• il y a 2 ans

Pascal Praud revient pendant deux heures, sans concession, sur tous les sujets qui font l'actualité. Aujourd’hui 60 ans de la mort d'Edith Piaf.

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Transcription
00:00 - Europain. - Pascal Prohevo.
00:02 - Edith Piaf est morte il y a 60 ans et nous avons une passion pour l'archive dans notre
00:17 petit groupe qui prépare cette émission avec Fabrice, avec également Olivier Guenec
00:24 et Sylvaine Denis qui est la grande prêtresse des archives à Europain.
00:28 Elle nous a donné deux ou trois archives et même plus que ça, je vous propose de les
00:32 écouter.
00:33 La première, on est le 29 janvier 1955, c'est un reportage sur la première d'Edith Piaf
00:38 à l'Olympia au micro d'Europe 1 de Gilbert Lauzin.
00:42 Edith Piaf est très nerveuse.
00:44 Dans quelques heures, le public de la première l'attend et à l'instant, elle sort de scène.
00:49 Elle est visiblement très fatiguée, elle boitille un petit peu, elle s'approche de
00:52 nous.
00:53 Je vous surprends toujours avec le micro comme ça.
00:55 - Edith Piaf, vous êtes très fatiguée, mais accordez-moi quelques mots, accordez
01:01 aux auditeurs d'Europe 1, juste quelques mots sur votre entrée de ce soir.
01:04 D'ailleurs, je crois, je viens de rencontrer M.
01:06 Cocatrice qui nous a dit qu'il était extrêmement heureux d'avoir une très grande vedette
01:11 pour l'anniversaire de l'Olympia car il y a un an que la salle s'est ouverte.
01:14 - Ah oui.
01:15 - Oui, il y a un an exactement.
01:16 Vous ne saviez pas ? - Non, je ne savais pas, vous me l'apprenez.
01:18 - Et qu'est-ce que vous nous rapportez comme nouvelle chanson ?
01:20 - Oh bien, moi déjà, j'en ai des tas.
01:21 J'ai presque entièrement renouvelé mon tour.
01:23 - Entièrement ?
01:24 - Et même pendant que vous répétiez tout à l'heure, j'ai eu une grande surprise car
01:27 toujours les spectateurs ont eu l'habitude de vous voir dans cette robe noire, cette
01:31 robe très dépouillée.
01:32 Et pour la première fois, je vous ai aperçue tout à l'heure dans une robe très révolutionnaire,
01:36 à ma foi.
01:37 - Ah ben mon Dieu, oui, c'est le chant révolutionnaire que j'ai chanté dans le film de Stachagetris
01:40 et Versailles m'était conté, le Sahira.
01:42 - C'est la première fois que vous chantez dans une robe qui n'est pas justement une
01:46 petite robe noire ? - Bien, c'est-à-dire, j'avais fait une fois
01:49 une chose un peu dans ce genre-là, c'était pour le prisonnier de la tour.
01:52 Il mettait une grande robe noire, un grand manteau noir en velours.
01:55 Et là, c'est la robe de la révolution française.
01:58 - Vous avez peut-être vu ce film "Si Versailles m'était conté" où on voit Edith Piaf effectivement
02:03 monter sur les grilles.
02:04 Elle était une représentante du tiers état et elle chante "Ah, Seira, Seira, Seira".
02:09 Dans ce film "Si Versailles m'était conté", qui était d'ailleurs en deux parties, il
02:12 y avait tout le cinéma français de l'époque qui défilait et il y avait le fameux Stachagetris.
02:17 "Hmmm, je suis Stachagetris" qui parlait comme ça et qui jouait plein de rôles dans
02:23 le film.
02:24 Il joue peut-être Louis XVI, il joue de multiples rôles.
02:26 Voilà, par exemple.
02:29 Autre archive que je vous propose.
02:31 Cette fois, on est le 8 août 1957 à Orly.
02:33 Un avion arrive de New York et dans cet avion, il y a Edith Piaf.
02:36 Elle descend, elle est habillée d'un pantalon noir et elle est interrogée par Philippe
02:40 Labreau.
02:41 - Est-ce que vous avez ramené de nouvelles chansons des Etats-Unis ?
02:43 - Ah non, ça je compte sur les Français pour ça.
02:45 - Vous n'en avez pas ramené une ?
02:46 - Non, pas la cue.
02:47 - Vous avez appris des chansons américaines ?
02:48 - Peut-être une chanson, peut-être, je ne sais pas.
