territoire.
05:57 - Un nouveau métier, donc comment ça va se passer en termes d'incitation ?
06:00 Comment vous allez donner envie aux gens de devenir référents pour le composte ?
06:05 - Alors il y a le côté humain qui est vraiment fondamental,
06:08 et puis il y a vraiment tous les enjeux environnementaux qui sont très au cœur des préoccupations des habitants en ce moment.
06:14 Donc voler, limitation des émissions de CO2, du gaspillage d'eau, du gaspillage de ressources,
06:19 du contrôle de gaspillage alimentaire,
06:21 il y a vraiment beaucoup d'enjeux qu'on peut faire comprendre progressivement aux habitants.
06:25 Mais c'est comme pour le tri du plastique ou autre, il va falloir un certain temps
06:28 pour que tout le monde progressivement se mette à faire un tri de qualité et apprenne les nouveaux gestes.
06:33 - C'est peut-être plus compliqué le composte que le simple tri entre les différentes poubelles.
06:38 Le composte ça peut faire peur aussi, c'est pas simple, ça marche pas toujours.
06:43 Je parle en connaissance de cause, moi personnellement j'ai essayé d'en faire un, ça n'a pas marché.
06:47 C'est compliqué ?
06:48 - Je pense pas que ce soit compliqué, mais ça demande une petite formation,
06:51 une sensibilisation au début, et pas simplement d'avoir le matériel.
06:54 Mais ensuite c'est beaucoup plus valorisant et ça rend vraiment les gens heureux
06:59 de mettre les mains dans la terre, de retrouver le lien avec le jardin pour ceux qui en ont,
07:03 ou même les pots, moi j'utilise mon composte sur les pots de mon balcon.
07:07 Et ça crée vraiment quelque chose de réutiliser ces restes alimentaires
07:11 pour faire pousser des nouvelles choses.
07:14 Entre ça et les dynamiques de quartier ou d'immeuble,
07:18 où on organise des temps conviviaux, souvent quand il y a un composte,
07:21 au moment de retourner le composte, ou des fêtes autour du composte,
07:24 c'est vraiment porteur de sens. Donc il faut travailler sur ces aspects-là humains.
07:28 - Emmanuel Lecjonard, si ça prend, si le phénomène prend,
07:31 si tout le monde a son composte, de toute façon ce sera obligatoire je le rappelle,
07:35 à partir du 1er janvier, et que ça marche bien...
07:38 - Est-ce qu'on aura pas trop ?
07:39 - Voilà, si on se retrouve avec trop de composte, qu'est-ce qu'on va faire de tout cet engrais ?
07:43 - On peut se poser pour les centres-villes vraiment très urbains, très denses,
07:47 où il n'y a pas forcément suffisamment d'espace vert,
07:49 encore qu'il y a quand même du potentiel pour enrichir les sols,
07:52 qui s'appauvrissent même en ville.
07:54 Après, il y a tout un travail à faire en connexion avec les terres agricoles aux alentours.
07:59 Il y a beaucoup de collectivités, y compris en Occitanie,
08:01 qui testent du compostage directement au niveau des champs des agriculteurs et agricultrices.
08:06 Et là, il n'y aura jamais assez de composte.
08:08 En relation agricole avec une agriculture plus respectueuse du vivant,
08:13 on a besoin de composte en très grande quantité pour enrichir les sols.
08:16 Donc là, on ne sera jamais au bout des besoins.
08:18 Il y a tout ce travail de coopération à mettre en œuvre.
08:21 - On est avec Loïc de Toulouse, au 05 34 43 31 31. Bonjour Loïc !
08:26 - Bonjour !
08:27 - Bonjour !
08:28 - Vous aviez une question, Loïc, sur le composte ?
08:30 - C'est-à-dire, voilà, moi je suis éfficient visuel,
08:36 je suis dans un appartement, justement,
08:38 comme j'écoutais juste avant le responsable du syndic,
08:44 enfin du conseil syndical, plutôt,
08:47 et je suis dans un conseil syndical,
08:50 mais on a déjà du mal à avoir des gens pour s'occuper,
08:56 ne serait-ce que de la copropriété en général.
08:59 Ah mais ça, ils sont d'accord ?
09:01 On est pratiquement dans notre copropriété,
09:04 on n'est que deux à s'occuper réellement des choses.
09:07 - Vous avez une question, Loïc, par rapport à ça ?
09:09 - Eh bien justement, comment est-ce qu'on va faire ?
09:12 Parce qu'on leur pose des...
09:15 Tout ce qu'on leur propose, ils sont d'accord, les gens.
09:19 On est huit au conseil syndical,
09:21 mais on n'est réellement que deux à s'occuper des choses.
09:24 S'il faut en plus s'occuper du compostage,
09:27 moi je ne vais pas le faire.
09:29 - Bon, vous l'entendez, Manuel Lec-Jonard.
09:31 Merci beaucoup, Loïc, d'être intervenu.
09:33 Il y a quand même une inquiétude en termes d'organisation.
09:35 Il va falloir faire avec cette grosse inquiétude
09:37 des Français, des Toulousains qui nous concernent chez nous.
09:40 - Tout à fait, oui.
09:41 À Toulouse Métropole, par exemple, on installe un site
09:43 dans les immeubles que quand il y a suffisamment de personnes
09:46 référentes et impliquées pour s'engager.
09:48 Sinon, ça ne sert à rien de mettre en place quelque chose
09:50 qui ne fonctionnera pas.
09:52 Dans certains cas, il va falloir attendre
09:54 qu'il y ait suffisamment de personnes motivées.
09:56 - Le matériel est en train d'être distribué à Toulouse Métropole.
09:58 Je précise aussi que Blagnac va tester une collecte
10:00 de biodéchets cet hiver.
10:02 - Merci beaucoup Manuel Lec-Jonard d'être intervenu
10:04 sur le compost. Ce matin sur France Bleu,
10:06 vous êtes coordinateur du réseau Compost Citoyens en Occitanie.
10:08 Bonne journée !
10:09 - À peu plus de 7h56.