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Vendredi 22 septembre 2023, ART & MARCHÉ reçoit Jean-Marc Dechaud (Libraire et Président, Syndicat national de la Librairie Ancienne et Moderne) et Christine Cayol, (fondatrice, Prix Yishu Ba)

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Transcription
00:00 *Musique*
00:08 Bonjour à toutes et à tous, bienvenue dans l'émission "Art et marché"
00:11 votre rendez-vous hebdomadaire consacré au marché de l'art.
00:15 Pour l'actualité de la semaine, nous nous intéressons aux livres rares
00:18 comme une manière de diversifier son patrimoine culturel.
00:21 Le salon du livre rare et des arts graphiques ouvre ses portes ce week-end
00:25 et nous recevons en visio Jean-Marc Deschaux
00:27 qui est organisateur du salon, libraire et président du syndicat national
00:31 de la librairie ancienne et moderne.
00:33 Pour l'interview de la semaine, nous recevons Christine Caillol
00:36 qui est fondatrice du prix Ishuba, un prix d'art contemporain
00:40 décerné depuis 10 ans qui crée un pont entre la France et la Chine
00:43 et il a été remis cette semaine au lauréat.
00:46 Alors faut-il investir dans les œuvres d'artistes primés ?
00:48 C'est la question que nous allons lui poser tout de suite, c'est "Art et marché".
00:52 *Musique*
00:56 *Bismart*
00:57 Si les éditions originales et les manuscrits vous font rêver,
01:01 le salon du livre rare et des arts graphiques a lieu du 22 au 24 septembre
01:06 et nous recevons en visio Jean-Marc Deschaux
01:09 qui est organisateur du salon, libraire et président du syndicat national
01:13 de la librairie ancienne et moderne.
01:15 Il est avec nous pour nous donner quelques clés de lecture
01:18 pour faire ce salon en tant que collectionneur, peut-être pas initié.
01:22 Voilà ma première question, ce sera qu'est-ce que vous pouvez donner
01:25 de conseils aux personnes qui vont déambuler dans le salon,
01:28 qui ne s'y connaissent pas trop mais qui veulent quand même s'intéresser aux livres,
01:31 savoir qu'est-ce qu'un livre de bonne qualité, un livre rare de bonne qualité ?
01:36 *Jean-Marc*
01:37 Alors sur ce salon que nous souhaitons ouvrir au plus grand public, au plus grand nombre,
01:44 nous avons un stand qu'on a appelé "Découverte du livre ancien"
01:50 qui se situe dans l'aile suffrène du salon
01:55 et je conseille évidemment les néophytes de venir sur ce stand
02:01 où ils trouveront tous les conseils concernant le livre
02:08 ou des informations qui pourraient les guider vers les stands qui pourraient les intéresser.
02:14 C'est un stand également où on peut trouver des ouvrages de très bonne qualité à moins de 200 euros.
02:21 *Il faudrait prêter attention à quoi si on devait mettre quelques caractéristiques
02:26 quand on a un livre entre les mains, un livre ancien, à quoi est-ce qu'il faut prêter attention en priorité ?*
02:31 Alors c'est assez compliqué d'une manière générale.
02:37 Il faut faire bien évidemment attention à la reliure, à son aspect.
02:42 Est-ce que le livre est en bon état ou en mauvais état ?
02:45 Et puis chercher les vis cachées, alors ça c'est en général le travail des libraires.
02:50 C'est-à-dire que les libraires vérifient que les livres sont bien complets,
02:54 de tout leur feuillet, de toutes leurs illustrations.
02:57 Et ils sont là justement pour conseiller les acheteurs, pour éviter qu'ils ne fassent fausse route.
03:03 *Est-ce que c'est un investissement qui pourrait être plus accessible ?*
03:07 *C'est vrai que dans l'émission on parle souvent d'oeuvres d'art qui sont à des prix assez élevés.
03:10 Est-ce que là c'est une bonne manière de diversifier son patrimoine culturel ?
03:13 Et quelles seraient les fourchettes de prix qu'il y aurait dans le salon ?*
03:17 Alors oui complètement, c'est un marché très accessible.
03:21 On peut faire une collection de livres rares, anciens ou modernes.
03:29 A partir de 100-150 euros on a des ouvrages déjà de très belle qualité.
