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Décarbonation, taxes sur les aéroports, 90 ans de Air France... Anne Rigail est l'invitée de RTL Matin.
Regardez L'invité de RTL du 28 septembre 2023 avec Amandine Bégot.

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Transcription
00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 RTL matin
00:06 RTL 7h40 aux 3, excellente journée à vous tous qui nous écoutez.
00:10 Hermotine Bégaud, vous recevez ce matin Anne Rigail, la directrice générale d'Air France.
00:13 Anne Rigail, Air France a passé cette semaine une grosse commande à Airbus, 50 avions long courrier des A350.
00:19 Ça veut dire que ça y est, la crise Covid est derrière vous.
00:22 Alors, ça n'a rien à voir avec la crise.
00:25 Alors, 50 avions pour le groupe Air France et KLM, donc pour les deux compagnies.
00:30 On avait pris la décision en 2019 d'accélérer le renouvellement de notre flotte.
00:34 Et malgré le Covid, on a maintenu cette décision, on l'a accéléré pour trois raisons.
00:39 D'abord, chaque Airbus 350 qui rentre dans notre flotte, c'est 25% de CO2 émis en moins.
00:44 Donc, c'est le premier levier de notre décarbonation.
00:48 Le deuxième point, c'est que c'est aussi 25% de fuel consommé en moins.
00:52 Et le fuel, c'est 20-25% de nos coûts, donc ça nous fait baisser nos coûts unitaires.
00:56 Et enfin, chaque nouvel avion, ce sont des nouvelles cabines et une offre au client meilleur standard.
01:01 Décarboner l'aviation, c'est une priorité aujourd'hui ?
01:04 C'est absolument essentiel, c'est crucial, c'est existentiel pour nous.
01:08 C'est une façon peut-être aussi de répondre aux critiques qu'on entend beaucoup.
01:11 Je voulais vous faire entendre Jean-Marc Jancovici, qui est spécialiste du climat.
01:15 Il était l'invité dimanche du grand jury sur RTL.
01:17 Et il a expliqué que si on voulait tenir nos engagements, il faudrait sans doute réduire à 4 le nombre de voyages en avion par personne au cours de sa vie.
01:27 4 voyages seulement pour chaque être humain qui vit sur notre planète.
01:30 Ça vous agace, j'imagine, ce genre de discours ?
01:32 Ça ne m'agace pas, mais je crois que c'est un raisonnement qui se limite aux frontières de l'Hexagone.
01:37 Et nous, on est dans une concurrence mondiale.
01:40 On voit les croissances du transport aérien qui ne se font pas aujourd'hui en Europe, qui se font en Inde, en Chine, en Afrique.
01:47 Parce que dans ces continents, il n'y a pas le choix, les infrastructures de train sont extrêmement chères, ne se développeront pas à la même vitesse que l'aérien.
01:55 Et donc le sujet, il faut l'englober avec une vision mondiale.
01:59 Et donc nous, notre credo, c'est plus avec effectivement toute la filière aéronautique française,
02:04 puisqu'on a la chance de produire la moitié des avions du monde, de donner le ton sur comment on décarbone un transport aérien
02:12 qui de toute façon, pour la plupart du CO2 émis et de sa croissance, se fait à l'extérieur de la France.
02:17 Donc finalement, le problème, il n'est pas franco-français. On se trompe quand on regarde ça comme ça.
02:21 Il est aussi franco-français.
02:23 L'avion, ça pollue 14 fois plus que le train, pour schématiser. Ce sont les chiffres de l'ADEME.
02:27 Oui, c'est aussi 3% des émissions quand on regarde les émissions de CO2.
02:31 Donc les chiffres, on peut leur faire dire ce qu'on veut.
02:34 Je crois que chaque secteur doit se décarboner. L'aérien doit se décarboner.
02:37 Et aujourd'hui, se dire qu'on pourrait imposer une règle aux Indiens, aux Chinois sur leur taux de croissance, me paraît assez peu crédible.
02:45 Le gouvernement a finalement renoncé à augmenter la taxe sur les billets d'avion.
