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00:00 Et avant tout ça, vous le savez, c'est mon boulot, c'est votre rendez-vous avec des métiers insolites,
00:04 méconnus, mal connus, chaque matin sur France Bleu Touraine.
00:07 Et c'est avec vous, Émilie Mendoza.
00:09 Bonjour Émilie !
00:09 Bonjour Nicolas !
00:10 Et aujourd'hui, vous avez choisi un temps idéal pour recevoir votre invitée,
00:14 puisque votre invitée est savonnière.
00:16 Voilà, c'est fait !
00:16 C'est fait, avec le moulin à savon.
00:18 Bonjour Viviane Poirson !
00:20 Bonjour !
00:20 Alors, vous êtes installée avec votre entreprise, le moulin à savon.
00:23 Il faut un moulin pour fabriquer du savon ?
00:25 Non, il ne faut pas réellement un moulin.
00:27 C'est une image que j'aimais beaucoup, parce que ça évoque l'artisanat,
00:30 et que par contre, c'est réellement un métier artisanal.
00:31 Il faut quoi alors comme ustensiles pour fabriquer des savons à froid ?
00:35 Alors, il faut des accessoires qui ressemblent à ce qu'on peut trouver dans une cuisine,
00:39 donc des grands faitous, des fouets, des spatules,
00:43 des moules un peu spécifiques quand même, puisqu'ils doivent résister à la soude.
00:47 Voilà, donc c'est un peu comme faire de la cuisine,
00:49 mais un petit peu plus délicat, un peu plus dangereux.
00:51 Moi qui ne suis pas douée en cuisine, je me brûle,
00:53 donc ça veut dire que le savon aussi, c'est dangereux à fabriquer ?
00:57 Oui, on peut aussi se brûler, pas de la même manière,
00:59 mais à cause de la soude caustique, puisque le savon c'est un mélange d'huile ou de beurre,
01:03 et de soude caustique, qui disparaît par contre totalement dans la réaction chimique,
01:07 donc il n'y a plus de soude dans le savon qu'on utilise une fois qu'il est terminé.
01:11 Ça suppose de mettre des protections quand on fabrique le savon, à cette étape-là en tout cas de la soude ?
01:16 Oui, tout à fait, au moment où on dissout la soude dans l'eau, elle libère des vapeurs toxiques,
01:20 donc on protège les voies respiratoires avec le gros masque, avec les filtres,
01:24 et on protège aussi la peau avec des gants, avec le tablier,
01:28 on a toutes les protections nécessaires.
01:29 Petite ambiance "breaking bad" dans votre labo !
01:33 Est-ce qu'il faut une formation spécifique, une réglementation spécifique pour faire du savon ?
01:38 Il n'y a pas de diplôme obligatoire, mais il faut se former,
01:42 autant sur le plan technique que sur le plan de la réglementation,
01:45 puisque les cosmétiques font l'objet de la réglementation européenne,
01:50 donc il faut se former à cette réglementation,
01:52 et pour la respecter, il faut pour chaque recette qu'on commercialise,
01:56 créer un dossier information-produits, qui est assez exigeant, assez long à monter,
02:01 et qui doit être validé par un médecin ou par un pharmacien expert en toxicologie.
02:05 Donc on ne rigole pas avec ça.
02:07 Non.
02:07 Et c'est facile ensuite de trouver des points de vente, des clients,
02:11 pour des savons faits à la main, j'allais dire, des savons artisanaux ?
02:14 Pour nous, ça a été assez facile, puisqu'on était dans les premiers à se lancer dans le département,
02:19 et qu'il y avait une vraie demande, un vrai engouement.
02:21 Aujourd'hui, je pense que c'est un peu plus complexe, puisque la concurrence est très forte.
02:26 Mais voilà, il y a quand même une vraie demande des magasins bio,
02:29 des circuits courts, pour ce type de produit.
02:32 Et vous fabriquez combien de savons au mois ou à l'année ?
02:35 On est autour de 15 000 savons à l'année, ce qui permet de vivre mon mari et moi.
02:40 Voilà, donc c'est vraiment une petite entreprise familiale,
02:42 on n'a pas grossi, on n'a pas embauché davantage.
02:45 Pas encore la Rolls Royce à l'ordre du jour ?
02:48 C'est pas trop l'objectif, non.
02:50 Et comment vous faites pour trouver des ingrédients, créer des recettes ?
02:53 Il y a un côté imaginatif, créatif ?
02:56 C'est tout à fait créatif.
02:58 C'était important pour moi d'utiliser des produits locaux,
03:00 donc ma base c'est une huile de tournesol locale.
03:02 Ce qui est rarement le cas, c'est souvent l'olive qui est utilisée,
03:05 mais qui est plus chère et qui n'est pas produite localement.
03:07 Et j'utilise aussi du beurre de karité, de l'huile de coco.
03:10 Et donc quand je me suis formée, j'ai fait beaucoup de tests.
03:13 Tous les jours, je faisais du savon pour tester les différentes huiles,
03:16 les différentes huiles essentielles aussi, pour les parfums, les différents colorants végétaux.
03:19 Et j'ai vu comment évoluaient les savons, si j'avais la bonne texture, la bonne mousse,
03:23 si le résultat me convenait. C'est beaucoup de tests.
03:27 Ça veut dire combien de recettes aujourd'hui à votre actif ?
03:30 Aujourd'hui, on propose une quinzaine de savons.
03:32 Au-delà, ce serait compliqué de fournir les stocks.
03:35 Et c'est quand même assez riche pour que les gens puissent changer de savon quand ils ont envie.
03:39 Et vous parliez de l'huile essentielle, on peut les mettre dans du savon
03:43 sans danger, sans risque pour la peau par exemple ?
03:46 On propose des savons sans huile essentielle pour les personnes allergiques,
03:49 pour les femmes enceintes ou pour les bébés, puisque pour ces publics-là, il ne faut pas en utiliser.
03:53 Pour les autres personnes, il n'y a pas de problème, dans la limite de la réglementation.
03:56 C'est un certain pourcentage dans le savon.
03:58 Et on est vraiment sur le plaisir de l'huile essentielle.
04:01 Donc moi, j'essaie de sensibiliser un peu mes clients à ça.
04:04 Parce que les huiles essentielles, c'est de grosses surfaces cultivées
04:08 pour le plaisir du parfum dans le savon, qui est agréable, c'est sûr.
04:13 Mais l'huile essentielle, c'est très concentré, donc c'est très intéressant de l'utiliser aussi
04:16 pour se soigner directement et non pas dans le savon.
04:20 Pour vous, c'est un métier passion ?
04:22 Oui, à l'origine, oui, c'est sûr.
04:24 C'est les huiles essentielles qui m'ont menée justement au savon, et ça, ça me passionne.
04:27 Et de pouvoir utiliser des produits locaux, de pouvoir vivre en circuit court aussi,
04:32 parce qu'on se fournit en local, mais on commercialise qu'en local aussi.
04:36 Ça a du sens pour moi. Donc c'est un métier qui a du sens.
04:39 Un métier qui a du sens, Nicolas, avec le moulin à savon.
04:43 Merci beaucoup Viviane Poirson.

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