02:50 - Quelle chanson ?
02:51 - Des compositeurs de Jezebel, simplement la musique et je vais faire faire les paroles
02:55 ici.
02:56 - Vous ne vous êtes pas adapté au rock'n'roll ?
02:57 - Eh bien, j'ai essayé mais on m'a déconseillé fortement de le faire.
03:02 Mais enfin, j'essaierai tout de même parce qu'il faut persévérer.
03:04 - Et Philippe Labreau, dont on reconnaît la voix, vous ne vous êtes pas adapté au
03:09 rock'n'roll dit-il.
03:10 On est en 1957 et Philippe Labreau est un tout jeune journaliste.
03:16 En septembre 1958, Edith Piaf donne un cours de chant à Georges Moustaki en direct.
03:21 - Sur le chemin, il y avait une fille qui s'en allait tout doucement.
03:28 - Je vais t'arrêter parce que je vais te dire maintenant les choses que je peux t'expliquer.
03:34 Par exemple, tu vois quand tu arrives au refrain, c'est une prière.
03:38 « Madame la Vierge Marie, si j'ai volé, si j'ai menti.
03:44 » Il faut que tu te donnes plus.
03:46 Il faut que vraiment ça soit une supplication.
03:49 Tu demandes le pardon.
03:52 Et ça, on ne le sent pas suffisamment.
03:54 Tu ne te donnes pas assez, tu ne sors pas assez ta voix.
03:57 Et ça, je pense qu'il faut que tu travailles beaucoup.
04:00 On va travailler tous les deux.
04:02 - Et c'était Georges Moustaki qui avait écrit « Miller ».
04:14 - C'est bien les archives, ça nous replonge dans ce monde ancien.
04:19 On est le 23 décembre 1959, Edith Piaf est de retour après sa cure de sommeil.
04:23 Elle se sent mieux et elle parle astrologie.
04:25 - Vous savez, je suis du signe qui se révolte toujours, scorpion, sagittaire.
04:31 - Scorpion ou sagittaire ?
04:33 - Je suis sagittaire mais influencée par le scorpion.
04:35 C'est-à-dire mon signe ascendant est le scorpion.
04:36 Alors ça, ça ne se laisse jamais faire.
04:37 - Qu'est-ce que ça veut dire le signe scorpion ?
04:39 - C'est-à-dire que c'est contre tout, c'est toujours agressif.
04:42 - Mais c'est un bon signe ?
04:43 - Oui, ça donne toujours les résultats contrés.
04:45 - Et sagittaire, ça porte chance ?
04:46 - Ah oui, c'est un très bon point, c'est le meilleur voyons !
04:48 - Ah je ne savais pas !
04:49 - Voyons, la preuve !
04:51 - Est-ce que les médecins sont contents de vous ?
04:52 - Je suis la malade la plus gentille qui existe.
04:54 - L'énergie, elle est morte, elle était très jeune lorsqu'elle est morte.
05:00 Et elle mesurait 1m47.
05:03 Vous savez qu'elle n'est pas morte, aujourd'hui on est le 10 octobre.
05:06 - Elle est morte le 10 dans l'après-midi.
05:09 - Non, elle est morte le 9 octobre.
05:10 - Le 9 dans l'après-midi, pardon.
05:12 - Elle est morte le 9 octobre et surtout elle n'est pas morte à Paris.
05:14 Elle est morte à 800 km.
05:16 Mais il n'était pas question qu'Edith Piaf ne meure pas à Paris.
05:19 Donc qu'est-ce qui s'est passé ?
05:20 Théo Sarrapeau, qui était son mari de l'époque,
05:24 a fait quelque chose de parfaitement illégal.
05:26 Il a fait remonter le corps dans une ambulance
05:29 en faisant croire qu'elle était vivante.
05:32 Il a même mis une perfusion,
05:34 évidemment on ne savait pas que c'était Edith Piaf,
05:37 il l'a entourée d'un drap
05:40 et lorsqu'elle est arrivée à Paris une dizaine d'heures plus tard,
05:44 il y a eu un faux certificat médical
05:47 pour valider la mort à Paris Boulevard Lannes
05:49 dans le 16e arrondissement.
05:51 - Je me permets juste de rectifier,
05:53 elle est bien morte le 10 dans l'après-midi,
05:54 c'est dans la nuit du 10 au 11
05:56 qu'ils l'ont rapatriée via une ambulance
05:59 dans laquelle ils l'ont fait passer pour retour malade.
06:00 - On est aujourd'hui le 11, c'est ça ?
