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Écoutez l'interview de la maire LR du 7e arrondissement de Paris, ancienne Garde des Sceaux.
Regardez L'invité de RTL du 03 juillet 2023 avec Amandine Bégot.

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Transcription
00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 RTL Matin
00:06 Il est 7h44 avant de retrouver Rachida Dati, peut-être une petite précision de chiffre, cher Martial ?
00:12 - Oui, heureusement Rachida Dati était là pour me remettre dans le droit chemin.
00:17 Oui, c'est 44 milliards bien sûr que Elon Musk a payé pour Twitter.
00:20 - Bonjour Rachida Dati, merci d'être avec nous sur RTL.
00:24 Je rappelle que vous êtes maire du 7e arrondissement de Paris et que vous avez été notre ministre de la justice garde des Sceaux.
00:29 Commençons par le bilan de la nuit dernière, il semble divisé par 10 en matière d'arrestations et de violences.
00:34 Pensez-vous que la stratégie du gouvernement soit la bonne ?
00:36 - Aujourd'hui la stratégie que nous devons soutenir c'est d'être aux côtés des forces de sécurité,
00:41 pour rétablir l'ordre, pour rétablir l'autorité. Elle est là l'urgence.
00:45 - Qu'est-ce qui peut faire rentrer chez eux les incendiaires ? La réponse policière ?
00:49 - Et la réponse pénale. Parce que la sanction pénale doit être...
00:53 elle est certes répressive mais elle doit être aussi dissuasive. Si évidemment des peines exemplaires ne sont pas prises,
01:01 ne sont pas prononcées, c'est pas ce qui va dissuader les émeutiers.
01:05 - De remarque, les prisons sont pleines et vous connaissez très bien cette maison.
01:09 Chez moi c'est pas facile facile de... On va pas juger les gens comme ça du jour au lendemain, vous le savez très bien.
01:14 - Il y a des comparutions immédiates, d'ailleurs les tribunaux font des audiences très longues,
01:19 quasiment tous les jours, vous reprenez tous les tribunaux. Les prisons sont pleines, à qui la faute ?
01:23 - Les greffiers... - D'accord, oui. Moi j'ai été longtemps aux côtés des greffiers.
01:27 J'ai renforcé leurs moyens quand j'étais garde des Sceaux parce que l'institution judiciaire repose beaucoup,
01:33 pour ne pas dire majoritairement, sur ces greffiers. Mais les prisons sont pleines, à qui la faute ?
01:39 C'est pour ça que je m'étonne du silence assourdissant de la gauche qui n'a pas construit des places de prison,
01:44 qui n'a pas voulu construire des prisons dignes. Tout le monde est là à se gargariser en disant
01:50 "les prisons sont indignes, mais faudrait peut-être construire des prisons dignes".
01:54 Moi c'est ce que j'ai fait quand j'ai été garde des Sceaux, j'ai pris mes responsabilités.
01:57 Mais la gauche responsable, où est-elle ? Celle qui a prôné le droit à la différence, la victimisation,
02:04 l'excuse sociale, le clientélisme avec les associations. On voit le bilan aujourd'hui, on voit le résultat.
02:10 On n'entend pas la gauche, on n'entend pas la gauche, elle est où ?
02:13 - Rachid Alati, quelle est la bonne sanction à apporter aux faiteurs de trouble en ce moment ?
02:18 - Ces émeutiers, c'est une minorité qu'il faut sanctionner lourdement.
02:23 - Une minorité, vous en êtes sûre ?
02:24 - Mais bien sûr c'est une minorité dans ces quartiers. Il y a quand même des millions de personnes
02:28 qui habitent dans ces quartiers qu'on appelle populaires et qui n'ont rien de populaire.
