• l’année dernière
Vendredi 8 septembre 2023, ART ET MARCHÉ reçoit Nathalie Zaquin-Boulakia (Directrice, Phillips France) et Yves-Bernard Debie (Directeur, Parcours des mondes)

Category

🗞
News
Transcription
00:00 *Générique*
00:08 Bonjour à toutes et à tous, bienvenue dans ce nouveau numéro d'Art et Marché,
00:12 votre rendez-vous hebdomadaire consacré au marché de l'art.
00:16 Pour l'actu de la semaine, c'est la maison de vente aux enchères Philips qui lance Dropshop.
00:21 Dropshop, c'est une plateforme de vente en ligne d'oeuvres d'art contemporains.
00:25 Nathalie Zakamboulakia, directrice de Philips France, nous en dira un peu plus sur cette initiative.
00:32 Et puis ce sera l'interview de la semaine, je recevrai Yves-Bernard Deby.
00:35 Yves-Bernard Deby qui est le nouveau directeur du salon international Parcours des Mondes.
00:40 Il apporte avec lui plusieurs nouveautés mais je ne vous en dis pas plus.
00:44 Tout de suite, c'est Art et Marché.
00:46 *Générique*
00:50 Bonjour Nathalie Zakamboulakia, vous êtes directrice de Philips France.
00:54 Merci beaucoup d'être avec nous en visio.
00:57 Bonjour.
01:00 Alors, comme je le disais, en sommaire, il y a eu ce lancement de Dropshop par Philips, la maison de vente aux enchères.
01:07 Est-ce que vous pouvez nous expliquer assez rapidement quel est le concept et surtout pourquoi Philips a fait ce lancement ?
01:13 Bien sûr. Le concept, en fait, c'est une innovation.
01:18 C'est-à-dire que nous avons lancé Dropshop, c'est une plateforme digitale
01:23 sur laquelle nous allons présenter des créations, des objets ou des œuvres d'art contemporains.
01:30 Mais ça pourrait être aussi des bijoux ou un meuble qui vont être créés par des artistes ou des créateurs quels qu'ils soient,
01:39 spécifiquement pour Philips et qui seront lancés tous les 20 du mois, si on suit notre calendrier, une fois par mois
01:50 et qui seront présentés à la vente. Mais il ne s'agira absolument pas d'une vente aux enchères.
01:56 Ce sera vraiment une vente directe entre les créateurs et les collectionneurs.
02:03 C'est différent d'une galerie parce qu'on n'a absolument pas vocation à s'engager sur un très long terme avec ces artistes.
02:12 On va faire travailler des artistes qui ont un peu repris le contrôle de leur carrière,
02:20 qui travaillent beaucoup via Instagram et qui n'ont pas nécessairement de galerie.
02:25 Comment vous avez choisi la première vente ? La première vente a eu lieu le 20 août dernier.
02:30 C'était CJ Hendry. Comment vous l'avez choisie ? Comment ça s'est passé cette première vente ?
02:35 Ça s'est très bien passé parce qu'elle a fait un objet qui s'appelle The Crown, une couronne.
02:44 C'était une œuvre en bronze édité à 100 exemplaires. Parallèlement à ça, il y avait un très grand dessin sur le même sujet,
02:53 qui était unique pour le coup. Tout a été vendu. Elle a été sélectionnée parce qu'elle est très représentative de ces artistes
03:04 qui ont commencé à avoir une carrière artistique par leur succès sur Instagram.
03:11 C'est-à-dire qu'elle a été repérée et puis elle fait des expositions depuis, mais elle n'est pas représentée par une galerie.
03:18 Elle s'adresse directement à un public. Il y a une demande assez forte pour ces œuvres, ça on le savait.
03:27 Cette première collaboration illustre exactement ce qu'on veut faire.
03:34 Entrer, nous, d'une certaine façon sur un marché primaire, mais de façon tout à fait différente d'une galerie.
