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En 1995, la troisième Coupe du Monde de Rugby est organisée en Afrique du Sud. Nelson Mandela, tout juste élu Président de la République, rêve de faire de ce pays encore soumis au régime discriminatoire de l’apartheid, une « Nation Arc-en-ciel ». C’est dans ce contexte qu’il va tenter de donner une dimension politique au rugby, alors considéré comme un « sport de blancs ». Une compétition qui a profondément marqué Abdelatif Benazzi, joueur mythique qui deviendra un an plus tard le premier capitaine d’origine maghrébine du XV de France. C’est le témoin exceptionnel de cet épisode du podcast « Les Géants du rugby ».


Titulaire incontournable de cette équipe de France, élu meilleur troisième ligne de la compétition, Abdelatif Benazzi va mener les Bleus et leur permettre de surmonter tous les obstacles. Dans cette Coupe du Monde de Rugby 1995, les débuts sont difficiles pour les Bleus : les joueurs affrontent les sifflets des supporters sud-africains, les critiques des médias et de nombreuses blessures, jusqu’à atteindre un match historique : la demi-finale contre l’Afrique du Sud. Les Springboks ont pourtant de quoi effrayer leurs adversaires. Soupçonnée de dopage, cette équipe est « monstrueuse » selon Benazzi, et pour ne rien arranger, à Durban, les conditions météo le jour du match ont des allures d’apocalypse. Mais rien n’arrête les Français, prêts à affronter leur destin. Près de 30 ans plus tard, Abdelatif Benazzi, s’en souvient « comme si c’était aujourd’hui » dans Les Géants du rugby, un podcast original produit par Europe 1 Studio.
Retrouvez "Les Géants du rugby" sur : http://www.europe1.fr/emissions/les-geants

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Transcription
00:00 Symboliquement, il fallait faire partie de cet événement-là,
00:03 parce que ça allait dépasser le monde du sport,
00:05 ça allait rentrer un peu dans l'histoire,
00:07 parce qu'on allait avoir l'implication d'un homme politique
00:10 qui a forcé le destin, qui avait l'adhésion du monde entier,
00:14 et qui est devenu président pour la première fois,
00:16 noir d'un pays, en minorité blanche.
00:18 Donc, on arrive en Coupe du Monde avec double casquette,
00:22 pour gagner la Coupe du Monde
00:23 et pour vivre un événement magique sur le plan symbolique.
00:27 [Musique]
00:35 En 1995, l'histoire avec un grand H s'écrit en Afrique du Sud.
00:40 Abdelatif Benazie participe à la première Coupe du Monde
00:43 organisée dans ce pays, encore profondément marquée par l'apartheid.
00:47 Nelson Mandela est président de la République depuis un an
00:50 et veut réaliser son rêve, bâtir enfin une nation arc-en-ciel.
00:54 [Musique]
01:16 Pour réunifier son peuple, il compte donc sur le rugby,
01:19 le sport national des Blancs.
01:21 Le racisme, les discriminations, Abdelatif Benazie les a malheureusement éprouvés
01:26 deux ans plus tôt, lors d'une tournée en Afrique du Sud avec les Bleus.
01:30 Cette Coupe du Monde va profondément le marquer.
01:32 Lui qui est né à Oujda, au Maroc,
01:34 lui qui deviendra le premier capitaine maghrébin de l'équipe de France de rugby.
01:39 Je m'appelle Manon Fossat, et dans ce nouvel épisode des Géants,
01:42 Abdelatif Benazie, héros inoubliable de ce Mondial 95,
01:46 nous ouvre ses bras et son cœur pour nous raconter la compétition,
01:50 la plus marquante de sa vie.
01:52 On était dans la banlieue de Pluritoria,
01:55 et puis on s'entraînait dans un terrain d'un centre pénitentier.
02:00 Et donc nos sparring partners, c'était les geôliers de cette prison
02:04 qui avait une équipe de rugby, mais qui étaient tous monstrueux.
02:07 Ils sont tous africains, avec une mâchoire qui fait 4 mètres carrés,
02:10 des épaules énormes, et puis eux, ils ne savent pas ce que c'est une passe.
02:15 Et donc on les utilisait des fois comme partenaires d'entraînement.
02:18 Ça a été très dur sur le plan physique,
02:20 mais on savait par où il fallait passer pour être en forme,
02:23 et Pierre Berbizier a fait ce qu'il fallait.