02:33 Il faut quand même aussi mettre les mots sur la réalité. J'entendais l'édito tout à l'heure d'Alba Ventura,
02:41 et puis un reportage tout à l'heure, qui parlait "ce sont des habitants des quartiers",
02:45 et puis "j'ai plus de camions, je ne peux plus travailler, ça fait six mois que je me suis engagée,
02:51 j'ai tout perdu". Ce sont les habitants qui sont victimes de ces émeutiers,
02:55 ces émeutiers qui sont très jeunes, qui ont décroché scolairement depuis très longtemps,
03:01 et qui vivent de quoi ? Qui vivent dans l'illégalité des trafics.
03:04 Moi je vais vous dire une chose M. Calvi, c'est pour ça que je suis très en colère,
03:07 parce que parfois on n'échappe pas à son enfance.
03:09 Ça me renvoie à quoi ? Ça me renvoie à ce que j'ai vu, ce que j'ai vécu pendant longtemps.
03:13 Je pensais qu'à un moment donné, ça allait un peu s'améliorer.
03:17 On a tenté, mais on est à chaque fois attaqué.
03:20 Rappelez-vous, moi je me souviens, quand on a voulu réduire les inégalités
03:23 par la discrimination positive, on a été attaqué par la gauche.
03:26 Quand on a créé les internats d'excellence pour prendre en charge des enfants
03:29 qui n'étaient pas encore abîmés par un environnement, la gauche les a supprimés.
03:33 - Et au gouvernement, vous n'avez rien pu faire ?
03:35 - Bien sûr que si, regardez sur la justice des mineurs.
03:38 - Et on fait ci. - Non mais sur la justice des mineurs.
03:40 Quand on entend justice des mineurs, on entend justice pénale.
03:44 Mais la justice civile, c'est quoi ? C'est l'assistance éducative.
03:47 C'est la prise en charge de ces mineurs très tôt.
03:50 Elle est sous-dotée. Moi j'ai commencé, j'avais réformé la protection judiciaire de la jeunesse.
03:54 Mais comme c'était la droite, la gauche a tout détruit.
03:57 Moi je suis très en colère contre cette gauche dite responsable qui ne parle pas.
04:01 Là, elle est aux abonnés absents. Elle est planquée.
04:04 Donc aujourd'hui, c'est important de rétablir l'ordre, et on fera le bilan après.
04:09 Mais il est important. Qu'est-ce que je réclame moi dans ces territoires, depuis très longtemps ?
04:13 Je veux vous dire, c'est que l'école, on ait des méthodes d'apprentissage différenciées.
04:17 Qu'on recrée les internats d'excellence.
04:19 Qu'on rétablisse la discrimination positive sur les critères sociaux.
04:23 Qu'on arrête le clientélisme.
04:25 Que la politique de peuplement dans ces territoires ne soit pas de l'entassement de misère.
04:31 - Le clientélisme, que voulez-vous dire ? - Le misère sur la misère.
04:33 - Le clientélisme. - On a déversé, puisqu'on dit,
04:35 on a déversé des milliards avec la politique de la ville.
04:38 Mais il y a eu du bâti, on a repeint.
04:40 Et puis le reste, on a donné à des associations pour tenir le calme.
04:43 - Emmanuel Macron à Marseille, ses clientélistes ?
04:45 - Non mais, à un moment donné, sur la politique... - Répondez-moi.
04:47 - Moi, je veux vous dire, à un moment donné, il faut prendre ses responsabilités,
04:49 et voir à qui on donne de l'argent.
04:51 Parce que cet argent, il a été...
04:53 - Donc faire des choix ?
04:55 - Mais les choix, mais des choix politiques.
04:57 Il faut avoir du courage politique.
04:59 - Le temps filtré. - On a été très lâches pendant trop longtemps.
05:02 - Avant-hier, samedi, le maire de Laillerose et sa famille
05:05 ont fait l'objet d'attaques terribles à leur domicile.
05:08 Une voiture bélia a défoncé leur portail avant d'être incendiée.
05:11 L'épouse du maire a été blessée dans sa fuite avec ses enfants.
05:14 Quelle est votre réaction ?
05:16 - C'est abject, c'est indigne.
05:18 Nous, nous sommes aux côtés de Vincent Jambrain et sa famille.
05:20 On lui a tous témoigné, évidemment, de notre soutien.