03:33 On va dire que le panier moyen au Grand Palais ça tourne plutôt autour de 1000 euros.
03:39 Et à partir de ces prix-là, vous pouvez vraiment trouver des ouvrages de collection
03:45 qui garderont leur valeur plus ou moins, mais qui sont des pièces vraiment intéressantes.
03:53 *Et pour terminer, ces quelques petites questions d'actualité,
03:56 est-ce que vous pouvez nous dire quels sont les ouvrages qui nécessiteraient particulièrement d'attention au sein du salon ?
04:03 Lesquels il faudrait voir en priorité s'il n'y en a pas tant de temps que ça ?*
04:06 Je ne peux pas vous dire ce qui sera exposé sur le salon, parce que ça va être la surprise demain.
04:13 Chaque libraire vient avec les plus beaux ouvrages qu'il a pu rassembler au cours de l'année.
04:22 Je pense que c'est vraiment à chacun de regarder avec attention les vitrines,
04:30 mais aussi les rayonnages dans lesquels les ouvrages sont assez bien exposés.
04:34 Donc c'est assez facile de s'y repérer de cette façon-là.
04:38 *Merci beaucoup Jean-Marc Deschaux. Je rappelle que vous êtes l'organisateur du salon,
04:42 libraire, président du Syndicat National de la Librairie Ancienne et Moderne.
04:45 Et tout de suite, c'est l'interview de la semaine.
04:48 Et pour l'interview de la semaine, je reçois en plateau Christine Caillol, qui est fondatrice du prix Ishuba,
04:57 un prix décerné depuis dix ans à plusieurs artistes d'art contemporain chaque année.
05:01 Bonjour Christine, merci de nous rejoindre.
05:03 Vous venez de remettre les prix aux lauréats de cette année,
05:07 Gaspard Billmann, My Lung Hoang Thuy et Jonathan Brechiniak.
05:11 Est-ce que vous pouvez nous expliquer déjà quels sont les critères ?
05:15 Comment vous avez sélectionné ces artistes en tant que lauréats ?
05:19 Les critères sont toujours un peu difficiles à définir.
05:23 Je vais plutôt parler peut-être du jury du comité de sélection.
05:27 Nous nous entourons d'hommes et de femmes qui ont un œil très personnel,
05:32 très singulier.
05:34 Et si je peux donner un critère, je dirais que ce sont des artistes qui ont un sens poétique.
05:41 Ce sont des artistes qui sont des poètes, que ce soit à travers la vidéo, la photographie, etc.
05:48 Ils ont un rapport poétique au monde.
05:50 Et puis, je dirais, du côté chinois, ce sont plutôt des artistes lettrés.
05:56 D'accord. On va s'intéresser un peu au prix en lui-même.
06:00 Est-ce que l'objectif, c'est de récompenser une carrière ?
06:03 Ou alors justement de donner l'opportunité aux artistes d'évoluer encore plus dans leur travail ?
06:10 L'objectif, il est très simple.
06:12 C'est de dire et de donner la possibilité à des jeunes artistes qui sont au début de carrière
06:18 de faire un chemin en dehors de leur petit monde qu'on va appeler franco-français ou parisien, etc.
06:25 L'objectif, c'est ce que j'appelle le chemin vers l'autre.
06:28 Et ça, c'est assez extraordinaire parce que ce sont des jeunes artistes
06:32 qui commencent, qui sont au début d'un langage et en allant en résidence en Chine,
06:38 ils ont l'occasion de confronter leur langage, leurs critères, leur manière de faire et de penser à un monde totalement différent.
06:46 Alors ça, vous savez, cette expérience du rapport à l'autre pour un artiste, c'est extrêmement précieux.
06:51 Oui, parce que c'est ça. Donc, on va préciser plus le prix, il crée un pont entre la France et la Chine.
06:58 Et l'objectif, c'est que chaque artiste se tourne vers un autre pays, une autre manière de penser.
07:05 Le prix, c'est une résidence. La résidence et le prix, le prix et la résidence.
07:09 C'est un peu comme à la Villa Médicis. Le prix Shuba, c'est la possibilité pour les lauréats du prix Shuba
07:16 de partir pendant quelques mois en résidence à Pékin.
07:19 Mais ça, ce n'est pas le cas pour tous les prix. Donc forcément, ça projette l'artiste dans une seule professionnalisme.