06:03 - Le 10.
06:04 - Aujourd'hui nous sommes le 10.
06:05 - Elle n'est pas morte dans la nuit du 10 au 11 ?
06:07 - Elle est morte dans l'après-midi du 10.
06:10 - Du 10 octobre ?
06:11 - Je pense que, cher Fabrice,
06:15 elle est morte le 9.
06:16 Mais bon, je ne veux pas vous contredire
06:19 parce qu'autrement, elle est morte le...
06:21 D'ailleurs, on dit qu'elle est morte le même jour que Cocteau,
06:25 qui est mort également le 10 octobre,
06:26 et en fait, elle est morte la veille.
06:29 Mais je ne voudrais pas entretenir une confusion.
06:34 - Sur le site officiel, en tous les cas,
06:35 il est indiqué qu'elle est morte le 10
06:36 dans l'après-midi à Grasse, dans sa résidence,
06:39 et elle a été transportée dans la nuit du 10 au 11
06:41 et qu'à 7h du matin,
06:43 un docteur a établi un faux certificat de décès.
06:46 - Alors le certificat de décès serait 11 à ce moment-là ?
06:50 - C'est ça.
06:51 - C'est ça.
06:51 - À Paris.
06:51 - C'est ça.
06:53 - Bon, je vous propose en tout cas
06:57 d'entendre une nouvelle archive
07:00 qui est datée du 5 novembre 1960.
07:02 Edith Piaf enregistre une émission.
07:04 Piaf et ses amis, elles chantent "Je ne regrette rien".
07:07 - Il y en a un que tu ne connais pas, c'est Charles Dumont.
07:10 - Ah non ?
07:10 - Qui vient de m'écrire une chanson magnifique
07:13 que je vais d'ailleurs apprendre tout de suite,
07:15 que je vais enregistrer très rapidement
07:17 et que je mets à mon toit à l'olimpiade,
07:18 qui pourtant a été complet
07:20 et qui s'appelle "Je ne regrette rien".
07:23 Les paroles sont de Michel Vauquer
07:25 et si tu veux, je vais te la chanter.
07:26 C'est la première fois au fond que je la chante.
07:29 * Extrait de "Je ne regrette rien" de Edith Piaf *
07:51 Les frissons sont intacts.
07:53 C'est la première fois qu'elle chantait cette chanson
07:57 et elle revient en fait avec cette chanson.
07:59 C'est pour ça qu'elle dit "Je ne regrette rien"
08:00 parce qu'il y a eu une traversée du désert
08:03 et qu'elle revient.
08:04 On imaginait que ce serait quand même très difficile pour elle.
08:06 On voit ça très bien d'ailleurs dans le film "La Maume"
08:09 avec Marion Cotillard, où Marion Cotillard est formidable
08:12 et ça raconte cette histoire-là.
08:14 Maintenant, on est le 21 septembre 1963,
08:16 elle donne des nouvelles de sa santé.
08:19 - Elle est à l'hôpital américain
08:22 et elle est partie me chercher des médicaments.
08:26 Enfin, c'est pas une question de vie, non.
08:28 C'est une question de me remettre en santé.
08:32 J'ai d'ailleurs un médecin qui s'est trompé de médicament.
08:38 Il m'a donné un médicament et il m'en a donné un autre.
08:42 Ce qui ne m'a rien arrangé.
08:45 - Enfin, à présent ça va mieux.
08:47 Je vois, cette toute souriante là,
08:49 vous regardez les fleurs depuis votre...
08:51 - Maintenant ça va.
08:53 Enfin, j'espère que ça va aller.
08:55 - Bon, évidemment, elle ne se trompait pas de médicament.
08:58 C'est-à-dire qu'elle était héroïne-woman.
09:03 Et bien sûr, ça a créé des ravages sur sa santé.
09:08 On est le 11 octobre 1963 et Daniel Bonnel,
09:12 le célèbre secrétaire d'Edith Piaf,
09:14 raconte les derniers instants de la chanteuse.
09:16 - Madame Bonnel, vous êtes la secrétaire d'Edith Piaf,
09:20 vous étiez à ses côtés à Place Cassier,
09:22 vous avez été les témoins de ces derniers instants.
09:25 Qu'est-ce qui l'a amenée à quitter brusquement Grasse hier?
09:28 - Nous avons pensé qu'elle était très mal
09:31 et je me trouvais seule là-bas avec elle et son infirmière.