03:41 On ne peut pas du tout se mettre en concurrence avec les galeries, ce n'est pas le propos.
03:46 En donnant une plateforme à des artistes qui développent leur carrière artistique un petit peu par eux-mêmes.
03:54 - Très rapidement, l'objectif c'est de se tourner vers une plus jeune génération qui ne vient pas forcément dans les salles de vente ?
04:01 Ou alors se faire une meilleure place au sein du premier marché ou sur les ventes en ligne ? Quel est l'objectif principal ?
04:07 - Je pense que l'objectif c'est vraiment de donner accès à des collectionneurs, à des œuvres d'art contemporaine.
04:19 Mais quand je dis œuvre d'art, c'est vraiment au sens très large, je sors de la catégorie purement art plastique.
04:25 De leur permettre d'accéder à ces œuvres d'art, de mettre à leur portée des choses qui sont accessibles,
04:32 qui ne sont peut-être pas aussi chères que ce qu'on présente dans nos ventes publiques.
04:37 Et en même temps, d'offrir une plateforme avec tous les collectionneurs que peut joindre Philips à certains artistes.
04:45 C'est un peu de faire le lien entre ces deux.
04:48 Et c'est vrai que c'est pour nous assez innovatif, parce que c'est une façon de présenter vraiment pour la première fois des œuvres sur un marché primaire.
04:58 C'est-à-dire qui n'ont pas été créées auparavant et qui nous sont données à vendre par un propriétaire qui a acheté l'œuvre,
05:06 que ce soit en galerie ou ailleurs en vente, ou même directement dans le studio de l'artiste.
05:10 Là, le créateur crée une œuvre pour cette plateforme.
05:15 Merci beaucoup Nathalie Zakamboulakia. Je rappelle que vous êtes directrice de Philips France.
05:20 Merci de nous avoir donné plus de détails sur cette initiative.
05:24 Et tout de suite, c'est l'interview de la semaine.
05:26 Et tout de suite, c'est l'interview de la semaine avec Yves-Bernard Deby, qui est le nouveau directeur de Parcours des Mondes, ce salon international.
05:39 Vous avez principalement une formation d'avocat. Vous étiez très proche de Parcours des Mondes pendant de longues années.
05:46 Mais qu'est-ce que ça vous fait ? Est-ce que c'était un challenge pour ma première question de prendre cette casquette de directeur de Parcours des Mondes ?
05:54 Merci de m'inviter. Oui, principalement, je suis avocat en fait.
05:59 Mais je suis partenaire du Parcours des Mondes depuis la première heure.
06:04 Nous l'avons repris ensemble avec Pierre Mauss il y a une vingtaine d'années.
06:09 C'était notre bébé. C'est une reprise qui se fait tout en douceur.
06:14 Et depuis quelques années, nous co-dirigions, même s'il tenait le devant de la scène.
06:19 Et puis, de plus en plus, moi, et cette année complètement.
06:23 Je poursuis son oeuvre.
06:26 Dans différentes prises de parole, vous avez parlé de rebonds de Parcours des Mondes.
06:31 Quel nouveau souffle vous avez voulu donner ?
06:33 Alors, à nouveau, le Parcours des Mondes, c'est un concept qui fonctionne depuis 22 ans.
06:38 Donc, on ne peut pas penser de prendre les rênes et renverser la table.
06:43 Ça ne fonctionne pas. Ce n'est pas l'idée. On est vraiment dans une continuité.
06:46 Mais il est vrai que certaines crises, puis le Covid, avaient amené le Parcours des Mondes à un niveau de participants quand même plus faible.
06:53 Nous étions à une quarantaine environ, 42 l'année dernière.
06:56 D'exposants.
06:57 L'idée était de faire remonter ce nombre d'exposants, d'attirer de nouveaux exposants.
07:03 Cette année-ci, le premier pari est gagné puisqu'on est passé de 42 à 58.