02:25 Jusqu'à un moment donné, il fallait quand même un peu qu'on voie la vie nocturne,
02:30 et il a fallu créer un petit syndicat de joueurs.
02:33 Il dit à l'entraîneur, il en a marre maintenant,
02:35 il faut qu'on aille voir un coup en ville.
02:37 Ça fait partie aussi de la préparation.
02:39 Il nous a donné le feu vert, mais il nous a dit, je vous attends le premier match.
02:42 Donc c'était win-win.
02:45 Heureusement qu'il n'y avait pas le réseau social.
02:47 Non mais bon, on était quand même assez responsables.
02:50 On n'avait pas joué un match, on n'avait pas gagné un match
02:53 pour pouvoir faire la vraie troisième mi-temps.
02:55 Il fallait juste un petit peu qu'on rigole ensemble,
02:57 qu'on ne puisse pas parler rugby, qu'on déconne.
03:00 Et c'est là où les idées commencent à arriver.
03:02 Donc les trois quarts ont décidé de se raser la tête.
03:04 Et donc à cette époque-là, il y avait toujours une petite différence
03:09 entre les trois quarts et les avants, et on se lançait des challenges.
03:12 Donc eux, ils voulaient se raser la tête, c'est ce qu'ils ont fait d'ailleurs.
03:15 Même le maquin Franck Menel s'est rasé la tête.
03:19 Donc c'était assez extraordinaire.
03:21 Et voilà, il ne fallait pas se rater après ça.
03:24 L'équipe de France vit retrancher dans son camp de Pretoria.
03:27 Une préparation commando qui est à l'origine de ce geste des lignes arrières.
03:31 Menel, Sella, Intamac, Saint-André et leurs camarades
03:35 se sont donc rasés le crâne comme des militaires astreints à un régime forcé.
03:40 Malgré ça, à l'approche du premier match contre les Tonga,
03:43 toutes les tensions n'ont pas été évacuées dans les vestiaires.
03:46 Je me rappelle qu'Olivier Roumat s'est fâché, s'est levé, il a quitté la salle,
03:49 il n'a pas accepté d'être remplaçant.
03:51 Mais ça, je pense que dans la tête de l'entraîneur, il fallait bien faire tourner et tout ça.
03:58 Surtout quand des équipes, je dirais, pas majeures du rugby mondial.
04:03 Donc garder un petit peu les...
04:05 Et puis comme la tension était tellement forte, préparation, etc.,
04:09 tout le monde avait envie dans des cours de jouer le match.
04:11 Et le fait de se sentir un peu remplaçant, certains n'ont pas apprécié.
04:15 Mais ça a été réglé le plus tôt possible avec cette entrevue entre Olivier Roumat et Pierre Berbizé.
04:21 Et puis nous avec le joueur aussi.
04:23 Et du suite, les joueurs se sont mis un peu dans le moule collectif
04:25 en laissant un petit peu leur égo et leur sentiment personnel.
04:30 Et parce qu'il fallait préparer cette Coupe du Monde qui va être longue
04:33 et préparer Cristiando à faire tourner, faire jouer tout le monde un petit peu
04:37 jusqu'au moment où l'équipe phare, l'équipe type sortira un petit peu naturellement
04:41 après les matchs de poules.
04:43 Pierre Berbizé résumait bien la situation.
04:45 Il disait que j'ai trois tours cathédrales avec moi.
04:49 Peut-être un mausolée pour toi, Abdel,
04:51 mais que si jamais cet édifice et ces trois piliers de l'équipe fléchissent...
04:57 On parlait d'Olivier Roumat, Olivier Merle, Marc Cécilion, Philippe Benetton.
05:05 On avait quand même une certaine osature que pour lui c'était l'indicateur.
05:10 Si jamais nous on ne donne pas le temps, on montre pas la voie,
05:13 que l'équipe ne marchera pas derrière.
05:15 Donc on avait une exigence beaucoup plus que les autres.
05:18 Et donc c'est pour ça que des fois il y avait une telle solidarité entre nous
05:21 qu'il fallait qu'on prenne les choses en main pour qu'on puisse un peu les transcrire sur le terrain
05:25 et montrer la voie à l'autre et à l'équipe.
05:27 Il fallait faciliter le travail à quelques jeunes.
05:33 Malgré la victoire 38 à 10 contre les Tonga, les Bleus sont critiqués.
