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Après des débuts difficiles dans la compétition, les Bleus vont vivre de grands moments au cours des phases finales du Mondial 2011. Marc Lièvremont est encore « le capitaine du navire », mais, après la victoire bien méritée de ses joueurs en quart de finale contre les Anglais, le sélectionneur laisse son équipe évoluer plus ou moins en autogestion… Mais cette stratégie porte de justesse ses fruits au match suivant. Les Bleus parviennent à battre les Gallois en demi-finale, à un petit point près. Ce match est une « souffrance », et les cinq minutes d’arrêt de jeu se passent dans l’en-but français. Les joueurs parviennent à résister mais doivent aussi leur victoire aux multiples coups de pied ratés des Gallois, et au carton rouge de leur capitaine, Sam Warburton…

Après ce match, le fossé continue de se creuser entre le sélectionneur Marc Lièvremont et ses joueurs. Des reproches éclatent aux micros de la presse française et les Bleus jouent les rebelles : « Je leur ai dit ce que je pensais d’eux » déclare Lièvremont, « que c’était une bande de sales gosses indisciplinés,

désobéissants et égoïstes parfois ». Mais le sélectionneur est bien entouré par son staff, composé de joueurs mythiques comme Emile Ntamack, avec qui il tisse des liens forts.

Malgré les tensions et les difficultés, le parcours du XV de France continue jusqu’à la finale. Alors qu’ils s’apprêtent à affronter les All Blacks, les Bleus sont acclamés par le public néo-zélandais. Le match est serré et jusqu’au bout de la rencontre il est impossible de dire qui sera sacré champion du monde en 2011. Marc Lièvremont nous raconte son parcours fait de hauts et de bas mais surtout d’une « puissance inouïe en termes d’émotions » dans « Les Géants du Rugby », un podcast original produit par Europe 1 Studio.

Retrouvez "Les Géants du rugby" sur : http://www.europe1.fr/emissions/les-geants

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Transcription
00:00 Bonjour, c'est Manon Fossat.
00:05 Bienvenue dans les géants du rugby.
00:08 Dans la première partie de ce récit consacré à la Coupe du monde 2011, le 15 de France
00:12 a connu un parcours chaotique en face de poule.
00:15 Les relations entre le sélectionneur Marc Lèvremont et ses joueurs sont plus que tendues.
00:19 Malgré tout, les bleus se retrouvent en quarts de finale face à l'Angleterre.
00:25 Les Français qui font preuve d'une férocité absolument incroyable et qui sur chaque ballon
00:32 jouent comme si c'était un ballon décisif.
00:34 Et derrière les Français qui, malgré les assauts des trois quarts anglais à l'image
00:38 de cette percée de Thouylagui qui a failli faire mal, très mal à cette équipe de France,
00:42 elle y tient bon.
00:43 Elle est présente dans les phases de combat et ça, face aux Anglais, ça peut toujours
00:47 servir.
00:48 A la mi-temps, les bleus, sur un nuage, mènent 16 à 0.
00:50 Il y a vraiment beaucoup de soulagement et c'est rare d'avoir des joies comme ça à
00:53 ce moment-là quand on est entraîneur parce qu'il y a toujours quantité d'emmerdes
00:57 à régler et une victoire, c'est au mieux un soulagement passager, une petite satisfaction.
01:02 Là, c'est vraiment une joie pleine.
01:03 Qui ne dure pas parce qu'évidemment on se projette sur la suite, il y a une demi-finale
01:07 à venir.
01:08 Mais tout ça pour dire qu'on est passés les uns les autres par beaucoup d'émotions.
01:11 C'est un grand moment ce match-là.
01:13 J'ai le sentiment que les joueurs ont fait ce qu'il fallait, que c'est leur victoire
01:18 de toute façon, qu'ils se sont approprié le projet, qu'ils ne l'ont pas réinventé
01:24 non plus comme ça a pu être écrit parce que ça paraît complètement inconcevable
01:28 de rendre 2-3 mouvements, de revoir à zéro une stratégie.
01:32 Mais en tout cas, qu'ils sont investis comme jamais.