07:27 Ça le rend encore plus attirant parce que du coup, son travail est vraiment ancré.
07:33 Ça le fait bouger. Ça fait bouger l'artiste. Si je prends l'exemple, par exemple, de Claire Tabouret.
07:38 Elle est arrivée à Pékin en 2012 pour la première fois en Chine.
07:43 Et elle a fait, au bout de quelques jours, ses premiers autoportraits.
07:47 C'est intéressant, vous voyez, qu'être en Chine lui a donné le désir à susciter chez elle l'idée de faire un autoportrait par jour.
07:56 Et je me souviens, dans l'exposition qu'on a consacrée à Claire Tabouret au printemps 2012,
08:02 il y avait ce mur magnifique d'autoportraits de Claire Tabouret qu'elle n'a cessé après d'explorer,
08:08 après en revenant en France, puis aux Etats-Unis, etc.
08:11 Donc, vous voyez, un prix comme le prix Shuba à Pékin est un déclencheur aussi.
08:17 Un déclencheur d'idées et bien sûr aussi de nouveaux chemins picturaux et d'une valorisation évidente.
08:25 - Oui, parce que Claire Tabouret, c'était une petite dizaine d'années qu'elle avait existé.
08:30 Quel retour vous avez après sur l'évolution des artistes une fois la résidence passée, etc. ?
08:37 - Une résidence n'est pas une mécanique de valorisation des artistes, mais de fait, ça donne de la notoriété.
08:45 Et je dirais encore plus, de la confiance et de l'assurance aux artistes.
08:50 Et vous savez, quand des artistes savent pourquoi ils sont artistes et ce dont ils ont envie d'exprimer,
08:57 leur art devient du coup beaucoup plus sûr, beaucoup plus certain.
09:03 Et après, on regarde et on fait des rencontres.
09:08 Et la résidence et le prix Shuba permettent aussi des rencontres avec des commissaires d'exposition, avec des institutions culturelles, etc.
09:16 - Oui, et puis j'imagine que les membres du jury, donc commissaires d'exposition, etc.,
09:20 ce sont vraiment des yeux qui sont formés et donc leur regard, c'est presque un aval pour les faire rentrer dans le monde des artistes.
09:30 - C'est ça. C'est-à-dire que nous on dit "Ishuba, c'est devenu maintenant un label".
09:34 Et le label Ishuba, ça veut dire que ce sont des vrais artistes.
09:40 Donc ça veut dire, ce sont des artistes que j'appelle de valeur sûre,
09:44 dont on sait que dans 10 ans, dans 15 ans, dans 20 ans, ils seront toujours sur un chemin de recherche, d'exigence et de création.
09:51 - Oui, c'est ça. Donc vous serez d'accord pour dire qu'un prix, notamment Ishuba, c'est un label, une apposition, c'est une valorisation d'un artiste.
09:59 - Je ne sais pas si je dirais une valorisation au sens où vous l'entendez,
10:03 que ce soit une valorisation au sens d'une reconnaissance et d'un tremplin possible pour certains d'entre eux,
10:10 car ce n'est pas une mécanique automatique. C'est évident.
10:14 Je citais tout à l'heure Claire Tabouret, mais un artiste comme Lionel Sabaté, il reçoit le prix Ishuba, il est premier lauréat du prix Ishuba.
10:24 Et puis qu'est-ce qu'il fait en Chine ? Il va travailler le thé, le thé chinois, le thé poire, cette grosse galette de thé fermenté.
10:31 Et il va commencer à faire des sculptures avec ce thé. Lui qui a l'habitude de travailler la poussière.
10:36 Vous voyez comment ça décale, mais aussi ça réaffirme l'artiste dans son chemin, mais toujours qui est un chemin vers l'autre et vers l'autre civilisation.
10:46 - Et vous conseillerez à tous les collectionneurs de suivre l'évolution des prix.
10:50 À chaque fois qu'un artiste est choisi par un prix, c'est quand même une valeur sûre.
10:56 - Pour être honnête, moi je conseille surtout aux collectionneurs de suivre le prix Ishuba.
11:01 Et les autres prix, je ne les connais pas tous, donc je me garderai bien de donner des conseils.
11:09 Mais quand je conseille certains artistes d'aller faire des visites d'atelier à des collectionneurs,
11:15 il est évident que l'oréa du prix Ishuba, c'est dire qu'il y a des gens, des professionnels qui ont misé sur ces jeunes artistes.