02:49 Ce sont les aéroports.
02:51 Ça a été rendu public hier, qui devront être mis à contribution pour financer notamment le transport ferroviaire.
02:56 C'est inscrit dans le budget qui a été présenté hier.
02:59 Ce n'est pas forcément une bonne nouvelle pour une compagnie comme Air France,
03:02 puisque ADP a d'ores et déjà annoncé qu'il allait répercuter tout ça sur les compagnies aériennes.
03:07 Ça vous inquiète, ça ?
03:08 Alors oui, ce n'est pas du tout une bonne nouvelle,
03:10 puisque effectivement, nous savons que les aéroports déverseront ces surcoûts sur les compagnies aériennes.
03:17 J'en profite pour dire que quand on regarde une compagnie comme Air France,
03:21 on paie 3 milliards par an de taxes, d'impôts, de redevances.
03:25 3 milliards de taxes ?
03:26 Oui, donc quand on entend que le transport aérien n'est pas taxé, ce n'est pas une réalité.
03:30 J'en profite pour le dire.
03:31 Ce qui nous pose problème dans ce projet de loi, c'est que seuls les gros aéroports seront concernés.
03:38 Les aéroports parisiens, Roissy, Orly, les gros aéroports de province,
03:42 sur lesquels Air France, mais aussi l'ensemble des compagnies françaises, opèrent majoritairement,
03:47 alors qu'un aéroport comme Beauvais, sur lequel une locosse étrangère opère,
03:51 ne sera pas concerné parce qu'il n'a pas le niveau d'activité et de chiffre d'affaires.
03:55 Donc ça, ça nous pose un problème.
03:56 Donc c'est une balle dans le pied, en fait. Dans le pied des compagnies françaises en tout cas.
03:59 Oui, dans le pied des compagnies françaises.
04:00 Quand on regarde les niveaux de trafic depuis 15 ans,
04:03 le poids des compagnies françaises, du pavillon français, régressent d'année en année.
04:08 Donc pour nous, ça induit une nouvelle distorsion de concurrence qui va nous faire du mal.
04:13 Qui va vous faire du mal, en même temps, ça vous semble logique de contribuer à cet effort-là ?
04:19 Ce qui nous semble logique dans les taxations, on n'est pas contre les taxations,
04:23 c'est d'abord qu'elles n'induisent pas de distorsion de concurrence,
04:25 ce qui n'est pas le cas de cette taxe en particulier.
04:28 Et par ailleurs, qu'elles puissent aussi bénéficier à la décarbonisation de notre secteur,
04:35 qui est extrêmement chère. Acheter des nouveaux avions, c'est cher.
04:39 Investir dans le carburant durable, c'est cher.
04:43 On parle de centaines de millions, voire de milliards à l'horizon du temps.
04:46 Le président avait annoncé 300 millions d'euros pour la décarbonisation des avions par an.
04:50 300 millions, ce n'est pas suffisant ?
04:52 300 millions d'investissements dans la filière, effectivement.
04:56 Un investissement plutôt "one-off" dans les carburants durables.
05:01 Ça veut dire quoi "one-off" ?
05:03 "One-off", pardon, ça veut dire effectivement une subvention pour initier, je dirais,
05:09 et encourager le développement de la filière de carburants durables,
05:12 qui est essentielle, donc on le soutient.
05:14 Et ces annonces, on les a accueillies avec beaucoup de positifs.
05:18 Pour autant, quand on regarde les chiffres d'investissement nécessaires
05:22 pour décarboner une compagnie aérienne,
05:24 et nous croyons à la capacité de décarboner notre industrie,
05:28 nous avons fixé un objectif de 30% d'émissions de CO2 en moins à l'horizon 2030,
05:33 pour Air France, par rapport à 2019.
05:35 Très clairement, les surcoûts se comptent plutôt en centaines de millions,
05:39 déjà en 2023, et en milliards à l'horizon 2030.
05:42 Anne Rigaille, pour être très concrète, qu'est-ce que vous dites ce matin au gouvernement ?
