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Dans son émission média, Thomas Isle et sa bande reçoivent chaque jour un invité. Aujourd'hui Léa Drucker, actrice.
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Transcription
00:00 Vous écoutez Culture Média sur Europe 1 et Thomas Hill ce matin on s'intéresse à une série politique
00:05 ça s'appelle "Sous contrôle" et on en parle avec Léa Drucker, comédienne et Charlie Delvard qui a écrit cette série.
00:10 Une série qui en est déjà à plus d'un million de vues sur arte.tv
00:15 alors que les deux premiers épisodes sont diffusés à partir de ce soir sur Arte à 20h55.
00:21 Bande annonce.
00:21 *sonnerie de téléphone*
00:25 - Bonjour Marie, vous allez bien ?
00:26 - Oui, oui. Et vous monsieur le président ?
00:29 - Vous avez fait tout ce que vous pouviez dans l'humanitaire, il est temps d'agir à un autre niveau
00:32 en tant que nouvel ministre des affaires étrangères.
00:34 - Pardon ?
00:35 - Des touristes français ont été pris en otage au CEL.
00:39 - Ils sont maintenant détenus là.
00:40 - Bref, c'est la grosse merde.
00:42 - Je prends, on va négocier.
00:44 - Rien ne doit filtrer, hors de cette pièce, qu'on ne sache même pas entre nous, qu'on sait.
00:51 - Le tourisme c'est un métier.
00:52 - Si vous les voulez tous c'est 15 millions, je veux bien descendre à 12.
00:55 - Comment ça va faire chier ces otages ?
00:56 - Vous êtes en haut des recherches Google avec comme mot-clé associé "connasse", "mère Thérésa", "alcoolique".
01:01 - Je suis la ministre, j'assume.
01:03 - Voilà, et les 6 épisodes sont diffusés ce soir, c'est ça ?
01:07 - Oui.
01:08 - C'est des épisodes de 30 minutes ?
01:09 - Exactement.
01:10 - Donc c'est très très rythmé, et vous avez passé une très bonne soirée.
01:12 Alors dans cette série, votre chauffeur n'arrête pas de vous comparer à Bernard Kouchner et à Drucker.
01:17 Et évidemment, venant de docteur du monde pour diriger le quai d'Orsay,
01:21 le lien est évident avec Kouchner qui a contribué à créer "Médecins sans frontières".
01:24 Mais la différence c'est qu'elle est moins politique que lui,
01:27 elle est complètement perdue même dans ce monde politique,
01:30 elle n'est pas du tout à la hauteur du poste.
01:32 - Alors, est-ce qu'elle n'est pas à la hauteur, je ne sais pas,
01:34 parce que c'est une femme, encore une fois, qui est très idéaliste,
01:37 qui a du cœur et qui a cette vocation de vouloir améliorer le monde.
01:42 C'est ce qu'elle a fait dans toutes les années qui ont précédé ce poste de ministre des affaires étrangères.
01:46 Donc elle a des valeurs, mais par contre, c'est la méthode,
01:50 c'est une femme qui est assez désordonnée,
01:52 c'est une femme qui ne sait pas rentrer du tout dans le protocole,
01:55 qui a du mal à enfiler le costume, qui ne parle pas forcément bien,
01:59 et qui se retrouve empêtrée par tous ces codes, justement, protocolaires qu'on lui impose.
02:06 Et en même temps, elle se prend un petit peu les pieds dans le tapis avec son propre égo,
02:10 elle commence quand même à se prendre au jeu du pouvoir,
02:14 avoir envie d'avoir la cote, une cote de popularité.
02:18 Elle est vexée de plein de choses, elle est vexée de ce que lui dit le chauffeur,
02:21 elle est vexée de voir que son…
02:24 Elle se prend un bas de buzz quand même assez rapidement.
02:28 - Et j'imagine que vous vous êtes inspiré, Charlie Delvarte,
02:30 de ces personnalités de la société civile plongées dans la vie politique
02:34 et qui ont souvent bien du mal à se faire aussi aux codes du milieu.
02:37 - Tout à fait. Non, mais c'est vrai que Kouchner…
02:39 Au départ, dans l'idée, c'était Kouchner et Nicolas Hulot dans un corps de femmes.
02:42 Tout d'un coup, on se rappelle de la démission de Nicolas Hulot sur France Inter.
02:46 En fait, une sorte d'échec de la société civile
02:48 ou de quelqu'un qui avait été approché par le pouvoir à répétition
02:51 et qui, tout d'un coup, se retrouvait son mode d'action inopérant.
02:54 Après ça, moi, je ne crois pas que le personnage de Marie-Thésie soit pas compétent.
02:58 En fait, elle a un autre mode d'arbitrage.
