BE SMART - Diminution de la masse monétaire

  • l’année dernière
Wilfrid Galand, directeur stratégiste chez Montpensier Finance, peine à rester optimiste sur l’avenir de l’économie mondiale. Il observe une diminution de la masse monétaire qui se généralise à la zone euro et aux États-Unis. Cumulée à la forte remontée des taux d’intérêt, les conditions financières de l’économie mondiale vont se resserrer. Pour lui, ce contexte économique commence à imprégner l’économie réelle.
Transcript
00:00 Et donc pour commencer évidemment Wilfried Galland.
00:07 Salut Wilfried, stratégiste, mon pensier finance.
00:10 Donc j'ai mis Winter is coming après avoir discuté un petit peu avec toi Wilfried de
00:15 ce dont on allait parler pour l'ensemble de ceux qui nous écoutent et qui nous regardent.
00:19 Winter is coming, ça veut dire que t'es pas…
00:22 Je suis pas d'un optimisme démesuré, voilà exactement.
00:26 D'un optimisme débridé.
00:27 Sur quel point le plus important à regarder en ce moment ? Voilà c'est ça qui m'intéresse.
00:33 Pour moi le point important, après il y en a d'autres, mais le point vraiment important
00:39 c'est le fait qu'on a des conditions financières dans l'économie mondiale qui sont en train
00:43 de se resserrer très fortement.
00:45 Ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu'on a des taux d'intérêt qui ont fortement
00:48 remonté, qu'on a surtout une masse monétaire qui est en diminution que ce soit dans la
00:53 zone euro et également aux Etats-Unis et que globalement tout le mouvement dont on
00:59 parle depuis déjà un an de remonter très fort des taux d'intérêt, il est juste en
01:04 train de commencer à infuser dans l'économie réelle et on va avoir de plus en plus ce
01:10 mouvement-là qui va contraindre les mécanismes financiers, les mécanismes de financement
01:14 globalement de l'économie qui fait que dans un contexte de ralentissement économique
01:18 on y viendra zone par zone, on a plus ce soutien qu'on a très longtemps eu.
01:23 On a eu très longtemps un soutien en termes de crédit.
01:26 Attends, attends, parce que le taux d'intérêt, ok, je pense que tout le monde l'a intégré,
01:30 on voit les effets sur le secteur immobilier, d'ailleurs les effets sont mondiaux quand
01:33 on dit, on entend "l'Etat français ne fait rien" etc.
01:37 Il n'y a pas de Pinel en Allemagne.
01:41 Et le secteur immobilier s'effondre de la même façon.
01:44 Heureusement que l'Etat ne fait rien mais en même temps il recommence à faire parce
01:48 qu'il n'arrive pas à ne rien faire, c'est l'Etat français.
01:50 Je referme la parenthèse.
01:51 Donc ça, hausse des taux, aucun problème.
01:54 Masse monétaire, là je dois te dire que je ne maîtrise pas.
01:56 Donc il faut que tu m'expliques un petit peu ce que ça implique ce rétrécissement
02:01 de la masse monétaire, comment ça marche et ce que ça veut dire.
02:04 Qu'est-ce que ça veut dire que la masse monétaire se rétrécit ? Quand on l'apprend
02:07 au sens large c'est le plus intéressant.
02:09 La masse monétaire, quand on parle de M1, M2, M3.
02:12 M1 c'est les pièces et les billets, ça n'intéresse pas énormément de gens.
02:16 M2 vous rajoutez les comptes à vue, les comptes à terme et M3 c'est toute la partie crédit.
02:22 Donc en fait c'est toute la partie de financement à l'économie.
02:25 Et toi tu regardes M3 toi ?
02:26 Exactement.
02:27 Et là ce qu'on voit c'est que par exemple sur la zone euro, on est sur un rythme de
02:31 diminution de la masse monétaire de plus de 1% en annualisé.
02:35 Alors ça peut paraître faible mais normalement la masse monétaire progresse un peu plus
02:40 vite que la croissance du PIB.
02:42 Et quand on a en plus une inflation significative, ça voudrait dire qu'on devrait avoir une
02:48 croissance de masse monétaire qui devrait être au moins de l'ordre de 4 à 5% en
02:53 annualisé.