05:46 Oui, on est prêt à faire un effort, mais il faut que ce soit tous les aéroports
05:49 et que ça s'applique à toutes les compagnies, par exemple ?
05:51 Oui, il nous paraît logique que les compagnies françaises
05:54 ne payent pas l'essentiel des taxations françaises.
05:57 On parlait de décarbonation, l'avion propre, c'est pour quand ?
06:01 Alors, l'avion propre, déjà il existera plutôt sur des courtes distances,
06:05 donc plutôt du moyen courrier, donc en électrique ou en hydrogène,
06:09 ce n'est pas tout de suite, et c'est pour ça qu'aujourd'hui,
06:12 on essaie d'activer les leviers qui sont immédiatement disponibles.
06:15 Je vous citerai rapidement les trois essentiels.
06:18 Le renouvellement de la flotte, et là, un milliard d'euros d'investissement par an,
06:22 on peut difficilement aller plus vite que ce que nous faisons.
06:25 Le carburant durable, je crois que le groupe Air France-KLM a consommé 17%
06:29 du carburant durable qui est produit dans le monde, alors qu'on ne représente que 3% de l'activité.
06:33 Donc ça montre qu'on veut être pionnier, même si aujourd'hui c'est seulement 1%
06:36 de carburant durable que nous mettons dans nos avions,
06:38 à l'horizon 2030 on veut en mettre 10%, et puis l'éco-pilotage,
06:41 avec des pilotes très engagés pour réduire leur consommation à chaque fois que c'est possible.
06:45 - Et des formations particulières, les avions en attendant, effectivement,
06:49 volent avec du carburant qui est moins propre, moins durable.
06:53 Ça pèse les prix du carburant, ça pèse sur votre activité ?
06:56 On en parle beaucoup pour les automobilistes, on en a moins parlé dans l'aviation, c'est le cas ?
06:59 - Absolument, c'est 20 à 25% de nos coûts, donc effectivement, en ce moment,
07:04 le fuel est en train de remonter, et oui, ça pèse dans nos coûts.
07:09 - J'additionne donc, vous me disiez, quelques euros sans doute,
07:13 après la taxe sur les aéroports, le prix du carburant qui augmente,
07:17 à quelle échéance il faut voir nos billets d'avion augmenter ?
07:20 D'ici 6 mois, 1 an ?
07:22 - Non, je crois qu'il y a eu déjà effectivement une inflation,
07:26 comme dans tous les secteurs, qui a marqué les billets d'avion,
07:30 même si nous essayons de contenir nos coûts.
07:33 Il faut comprendre qu'on est dans une concurrence absolument internationale,
07:37 sur Paris-New York, vous allez avoir une dizaine de compagnies,
07:40 donc nous ne décidons pas, de manière isolée, d'augmenter nos prix.
07:44 C'est effectivement l'ensemble du secteur qui va réguler ses prix,
07:48 et c'est une bonne garantie pour le consommateur.
07:51 - Anne Riegey, Air France va fêter ses 90 ans le 7 octobre prochain,
07:54 et alors j'ai découvert que ce sont des journalistes qui ont trouvé le nom Air France.
07:58 - Moi aussi !
08:00 - Mais c'est drôle quand même ! Est-ce que ça se passe en conférence de presse ?
08:04 - Et c'était une bonne idée d'un journaliste de nous appeler Air France,
08:09 parce que cela nous oblige à proposer le meilleur de la France à nos clients.
08:13 Donc l'ensemble de nos collaborateurs sont très engagés là-dedans.
08:17 - Voilà, il fallait. Louis Allègre, qui était directeur général de la Nouvelle Compagnie en 1933,
08:21 dit aux journalistes qui sont en face de lui "il faut que je trouve un nom, est-ce que vous avez une idée ?
08:24 Il faut qu'on le reconnaisse dans le monde entier."
08:27 Et c'est un journaliste du quotidien Le Journal qui propose Air France.
08:32 - Merci à lui.
08:34 - Et voilà, ça fait 90 ans que ça dure, 30 ans que vous êtes dans la compagnie Air League Air.
08:38 - Oui ! - Merci beaucoup !
08:40 [SILENCE]

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