01:35 Il y a toujours quand même une distance qui s'est installée et qui va durer jusqu'à
01:40 la fin de la compétition avec les groupes.
01:42 Et moi, en même temps, je m'en affranchis quelque part.
01:44 J'ai le sentiment de rester quand même le capitaine du navire et de faire les choix
01:49 essentiels.
01:50 C'est une équipe de France en partie en autogestion qui se présente donc à l'Eden
01:54 Park d'Auckland pour la demi-finale contre le Pays de Galles.
01:56 Quelle souffrance.
01:57 Quelle souffrance ce match.
02:08 Il faut croire que le parcours de cette équipe et le mien n'auraient été fait que de
02:17 haut et de bas.
02:18 Des motions contrastées.
02:19 Après, ce match abouti contre les Anglais.
02:22 On joue les Galois qui étaient pourtant très bons.
02:24 Mais là aussi, de manière un peu incompréhensible, on l'a joué de manière particulièrement
02:31 empruntée.
02:32 J'écoute ton air ici à l'Eden Park avec Sam Webberton, le capitaine galois qui,
02:38 sur un plaquage dangereux sur Vincent Clerc, un plaquage cathédral a été pénalisé.
02:43 Ça sera un carton rouge pour le capitaine galois.
02:45 Et ça peut être le tournant du match pour les Français qui vont profiter de cette supériorité
02:49 numérique avec une mêlée déjà conquérante qui a permis à Morgan Parra de passer trois
02:53 points de pénalité.
02:54 Pour le moment, malgré tout, ce sont les Galois qui dominent dans cette rencontre.
02:57 Ils ont fait 10 grosses minutes.
02:59 Ils ont ouvert le score par James Hook et Morgan Parra a égalisé suite à l'expulsion
03:03 de Webberton.
03:04 Je suis très en colère à la mi-temps.
03:07 Je me souviens d'avoir un peu secoué Maxime Médard, qui est très approximatif dans ses
03:11 contre-attaques, qui tergiverse et qui nous met dans l'embarras plusieurs fois.
03:16 Et je me dis, je me souviens de mon discours à la mi-temps en disant "les gars, on n'est
03:20 pas bien, on n'arrive pas à se faire quatre passes, ces mecs sont survoltés.
03:24 Ce match, si on le gagne, c'est grâce à nos fondamentaux, la qualité de notre mêlée".
03:29 Je me souviens de cette dernière séquence interminable où on joue, je ne sais pas,
03:35 au 84ème ou au 85ème, 5 minutes d'arrêt de jeu, où les Galois tiennent le ballon
03:39 à 40-45 mètres de l'antenne de but.
03:41 Je me souviens des échecs au pied 1, 2, peut-être 3 de leurs ouvreurs.
03:45 Et on frise la catastrophe à nouveau.
03:48 Mais bon, on est en finale.
03:50 Le ballon dans les tribunes, le ballon dans le ciel de Lédenberg, la France en finale
03:55 de la Coupe du Monde !
03:57 J'avais quand même le souvenir de ma Coupe du Monde 99, où après cette victoire des
04:15 Blacks, et le fouri et tout ça, le contexte n'était pas le même bien sûr.
04:19 Mais malgré tout, je dis à mes joueurs, en accord avec Thierry Dussotoir, il n'est
04:23 pas question qu'on sorte dans Auckland, qui est à feu et à sang, avec l'engouement
04:27 que l'on sait et tout ça.
04:28 Restons entre nous, quoi.
04:29 Restons entre nous.
04:30 Il y a la place pour inviter nos proches, nos familles.
04:33 On boit quelques bières, on évite d'être dans l'excès, on se projette tout de suite
04:36 sur la finale, parce qu'on sort d'un match peu abouti.
04:39 Et qu'on a le droit de rêver d'être champion du monde.
04:43 Et les joueurs ne sont pas contents, certains en tout cas, ils le manifestent.
04:47 Je ne suis pas content non plus, je suis en colère.
04:49 Et dans la nuit, j'apprends qu'un certain nombre de joueurs a fait le mur et sorti des
04:55 titulaires, des remplaçants, des suppléants.
