Dîner d'État à Versailles: "Je ne suis pas sûr qu'il était nécessaire de servir à tous ces people un dîner aux frais de la République avec des bouteilles de vin à 800 euros", estime Charles Consigny
Charles III et la reine Camilla ont été reçus mercredi soir par Emmanuel et Brigitte Macron au château de Versailles pour un dîner avec 160 convives, parmi lesquels Mick Jagger, Hugh Grant, Arsène Wenger ou encore Bernard Arnault.
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00:00 vous l'analysez cet engouement quand même des français pour le couple royal ?
00:05 Je pense que c'est le même engouement qui conduit les français à regarder les feux
00:13 de l'amour.
00:14 Ah oui, carrément, attention !
00:16 C'est sans doute très divertissant de recevoir le roi d'Angleterre, mais je vous avoue ne
00:25 pas tout à fait partager cette fascination, mais je n'ai rien contre.
00:30 Quand je vois les parlementaires se lever, faire une standing ovation pour un discours
00:36 somme toute assez banal, je comprends mal les leçons qu'ils tirent de leur élection.
00:43 Non mais pardon, c'est quand même un accueil, le roi pour la première fois au sein de l'hémicycle.
00:50 C'est très bien, mais c'est quand même le représentant d'un ordre anachronique.
00:56 Et quand on est un élu de la République, normalement on n'est pas royaliste aux dernières
01:01 nouvelles.
01:02 Donc qu'on soit très respectueux, très bien, qu'on l'accueille avec les honneurs, très
01:05 bien.
01:06 Mais voilà, moi je ne partage pas cette fascination.
01:09 Et par ailleurs, je dois vous dire que oui, j'assume d'être un peu rabat-joie, notamment
01:14 sur le dîner qui s'est déroulé hier à Versailles.
01:17 D'abord, je ne comprends pas le lieu.
01:20 Pourquoi le faire à Versailles, qui est justement le témoin d'une monarchie qui révolue en
01:28 France ?
01:29 C'est devenu une carte de visite diplomatique.
01:30 Il n'y a pas eu que le roi qui a été accueilli à Versailles.
01:31 Oui, mais je constate que c'est de la part de notre président actuel, il fait un usage
01:37 de Versailles qui est volontairement destiné à lui donner je ne sais quel vernis monarchique.
01:43 Je n'ai pas compris.
01:44 C'est Charles d'ailleurs, visiblement, qui a souhaité aussi que ça se fasse à Versailles
01:48 parce que sa mère adorait le château de Versailles.
01:50 Très bien, je n'ai pas compris le casting.
01:52 Que faisait là Guillaume Gallienne, Charlotte Gainsbourg ?
01:55 Charlotte Gainsbourg, franco-britannique.
01:56 Oui, à mon avis, il y a quand même d'autres franco-britanniques.
02:00 Franchement, je n'ai pas compris ce casting.
02:04 Je ne suis pas sûr qu'il était nécessaire de servir à tous ces people un dîner aux
02:09 frais de la République avec des bouteilles de vin à 800 euros la bouteille.
02:14 Je me dis, les Français qui regardent ça, on a l'impression quand même qu'en un sens
02:20 Emmanuel Macron enterrine la domination.
02:24 C'est-à-dire qu'il invite quelqu'un qui représente malgré tout la domination historique
02:31 d'une classe sur une autre.
02:32 Et qu'est-ce qu'il fait ? Il invite d'autres représentants contemporains de cette domination,
02:38 des milliardaires, des people et quelques ministres qui eux avaient leur place puisqu'ils
02:44 sont des ministres tournés vers l'étranger.
02:46 Et ce, à nos frais, très fastueusement, avec un vin extrêmement cher.
02:53 Je me dis bon…
02:55 La parole à la défense.
02:57 Juste pour finir, est-ce que c'est bien raisonnable et respectueux de faire ça dans
03:05 un pays dont on sait qu'il est dans une situation sociale difficile avec beaucoup
03:11 de difficultés ? Moi je trouve qu'on aurait pu faire plus sobre, plus chic et moins écraser
03:18 les pauvres gens de tant d'artifices.