09:34 Nous avons demandé à M. Barillet et à son mari, M. Sarrapeau,
09:37 de revenir tout de suite et puis de décider.
09:40 Et comme elle était vraiment très mal,
09:41 nous avons pensé avec les docteurs, du reste,
09:43 que le mieux, c'était de la ramener tout de suite à Paris,
09:45 s'il y avait une chance.
09:46 - Et est-ce qu'elle avait conscience de la gravité de son état?
09:49 - Non, jusqu'à temps, enfin, de perdre conscience complètement,
09:51 c'est-à-dire de rentrer dans cet état comateux.
09:54 Elle ne donnait pas l'impression.
09:55 Au contraire, nous avons fait les projets deux jours avant.
09:58 Nous avons entendu le disque de Carnegie Hall, toutes les deux,
10:01 et elle m'a dit, "Oh, nous avons encore de beaux voyages à faire."
10:04 Elle se rendait pas compte, je crois pas.
10:06 - Vous étiez sa secrétaire depuis combien de temps?
10:08 - Oh, depuis 12 ans, à peu près.
10:10 - Et alors, vous avez été amenée à prendre la décision
10:12 de rentrer à Paris à quelle heure hier?
10:14 - Eh bien, nous l'avons envoyée en ambulance
10:15 quand on a jugé qu'elle était très mal hier soir, vers 8 h,
10:17 et nous avons tout rangé dans la maison
10:19 et M. Barillet est rentrée ce matin avec moi.
10:21 - Et elle est rentrée comment à Paris?
10:23 - En ambulance.
10:24 Elle est partie en ambulance de Place Cassier,
10:26 de la maison même, et déjà dans un état...
10:29 enfin, déjà très gravement malade.
10:31 - Et qui l'accompagnait dans l'ambulance?
10:32 - Eh bien, son mari et son infirmière.
10:34 - Alors, évidemment, Mme Bonnel est paix à son âme,
10:38 mais elle ne dit pas la vérité,
10:39 puisque, je le rappelle, lorsque le 10 octobre,
10:43 lorsque l'ambulance remonte sur Paris,
10:46 à Paris plus exactement,
10:47 et non pas sur Paris, l'ambulance remonte à Paris.
10:49 - Oulà!
10:51 - Effectivement.
10:53 - Vous nous reprenez à chaque point.
10:55 - Je sais, cher ami.
10:56 Donc, lorsque l'ambulance remonte à Paris,
10:59 ou revient à Paris plus correctement,
11:03 elle est morte.
11:05 Elle est déjà morte.
11:06 Et c'est parfaitement illégal,
11:09 ce que fait Théo Sarrapeau,
11:10 comme le certificat médical,
11:12 je le répète, sera parfaitement illégal.
11:15 On est toujours le 11 octobre 1963,
11:17 et Tino Rossi réagit à la mort d'Edith Piaf.
11:20 - Vous pensez que ça a été un grand vide dans la vie de la France?
11:22 - C'est un grand vide, oui.
11:23 Parce que, à mon avis,
11:24 c'est la plus grande représentante de la chanson française.
11:28 - Vous venez de la voir sur son lit de mort?
11:30 - Oui.
11:31 Non, elle est très bien.
11:32 Elle est très bien,
11:33 le visage très reposé.
11:34 Et on...
11:35 Je sais pas,
11:36 elle a la figure d'il y a 20 ans, quand je l'ai connue.
11:38 - Elle était née le 19 décembre 1915,
11:41 à Paris, dans le 20e arrondissement.
11:43 Elle est morte le 10 octobre 1943.
11:47 1963.
11:49 Elle est...
11:51 à Piscacier, mais elle...
11:53 Officiellement, effectivement,
11:55 elle est morte à Paris.
11:57 C'est ce que la légende voulait qu'on retienne,
11:59 parce qu'Edith Piaf est une môme de Paris,
12:01 et elle ne pouvait pas mourir autrement,
12:03 ailleurs qu'à Paris.
12:05 On marque une pause, on revient.
12:06 - Oui, pour parler d'Edith Piaf, vous pouvez appeler le 01 80 20 39 21.
12:11 - Le ciel bleu
12:15 sur nous peut s'effondrer
12:19 et la terre...
12:22 - C'est évidemment Fabrice Laffitte qui avait raison,
12:25 dans notre petite discussion tout à l'heure.
12:27 J'avais décalé au 9 au 10,
12:30 et c'est du 10 au 11.
12:31 Elle est morte le 10,
12:33 et ça avait été annoncé le 11.