04:57 Et j'en suis dans une colère froide, vraiment.
05:01 Je sors cette chose, je les traite de sales gosses.
05:04 Je leur ai dit ce que je pensais d'eux, à savoir que c'était une bande de sales gosses
05:09 indisciplinées, désobéissantes, égoïstes parfois.
05:12 Toujours à se plaindre, toujours à râler, et qui me les est cassés depuis 4 ans.
05:19 Bon, pour moi c'était pas si grave que ça, mais dans ce climat un petit peu là de tension,
05:24 ils ont pas aimé du tout.
05:25 Malgré tout, je leur dis les choses, je crois encore avec courage, je leur dis écoutez,
05:29 pardon mes sales gosses, c'est comme ça que j'appelle mes enfants à mes deveurs,
05:32 ça vous plaît peut-être pas, mais en même temps, les règles vous les avez pas toujours
05:35 respectées, même si depuis une quinzaine de jours, chacun fait ce qu'il faut, si je
05:39 suis dans le droit je crois de vous dire les choses, mais ils font la gueule et bon, ça
05:42 accentue quelque part une forme de fracture.
05:45 Malgré tout, on passe encore des moments merveilleux, je me souviens là aussi de ce
05:50 choix de mon staff et de moi, de sacrifier une journée d'entraînement, parce qu'on
05:55 avait une journée de récupération de plus pour les blacks, on va passer une journée
05:58 merveilleuse, un barbecue au bord d'une rivière à proximité d'Oakland, hyper sympa.
06:03 Je me souviens du témoignage de Nick, le néo-zélandais responsable de la sécurité
06:08 qui nous fait une déclaration d'amour hallucinante dans le bus, alors que c'était une sorte
06:11 d'ours, ancien des forces spéciales, ancien pilier, assez taiseux, et qui vraiment, après
06:17 quelques semaines de vie en commun, nous avoue qu'il est de tout corps avec nous pour la
06:20 finale qui joue contre son pays, donc encore une fois c'était des moments assez grandioses.
06:24 Quelque chose a changé chez Marc-Yves Remond et cela se remarque physiquement.
06:27 Quand il apparaît devant les caméras, le sélectionneur des bleus arbore désormais
06:31 une fine moustache et les cheveux très rats.
06:33 Il se trouve que je suis un lève-tôt de manière générale et que particulièrement
06:37 dans cette Coupe du Monde, je me levais très tôt, donc à 6h du matin, j'étais au petit
06:40 déj, souvent seul, j'aimais ces moments-là, de solitude quelque part.
06:44 Et le premier à me retrouver, c'était David Ellis, anglais, sur le con, qui travaille
06:49 avec nous, un mec que j'adore, et qui portait une petite moustache.
06:53 Et on échangeait comme ça l'un et l'autre, et donc on était en passe de jouer contre
06:56 l'Angleterre, je crois que c'était déjà, c'est après les Tonga, c'était entre les
06:59 Tonga et l'Angleterre, et je dis à Dave, tiens Dave, si on bat les Anglais, je me laisse
07:04 pousser la moustache.
07:05 Et derrière, bon, les joueurs me branchent, un jour je rentre, il y avait une séance
07:09 vidéo, il y avait un montage en grand écran avec Freddie Mercury en tenue de scène, avec
07:15 son costume jaune et ma tête donc avec la moustache.
07:19 Il y a ce phénomène un peu de moustache qui commence quelque part à créer une forme
07:23 d'émulation, les journalistes en conférence de presse qui débarquent tous avec une moustache
07:27 postiche, on me dit qu'en France, tout le monde m'envoie des photos avec les gens moustachu,
07:32 et puis je dis à mes joueurs, si on bat le Pays de Galles, je me rase le crâne.
07:37 Quel con quand même ! Et là, la mère de mes enfants pose un véto, et donc je m'en
07:44 suis tenu à une coupe militaire qui m'a fait ressembler, avec un look de sergent-chef
07:50 des sapeurs-pompiers, l'époque de ma vie où j'ai été le plus médiatisé, j'ai
07:54 réussi à me défigurer avec cette moustache ridicule.