05:37 Par la presse d'abord, mais aussi par leur propre sélectionneur, Pierre Berbizier,
05:41 qui leur passe ce soir-là un sérieux savon.
05:44 Quand j'entends siffler le public sud-africain, quelque part on manque de respect.
05:51 Car ce public sud-africain, je suis persuadé qu'il était venu voir et encourager l'équipe de France.
05:57 Quand on attend, je le répète, la 39ème minute pour jouer le premier ballon,
06:01 on manque de respect au jeu.
06:03 Quand on subit l'adversaire comme le Tonga, c'est qu'on manque de respect par rapport à l'adversaire.
06:11 Et quand je vois toutes ces actions individuelles, je me demande si effectivement
06:16 on ne se manque pas de respect entre nous.
06:20 Donc tout ça s'est posé clairement.
06:23 Je crois qu'il n'est pas trop tard pour réagir, mais il vaut mieux le savoir.
06:28 À cette époque-là, on était à l'aube du professionnalisme.
06:32 L'équipe de France, psychologiquement, il faut qu'elle ait peur pour pouvoir sortir les meilleurs.
06:37 Quand on a les All Black, les sud-africains, les australiens, les anglais,
06:40 il n'y a pas besoin de grands discours pour pouvoir se motiver.
06:43 Mais inconsciemment, sans manque de respect aux nations qui ne sont pas majeures,
06:48 on est archi-favoris, on a du mal à se motiver, etc.
06:53 Donc quelque part, il y a un petit peu de manque de respect.
06:56 Et c'est vrai qu'on ne trouve pas ce lien collectif qui concerne tous les joueurs.
07:02 Donc on joue par à-coup, etc. Et donc ça donne des résultats comme ça.
07:05 On accepte les critiques, on adhère, le lendemain on retravaille le plus tôt possible.
07:10 On essaie de gommer tout ça, mais surtout dire que tout simplement,
07:14 qu'il y a un événement mondial, qu'on n'a pas envie de le gâcher,
07:16 qu'il faut s'y mettre le plus tôt possible.
07:24 Le match suivant a lieu contre la Côte d'Ivoire.
07:27 Le 15 de France s'impose sans convaincre 54 à 18,
07:30 mais quatre jours plus tard, ce sont les Ivoiriens qui vont vivre un drame au sein de leur équipe.
07:35 Max Briteau a 27 ans.
07:38 L'Elié, qui a grandi en France dans les Landes, n'aurait pas dû être présent en Afrique du Sud.
07:42 Mais au tout dernier moment, il a remplacé son frère, victime d'une pubalgie.
07:47 Face au Tonga, Max subit un terrible plaquage.
07:51 L'Elié Rasta du club de Biscarosse dans les Landes n'a pas été victime d'une agression,
07:55 mais d'un accident de jeu. Un plaquage un peu sévère, mais correct.
07:59 Une mauvaise chute. Max Briteau ne s'est pas relevé.
08:02 Le jour de ce terrible accident, le samedi 3 juin,
08:05 le 15 de France dispute son dernier match de poule à Pretoria face à l'Ecosse.
08:09 Pas de drame, mais pour autant, rien ne se passe comme prévu.
08:12 On perd Benetton, on perd Ako Sebiri je crois.
08:15 Fracture du avant-bras pour Benetton, et je crois que c'est la même chose pour Ako Sebiri.
08:19 Donc il y avait pas mal de paramètres qui pouvaient nous perturber.
08:23 On est resté serein, et on a essayé quand même de jouer avec ces aléas et de gagner le match.
08:30 La France est menée de 19 à 15. On joue les arrêts de jeu.
08:34 Il y a du suspens ici, personne ne peut dire qui peut gagner ce match.
08:39 Ce match qui a été mené de bout en bout par les Ecossais.
08:43 Allez, la pression est écossaise, mais la balle, elle sera pour les Français.
08:47 Coups pour les Français.
08:49 Oui, mais on ne peut pas le sentir. Il faut le jouer à la main.
08:51 Allez, c'est bon, bon ballon.
08:53 Oui, coups pour les Français.
08:55 On se place pour nos avants.
08:56 On a joué vite, et puis au moins ils m'appellent vers les trois quarts pour essayer de fixer la défense.
09:00 Donc on me donne la balle, pour une fois que je ne la perds pas.
09:03 Donc je suis dur avec moi-même.