02:54 Là on est à -1.
02:55 C'est ça, inflation plus croissance économique classique.
02:58 Si on prend ce que l'inflation va être dans les 12 prochains mois plus ce que la
03:03 croissance va être dans les 12 prochains mois, on devrait être effectivement autour
03:06 de 5%.
03:07 On est sur une baisse de 1%.
03:09 Donc ça veut dire que c'est un vrai "credit crunch".
03:12 Exactement, ça veut dire qu'on contraint énormément l'économie et que lorsqu'on
03:16 l'a contraint sur une zone, c'est déjà embêtant.
03:17 Mais qu'on le voit arriver sur plusieurs zones, en particulier la zone euro et la zone
03:23 américaine, toute la zone dollar.
03:26 Et ça, si cet élément là venait seul, ce serait déjà embêtant parce que ça c'est
03:32 effectivement le contexte général dans lequel on évolue.
03:35 Mais en plus ça vient dans un contexte de ralentissement économique qui est quand même
03:39 très puissant, très prononcé sur toutes les zones géographiques.
03:42 On peut arriver, y compris aux Etats-Unis, on commence à avoir des indicateurs qui sont
03:46 quand même un peu plus inquiétants sur la partie Amérique.
03:48 Et donc si on prend ces deux éléments là, ça nous donne effectivement un contexte qui
03:53 est un contexte un peu angoissant sur lequel, alors il ne faut pas se tromper, on a aussi
03:58 quelques éléments dans l'économie mondiale.
04:00 On est un peu angoissé, Wilfried.
04:02 On est angoissé ou on n'est pas angoissé.
04:06 Mais je ne suis pas sûr qu'on puisse être un peu angoissé.
04:08 L'angoisse monte parce que j'ai l'impression que les décideurs économiques n'ont pas
04:15 réellement pris la mesure.
04:17 Mais ils n'ont pas le choix, Wilfried.
04:18 C'est ce que je disais sur l'immobilier, ils n'ont pas le choix.
04:21 Mais le choix en particulier de la part des banquiers centraux, il existe.
04:25 Ce choix là, le choix en termes de communication qui a été fait, et donc la communication
04:31 des banquiers centraux est importante parce qu'elle est performative.
04:34 C'est une communication qui fait des choses.
04:37 Ils nous disent aujourd'hui qu'on a une approche asymétrique.
04:40 C'est-à-dire que si j'ai des bonnes nouvelles sur l'inflation, les taux resteront très
04:43 hauts.
04:44 Si j'ai des mauvaises nouvelles sur l'inflation, j'aurais remonté encore mes taux.
04:48 Ce qui serait plus adapté à la situation, c'est une approche symétrique.
04:53 C'est-à-dire que si l'inflation baisse, on voit qu'elle baisse quand même assez
04:55 sensiblement, alors je suis prêt à baisser les taux.
04:58 Mais c'est ce qui va se passer, Wilfried.
04:59 C'est peut-être ce qui va se passer.
05:00 C'est ce que j'espère qui va se passer.
05:02 Mais aujourd'hui… Mais tu ne peux pas le dire.
05:04 Tu ne peux pas avoir fait tout le boulot que tu as fait depuis la remontée des taux.
05:09 C'est combien ? 18 mois maintenant ?
05:10 C'est mars 2022 pour les Etats-Unis et c'est juillet 2022 pour la BCE.
05:14 Voilà, c'est ça.
05:15 Donc 15 mois avec la violence qui est celle avec laquelle ça a été fait et lâché
05:19 au milieu du guet.
05:20 Ce n'est pas possible.
05:21 Tu dois la tuer une bonne fois pour toute cette inflation.
05:23 En fait, on n'est pas au milieu du guet Stéphane.
05:25 On est à la fin du guet.
05:26 Bah oui.
05:27 Mais si.
05:28 Mais en fait, c'est tout le débat.
05:29 C'est tout le débat.
05:30 Si effectivement on ne peut pas en finir au milieu du guet…
05:31 Au printemps dernier, déjà, tu me disais qu'on était à la fin du guet.
05:33 C'est vrai.
