Retrouvez l'édito média de Cyril Lacarrière sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-chronique-mediatique
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00:00 - Cyril Lacarrière, hier nous avons débattu de la polémique Sylvain Tesson et ce matin
00:05 vous revenez sur le sujet qui recrée les clivages politiques.
00:08 - Tout a commencé jeudi dernier dans Libération.
00:10 1200 personnalités de la scène culturelle française signent une tribune pour s'indigner
00:15 du choix de Sylvain Tesson comme parrain du printemps des poètes.
00:18 1200 signataires, c'est beaucoup, c'est même rare dans un journal.
00:21 Je vous la fais courte, ils accusent l'écrivain d'être, je cite leur texte, "une figure
00:25 de proue de l'extrême-droite littéraire" et d'avoir préfacé Jean Raspail, un auteur
00:28 catholique traditionnaliste, il se définissait lui-même comme ultra réactionnaire.
00:32 Et voilà que la machine est lancée.
00:34 - Et la réponse ?
00:35 - Oh que Dieu, que c'est mignon !
00:36 - Allez-y Nicolas, je voudrais pas de l'eau.
00:38 - Et la réponse fuse !
00:39 - Elle vient de l'autre côté de l'échiquier politique.
00:42 La pétition de Libé est publiée le 18 janvier à 16h49.
00:45 Le Fugaro dégaine le lendemain à midi 24.
00:48 Le journaliste du quotidien Jean-Christophe Buisson donne le ton de la première phrase.
00:52 Pour lui, il s'agit ni plus ni moins d'une pétition malveillante.
00:55 Quant aux signataires, je le cite "une pseudo-playa de 600 poètes autoproclamés et inconnus,
01:01 si ce n'est de leur famille".
01:03 L'occasion est trop belle, dans les heures qui suivent, le Fugaro monte au créneau et
01:07 multiplie les attaques contre la tribune de Libération.
01:09 - D'ailleurs, le quotidien n'est pas le seul.
01:11 - Le point entre dans la danse.
01:12 Les 1200 signataires sont surnommés "la police des poètes".
01:15 Sans surprise, CNews surfe sur le sujet et dénonce la cabale wokiste contre Sylvain
01:19 Tesson.
01:20 Et c'est comme ça que, magie des médias, le clivage gauche-droite se reforme.
01:23 - Grâce aux médias.
01:25 - Il y avait déjà eu un autre exemple il y a quelques semaines.
01:29 - Cette fois, c'est le Fugaro qui avait dégainé le premier "N'effacez pas Gérard Depardieu".
01:34 Cet appel de 50 personnalités du monde de la culture, publié juste après Noël et
01:38 quelques jours après qu'Emmanuel Macron a défendu l'acteur.
01:41 La droite ouvre les hostilités, la gauche répond.
01:44 Sur un blog hébergé par le site Mediapart, 2500 personnes signent une contre-tribune,
01:49 chiffre qui grimpe à 8000 en 48 heures.
01:51 Le 1er janvier, Libération publie à son tour un texte "Affaire Depardieu, l'art n'est
01:56 pas un totem d'impunité".
01:57 Cette fois, ils sont 150 artistes à signer le cas Depardieu qui va diviser les médias,
02:02 le plus souvent selon des étiquettes politiques assez classiques.
02:05 Chacun dans son couloir, les uns stigmatisant le travail des autres.
02:07 A l'image de la foire d'empoigne qui se joue sur les réseaux sociaux, les médias
02:11 s'engueulent.
02:12 - Et vous y voyez une leçon.
02:13 - C'est que la presse écrite pèse encore.
02:15 Quand vous avez besoin de faire entendre une opinion, quand vous voulez réunir un collectif
02:18 de renom, c'est encore là que ça se joue.
02:20 Évidemment, ensuite, ça se propage sur les réseaux, à la télé, à la radio.
02:24 Mais ça part d'un truc écrit à l'ancienne.
02:26 Il y a 10 ans, j'ai participé au lancement du quotidien "L'Opinion".
02:29 Son fondateur, Nicolas Béthout, était dans les parages, il y a quelques minutes, à l'époque,
02:33 pour expliquer pourquoi il lançait un journal à l'heure du tout numérique.
02:36 Il avait cette formule "Internet, c'est l'audience.
02:39 Le papier, c'est l'influence".
02:40 Ça avait laissé petit que quelques observateurs.
02:43 Je pensais qu'il avait raison, je le pense encore aujourd'hui.
02:45 Je ne dis pas que les équilibres ne changent pas, mais ce qui est imprimé pèse encore.
02:49 l'influence des journaux pèse encore.
02:51 Et c'est une bonne nouvelle.