09:08 Pour quelqu'un qui a été élu meilleur troisième ligne de cette Coupe du Monde.
09:11 Donc je prends le ballon, je fonce dans le tas, et puis je mobilise un peu la défense.
09:15 Le ballon sort très vite.
09:43 Et on voit la détresse dans la tête des Ecossais.
09:45 C'est ça qui m'a le plus marqué.
09:47 Il y avait Céla qui sautait partout comme un genou.
09:49 Tama qui hurlait partout de joie.
09:51 Mais il y avait la tête des Ecossais.
09:54 Moi, c'est ça qui m'a marqué, c'est voir Gévin Astings écrouler avec ses 1,90 m.
09:58 On était un peu gênés, mais enfin, la victoire était belle.
10:12 Vraiment, là, la machine était relancée.
10:14 On était super bien physiquement.
10:16 Et on se prépare pour ce match contre l'Irlande, qui n'est pas l'équipe d'Irlande aujourd'hui.
10:20 Bien sûr, l'Ecosse était nettement meilleure à l'époque.
10:23 Mais il fallait le prendre en quarts de finale, au Kings Park de Durban.
10:27 Quarts de finale, match éliminatoire, il n'y a pas à déconner.
10:30 C'est le premier match où on sentait qu'il y avait une espèce d'énergie.
10:34 S'il y avait une demi-heure de plus à jouer, on l'aurait fait avec grand plaisir.
10:39 Parce qu'on était tellement bien.
10:41 On sentait de suite qu'on avait pris l'ascendant contre des autres matchs sur l'Irlande.
10:45 Et qu'on ne pouvait pas lâcher ce match-là, qu'on ne pouvait pas le perdre.
10:48 La France va donc affronter l'Afrique du Sud, dans son pays, avec tout un peuple derrière elle.
10:52 Il faut imaginer toutes ces personnes qui font la fête dans les rues,
10:55 aussi bien dans les quartiers huppés que dans les townships.
10:57 Sauf que pour l'heure, blanc et noir ne se mélangent toujours pas.
11:00 Cahier Lucha, c'est le township le plus misérable de toute l'Afrique du Sud,
11:04 à 20 km seulement de l'une des plus belles villes du monde,
11:07 juste derrière la célèbre montagne de la Table.
11:09 C'est la face cachée de la carte postale.
11:11 Un million de personnes, peut-être davantage,
11:13 entassées dans des boîtes d'allumettes, de tôles et de planches,
11:16 qui s'étendent à perte de vue.
11:18 À Cahier Lucha, il y a plus de 80% de chômeurs.
11:21 La ville est trop loin, les transports trop rares et trop chers.
11:24 À Cahier Lucha, il y a trois infirmeries, trois pharmacies et trois terrains de rugby.
11:28 Mais personne ne joue, car les murs en béton qui ceinturent la pelouse
11:31 sont surmontés de barbelés et le portail est cadenassé.
11:34 Dans cette Afrique du Sud encore divisée,
11:36 les Springboks, à la surprise générale, ont battu l'Australie,
11:39 championne du monde en titre, en match d'ouverture.
11:42 Il n'y a qu'un seul joueur noir dans cette équipe d'Afrique du Sud,
11:45 l'Astar Chester Williams.
11:47 Une équipe extrêmement physique, tellement physique et agressive même,
11:51 que plane sur elle des soupçons de dopage.
11:54 "On fait abstraction de ça, vous savez, on avait déjà senti ce sentiment-là en 93,
12:00 quand on les a joués, et quelques matchs très difficiles physiquement,
12:04 quelques agressions, on avait vu même un visage de joueur transformé
12:09 en sortant des vestiaires, mais bon, on ne peut pas soupçonner,
12:11 on n'avait pas de preuves néron, ni quoi que ce soit.
12:13 Mais on pouvait deviner que c'est un pays qui a été isolé pendant très longtemps,
12:17 que peut-être des choses se faisaient dans leur fonctionnement,
12:19 mais bon, on n'avait pas de preuves.
12:21 Et puis encore une fois, on était dans un monde pas du tout professionnel
12:24 comme aujourd'hui, il y avait très peu de contrôle, etc.
12:26 Donc il ne fallait pas se laminer avec ce soupçon-là,
12:30 il fallait juste préparer le match, on était capable de le gagner,
12:32 on était capable de le faire, on a prouvé trois ans auparavant
12:36 qu'on était une équipe forte, avoir battu les All Blacks en Nouvelle-Zélande deux fois,
12:40 on a battu les Australiens, on a battu les Sud-Africains chez eux,
12:43 match nul et une victoire chez eux.
