Retrouvez l'édito média de Cyril Lacarrière sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-chronique-mediatique
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00:00 Les médias, Cyril, on commence cette semaine par une claque !
00:03 Je reste dans le thème, plutôt 164 crochets à la sidérique Droumbé ! Et qui les a pris ?
00:08 Et bien, c'est Bernard Arnault ! C'est pas tous les jours que l'homme le plus riche du monde reçoit autant de taloches, jeudi soir.
00:13 Son candidat pour diriger Les Echos a été sèchement rejeté par la rédaction.
00:17 164 voix contre, 60 pour, cette nuit les 14 abstentions.
00:21 C'est un énorme camouflet pour François Vidal qui se présentait, pourtant numéro 2 de la rédaction depuis plusieurs années.
00:27 En interne, on parle d'un candidat qui n'avait pas la stature pour le job.
00:30 Comme une preuve pour certains, la grande photo, mercredi, en der des Echos du défilé Dior, lors de la Fashion Week.
00:36 Dior qui appartient à l'VMA, je pars dis, comme le journal.
00:39 Mais sans que ce lien ne soit précisé.
00:41 Tout ça la veille du vote de la rédaction, c'est clairement une faute de quart.
00:44 Ce vote, c'est aussi un revers cinglant pour Pierre Louet qui dirige le groupe Les Echos.
00:48 Et donc, un message musclé envoyé à Bernard Arnault, le propriétaire de ces médias.
00:52 Alors maintenant, qu'est-ce qui va se passer ?
00:54 A ce stade, c'est silence radio du côté de la direction.
00:57 Elle a été scotchée par ce résultat.
00:58 Personne n'imaginait que Vidal serait blackballé.
01:01 Et donc, du coup, personne n'a prévu de plan B.
01:03 En fait, la question qui se pose maintenant, c'est de savoir si le vote de la rédaction des Echos
01:07 ne va pas tout simplement coûter sa place.
01:09 A Pierre Louet, l'ancien directeur des Echos d'Orange, pardon, nommé PDG des Echos du Parisien il y a 5 ans,
01:15 pourrait payer cette mauvaise séquence.
01:17 Pour vous, ce vote est aussi le signe d'une période difficile pour Bernard Arnault ?
01:20 Oui, c'est un homme qui prend rarement des claques, c'est un homme à qui on dit rarement non.
01:23 Et plus généralement, c'est un homme qui obtient à peu près tout ce qu'il veut.
01:26 Il a même le couple Jay-Z, Beyoncé, assis à côté de lui lors des défilés.
01:30 Alors vous imaginez s'il a du pouvoir.
01:32 Seulement voilà, depuis quelques mois, côté média, ça grince.
01:35 Je viens de vous détailler son impasse avec les Echos.
01:37 Mais ce n'est pas le seul problème.
01:38 En 2015, LVMH rachète le Parisien, un joli coup.
01:41 Sauf que le quotidien perd beaucoup d'argent.
01:44 Malgré des changements de patron, des changements de formule, 8 ans plus tard,
01:47 le titre est encore dans le rouge.
01:48 L'an dernier, Bernard Arnault a dû remettre 65 millions d'euros pour enflouer les caisses de son journal.
01:53 Et croyez-moi, il n'aime pas trop ça.
01:55 Et puis, il y a ce match perdu.
01:57 Bernard Arnault a perdu son bras de fer avec Vincent Bolloré.
02:00 Il avait joué au Chevalier Blanc pour secourir Arnault Lagardère, avec quand même, derrière la tête,
02:04 l'intention de lui prendre le JD et Paris match.
02:07 Finalement, Lagardère s'est offert Corse et Ames à Bolloré.
02:10 Et Arnault est reparti, bredouille, dans une partie de billard où il n'a jamais été dans le game.
02:15 Vu le bonhomme, c'est assez rare pour être dit.
02:17 Alors je ne vais pas vous faire pleurer ce matin sur le sort de Bernard Arnault, quand même pas.
02:21 C'est un redoutable homme d'affaires.
02:22 Mais ce qui se passe en ce moment, c'est la preuve quand même que, même quand on pèse
02:27 200 milliards d'euros, on peut perdre son mojo.
02:30 Nicolas Demorand : merci Cyril Lacarrière.