Mardi 24 septembre 2024, ART & MARCHÉ reçoit Maurizio Canesso (directeur, Galerie Canesso) et Kalim Bechara (Curateur, collectionneur, directeur, Kalim Bechara Art Gallery)
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00:00Générique
00:02...
00:08Bonjour à toutes et à tous.
00:09Bienvenue dans Art & Marché, votre émission consacrée
00:12au marché de l'art. Pour commencer, nous revenons sur l'actualité
00:16de Christiz, qui est en sa présence en Arabie saoudite.
00:19Kalim Becharak est curateur, collectionneur et directeur
00:22de la galerie Eponyme. Il sera notre invité pour nous donner
00:25quelques éléments de contexte sur le marché du Moyen-Orient
00:28car la maison de vente aux enchères a obtenu la licence nécessaire
00:32pour opérer en Arabie saoudite.
00:34Pour l'interview de la semaine, nous retrouverons Maurizio Canesso,
00:37directeur de la galerie Eponyme, spécialisé dans l'art
00:40des grands maîtres anciens. Il participe à la Biennale
00:44des Antiquaires de Florence, qui se tiendra du 28 septembre
00:47au 6 octobre 2024. La galerie présente notamment
00:50un panneau de Bronzino, l'un des artistes majeurs
00:53de la peinture florentine du XVIe siècle.
00:55Merci à vous toutes et tous qui êtes là pour nous regarder.
00:59Sous-titrage Société Radio-Canada
01:01Générique
01:03Christis étant sa présence en Arabie saoudite,
01:06une nouvelle franchise à Riyad sera dirigée par Nour Kellani,
01:09qui est précédemment galeriste dans la région.
01:12Kalim Becharak est curateur, collectionneur et directeur
01:15de la galerie Kalim Becharak et notre invité pour analyser
01:18le marché de la région. Tout d'abord, est-ce que vous pouvez
01:21nous dire, pour vous, est-ce que la décision de Christis
01:25de se déployer sur le terrain est une décision importante ?
01:28Donc, premièrement, bonjour. Il est absolument très important
01:32que Christis lance en Arabie saoudite.
01:35C'est une opportunité pour Christis et pour le marché de l'art
01:40dans le monde arabe. Avec le mouvement d'une économie
01:44à croissance très rapide et la vision de 2030 de Saoudi-Arabie,
01:49l'ouverture de Christis va assister à l'arrivée
01:53de nouveaux clients dans le monde arabe.
01:56Qu'est-ce que ça veut dire pour le marché local ?
01:59C'est l'arrivée de nouveaux clients ?
02:01Oui, exactement.
02:03D'accord. Et Christis a déjà un bureau à Dubaï.
02:06Oui.
02:07Est-ce que ça a déjà permis le développement de quelque chose ?
02:12Quel était le premier bilan que vous avez vu ?
02:15Bien sûr, à Dubaï, quand Christis a ouvert son bureau,
02:18on a vu une amélioration du marché de l'art,
02:22spécialement l'art arabe, car ils ont fait des ventes
02:24aux enchères et des expositions qui sont dédiées à l'art arabe.
02:29Mais aussi, on a vu des nouveaux clients
02:32et des nouveaux collectionneurs qui ont devenu très intéressés
02:39parce qu'ils peuvent assister aux ventes aux enchères live
02:41et ils peuvent voir les tableaux et tout.
02:44Donc, la dynamique change.
02:47D'accord.
02:48Et est-ce que vous pouvez... Ma dernière question.
02:51Vous avez une galerie qui promeut de nombreux artistes
02:55de toute la région.
02:57Est-ce que vous pouvez nous dire
02:58quelle est la dynamique de la région ?
03:01Comment se développe le marché là-bas ?
03:04Donc, le marché de l'art arabe, il se développe très rapidement,
03:09spécialement depuis 4 ou 5 ans,
03:12avec, comme j'ai dit, la vision 2030 de Saoudi-Arabie.
03:16En Qatar, tous les musées qui ouvrent.
03:18En Saoudi-Arabie aussi, tous les musées qui ouvrent.
03:21Au Liban, les artistes émergents
03:23qui font un spotlight partout dans le monde.
03:26Et même les artistes modernes.
03:28On peut voir comme Etel Adnan, par exemple.
03:30Oui.
03:32Elle a un show à Guggenheim, à New York.
03:34Elle a au MoMA, partout dans le monde,
03:36même ici, à Paris.
03:37Donc, ce mouvement, il est en croissance rapide
03:41et ça, c'est bien sûr quelque chose qui est très positif.
03:44Et les collectionneurs là-bas, c'est plutôt des collectionneurs locaux
03:47ou il y a beaucoup de personnes qui viennent internationaux ?
03:51Locaux et internationaux.
03:53Mais la croissance dans les collectionneurs locaux,
03:56c'est impressionnant.
03:58On voit un nombre qui évolue très rapidement.
