Retrouvez l'édito média de Cyril Lacarrière sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-chronique-mediatique
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00:00 de la carrière ? Question ce matin, les fondations peuvent-elles sauver les journaux ?
00:04 Si je vous en parle, c'est que le week-end dernier, un milliardaire, Xavier Niel, a racheté
00:07 les parts du monde d'un autre milliardaire, Daniel Kretinsky, et que Niel a décidé de
00:11 mettre toutes ses actions dans une fondation, ou plus précisément un fonds de dotation
00:16 qui s'appelle le Fonds pour l'indépendance de la presse.
00:18 Ce fonds doit devenir à terme le premier actionnaire du groupe Le Monde qui en plus
00:22 du quotidien comprend notamment Télérama et L'Obs.
00:25 La vocation de tout ça, garantir son indépendance capitalistique, en clair, ça signifie que
00:30 toutes les actions détenues par ce fonds ne pourront plus jamais être vendues et qu'aucun
00:34 milliardaire ne pourra s'en emparer pour en faire un organe de propagande.
00:37 C'est un cas unique dans la presse ? Non, Libération, Mediapart et Ouest France
00:41 sont aussi dans cette logique, je vais y revenir.
00:43 Mais j'en profite pour saluer tout le travail entrepris depuis plusieurs années par Le
00:47 Monde pour préserver l'indépendance de sa rédaction.
00:49 Un exemple, quand Arnaud Lagardère dit que le choix du patron de la rédaction revient
00:54 au responsable de l'entité économique, donc qu'il est libre de mettre Geoffroy
00:57 Lejeune à la tête du JDD, au Monde, il faut que tout ça soit approuvé par la rédaction
01:02 et c'est un vote qui change absolument tout.
01:04 Bref, ce fonds de dotation, c'est à ce jour ce qui se fait de mieux pour préserver
01:08 le travail des journalistes de toutes les interférences.
01:10 Problème, c'est encore rare dans les médias français.
01:13 Et autre problème, c'est un statut qui ne protège que ceux qui se portent bien.
01:17 Expliquez-nous pourquoi ? Pour le groupe Le Monde qui revendique d'être
01:20 bénéficiaire depuis 7 ans, c'est royal.
01:22 Mais si je prends l'exemple de Libération, c'est très différent.
01:25 Il y a 3 ans, Patrick Drahi décide lui aussi de transférer le quotidien à une fondation.
01:29 Tout le monde savait que Drahi voulait se débarrasser de l'IB et comme il ne savait
01:33 pas comment s'y prendre, la fondation, ça lui permettait de sortir par le haut, toujours
01:37 grâce à la promesse de l'indépendance.
01:39 Oui, mais ça n'a pas permis de sauver Libération.
01:41 Financièrement, en tout cas, pas trop.
01:43 Même si le quotidien va mieux, il a encore eu besoin d'aide il y a un an.
01:47 Et qui est venu à son secours ? Daniel Kretinsky, oui, encore lui.
01:50 Un prêt de 14 millions d'euros, plus 1 million apporté au fameux fonds de dotation.
01:55 Du coup, la rédaction du quotidien s'inquiète, parce qu'elle a peur de son indépendance,
01:59 celle-là même qu'on lui a promise grâce à la fondation.
02:02 Vous voyez où je veux en venir.
02:04 Oui, c'est important qu'un journal soit protégé par son statut.
02:07 Mais ce qui le protège, au fond, c'est l'argent.
02:10 Son argent propre.
02:11 Pas celui qui dépend de la pub, mais celui qui dépend de ses ventes au numéro, de ses
02:16 abonnements, de ses événements, bref, celui qui dépend de ce que le journal produit.
02:21 Ça marche parce qu'à un moment, le monde, Médiapart, Ouest France, ont fait le choix
02:26 d'investir sur le journalisme, de renforcer leur rédaction.
02:29 La vraie indépendance d'un journal, elle est là.