05:34 Et on n'y était pas.
05:35 Et je me souviens très bien, tu voyais, tu disais, l'indicateur avancé, c'est
05:39 les coûts de production en Chine.
05:40 Les coûts de production en Chine sont en train de baisser sensiblement.
05:42 Aux Etats-Unis, on a aujourd'hui une inflation qui est à 3%.
05:46 L'inflation aujourd'hui, elle est à 3%.
05:48 Elle était à 9%, elle est à 3%.
05:50 On peut dire qu'on n'est pas là.
05:51 On n'est pas au bout du guet.
05:52 On n'est quand même pas loin.
05:53 Même si tu es sur des grèves qui vont se multiplier pour des rattrapages de conditions
05:57 de salaire, etc.
05:58 Et qui peuvent te relancer la machine encore aujourd'hui.
06:00 Non.
06:01 Les salaires suivent…
06:03 Quand on regarde qu'est-ce qui est un déterminant de quoi les salaires suivent l'inflation,
06:09 l'inflation ne suit jamais les salaires.
06:10 Il y a des études très intéressantes de Shapiro de la Banque de New York qui montrent
06:13 qu'effectivement, pour connaître l'évolution des salaires, il faut regarder l'évolution
06:17 de l'inflation.
06:18 Tu m'avais déjà dit ça.
06:19 La boucle prix-salaires pour toi, c'est une foutaise.
06:20 Non.
06:21 Ça n'existe pas.
06:22 Il y a un rattrapage.
06:23 Et heureusement, il y a un rattrapage progressif.
06:24 Sinon, on aura quand même un léger problème de niveau de vie général dans nos économies.
06:27 Là, on a effectivement un sujet qui est un sujet fondamental qui est que tous les indicateurs…
06:32 Quand on regarde…
06:33 Tu parlais à l'instant de l'État français qui a tendance à intervenir énormément
06:37 dans l'économie.
06:38 Si on regarde des États qui n'interviennent que très peu dans l'économie.
06:40 Par exemple, l'État néerlandais qui intervient très peu dans l'économie.
06:43 Aujourd'hui, on est à des taux d'inflation aux Pays-Bas, pareil d'ailleurs en Espagne,
06:47 en Europe, qui sont inférieurs à 3%.
06:49 L'Espagne est très spectaculaire aussi.
06:51 Voilà.
06:52 On était à 16%, on est à 3%.
06:53 Ça y est.
06:54 Le mouvement, il est fait.
06:55 Et lorsque Christine Lagarde nous dit à Jackson Hole en août, le problème aujourd'hui
07:00 de l'économie mondiale…
07:01 Magnifique discours d'ailleurs.
07:02 Le problème de l'économie mondiale, c'est un problème d'offres qui est perturbé,
07:05 offre de travail, offre de financement, offre de biens et services.
07:08 Elle reconnaît en contrepoint que les banques centrales n'interviennent pas sur l'offre.
07:14 Ils n'interviennent que sur la demande via le crédit.
07:16 Et donc là, il est nécessaire d'alléger la contrainte supplémentaire.
07:20 Alors là, je suis totalement d'accord avec toi.
07:22 On a de nouveau des contraintes sur l'offre.
07:24 On a de nouveau des contraintes sur le pétrole.
07:25 On a de nouveau des contraintes potentielles sur l'approvisionnement de l'économie
07:28 mondiale.
07:29 Donc on pourrait avoir des indicateurs de l'inflation qui remontent, mais sans aucun
07:32 lien avec un excès de demande.
07:34 Aucun, au contraire.
07:35 La demande est en train de baisser partout.
07:37 Elle baisse en Chine, elle baisse en Europe, même aux Etats-Unis, elle est en train de
07:39 baisser.
07:40 Donc là, il est important de retrouver un certain équilibre pour alléger ce début
07:44 d'angoisse.
07:45 D'accord, mais c'est quand même…
07:46 Moi, tu peux le prendre dans tous les sens.
07:48 C'est quand même cette baisse de demande qui, à un moment, peut te soulager la tension
07:52 sur les prix.
07:53 On est tous d'accord, et on en a parlé l'année dernière, et le débat a été
07:55 passionnant.