07:57 Il me fait une moustache ! C'est pour le soutien, il y a vraiment...
08:01 Toutes les idées pour soutenir le XV de France sont bonnes.
08:04 Un coup de crayon, comme beaucoup d'autres hier soir ici au stade Jean-Daugé, Joël
08:08 a dessiné une moustache sous le nez de son épouse.
08:11 Clin d'œil au sélectionneur du XV de France, Marc Lièvremont, un geste de soutien imaginé
08:16 par l'aviron Bayonet, postiche ou vrai poil, peu importe, l'essentiel étant bien d'adresser
08:22 un message au bleu.
08:23 Il reste une semaine avant la finale.
08:25 Une semaine compliquée, qui accentue encore un peu plus le fossé entre Marc Lièvremont
08:29 et ses joueurs.
08:30 J'apprends par un très grand monsieur du rugby français, qui a été longtemps mécène
08:34 de beaucoup de clubs, qu'un certain nombre d'anciens joueurs, de renom aussi, ont souhaité
08:38 rencontrer une dégâlation des joueurs et donc tirer du sautoir avec le ministre ou
08:43 le secrétaire d'état au sport de l'époque, hors de ma présence, et que...
08:49 Je sais pas si je dois dire ça, mais...
08:54 Et qu'il a été évoqué ou demandé par certains, qu'en cas de victoire, de titre,
09:00 donc les primes de match, soient payées hors impôts, on va dire.
09:07 Et ça me met en colère, évidemment, déjà d'être mis à l'écart par des gens que
09:12 je respecte, qu'il y ait eu ces choses exprimées à quelques jours de cette finale.
09:18 Et de nouveau, je convoque les joueurs et je leur dis "écoutez, je vais vous raconter
09:21 une petite histoire.
09:22 Il y a une douzaine d'années, j'étais dans votre position, avec un parcours compliqué,
09:27 et on se retrouve en finale après un match d'exception en demi-finale.
09:29 Et certains de mes coéquipiers, je m'en souviens, puisque les politiques avaient débarqué
09:35 d'un peu partout autour de nous, avaient demandé qu'en cas de victoire finale, nos
09:42 primes soient indexées d'impôts.
09:43 Et le résultat, c'est qu'on a perdu la finale et qu'on a payé des impôts, comme
09:46 tout le monde.
09:47 Donc je vous souhaite de changer les histoires, messieurs, et donc tout le monde se regarde
09:50 un peu et certains baissent la tête.
09:52 Donc oui, c'était tendu, c'était pas hyper agréable.
09:57 Et en même temps, on était en finale.
09:59 C'était un rêve.
10:01 Moi, je me suis beaucoup rapproché de mon staff, on a vécu des moments merveilleux.
10:04 Je me souviens d'une cérémonie entre nous, la veille du match, où chacun a dit un mot
10:10 sur les uns et les autres, du témoignage de Milou, Ntama, avec qui ça n'avait pas
10:15 toujours été facile, et on s'est témoigné vraiment de beaucoup d'estime et des choses
10:21 hyper sympas.
10:22 De cette idée qu'on avait eue, de se dire le matin du match, puisqu'on jouait en soirée,
10:26 donc à 20h de mémoire, heure nouveau-zélandaise, de se dire que le matin, on a laissé les
10:32 joueurs tranquilles et que tout le staff, on allait monter comme on pouvait en courant,
10:35 pour ceux qui le pouvaient en vélo, pour d'autres, et nous retrouver en haut du Mont-Aiden.
10:39 Et que là, on avait chanté une marseillaise, y compris avec ces Nouveaux-Zélandais qui
10:42 étaient avec nous, Andy, Nick et Joseph, qui étaient les mecs qui nous accompagnaient
10:47 depuis plusieurs semaines, c'était un moment de grâce.
10:51 On avait joué au rugby à toucher dans les jardins du Mont-Aiden, ça a quand même,
10:56 bien sûr, une symbolique très forte.
10:57 Marc Lèvremont a le sentiment que sa mission est finie.
11:01 Alors exceptionnellement, ce n'est pas lui qui se charge de la remise des maillots, mais
11:05 le capitaine du 15 de France Thierry Dussautoir.