11:28 Et il y a déjà une forme de reconnaissance et en plus il y a une expérience par la confrontation avec la Chine qui est forte, qui est féconde, qui est intéressante.
11:39 - C'est ça, j'imagine que tous les prix non plus ne se valent pas parce que derrière le vôtre, il y a quand même cette résidence et puis aussi cette mise en lumière à l'international qui, j'imagine, est fondamentale pour un artiste.
11:50 - L'art français est un peu franco-français. Il y a trop peu de rayonnement de ces jeunes talents et de ces grands artistes à l'étranger.
12:02 Et donc c'est vrai que nous à Ishuba, nous travaillons à ce rayonnement en tout cas en Chine et du coup en Asie parce que quand vous rayonnez en Chine, vous rayonnez en Asie.
12:13 - Et quelle est la réception de ces artistes primés en Chine ? Il y a des expositions qui sont organisées, c'est une population chinoise, ce ne sont pas des expatriés ?
12:23 - Ce ne sont que des Chinois, des collectionneurs, des amateurs, des gens curieux qui se disent "mais qu'est-ce que c'est que ces jeunes artistes qui viennent passer deux mois, trois mois au cœur de Pékin, créés ?"
12:35 Et donc si vous voulez, le mot que j'utiliserais c'est "fraîcheur". Les collectionneurs chinois et finalement toutes les personnes qui s'intéressent au lauréat du prix Ishuba sont curieux.
12:47 Et ils sont curieux de voir justement ce que la confrontation de la civilisation chinoise avec un jeune artiste créateur qui arrive parfois pour la première fois en Chine,
12:57 ce que cette confrontation va générer comme nouveau type d'œuvre, nouveau type de langage, nouvelle surprise.
13:04 - Et la Chine, on l'a vu, ça a quand même explosé, les collectionneurs sont extrêmement dynamiques, vous savez s'ils sont particulièrement intéressés par les artistes primés par Ishuba ?
13:15 - D'accord, je dirais ça dépend des collectionneurs, vous savez ce que je vous disais tout à l'heure, le prix Ishuba c'est un prix de valeur sûre.
13:21 Et donc nous nous faisons très attention à ne pas non plus suivre les fluctuations, les hauts et les bas, les goûts qui parfois s'expriment de manière plus ou moins directe des collectionneurs chinois.
13:36 Nous sommes en relation avec des musées en Chine, des institutions en Chine qui elles garantissent une sorte de stabilité à la fois dans le choix des artistes.
13:47 Le marché il est fluctuant, mais il y a des valeurs sûres.
13:51 Et je pense que ce que les Chinois voient dans le prix Ishuba, parce que ça fait maintenant plus de 10 ans que nous sommes en Chine à faire ce travail,
13:59 c'est que nous sommes là, nous continuons de faire ce travail et que nous le faisons avec une sorte de loyauté et de fidélité à la fois aux artistes et au pays qui les accueille.
14:09 Je pense qu'il du coup crée une marque qui est un peu la marque Ishuba.
14:13 - Oui c'est intéressant ce que vous dites sur la fluctuation du marché.
14:15 Est-ce que pour vous un prix ça se doit de rester fidèle à lui-même et peut-être d'être quelque chose de plus stable par rapport à un marché qui évolue peut-être beaucoup plus rapidement ?
14:26 - C'est exactement ça. Pour moi un prix c'est un label de confiance, de qualité et qui mise sur l'avenir.
14:35 - Donc c'est sur le temps long ?
14:37 - Exactement, c'est sur le temps long.
14:39 Et pour ça quand je vous parle de Claire Tabouret, de Jonnet Sabaté, d'artistes comme ça,
14:43 quand ils sont arrivés et qu'ils ont reçu le prix Ishuba, c'était vraiment il y a 10 ans, 12 ans, vous voyez on est à l'émergence de quelque chose.
14:51 Et c'est intéressant aussi de miser sur cette émergence.
14:55 - Merci beaucoup Christine Caillolle. Je vous rappelle que vous êtes fondatrice du prix Ishuba et c'est la fin de l'émission de l'émission Arrêt Marché.
15:03 Merci beaucoup de nous avoir suivis et quant à moi je vous retrouve la semaine prochaine pour un nouveau numéro.
15:08 [Musique]