Syrie, et si rien n'était fini...

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Chaque matin, Vincent Hervouet nous livre son regard sur l'actualité internationale. Ce mercredi, il s'intéresse à la situation en Syrie.
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Transcription
00:00 Mais d'abord, l'édito international sur Europe 1, bonjour Vincent Herouette.
00:03 - Bonjour Dimitri, bonjour à tous, bonjour à Guillaume, bonjour à Yoshi.
00:07 - Vous revenez ce matin Vincent sur la situation en Syrie.
00:11 - Oui, on ne parle plus de la Syrie, ça ennuie, et on pourrait croire que l'affaire est réglée.
00:15 La preuve, cette photo de Bachar el-Assad avec Xi Jinping la semaine dernière.
00:20 Ils ont noué un partenariat stratégique.
00:23 La moitié des Syriens ont perdu leur maison, mais demain ils habiteront au bord de la route de la soie.
00:28 Au printemps déjà, Bachar el-Assad était sorti de son bunker et souriait sur la photo de groupe du sommet de la Ligue arabe.
00:36 A l'évidence, l'Amérique de Joe Biden a autorisé ses alliés de la région à normaliser leur relation avec le pestiféré qui a passé quand même 12 ans au coin.
00:45 Et ainsi se referme la parenthèse des révolutions arabes.
00:50 En vérité, les Syriens ne sont pas prêts de tourner la page.
00:53 Sur 10 d'entre eux, 7 ont besoin d'une aide humanitaire.
00:56 Leur pays est en ruine et il est en miettes, et il n'en finit plus de s'émietter.
01:02 Depuis un mois dans le Nord-Ouest, des combattants meurent dans d'obscurs règlements de comptes entre milices et tribus,
01:07 arabes et kurdes, pro-turcs et pro-américains.
01:10 Dans le Sud, depuis un mois, la hausse des prix de l'essence a mis les drusses dans la rue.
01:15 Et la police reste discrète.
01:17 Ne croyez pas qu'elle soit moins féroce, elle s'est habituée au pire.
01:21 - Ça on le voit avec le rapport publié hier par l'association des détenus et des disparus de la prison de Sednaya.
01:27 - Oui Sednaya c'est le nom de l'enfer, mais un prisonnier malade pris tous les jours pour ne pas être repéré par les gardiens,
01:35 parce qu'être hospitalisé à Tékrin, l'hôpital militaire de Damas, c'est comme une exécution sommaire.
01:41 On y torture les malades, on les achève, on jette les agonisants dans les fosses communes.
01:46 Titre du rapport, "Enterrés en silence", 100 000 Syriens sont morts en prison depuis le soulèvement.
01:53 Des milliers de disparus y croupissent, et dans le monde arabe, il y a des prisons secrètes et il y a des prisonniers au secret.
01:59 La spécialité syrienne en fait c'est le disparu aux oubliettes, que la famille n'oublie jamais bien sûr.
02:05 Elle aussi est à la torture, elle se raccroche à n'importe quel espoir.
02:10 La corruption est à tous les étages et le pire c'est que parfois ça marche.
02:13 On en connaît qui ont passé plus de 20 ans au cachot avant de réapparaître, comme Lazare.
02:17 - Alors c'est ce qu'on espère justement pour quelqu'un dont vous voulez nous parler ce matin, le père Paolo.
02:21 - Oui, Paolo d'Aloglio, un jésuite italien qui avait fondé le monastère de Mar Moussa,
02:26 dans le désert syrien, pour les chrétiens et les musulmans aussi,
02:30 un athlète de la foi, un homme qu'on n'enferme pas, pas même dans une caricature, il est inoubliable Paolo.
02:35 Il a disparu à Raqqa, il a réclamé à Daesh la libération de deux chrétiens, il l'a obtenu et on ne l'a plus revu.
02:41 Depuis dix ans pile, le Vatican, l'Italie, les services le cherchent en vain, malgré les rumeurs.
02:48 Ils ont remué ciel et terre, mais pas forcément tous les recoins des enfers.
02:52 Et c'est là peut-être que Paolo d'Aloglio survit, aux côtés des pauvres, parmi les pauvres syriens.
02:58 Son ami René Guitton, lui aussi grand spécialiste du dialogue islamo-chrétien,
03:02 a écrit un livre qui n'est pas un hommage funèbre, plutôt un témoignage,
03:05 mais posthume, parce que René Guitton est mort du Covid avant que ne paraisse son livre.
03:10 Paolo, la présence de l'absent chez Desclés de Brouwer,
03:15 que j'offre bien volontiers à Nicolas Carreau, qui ne me pardonne de marcher sur ses plates-bandes,
03:20 mais je suis sûr qu'il l'a déjà lu.
03:22 - Avec plaisir, bien sûr.
03:22 - Je crois que le cadeau est reçu avec beaucoup d'émotion, c'était particulièrement puissant.
03:26 Merci beaucoup Vincent Hervoët, signature Europe 1.

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