11:07 D'habitude, après la remise des maillots, qu'il y a eu à l'hôtel, une heure et
11:10 demie avant le match, on monte dans le bus, et puis c'est silence de cathédrale, chacun
11:15 dans sa bulle, certains écoutent de la musique.
11:18 Et là, les joueurs avaient la bonne idée de composer une bande originale avec des musiques
11:23 qui les inspiraient.
11:24 Il y avait notamment un des titres superbes du film "Galliator".
11:30 Et on était escorté par les motards pour aller de l'hôtel à l'Aiden Park.
11:38 Et malgré les motards, on avançait quasiment au pas.
11:41 Et on fondait la foule.
11:43 En clandestin, on était noir de monde, donc le public néo-zélandais, quelques rares
11:47 rappeurs français.
11:48 Et bizarrement, il y avait cette musique assez somptueuse, et les gens nous applaudissaient.
11:53 L'ensemble du public, on a traversé toute la ville.
11:56 Alors qu'on allait jouer contre le All Black, pour jouer une finale de coupe du monde, l'ensemble
12:00 du public néo-zélandais nous applaudissait.
12:02 C'était incroyable.
12:03 On s'était demandé, et les joueurs bien sûr, quoi faire contre le face-off.
12:33 Face à ce haka, le respecter, marquer le coup, c'est toujours une forme de défi que
12:37 nous envoient les néo-zélandais.
12:38 Et en même temps, on a la volonté d'y répondre.
12:40 Et les joueurs s'interrogeaient.
12:44 Et puis c'est un néo-zélandais qui est venu voir Thierry, là aussi un des membres
12:47 du groupe.
12:48 C'est assez incroyable.
12:49 Il est venu dire "Thierry, j'ai pensé à quelque chose, une forme de contre-haka".
12:55 Et les joueurs se sont dit "pourquoi pas".
12:58 Ils l'ont répété, le chorégraphié dans les salons de l'hôtel, lors du réveil
13:03 musculaire, quelques heures avant le match.
13:05 Je me souviens que les joueurs, emportés par leur passion, leur détermination, franchissent
13:10 la ligne de blanche des 42 mètres.
13:12 Et que je suis dans les tribunes et que spontanément je me dis "putain, quelle bande de cons, on
13:15 va prendre une amende".
13:16 Parce que c'est vrai que c'était sanctionnable d'une amende.
13:18 Les 5000 supporters français présents dans le stade font pâle figure dans cet Eden Park
13:23 d'Auckland, qui contient plus de 60 000 places.
13:26 Le début de la rencontre est équilibré, mais très engagé.
13:29 Morgane Parra est victime d'un violent coup de genou sur le crâne.
13:32 Je suis en colère parce que, non seulement il n'y a pas de pénalité, mais que M.
13:37 Craig Joubert, l'arbitre du match, qui était le Sud-Africain, nous demande de ne pas arrêter
13:43 le jeu, comme il a le droit de le faire, parce que Morgane n'est pas en première ligne.
13:46 Sauf qu'un quart d'heure plus tard, leur ouvreur se blesse de manière, je ne sais
13:51 plus, une blessure musculaire.
13:52 Et que là, il arrête le jeu pour leur permettre de le remplacer.
13:55 Je trouvais qu'il y avait une disproportion.
13:58 Non seulement il n'avait pas sanctionné.
14:00 Après, on s'était préparé à cet arbitrage à charge.
14:04 Il y a beaucoup de décisions très litigeuses pour lesquelles l'arbitre ne nous donne pas
14:08 raison.
14:09 En même temps, on s'était aussi préparé à ça.
14:10 Il n'y a pas de frustration.
14:12 On est dans le match.
14:13 Il y a ce bel essai bien construit de tirer du satoir.
14:16 Effectivement, les Français qui prennent le jeu à leur compte et qui se doivent d'être
14:18 patients et les Blacks qui font preuve de pas mal de fébrilité.
14:22 On sent les joueurs noirs très tendus.
14:24 Cette équipe, le Blacks, va devoir s'employer si elle veut le battre, cette équipe de France.