04:01Et même des collectionneurs qui sont un peu plus...
04:05Young.
04:06D'accord, jeunes.
04:07Voilà.
04:09Merci beaucoup, Kalim Bechara.
04:10Je rappelle que vous êtes collectionneur, curateur et directeur
04:13de la galerie Kalim Bechara.
04:15Merci d'avoir été avec nous.
04:16Merci à vous.
04:22La Biennale des Antiquaires va commencer ce 28 septembre à Florence,
04:26une semaine dédiée à l'art ancien.
04:28Maurizio Canesso, directeur de la galerie Canesso,
04:31y est présent.
04:32Merci beaucoup d'être avec nous en visio depuis l'Italie.
04:36Bonjour Sybille, merci pour votre intérêt à mon activité,
04:40à ce moment italien.
04:42Vous êtes une galerie spécialisée dans les grands maîtres anciens.
04:46Est-ce que vous pouvez nous dire ce que vous allez présenter
04:49sur votre stand au sein de cette foire ?
04:53La galerie est spécialisée
04:54dans les tableaux de la Renaissance et baroque italien.
04:58J'ai fait toute ma carrière sur cette activité.
05:02Pour cette sélection pour la Biennale,
05:04nous avons eu la chance de pouvoir avoir
05:07un tableau exceptionnel de peintres bronziniens,
05:12des plus grands et peut-être les plus grands artistes
05:15du maniérisme florentin,
05:17qui ici présentent une vierge à l'enfant,
05:21une rétranscription en peinture d'une sculpture de Donatello,
05:26appelée la Madonna d'Oudlé,
05:28qui était source d'inspiration pour plein d'artistes,
05:32Leonardo, Michelangelo.
05:36Plein d'artistes se sont inspirés de cette sculpture en stiachato,
05:40et Bronzini en a fait une oeuvre magistrale pour la couleur,
05:44pour la représentation avec sa lumière cristalline.
05:50C'est une oeuvre tout à fait exceptionnelle.
05:53Est-ce que vous pouvez nous raconter l'histoire de cette oeuvre,
05:56sa provenance, comment vous avez pu mettre la main dessus ?
06:00Comment ça s'est passé ?
06:02Les tableaux appartiennent à une collection particulière italienne.
06:08Et comme je le fais souvent dans mon métier,
06:12je m'occupe pour les comptes des collectionneurs
06:17dans un moment de succession,
06:19ou dans différents moments de la vie,
06:21de la mise en valeur de leur collection
06:24dans un programme de langue galène.
06:27La carte présente, c'était la succession d'une famille
06:29qui avait pu acquérir les tableaux en 1964.
06:34Les tableaux provenaient d'une grande famille anglaise
06:40qui l'avait mis en vente à la fin des années 1950,
06:45après être acheté par un collectionneur italien,
06:48et qui l'avait vendu à cette famille en 1964.
06:51Donc, les tableaux restaient toujours dans la même famille.
06:55Exposé récemment à la grande rétrospective
06:59de l'esculpteur Donatello,
07:00qui a eu lieu à Palazzo Strozzi, à Barcello et à Florence.
07:04Une exposition exceptionnelle et rarissime,
07:09qui a pu mettre ensemble des grands chefs-d'œuvre
07:12venus du monde entier.
07:14Et cette « Viage à l'enfant » était bien présente.
07:16Et donc, l'effet de pouvoir ménager cette collection
07:21m'a permis d'étudier,
07:26de bien la cataloguer et la présenter à ce salon
07:30qui a lieu à Florence tous les deux ans.
07:34Oui, et ça fait plusieurs décennies
07:36que vous participez à cette biennale.
07:39Est-ce que vous pouvez nous dire comment a évolué,
07:42de vos yeux, le marché des maîtres anciens ?
07:47Aujourd'hui, vous proposez ce Branzino.
07:49Quelle personne vous souhaitez toucher ?
07:51Est-ce que ce sont des personnes différentes qu'il y a 30 ans ?
07:55Il y a toujours une évolution dans les marchés.
07:58Celle des tableaux anciens aussi est spectaculaire.
08:02Dans les 30 ans que je me consacre comme galériste,
08:06même si j'ai 40 ans de carrière, j'ai eu plein d'évolutions.
08:09Et effectivement, il y a des collectionneurs
08:14qui se rencentrent sur des tableaux de plus en plus importants,
08:17de plus en plus rares,
08:18et dans un temps de conservation impeccable,
08:20avec une image très forte et très puissante.
08:23Les tableaux sont une question
08:27et ne peuvent pas quitter le sol italien.
08:30Donc, je recherche un collectionneur italien
08:34ou une institution italienne qui puisse l'acquérir,
08:38puisqu'il est soumis à la loi italienne de la libre circulation
08:43et est interdit d'aller à l'extérieur de l'Italie.
08:47Et donc, il y a plusieurs figures
08:49qui pourraient être acheteurs de ces tableaux.