12:45 Donc on était plus focalisés sur nous, mais en disant qu'il allait y avoir du lourd en face,
12:52 et que physiquement, il fallait être présent.
12:54 Et physiquement, on était présent, il fallait juste faire abstraction
12:58 et faire face à ces aléas climatiques qui nous ont posé problème
13:03 et qui ont joué un petit peu leur rôle pendant deux heures dans le vestiaire.
13:06 Le match a lieu à Durban, dans cette ville côtière située sur le littoral de l'océan Indien.
13:14 Il fait beau plus de 300 jours par an, mais ce samedi,
13:18 le ciel s'abat sur la pelouse du Kings Park Stadium.
13:26 Des nuges, des nuges complets, mais je n'ai jamais vu ça de ma vie.
13:30 Aujourd'hui, pour moins que ça, on annule un match, mais on attendait, on ne savait pas quoi faire.
13:37 Il y avait encore les traces de la part aide, puisqu'ils ont envoyé 300 femmes.
13:41 Il n'y avait pas un blanc, il n'y avait que des Blacks et des gens de couleur,
13:46 notamment les femmes qui balayaient le terrain avec des raclettes pour sortir l'eau, avec les moyens du bord.
13:51 Les organisateurs envisagent de faire venir des hélicoptères pour assécher la pelouse,
13:55 mais c'est trop dangereux avec 60 000 spectateurs dans les tribunes.
13:58 Il faut dire que si le match ne se joue pas, la France sera automatiquement qualifiée pour la finale
14:03 en raison du nombre élevé de cartons rouges reçus par les Springboks lors des matchs précédents.
14:08 C'est inconcevable pour un pays organisateur, mobiliser Nelson Mandela,
14:14 lui apprendre le rugby, etc., pour amener l'Afrique du Sud, comme il avait envie de l'amener jusqu'à la finale.
14:20 Je ne pense pas que c'était quelque chose qui était convenable de le faire.
14:23 Dans les vestiaires, l'attente est interminable.
14:26 Les joueurs ne savent toujours pas s'ils vont jouer à cause des trombes d'eau qui s'abattent sur la pelouse.
14:30 L'ambiance est assez surréaliste. C'est l'anniversaire de Pierre Berbizier,
14:34 mais le sélectionneur a la tête totalement ailleurs.
14:37 Il connaît chacun de ces joueurs et il prend alors le temps d'avoir un mot solennel
14:41 pour chacun d'entre eux lors de la remise des maillots.
14:44 J'ai stuculé de tous les côtés, j'étais archi motivé pour battre le Sud-Africain et tout ça,
14:50 et puis à un moment donné il me remet le main de l'autre et il me dit "Abdel, quoi que tu fasses, ça sera ton destin".
14:54 Il me l'a dit en arabe, "Maktoub". Il m'a dit "C'est ton Maktoub aujourd'hui".
14:58 Et ce mot-là, par hasard, ça s'est arrivé sur cette action de la dernière minute.
15:04 Donc voilà, c'est des moments rares, des moments intenses de préparation,
15:09 des moments qui touchent les cœurs, qui touchent l'esprit, qui rapprochent les uns et les autres,
15:15 qui fait qu'aujourd'hui, 20 ans après, ou 25 ans, 30 ans après, on les sent comme si c'était aujourd'hui
15:21 et on a cette fraternité avec les uns et les autres qu'on n'oubliera jamais.
15:26 Le destin d'Abdelatif Benazie va basculer le 17 juin 1995.
15:35 Ce jour-là, il va devenir le héros de la demi-finale contre l'Afrique du Sud.
15:39 Quelques semaines plus tard, Nelson Mandela lui adresse une lettre solennelle.
15:43 Le sport a le pouvoir de changer le monde, parce qu'il a le pouvoir d'inspirer les êtres.
15:48 Autour de nous, rares sont les actions capables d'unir les peuples.
15:51 C'est avec beaucoup de respect, Abdel, que je vous écris ces lignes.
15:55 Comment le destin d'Abdelatif Benazie a-t-il été bouleversé par Nelson Mandela ?
16:00 C'est ce que je vous propose de découvrir dans la seconde partie de cet épisode du podcast "Les géants du rugby".
16:06 et de la vie.

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