07:56 C'est une inflation exogène, c'est une inflation qui vient d'en dehors de ta zone.
08:00 De quoi tu as l'air à essayer de penser que tu peux la contrôler ?
08:02 Ben oui, mais en même temps, il faut que tu fasses le maximum de ce que tu peux faire
08:06 pour essayer de la contrôler, parce que c'est le vrai cancer de l'économie.
08:09 Non, ce n'est pas vrai.
08:11 Le vrai cancer de l'économie, ce serait une dépression.
08:13 Parce que si on n'a aucune inflation, voire une déflation, et on a une économie en contraction,
08:19 là, on a un véritable problème.
08:20 Parce que contrairement à ce que disent les banquiers centraux qui nous cessent de nous
08:22 répéter, si jamais on a un souci de croissance et si on a un souci de ralentissement trop
08:27 fort, on sait comment on soutient l'économie.
08:28 Ça ne marche pas.
08:29 La seule façon de relancer l'économie et de contrer la déflation, ça a été d'avoir
08:32 un déficit fiscal américain de 20%.
08:34 C'est la seule solution.
08:36 Et ça, tu dis, impossible de le retrouver en année préélectorale.
08:40 Exactement.
08:41 Et la seule question qui se pose aujourd'hui, parce que tu as totalement raison sur le fait
08:43 de l'objectif d'inflation et le fait de contraindre l'inflation par la demande, c'est
08:47 de savoir si on est prêt à payer le prix.
08:49 Est-ce que le prix à payer pour ça, est-ce qu'il n'est pas disproportionné ?
08:51 Mon opinion profonde, c'est que le prix à payer pour ramener à toute force l'indicateur
08:57 retardé qu'est l'inflation en dessous de 2%, il serait extraordinairement coûteux.
09:03 Et ce prix-là, je pense qu'on n'est pas collectivement prêt à le payer.
09:07 Pas de soutien budgétaire, je le dis d'un mot, mais pas de soutien budgétaire.
09:11 Aux Etats-Unis, qui est quand même ça, tu es constant, Wilfried, c'est le marché directeur.
09:16 On dira un mot de la Chine.
09:18 Parce que les républicains bloqueront de toute façon toute velléité de dépenses
09:22 exceptionnelles.
09:23 Exactement, on le voit, on a des discussions budgétaires qui sont proprement insensées
09:30 sur le fait qu'on peut avoir un blocage complet du budget américain pour un certain
09:35 nombre de semaines parce que les républicains n'arrivent pas, y compris entre eux, à
09:39 se mettre d'accord.
09:40 On vient d'une situation, et ça il faut bien l'avoir en tête, on vient d'une situation
09:45 sur les 12 derniers mois où le déficit primaire américain, ça veut dire hors paiement des
09:49 intérêts, véritablement ce qui est injecté dans l'économie, c'est pour ça que c'est
09:53 important, s'est accéléré, s'est creusé de 5% du PIB.
09:58 Ça veut dire qu'on a injecté 5% du PIB dans l'économie dans les 12 derniers mois.
10:02 Du PIB américain.
10:03 Du PIB américain.
10:04 Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que pour continuer ça, il faudrait qu'on ait de nouveau
10:10 un relâchement des règnes budgétaires.
10:13 On voit qu'on n'est pas du tout dans cette hypothèse-là aux Etats-Unis et dans les
10:16 Etats-Unis.
10:17 On comprend très bien que les républicains ne laisseront pas faire si ça donne une
10:20 chance de réélection à Biden.
10:21 Ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu'on a un soutien monétaire qui est totalement
10:25 en restriction et un soutien budgétaire qui va s'arrêter.
10:28 Donc là, il faudrait qu'on ait un peu de bonnes nouvelles, au moins sur un de ces deux
10:32 plans et au moins sur une des zones géographiques.
10:34 Quand on s'est quitté aussi au printemps dernier, tu avais une conviction que derrière
10:39 je partageais évidemment, puisque quand tu as une conviction je la partage, qui était
10:43 la relance chinoise.
10:44 Et puis en fait, il n'y a pas de relance chinoise.
10:45 Exactement.