08:53Oui, justement,
08:55quelle est la différence entre le marché français-italien
08:58à ce niveau-là ?
08:59Là, cette œuvre-ci ne peut pas sortir du territoire italien.
09:03Pourquoi ?
09:04Toutes les États européens, ou presque tous,
09:08ont une loi qui est contraignante
09:12pour la libre circulation des biens culturels.
09:14Donc, il y a des lois qui protègent les patrimoines culturels.
09:18L'Italie est assez sévère dans cette restriction
09:23et, puisqu'à un moment donné,
09:26quand les tableaux venaient d'Angleterre,
09:28la famille qui l'avait achetée n'a pas ouvert
09:32une documentation auprès du ministère
09:36qui s'appelle la temporaire importation,
09:38puisqu'elle n'a pas,
09:40les tableaux sont sujets à la demande d'un permis d'exportation.
09:44Et ce permis d'exportation est difficile à obtenir
09:49pour des œuvres majeures, très difficile.
09:51Donc, la circulation à l'intérieur de l'État italien
09:55est permise par les ministères,
09:57l'exportation interdite.
10:00Et donc, la différence avec la France,
10:02c'est que la France aussi a des lois restrictives dans ce sens,
10:07mais l'État, contrairement à l'Italie,
10:12a la possibilité de l'acheter
10:14avec une procédure de trésor national,
10:18interdite du tout si c'est un monument historique,
10:20mais c'est rarissime en France
10:22qu'un bien soit placé au monument historique.
10:23Donc, la plupart des biens sont placés au trésor national.
10:28À la fin de cette procédure,
10:29qui peut durer entre 3 et 5 ans,
10:32l'État français ou achète les tableaux
10:35à l'épris du marché international ou les laisse partir.
10:38L'Italie, non, elle peut les bloquer
10:40et les garder sur les territoires nationaux.
10:42Ça veut dire que l'acheteur garde en sa possession
10:47et en sa propriété un bien
10:49sous lequel les ministères italiens
10:51ont toujours la possibilité d'aller les voir,
10:55d'aller vérifier son état de conservation.
10:59Et le caisson, à le moment de la vente,
11:02a une prélation de deux mois
11:04pour l'exercer et devenir propriétaire.
11:08Sinon, il reste toujours en propriété
11:10d'un collectionneur en Italie,
11:13en main privée, soumis à les conditions que je vous avais dites.
11:17Ça veut dire que, pour vous, en tant que galeriste,
11:20en Italie, il y a toujours un marché des maîtres anciens
11:23qui est encore très fourni,
11:25peut-être contrairement à la France où ça peut s'éparpiller un peu plus.
11:29En Italie, ça veut dire que c'est quelque chose d'encore très dynamique,
11:33le marché des maîtres anciens.
11:35Les marchés intérieurs, effectivement, pour les tableaux italiens,
11:38il n'y a pas comme l'Italie pour avoir accès
11:42à les tableaux italiens.
11:44C'est un marché beaucoup plus petit,
11:47qui se consacre à quelques millions de personnes,
11:52contrairement à un marché international
11:55qui est large, sous plusieurs milliards de personnes.
11:58Et donc, les valeurs respectent,
12:02les prix respectent cette proportionnalité
12:06des marchés.
12:08Vous, qui avez les pieds à la fois en France et en Italie,
12:12est-ce que vous remarquez une grande différence
12:15dans les collectionneurs,
12:16dans leurs recherches vers des artistes anciens ?
12:21En France, il y a toujours un grand amour pour l'art italien.
12:26La preuve, c'est que les musées français
12:29sont pleins de peintres italiens.
12:34Après, il y a des écoles qui sont plus ou moins représentées.
12:38Mais tous les musées, à commencer par les Louvres,
12:40mais les grands musées de toutes les villes françaises
12:43ont des tableaux anciens qui dérivent
12:46des achats passés des familles françaises,
12:49qui, au moment du Grand Tour, sont allées en Italie,
12:52et ils ont ramené plein d'objets.
12:55Et donc, l'amour pour l'art italien reste encore vif.
13:00En Italie, il y a un effet un peu différent.
13:04Les collectionneurs aiment leur ville,
13:09leur région.
13:10Ils restent très intéressés et très attachés au territoire.
13:14Et donc, ils peuvent s'intéresser à la peinture, à l'art,
13:19aussi par un biais de territorialité.
13:21Donc, c'est facile que les gens de Naples
13:23achètent des tableaux napolitains et les défendent avec force et courage.
13:27Merci beaucoup, Maurizio Canesso.
13:29Je rappelle que vous êtes galeriste de la Galerie Eponi.
13:33Merci d'être intervenu dans Art et Marché depuis l'Italie.
13:36On vous souhaite une bonne Biennale des Antiquaires.
13:39Et quant à nous, on se retrouve le week-end prochain
13:41pour un nouveau numéro d'Art et Marché.