14:28 Les Français, héroïques, sont menés d'un seul petit point, 8 à 7.
14:33 Dimitri Achvili, blessé, qui joue sous infiltration, est remplacé en fin de match par le jeune
14:37 Jean-Marc Doucet.
14:38 Il reste 4 minutes de jeu et il touche un seul ballon.
14:41 Je me souviens très bien, il y a une mêlée spontanée, quasiment 20 mètres dans l'axe
14:44 des Potonais aux Irlandais.
14:46 Seul ballon qu'il touche et il fait un en avant.
14:48 Maco le gêne et il commet un en avant.
14:51 L'arbitre rend le ballon au Blacks.
14:52 Et là je me dis, c'est terminé, on ne sera pas champ du monde.
14:56 Là, c'est des moments qui sont hyper durs parce que j'ai juste envie d'être ailleurs.
15:02 Je sais que tout va être hyper long et hyper dur à vivre.
15:06 Ces dernières minutes où les Blacks tiennent le ballon.
15:08 Je sais que jamais le arbitre ne nous donnera la pénalité de la victoire, quoi qu'on fasse.
15:12 Que notre rêve est brisé, qu'il va y avoir le protocole qui va être hyper long, qu'il
15:19 me tarde de rentrer en France, j'ai envie de me téléporter à l'autre bout du monde.
15:22 C'est des moments particulièrement durs.
15:25 Je me souviens que je passe de longues minutes tout seul dans les douches.
15:28 Je suis rejoint par Pierre Camus qui me dit "Marc, il faut que tu sois sur le terrain".
15:32 Il m'embrasse.
15:34 On a en larmes.
15:39 Je me souviens des visages marqués des joueurs, de Morgane Parra, de Lionel Nallet qui sanglotait
15:47 comme un homme.
15:48 Pourtant, c'est un colosse de 2 mètres, 120 kilos.
15:52 Je me souviens d'avoir croisé Craig Joubert et ses assesseurs et de lui avoir serré la
15:58 main et à aucun moment il n'a croisé mon regard.
16:02 A aucun moment il ne m'a regardé sans que je sache si c'était un peu le regard, le
16:06 non-regard que l'on adresse à l'entraîneur qui a perdu.
16:11 Un peu de compassion, un peu de gêne par rapport à son arbitrage.
16:14 Je lui avais dit "Je te promets Craig, j'ai confiance en toi.
16:18 Jamais je ne critiquerai ton arbitrage".
16:20 J'ai essayé de tenir la parole.
16:21 Pour être un peu philosophe, il ne peut pas tomber dans une forme d'erreur.
16:26 Globalement, ça a été beaucoup dit.
16:29 Les Blacks méritaient plus que nous cette Coupe du Monde.
16:31 Ça aurait été un cataclysme s'il a gagné.
16:33 Bien évidemment, j'aurais rêvé d'être Champion du Monde et mes joueurs aussi.
16:38 Peut-être aussi le rugby français ou de l'alma, petite personne, ne méritait pas
16:42 quelque part ce titre à l'époque.
16:44 Ces quatre années ont été compliquées, on n'a pas forcément travaillé dans les
16:48 meilleures conditions.
16:49 En même temps, sur ce match-là, les joueurs s'étaient gagnés le droit d'être Champion
16:54 du Monde.
16:55 Cette finale de 2011 et plus largement cette préparation et cette Coupe du Monde, ce qui
17:03 fait que ce cycle de quatre ans, de 2007 à 2011, a été d'une puissance inouïe
17:08 en termes d'émotion, contrastée certes, mais en tout cas, beaucoup plus d'émotion
17:12 12 ans plus tard que celle de 1999.
17:15 Vous venez d'écouter Les géants du rugby, un podcast Europe 1 Studio produit par Sébastien
17:26 Guyot et réalisé par Christophe Daviau.
17:28 Si vous avez aimé, n'hésitez pas à nous suivre et en plus, c'est gratuit.
17:32 A très vite sur le site et l'application Europe 1 ou sur votre plateforme d'écoute
17:36 préférée.
17:37 !

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