Plenel et Médiapart, la fin d'une ère - L'édito médias

  • il y a 7 mois
Retrouvez l'édito média de Cyril Lacarrière sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-chronique-mediatique

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00:00 L'édito-média Cyril Lacarrière, une moustache, moustache emblématique qui tire sa révérence.
00:05 Et donc, Penel va quitter la présidence de Mediapart.
00:07 Une annonce surprise que Penel a faite ici même, c'était hier chez l'ami Fabrice Drouel.
00:12 C'est normal, c'est un passage de témoin en bon ordre.
00:15 Vous savez, le miracle de Mediapart, c'est que l'équipe pour l'essentiel, elle a entre
00:19 25 et 45 ans, j'en ai 71.
00:22 Donc, il est normal que ça vive indépendamment de nous.
00:26 Edouard Penel ne veut pas nous faire une Michel Drucker, grand bien lui fasse.
00:30 Alors, il ne va quand même pas partir à la retraite.
00:32 Penel va continuer à écrire pour le site.
00:34 Mais la présidence de Mediapart, ça sera terminé le 14 mars.
00:37 Et c'est une espèce en voie de disparition qui part avec lui ?
00:40 Oui, des journalistes patrons de leurs médias, il n'y en a plus beaucoup.
00:43 Il y avait Penel qui a monté Mediapart de toutes pièces.
00:45 C'était il y a 16 ans.
00:46 Et il y a Nicolas Béthout qui a créé l'Opinion en 2013.
00:49 Et puis c'est tout.
00:50 Aujourd'hui, la presse en France, elle appartient à des milliardaires.
00:53 En passant la main, Edouard Penel sonne donc la fin d'une ère.
00:57 Qu'est-ce qu'elle avait de si particulier cette ère ?
00:59 Et bien, par exemple, c'est une époque où le patron incarne un média.
01:02 La tête de gondole, c'est lui.
01:04 Au point que ce patron est parfois même plus connu que son journal.
01:07 Si Mediapart a tant attiré la lumière à ses débuts, c'est grâce à la personnalité de Penel.
01:12 Je me souviens de lui qui allait de studio de radio en plateau de télé pour expliquer son projet.
01:16 A l'époque, il prenait d'ailleurs souvent la référence d'un film de George Clooney,
01:20 "Good Night and Good Luck", un film basé sur une histoire vraie.
01:24 Comment, dans les années 50, le présentateur du journal de CBS avait fait chuter le sénateur McCarthy.
01:30 McCarthy, vous vous en souvenez sans doute, qui faisait la chasse aux communistes dans tous les pans de la société américaine.
01:35 C'était ce journalisme-là que défendait Penel.
01:38 Et alors, mission accomplie ?
01:39 Poser la question à Jérôme Cahuzac.
01:41 Affaire Wörth vait en cours.
01:42 Le financement présumé de la campagne de Nicolas Sarkozy par le régime de Kadhafi.
01:46 Le feuilleton récent d'Oudéa Castera est récemment.
01:49 Le site est en pointe sur toutes les affaires qui concernent les violences faites aux femmes.
01:53 Bref, vous aimez ou vous n'aimez pas Penel, vous aimez ou vous n'aimez pas Mediapart,
01:57 mais c'est un média qui pèse aujourd'hui en France, et pas juste à cause de la moustache de son fondateur,
02:02 grâce au boulot de ces journalistes.
02:04 Un succès qui, évidemment, n'est pas sans polémique.
02:06 Effectivement, les critiques reprochent à Penel et son équipe d'être partisans, d'être des idéologues.
02:11 Le fondateur de Mediapart s'est aussi mis à dos les équipes de Charlie Hebdo, par exemple.
02:15 Certains intellectuels comme Caroline Forrest ou Raphaël Enthoven.
02:18 Ils pointent du doigt sa complaisance avec l'islam radical ou d'avoir protégé Tariq Ramadan.
02:24 Et puis, Penel énerve, un côté donneur de leçons qui peut être franchement pénible.
02:28 Mais c'est cette personnalité qui a aussi fait sa force.
02:31 Pourquoi dites-vous ça ?
02:32 Eh bien, parce que personne en France n'a réussi à créer un pur player payant, qui marche et qui gagne de l'argent, à part Hedwig Penel.
02:40 Il a réussi, le pari, de transformer l'abonnement en un acte militant.
02:44 Et pour ça, il faut des infos, bien sûr, mais il faut aussi une marque.
02:47 Et Mediapart, avant d'être ce qu'il est, c'était la marque Penel.
02:51 Résultat, 16 ans après le lancement, plus de 210 000 abonnés.
02:54 C'est une réussite.

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