12:34 Et je pensais qu'elle était morte le 9,
12:36 et que ça avait été annoncé le 10.
12:38 - Donc, dons tact, et merci à Fabrice,
12:40 attentif à l'émission.
12:42 - Oui, je suis ça, au cordeau !
12:44 Et là, c'est l'hymne à l'amour,
12:46 vous savez pour qui elle a écrit cette chanson, Edith ?
12:48 - Marcel Serdin.
12:49 - Exactement, son amoureux Marcel Serdin,
12:51 champion du monde des poids moyens,
12:53 en 48,
12:54 et donc elle s'installe tranquillement
12:56 sur la table de sa salle à manger.
12:58 À l'époque, elle n'habite pas encore Paris,
13:00 elle habite à Boulogne-Biancourt,
13:01 et elle rédige les premières paroles
13:03 de cette chanson dédiée à son amoureux,
13:06 le grand boxeur Marcel Serdin.
13:08 - Et c'est très joliment raconté
13:10 dans "La Maume", le film d'Olivier Dahan.
13:12 Vous savez ce qu'elle avait dit
13:14 quand Marcel Serdin est mort ?
13:16 Elle avait dit "Il est mort dans le ciel,
13:18 donc il y est."
13:20 - J'irai décrocher la lune...
13:22 - Geneviève est avec nous,
13:24 bonjour Geneviève !
13:26 - Bonjour Pascal, vous permettez que je vous appelle Pascal ?
13:28 - Je vous en prie Geneviève, vous étiez de ce monde
13:30 lorsque Edith Piaf est morte,
13:32 vous vous souvenez du traumatisme ?
13:34 - Je me souviens de tout,
13:36 parce que je vais avoir 80 ans,
13:38 j'étais sur Paris,
13:40 à l'époque j'étais mannequin,
13:42 et maintenant je suis en Creuse,
13:44 et moi je m'en rappelle quand elle est décédée,
13:46 de toute façon pour moi
13:48 et pour ma génération,
13:50 c'est une catastrophe !
13:52 C'était une femme sublime,
13:54 qui vivait ses chansons,
13:56 mais au fond d'elle-même, dans son âme,
13:58 on n'a plus jamais eu
14:00 ce genre de personnage,
14:02 - Mais parce que c'est une France
14:04 qui n'existe plus, elle était orpheline,
14:06 c'est une France cabossée,
14:08 c'est une enfant cabossée,
14:10 qui avait grandi dans les rues,
14:12 enfin on connait tous la légende...
14:14 - Oui, mais d'ailleurs
14:16 comme toutes les personnes qui arrivent
14:18 à des sommets, en général ils n'ont pas eu
14:20 une adolescence et une enfance
14:22 très reluisantes.
14:24 - C'est vrai que
14:26 souvent, en tout cas chez les artistes,
14:28 il y a parfois quelque chose de ce type.
14:30 Quel souvenir vous gardez d'elle ?
14:32 - Alors moi je garde d'elle
14:34 que j'ai été la voir parce que ma mère
14:36 était musicienne, mon père dentiste,
14:38 donc ma mère, avec ma soeur, nous emmenait
14:40 à chaque fois à l'Olympia.
14:42 - Vous l'avez vue sur scène à l'Olympia ?
14:44 - Ah oui, oui, oui, moi je l'ai vue sur scène.
14:46 Elle ne bougeait pas beaucoup,
14:48 elle était un petit bout tout noire,
14:50 et alors ce que je reconnais
14:52 à Edith Piaf,
14:54 qu'aucun artiste maintenant n'est capable,
14:56 bon, l'Olympia c'est une scène mythique
14:58 avec une très bonne acoustique,
15:00 je ne sais pas si c'est féminin ou masculin,
15:02 bon bref, toujours est-il
15:04 qu'à l'époque il n'y avait que les micros sur pied,
15:06 donc quand elle se reculait
15:08 au fond de la scène,
15:10 on l'entendait jusqu'au poulailler.
15:12 - Ce qui est formidable
15:14 dans votre témoignage, c'est combien de Français
15:16 ont vu Edith Piaf sur scène
15:18 aujourd'hui ?
15:20 - Moi j'ai vu tous les grands, j'ai vu Beko,
15:22 j'ai vu Aznavour, j'ai vu tout le monde.
15:24 - Oui alors Aznavour il est mort il y a très peu de temps,
15:26 mais Piaf, des gens qui ont vu Piaf
15:28 sur scène, il n'y en a pas beaucoup.
