ÉDITO - Corse: "L'autonomie, ce n'est pas l'indépendance"

  • l’année dernière
Emmanuel Macron a proposé ce jeudi à la Corse "une autonomie dans la République", en prévenant que ce "moment historique" ne se fera pas "sans" ou "contre" l'Etat français.
Transcript
00:00 -On va parler de la Corse, puisque le président de la République
00:04 s'exprimait hier devant l'Assemblée de Corse
00:07 et, pour la première fois, il a parlé d'autonomie.
00:10 On l'écoute.
00:11 -Ayons l'audace de bâtir une autonomie à la Corse
00:18 dans la République.
00:21 Cette autonomie doit être le moyen
00:25 pour construire ensemble l'avenir
00:29 sans désengagement de l'Etat.
00:31 -L'autonomie, pour la Corse, ça signifie quoi ?
00:34 -C'est un mot fort.
00:36 C'est la première fois qu'il est employé par un président.
00:39 Macron promet d'inscrire la Corse dans la Constitution,
00:42 mais tout reste à faire.
00:44 Autonomie, c'est pas l'indépendance.
00:46 L'autonomie, c'est un régime où un Etat reconnaît un territoire,
00:50 certaines spécificités, comme une langue,
00:52 et lui transfère des compétences ou des pouvoirs.
00:56 C'est pas une maladie.
00:57 Ca existe dans beaucoup d'îles en Méditerranée.
01:00 Les Assores et le Portugal, les Baleares et l'Espagne,
01:03 la Sicile et l'Italie bénéficient d'un régime d'autonomie.
01:07 Quelle spécificité on reconnaît et quel pouvoir on transfère ?
01:10 C'est la question. Je vous donne deux exemples.
01:13 La co-officialité de la langue.
01:15 Les autonomistes voudraient que le corse soit l'égal du français
01:19 ou la reconnaissance d'un peuple corse ou un statut de résident.
01:22 On en est loin pour la langue.
01:25 Emmanuel Macron propose de lui donner plus de place
01:27 dans l'enseignement et l'espace public.
01:30 Quant au peuple corse, il faudra se contenter
01:32 de la reconnaissance d'une communauté insulaire,
01:35 linguistique et culturelle.
01:37 Second exemple, le transfert de pouvoir.
01:40 Qu'est-ce qu'on transfère ? Un pouvoir législatif ?
01:43 Pas sur le régalien, parce que sur l'autonomie,
01:46 l'Etat garde la sécurité, la défense.
01:48 Ca, ce sont des dispositions régaliennes.
01:51 Mais sur la santé, l'éducation, la culture, la propriété,
01:54 l'environnement, on transfère tout ?
01:56 Emmanuel Macron propose d'étudier la possibilité
01:59 pour la collectivité de Corse de définir des normes,
02:02 d'adapter des normes.
02:04 Ca se ferait sous le contrôle et la validation
02:07 du Conseil d'Etat et du Conseil constitutionnel.
02:09 -Ca ne va pas se faire tout de suite.
02:12 -Il faut que les Corses se mettent d'accord entre eux.
02:15 Le président leur a donné 6 mois.
02:17 La classe politique corse est divisée
02:19 entre des nationalistes pour l'indépendance,
02:22 des socialistes pour le régime d'autonomie,
02:24 et une classe politique plus traditionnelle,
02:27 composée par les Républicains,
02:29 qui réclament qu'on reste dans le giron de la République
02:32 et qu'on adapte juste à la marge.
02:34 L'été dernier, c'est compliqué.
02:36 Deux propositions sont arrivées
02:38 car ils n'avaient pas été fichus.
02:40 Une fois qu'ils se sont mis d'accord,
02:43 il faut qu'ils se mettent d'accord.
02:45 Les négociations promettent d'être serrées.
02:47 Rien ne pourra se faire contre l'Etat,
02:50 ni sans l'Etat, mais dans la République.
02:52 C'est un "en même temps" facile,
02:54 mais c'est toujours difficile dans la pratique.
02:57 Les Corses doivent se mettre d'accord
02:59 avec les parlementaires,
03:00 car toute modification de la Constitution
03:03 doit être ratifiée par les 3/5 des députés et des sénateurs,
03:06 réunis en congrès.
03:07 Ils ne sont pas d'accord.
03:09 -Merci, Mathieu.

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