05:23 Quel rapport avec la mort de Naël ?
05:25 Quel rapport ?
05:26 Regardez ceux qui ont comparu, tous ces jeunes qui ont comparu,
05:29 notamment au tribunal de Nanterre.
05:31 Je vous invite à regarder des comptes rendus d'audience.
05:33 Que disent-ils ? A quoi rattachent-ils leurs actes criminels ?
05:37 Il n'y a pas un cas cité Naël.
05:39 C'est-à-dire qu'il ne leur attache même pas.
05:41 Ils pourraient dire "j'ai détruit parce que Naël est mort".
05:44 Rien ! Ils disent "oui, je ne sais pas, oui, j'ai fait ça, oui, c'est normal".
05:47 Elle est où la normalité ?
05:49 Le laxisme, ça suffit.
05:51 - Vous nous dites que c'est un prétexte pour aller détruire une partie de la société française ?
05:54 - Bien sûr, c'est ce que je disais.
05:55 Cette minorité, elle doit être sanctionnée, sanctionnée lourdement.
05:58 Et il faudra, à un moment donné, arrêter de mettre,
06:01 à chaque fois, tous les dix ans, un couvercle sur la cocotte minute.
06:04 - Est-ce que vous demandez, comme David Lissnard,
06:06 de se réunir devant les mairies à midi, en signe de soutien à nos mères et à nos élus ?
06:10 - C'est une mesure symbolique.
06:12 Mais le symbole, ça a aussi un sens.
06:14 - La grand-mère de Naël ne cesse d'appeler au calme.
06:17 Quelle est la responsabilité des parents, des familles,
06:19 lorsqu'on voit de très jeunes enfants participer à ces violences ?
06:22 - La responsabilité des parents, elle doit être évidemment restaurée, rétablie, confortée.
06:26 Mais cette responsabilité des parents, souvent, ce sont souvent des mères seules,
06:30 ces mères ont été dépossédées de leur autorité, vis-à-vis de leurs enfants.
06:34 D'ailleurs, la plupart de ces mineurs, qui sont très jeunes,
06:37 ils ont décroché scolairement.
06:39 Donc forcément, il y a des mesures, soit de protection judiciaire,
06:42 soit des mesures éducatives, mais elles sont mises en œuvre quand ?
06:45 Regardez sur l'affaire Naël.
06:47 Il a été placé en garde à vue, quelques jours avant l'issue fatale.
06:51 Et convoqué en septembre.
06:53 Comment voulez-vous qu'un mineur se dise,
06:56 "Ah, ça a été dissuasif."
06:58 Souvent, moi j'ai été aussi magistrat au tribunal de Bobigny,
07:02 avec Jean-Pierre Rosenzweig, avec lequel on...
07:04 Franchement, qui m'a bien formé là-dessus.
07:07 Mais les mineurs, vous leur dites, mais c'est...
07:10 Il faut immédiatement, soit prendre une sanction, soit prendre une mesure.
07:14 - Et on n'est pas dans le faucon Yakar.
07:16 - Mais bien sûr que non ! C'est un choix politique, M. Calvi.
07:20 Je vais vous dire, vous savez, la toxicomanie, le trafic de stupes.
07:24 Je vais vous dire, moi, j'ai vu comment ça s'est passé dans les cités.
07:26 On avait une délinquance très bruyante, très sonore,
07:30 très visible pendant longtemps dans les quartiers.
07:32 Ça s'est transformé en quoi ?
07:34 Par une délinquance très silencieuse,
07:36 qui a été le trafic de stupes.
07:37 Tout le monde s'en est franchement satisfait,
07:40 en disant, "Bon, maintenant ça fait plus de bruit,
07:42 ils vivent entre eux, ils vont s'arranger entre eux,
07:45 ils viennent pas nous déranger."
07:46 Sauf que ça nous explose à la figure.
07:48 Donc ces trafics de stupes, on fait quoi ?
07:50 - Jordan Bardella disait hier soir tel qu'il fallait supprimer
07:53 les allocations aux familles des émeutiers.