10:46 Et ça, ça a été mon immense déception.
10:47 C'est-à-dire que le raisonnement que j'avais tenu, c'était que la croissance économique
10:53 était en très forte diminution en Chine et que les impacts sociaux sur le pacte social
10:58 chinois étaient tellement forts que Xi Jinping n'allait pas avoir d'autre solution que
11:03 de relancer massivement la demande, à la fois en termes d'investissement, ce qu'on
11:06 voit un tout petit peu en ce moment, mais surtout en termes de demande finale.
11:09 Et ce qu'on voit régulièrement maintenant dans les discours de Xi Jinping, c'est qu'il
11:13 refuse ça, systématiquement.
11:15 Et pour lui, c'est la grandeur avant la croissance et la souveraineté avant la prospérité.
11:20 Mais pourquoi ça s'opposerait à la grandeur et la croissance ?
11:23 Parce que pour lui, la grandeur c'est la certitude de pouvoir financer ce qui est essentiel
11:29 à la souveraineté.
11:30 Et donc il ne veut pas utiliser des ressources budgétaires et des ressources financières
11:33 qu'il considère comme contraint, à mon avis à tort, en disant "je ne veux pas recommencer
11:37 l'erreur de 2008".
11:38 Pour lui, 2008, le fameux plan de relance de 25% du PIB chinois qui a été injecté
11:43 à la fois dans l'économie, qui nous a permis de sortir aussi de la crise de 2008, pour
11:46 lui c'était une erreur.
11:47 Ça a fragilisé le système financier.
11:49 Pour moi, ça n'en était pas une, parce que quand on regarde par exemple ce qui se
11:52 passe avec le Japon, quand vous avez des dettes japonaises qui sont détenues par les
11:57 japonais, c'est pas un problème.
11:58 Et ça n'a jamais gêné les dirigeants chinois de ruiner leur peuple.
12:00 Donc en fait, c'est pas un problème de se financer.
12:03 Oui, et puis t'as quand même des réserves de change considérables.
12:05 Exactement.
12:06 Et en fait, par une espèce de retour à une orthodoxie budgétaire qui se veut un des
12:11 piliers de la puissance, il refuse de relancer.
12:13 Il va résister, parce qu'il est partout.
12:15 C'est le chiffre qu'on avait nous au printemps dernier, c'est Laurence D'Asiano d'ailleurs
12:18 la première, je m'en souviens, qui nous l'avait apporté.
12:20 20% de taux de chômage chez les jeunes, plus de 20% de taux de chômage chez les jeunes.
12:23 C'est un chiffre compliqué à gérer quand même, un qu'on est en train de voir partout
12:26 d'ailleurs, avec des implications énormes.
12:28 C'est le pacte social chinois qui s'effondre.
12:30 Et d'ailleurs, pour ne plus gérer ce chiffre, maintenant il n'est plus publié.
12:32 Voilà, il est plus publié.
12:33 Voilà, exactement.
12:34 Tout à fait.
12:35 Tellement il est compliqué à gérer.
12:36 Et donc ce qu'on voit effectivement, c'est aussi une des graines d'espoir quand même
12:40 dans l'économie mondiale, c'est qu'on voit qu'on a un retour léger des investissements
12:44 en Chine et des investissements dans les infrastructures.
12:47 Ça, on le voit depuis un mois.
12:48 On commence à avoir quelques pouces verts de ce côté-là, mais pas véritablement de
12:54 relance de la demande finale chinoise.
12:56 On commence à avoir un certain renouveau industriel.
12:58 Ça peut redémarrer un petit peu par là, mais pour moi, ce ne sera pas suffisant.
13:01 J'ai toujours un truc là-dessus, Wilfried.
13:03 On n'a pas souvent parlé ensemble, mais tout ce que tu viens de dire là, forcément,
13:08 tu t'appuies sur les statistiques officielles pour le dire.
13:10 Bien sûr.
13:11 Et donc, il y a quand même une espèce de devoir de vérité des Chinois.
13:16 Ils publient quand même des statistiques.
13:18 D'ailleurs, ils ont même si ils arrêtent de… ils préfèrent arrêter de publier
13:21 le taux de chômage des jeunes plutôt que de le bidonner.