03:00 Elle vient de la médecine, de l'humanitaire, chaque vie compte
03:02 et elle se retrouve avec un monde dont elle a les codes, mais pas vraiment…
03:05 Enfin, elle n'est pas habituée à cette marge de manœuvre ou de pouvoir
03:07 qui, tout d'un coup, se retrouve réduite, même si les plus exposées,
03:10 parce que, tout d'un coup, elle se retrouve au milieu d'un autre type d'arbitrage,
03:13 et notamment la réelle politique aussi.
03:15 Et elle a quand même un but, c'est d'y arriver.
03:17 Après ça, c'est vrai qu'elle se perd en cours de route,
03:19 elle perd sa forme de vertu au début,
03:21 mais elle a quand même un but, c'est d'y arriver.
03:23 - Mais ça montre bien la difficulté, aujourd'hui,
03:25 quand on est un homme ou une femme politique,
03:27 c'est qu'il faut d'abord être un bon communicant.
03:29 C'est ça, un bon ministre, aujourd'hui, c'est essentiellement un bon communicant.
03:33 Et là, elle n'a pas vraiment ces codes-là.
03:36 J'ai l'impression que votre but, c'était pas de vous moquer des politiques
03:40 parce que, finalement, tout ça, ça les rend plutôt humains, plutôt attachants.
03:43 - Mais c'était une ligne aussi, et on en avait beaucoup discuté avec Arte au départ,
03:46 de se dire qu'il y a une ligne qu'on n'a pas envie de franchir,
03:48 et que les anglo-saxons, qui restent quand même une source d'inspiration énorme,
03:51 et notamment le travail d'Armando Iannucci avec VIP et In The Loop,
03:54 ils disaient de se dire "on ne tape pas sur les politiques".
03:56 L'idée, c'est de faire un récit sur la complexité de la fonction,
03:58 et d'en montrer les coulisses,
04:00 mais ce sont des gens compétents, après ça,
04:02 ils ont des milliards de raisons, bonnes ou mauvaises,
04:04 de ne pas y arriver.
04:06 Parce qu'ils s'opposent entre eux,
04:08 ils n'ont pas le service d'accès à la formation,
04:10 parce qu'ils croient trop en leur pouvoir,
04:12 ils ont trop de confiance, mais en tout cas,
04:14 ce ne sont pas du tout des gens incompétents.
04:16 - Et ce qui est formidable, c'est le mélange de scènes parfaitement crédibles,
04:18 dans lesquelles vous allez glisser de l'absurde,
04:20 je pense notamment à cette scène,
04:22 où, avant de libérer les otages,
04:24 les ravisseurs leur font passer
04:26 un petit questionnaire de satisfaction.
04:28 - Avant de vous laisser partir,
04:30 je dois clôturer votre dossier,
04:32 et faire une évaluation des conditions de votre détention.
04:34 C'est la procédure de la catima.
04:36 Alors, pourquoi êtes-vous venu au Sahel ?
04:38 - Pour le tourisme.
04:40 - Est-ce que vous diriez que vous avez été globalement bien traité ?
04:42 - Oui.
04:44 - Comment trouvez-vous la lettrerie ?
04:46 - Pas mal.
04:48 - Ne se prononce pas, je n'ai jamais été maître là.
04:50 - Et qu'est-ce qui pourrait être amélioré ?
04:52 - Clairement, les sanitaires.
04:54 Enfin, je veux dire, c'est...
04:56 Jusqu'au niveau de l'intimité,
04:58 mais bon, c'est un détail.
05:00 - C'est un petit détail.
05:02 Non, mais c'est ça où vous vous êtes régalé,
05:04 c'est de mettre de l'absurde
05:06 dans des scènes crédibles.
05:08 - Oui, mais en fait, là-dessus, c'est brodé sur un élément
05:10 où c'est vrai qu'il y avait eu, je crois, dans un des récits,
05:12 quelques questions
05:14 qui avaient été faites pour clôturer le dossier.
05:16 À partir de là, ça permet de dérouler une scène de comédie,
05:18 comme le fait qu'à un moment, quand on les déplace,
05:20 on leur met une bourca et on leur dit
05:22 "si vous faites arrêter un poste frontière, vous êtes des femmes dépressives
05:24 et vous pleurez, comme ça on voit bien qu'en fait
05:26 vous n'avez pas à parler".
05:28 Après ça, c'est infini, mais c'est vrai que c'est
05:30 un endroit où l'humour, il faut faire attention,
05:32 on est quand même dans
05:34 une jôle avec des terroristes,
05:36 mais c'est super de pouvoir le faire aussi.
05:38 Il y avait une autre source d'inspiration qui était ce film
05:40 "We are four lions" de Chris Morris
05:42 qui racontait l'épopée de quatre bras cassés terroristes
05:44 à Londres. Moi, je trouve ça merveilleux
05:46 de pouvoir faire ça en fiction. - "Sous contrôle",
05:48 c'est sur Arte ce soir à 20h55
05:50 et sur arte.tv, bien sûr.