15:30 - Ah ben je ne sais pas, peut-être qu'ils l'ont
15:32 oublié parce que ma génération,
15:34 malheureusement à 80 ans,
15:36 bon, on a toujours des handicaps
15:38 quelque part, moi le cerveau ça fonctionne bien.
15:40 Donc...
15:42 - Vous étiez mannequin
15:44 pour...
15:46 - Alors j'étais mannequin haute couture
15:48 dans la fourrure, j'étais chez Marron Fourrure,
15:50 qui était en
15:52 concurrence avec Dior Fourrure,
15:54 c'était au
15:56 9 Avenue Matignon, ça faisait l'angle
15:58 de la rue de Pontieux et de l'avenue Matignon
16:00 et en face nous avions le Berkeley.
16:02 - Bon je crois comprendre que vous étiez
16:04 d'un milieu assez favorisé, votre père était
16:06 musicienne, votre père était d'Antilles,
16:08 donc c'était une certaine bourgeoisie, disons-le.
16:10 - Ah non mais moi j'ai eu,
16:12 moi je reconnais que j'ai... Après j'en ai bavé à partir
16:14 de 29 ans, mais ça c'est une autre histoire.
16:16 Vraiment j'en ai bavé, mais je me suis
16:18 toujours, j'ai toujours remonté la pente,
16:20 j'ai donné un grand coup de pied et hop, quand j'étais
16:22 au fond je remonte. - Bon, quelle est la chanson préférée
16:24 de Piaf que vous aimez écouter ?
16:26 - Ah bah moi c'est l'hymne à l'amour
16:28 parce que... - Vous aimez l'écouter ?
16:30 - Oui, c'est vraiment... - Et par Piaf ou parfois vous aimez
16:32 les reprises ? - Oh j'aime pas
16:34 trop les reprises, ça c'est comme Dassin que j'ai
16:36 très bien connu. - Vous voulez pas que je vous chante l'hymne
16:38 à l'amour si je le faisais, si je faisais une reprise ?
16:40 - Oh bah ça c'est vraiment... - Oh là là, Olivier Guenet qui me regarde
16:42 et... - Qu'est-ce que j'ai dit encore ? - Bah vous regardez,
16:44 vous mettez les mains dans les...
16:46 sur les yeux comme ça, parce que j'ai dit que j'allais faire une reprise
16:48 de l'hymne à l'amour.
16:50 - On a parté. - À le ciel bleu...
16:52 - Non non, écoutez la vraie, pas vous.
16:54 Voilà, oui. - Sur les
16:56 pâtes s'effondrer...
16:58 - Ah oui.
17:00 - Et la terre
17:02 devient s'écrouler...
17:04 - Elle doit être contente, je vais dire.
17:06 - Comme un poivre...
17:08 si tu m'aimes...
17:10 - Vous entendez
17:12 cette puissance de voix ? - Mais oui !
17:14 C'est la plus belle chanson
17:16 d'amour ! - Ah oui, oui.
17:18 - Je me fous du monde entier, le ciel bleu peut... - Voilà !
17:20 - Peut s'effondrer, la terre peut s'écrouler, si tu m'aimes !
17:22 - Elle a plus jamais... - C'est quand même... c'est formidable
17:24 de dire ça à une femme, ou à un homme !
17:26 - C'est si simple, mais si efficace.
17:28 Hein, Pascal ?
17:30 - Comme vous allez le dire.
17:32 - Quand mon corps frémira sous tes mains...
17:34 - Et oui, Marcel Sardin,
17:36 vous savez que Marcel Sardin, bon...
17:38 Vous savez qui était Marcel Sardin, monsieur Beauc ? - À peu près,
17:40 de visu. - Bon.
17:42 - Vous ne soupçonnez pas le mythe Sardin.
17:44 Mon père, qui était né en
17:46 35, me racontait
17:48 qu'après la guerre, il se levait
17:50 la nuit pour écouter
17:52 à la radio les combats
17:54 de Marcel Sardin. Pourquoi ? Parce que
17:56 la France, c'était la victoire de la France,
17:58 quand il est allé chercher
18:00 sa couronne, sa ceinture de
18:02 champion du monde. C'est toute la France
18:04 qui saluait Marcel Sardin.
18:06 Et quand il est revenu, je crois que c'était à Orly,
18:08 c'était des milliers de Français qui l'attendaient. C'était une gloire
18:10 nationale, Marcel Sardin.
18:12 La pause, à tout de suite.
18:14 Appelez Pascal Pro au 01 80 20 39 21.

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