13:24 Ils pourraient sortir une statistique bidonnée, évidemment.
13:27 Non, ça, ils ne le font pas.
13:29 Non, ils ne le font pas.
13:30 Mais ils sortent à quand même une certaine rigueur.
13:31 Il faut analyser, mais une certaine rigueur.
13:33 En revanche, ce qu'on voit depuis désormais, depuis Xi Jinping, depuis une dizaine d'années,
13:40 c'est qu'on a de moins en moins de statistiques.
13:42 C'est-à-dire que le volume de statistiques chinois est en train de baisser de façon
13:46 très spectaculaire.
13:47 On avait un champ de statistiques très, très important, y compris dans les provinces chinoises,
13:52 dans les régions, dans les communes, ce qui était une masse très importante à exploiter
13:55 pour les chercheurs.
13:56 On en a de moins en moins.
13:57 Je sens que le pays aussi, de ce point de vue-là, se referme.
14:00 Il ne veut pas aller jusqu'à bidonner les chiffres.
14:02 Ce serait, je pense, une atteinte au mandat du fils du ciel, qui doit quand même veiller
14:08 à l'harmonie.
14:09 Mais pour justement éviter de se mettre lui-même en difficulté, il publie de moins en moins.
14:14 Et ça, c'est quand même le signal d'une confiance, je pense, relativement faible
14:18 dans les fondamentaux économiques aujourd'hui du pays.
14:20 Je me souviens que vous regardiez, vous analysiez la réalité de la croissance, à travers
14:23 la consommation d'électricité notamment.
14:25 Donc on en a encore.
14:26 Ça veut dire que, parce que moi j'avais un peu l'impression quand même depuis 18
14:31 mois que c'était la récession la plus annoncée de l'histoire et qu'elle ne venait pas.
14:36 Bon, il suffisait d'attendre.
14:38 C'est ça que tu me dis.
14:39 Patience et longueur de temps font plus que…
14:41 En tout cas, les éléments sont là.
14:42 On va avoir un renouveau probablement via l'industrie, mais je pense qu'il va falloir
14:46 encore attendre un peu et que les prochains mois seront effectivement compliqués.
14:49 Tu ne crois pas qu'à ce moment-là, la réaction des banques centrales sera aussi
14:52 rapide finalement que ce qu'elle a été ?
14:54 En fait, je l'espère.
14:55 Je l'espère, mais je vais être très modeste là-dessus.
14:59 Je me suis tellement trompé sur cette nécessité absolue de la part des banquiers centraux
15:05 de retrouver de l'équilibre et de retrouver effectivement une approche qui permette d'avoir
15:09 à la fois la stabilité financière et la contrainte sur l'inflation que j'en viens
15:13 à douter effectivement de leur volonté vraiment de retrouver cet équilibre-là.
15:17 Oui, mais tu leur reproches d'être monté trop haut, trop fort.
15:19 N'empêche qu'ils ont retrouvé de la marge de manœuvre.
15:21 Une marge de manœuvre qu'on n'imaginait pas qu'ils puissent retrouver il y a deux
15:25 ans quand on était encore en taux négatif et qu'on se demandait comment on allait
15:28 en sortir.
15:29 Je pense que le prix de cette marge de manœuvre a été extraordinairement élevé.
15:32 On n'a pas commencé à le payer.
15:33 Et on est juste au début des conséquences.
15:38 C'est ça un petit peu qui m'inquiète.
15:40 Donc là, il est important effectivement que très rapidement la raison revienne et
15:43 les équilibres reviennent.
15:44 C'est effectivement ce que j'espère.
15:46 Mais bon, attendre et voir.
15:48 Et se mettre à l'abri quand même.
15:52 Un petit peu.
15:53 Mais je reviens d'optimiste, c'est promis.
15:57 Mais pas maintenant.
15:58 Bon, Wilfried Galland qui nous accompagnait.
16:00 On va aller voir ce que ça donne justement.
16:01 Non pas la valse des étiquettes, mais la valse des consommateurs autour de la grande
16:06 distribution.
16:07 Vous allez voir, les chiffres sont quand même assez impressionnants.

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