07:08 L'idée aussi était de rajeunir quelque part et de permettre à de nouveaux marchands,
07:14 qu'on se comprenne bien, ils ne sortent pas de l'école, mais ce sont des primo-participants, disons,
07:19 de pouvoir venir au Parcours des Mondes.
07:22 Et pour cela, on a créé ce qu'on appelle un showcase qui permet à six marchands,
07:27 donc nouveaux arrivants dans l'aventure du Parcours des Mondes, d'exposer.
07:32 Puisque l'idée est quand même une chaîne économique, pour des frais moindres,
07:38 ça permet d'avoir le premier pas dans le Parcours des Mondes.
07:42 Une visibilité dans le Parcours.
07:44 Bien sûr.
07:45 Et quelles sont les grandes nouveautés de cette édition, en termes plus artistiques pour le coup ?
07:51 Alors, dans les nouveautés, artistiques j'y viendrai, mais il y a trois choses.
07:56 Il y a ce showcase dont on a parlé.
07:58 On a voulu aussi remettre deux prix.
08:01 Le prix du livre d'art premier, on s'est associé à la Maison de Vente Christies.
08:06 Ce prix prend le nom de mon prédécesseur et ami Pierre Mauss.
08:10 Nous le remettrons demain chez Christies.
08:12 C'est le prix qui va récompenser le meilleur ouvrage d'art premier, celui qui s'est distingué dans l'année écoulée.
08:19 Et puis on s'est associé avec une galerie, la galerie Mingei, pour remettre le Mingei Bamboo Prize.
08:25 C'est-à-dire un prix qui va être décerné à un artiste japonais contemporain qui travaille principalement le bambou.
08:33 Quels seront les styles de collectionneurs qui vont venir dans le Parcours des Mondes ?
08:39 Qu'est-ce qu'ils recherchent ?
08:40 Et peut-être, est-ce qu'il y a un art qui les attire particulièrement ?
08:43 Alors, vous disiez que j'étais avocat, mais je suis aussi terriblement collectionneur.
08:47 C'est une maladie.
08:48 Et donc là, je peux vous parler assez simplement en vous parlant de moi pratiquement.
08:52 Le collectionneur...
08:54 Alors, il y a deux types de collectionneurs.
08:56 Vous avez le collectionneur que je ne suis pas, qui est ce collectionneur extrêmement pointu,
09:02 qui est le grand collectionneur de la statuaire Louba et qui va acheter des statues Louba.
09:07 Il faudra celles qu'il n'a pas dans le corpus.
09:09 Et puis, vous avez des collectionneurs peut-être plus nombreux, qui sont plus éclectiques
09:13 et qui vont se laisser attraper ici à de l'art asiatique, là à de la Polynésie,
09:20 et puis à de l'Afrique, évidemment.
09:22 Et pour ne pas éluder la question, il est clair que l'art classique africain sera toujours l'ADN du Parcours des Mondes,
09:29 et ça pour de multiples raisons.
09:30 Et c'est ça qui, du coup, avec la casquette plus marché, c'est l'art classique africain
09:35 qui tire le marché des arts premiers en règle générale ?
09:37 Oui, si on parle argent, finalement.
09:40 Les records du monde sont toujours en art africain.
09:45 Alors, on a eu des exemples, parfois, je pense à la Vente Périnée,
09:51 on en parlera peut-être tout à l'heure de 2021,
09:54 où on a quelques objets d'art hausséanien qui ont atteint des records,
09:58 mais clairement, c'est l'art africain qui mène le marché par le haut.
10:02 Et justement, par rapport à cette Vente Périnée, c'était vraiment des résultats extraordinaires.
10:08 Après, il y a eu par exemple la Vente chez Sotheby's de la collection Hélène Lenoux,
10:12 qui a eu des résultats un peu plus en demi-teinte, tous les lots ne sont pas partis.