07:55 C'est une mesure qui a été proposée par ma famille politique.
07:57 Moi, j'ai toujours été très mitigée.
07:59 - Pourquoi ?
08:00 - Pourquoi ? Moi, je veux dire, je suis une famille de 12 enfants.
08:02 Mes parents se sont battus pour qu'on s'en sorte.
08:05 Et parfois, il y en a un dans la famille
08:08 où ça peut tourner mal, parce qu'il a embarqué.
08:11 Moi, je veux dire, mon père, il avait du mal, évidemment,
08:13 avec la délinquance.
08:14 Moi, quand dans ma famille, un des nôtres a mal tourné,
08:19 il l'a mis dehors.
08:20 Il a vécu dans une cave.
08:21 Parce qu'il savait pas quoi faire,
08:22 il estimait que ça n'avait pas sa place chez lui.
08:25 Qu'est-ce qu'on fait ? On punit toute la famille ?
08:27 Voilà, c'est pour ça que j'étais très mitigée.
08:29 Le sujet aujourd'hui, c'est de revoir l'école,
08:31 les méthodes d'apprentissage,
08:32 de revoir évidemment les associations qu'on subventionne,
08:34 de revoir la politique du logement.
08:36 Parce que tasser la misère sur la misère,
08:38 vous vous retrouvez avec votre cage d'escalier,
08:40 dans votre école et dans le greta du coin.
08:42 Voilà, ça tourne en rond.
08:44 Et à un moment donné, le seul échappatoire
08:46 pour certains mineurs, c'est évidemment
08:48 de vivre dans l'illégalité des trafics.
08:50 - Ce que vous décrivez, en tout cas,
08:51 c'est forcément plusieurs mandats.
08:53 Deux questions à vous.
08:54 - Bien sûr, c'est un travail, c'est du temps long.
08:56 C'est pour ça que moi j'en veux à la gauche,
08:58 quand elle est arrivée au pouvoir,
08:59 d'avoir supprimé les internats d'excellence,
09:01 d'avoir supprimé les centres éducatifs fermés
09:04 avec des prises en charge particulières,
09:06 formation obligatoire, enseignement obligatoire,
09:09 prise en charge avec des soins obligatoires.
09:11 Ça, ça a été supprimé.
09:12 Voilà, je le regrette.
09:13 - Tout ce que vous décrivez depuis un moment
09:14 est une sorte de programme national, Rachida Dati.
09:17 Est-ce que vous savez que votre nom revient régulièrement
09:19 pour être notre prochaine première ministre ?
09:21 - Non mais je vais vous dire...
09:22 - Et qu'en pensez-vous ?
09:23 - C'est un combat de vie.
09:24 Non, c'est un combat de vie.
09:26 - Rachida Dati, première ministre d'Emmanuel Macron,
09:28 est-ce que c'est quelque chose de possible ?
09:30 Voilà, on va être simple.
09:31 - Je vais vous dire, je suis maire du 7e arrondissement,
09:33 je suis présidente du 1er groupe politique à Paris.
09:36 Mon combat, c'est Paris,
09:37 parce que la délinquance, la sécurité,
09:39 le logement social, très dégradé,
09:41 ça, ça existe aussi à Paris.
09:43 Et puis à Paris, il faut savoir,
09:45 quand vous avez certains arrondissements
09:46 dans le 20e, ou dans le 18e, ou dans le 19e,
09:49 vous avez des zones de non-droit,
09:50 des cafés interdits aux femmes.
09:53 Vous avez Avinmax, Dormoi, des mineurs,
09:55 qui sont évidemment, qui se prostituent,
09:58 5 euros la pince.
09:59 Voilà la réalité aussi parisienne
10:01 que je côtoie tous les jours.
10:02 Et cette réalité-là, je la changerai.
10:06 2026, je changerai ça.
10:08 - Mon combat, c'est Paris,
10:09 vient de nous dire Rachida Dati.
10:10 Bonne journée à vous, bon travail.
10:11 - Merci.
10:12 [SILENCE]

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