10:16 Quelle tendance vous voyez ? Est-ce que cette Vente-là était représentative,
10:20 je parle de celle de Sotheby's, est-ce qu'elle était représentative de ce marché-là ?
10:24 Ou c'est exceptionnel selon vous ?
10:26 Non, non, mais en fait, la Vente Périnée chez Christie's est l'archétype de la bonne vente.
10:32 C'est-à-dire qu'on annonce la Vente de la collection Périnée,
10:36 qui est une collection fabuleuse, et on vend la collection Périnée.
10:40 Je crois que c'est les traders qui disent en anglais "on ne peut pas battre le marché".
10:45 On ne peut pas battre le marché.
10:47 C'est-à-dire que vous ne pouvez pas annoncer que vous avez la Vente Périnée et vendre autre chose.
10:52 Périnée, c'est une vente exceptionnelle d'un collectionneur,
10:56 exceptionnelle d'une collection exceptionnelle où la maison de vente a tenu ses promesses.
11:01 Peut-être que d'autres ventes que vous évoquez ont annoncé la vente à tel,
11:07 et ce n'était pas la collection à tel, en tout cas pas dans son entièreté,
11:11 c'était des fragments de la collection.
11:13 Et donc, le marché, on ne le trompe jamais.
11:15 Mais du coup, ça n'a pas quelque chose de représentatif.
11:18 Vous ne trouvez pas que depuis trois ans, il y aura toujours des collections extraordinaires à vendre ?
11:23 Si on veut chercher une tendance, elle est assez simple.
11:26 Les grandes oeuvres trouveront toujours acquéreur au meilleur prix.
11:31 Les grandes ventes de grandes oeuvres feront de grands records.
11:34 On le voit, j'avais pris quelques notes.
11:37 En 2022, à Montpellier, Montpellier sort un masque Fang fabuleux.
11:44 Il est là, on ne peut pas dire que Montpellier soit la capitale mondiale des ventes d'arts premiers.
11:51 Il est là, le monde entier va se braquer sur Montpellier, et ça fera 4,2 millions d'euros.
11:58 Un très bel objet, très bien travaillé par une très belle maison de vente,
12:02 par un expert qu'on est venu chercher, Bernard Dulon pour ne pas le citer, à Paris, et une vente exceptionnelle.
12:09 Bien sûr, il y a aussi eu les différentes actualités liées aux restitutions
12:14 et à l'exigence attribuée à la question des provenances.
12:17 Est-ce que ça vous craignez que ça peut avoir un impact sur le marché ?
12:20 Ou presque le contraire ?
12:22 Le contraire, je ne sais pas.
12:24 Mais ce qui est certain, c'est que ça n'a eu aucun impact.
12:26 Et il y a une preuve extrêmement simple.
12:28 La loi française sur la restitution des 27 objets, elle est du 24 décembre, c'est Noël, 2020.
12:37 Quelques mois plus tard, juin 2021, donc six mois plus tard, c'est la vente péride de tous les records.
12:42 Il n'y a eu aucun impact.
12:44 La question des restitutions, qui d'ailleurs vise les collections muséales, c'est quelque chose que je travaille beaucoup.
12:50 Mais ce sont les collections publiques qui sont attaquées, pas les collections privées, et ça n'a eu aucun impact.
12:56 Le collectionneur aurait pu se dire, être plus craintif par exemple.
13:00 Oui, il aurait pu, mais c'est un secteur particulier les arts premiers.
13:06 On est sur un secteur de niche, avec des collectionneurs qui sont des collectionneurs intelligents, qui travaillent leur sujet.
13:13 Ils ont bien compris qu'on était dans le secteur public et pas le privé.
13:17 Merci beaucoup Yves-Bernard Deby d'avoir été présent en plateau avec nous, nous avoir présenté Parcours des Mondes.
13:23 Je rappelle que vous êtes directeur du salon.
13:25 Et quant à nous, on se retrouve la semaine prochaine pour un nouveau numéro d'Art et Marché.
13:29 [Musique]