Le proviseur du lycée Maurice Ravel à Paris menacé de mort après avoir demandé à une élève d'enlever son voile

  • il y a 6 mois

Pascal Praud revient pendant deux heures, sans concession, sur tous les sujets qui font l'actualité.

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Transcript
00:00 - Alors on va être avec Gilles dans une seconde qui nous appelle.
00:03 Gilles de la banlieue lyonnaise.
00:05 Mais avant cela je voulais vous parler des chefs d'établissement.
00:07 Professeur Andangé, c'est pas la première fois que nous le disons.
00:10 Le proviseur du lycée Maurice Ravel à Paris est menacé de mort
00:13 après avoir demandé à une élève d'enlever son voile.
00:15 La ministre de l'éducation nationale Nicole Belloubet s'est rendue sur place hier.
00:19 Alors on fait quoi maintenant ? Je vous propose d'écouter peut-être d'abord Nicole Belloubet.
00:23 - Nous sommes venues dans cet établissement
00:27 pour apporter notre plein et entier soutien aux proviseurs de l'établissement.
00:31 Les établissements scolaires ne peuvent fonctionner
00:34 que dans le cadre du respect des principes de la République.
00:37 Nous sommes extrêmement vigilants par rapport aux réseaux sociaux.
00:40 Il se diffuse et il se propage sur ces réseaux des narrations erronées.
00:46 Et je trouve que ces approximations avec la réalité peuvent être extrêmement dangereuses
00:52 puisqu'on sait très bien ce qui a été à l'origine de l'assassinat de Samuel Paty
00:56 et évidemment nous sommes très attentifs à ce type de situation.
01:01 - Je plains vraiment les professeurs aujourd'hui
01:04 et c'est quasiment un sacerdoce de vouloir être prof de français ou prof d'histoire.
01:09 On va écouter Stéphane Didier justement, il est professeur d'histoire géo et éducation civique
01:14 dans un établissement du secondaire dans le sud-ouest.
01:16 Il a été invité ce matin de Dimitri Pavlenko sur Europe 1.
01:20 Il avait été menacé par une mère d'élèves musulmanes.
01:24 - Je n'ai même pas été soutenu ni par mon chef d'établissement
01:27 qui ne voulait pas entendre parler de cette histoire.
01:29 Lui, il s'est dégonflé en quelque sorte.
01:31 Il a fait preuve d'une lâcheté absolument épouvantable.
01:34 Je me suis retrouvé seul, exposé face à cette mère de famille.
01:39 Je précise ensuite que j'ai eu des menaces téléphoniques plus tard.
01:42 En tout, j'ai déposé à peu près quatre plaintes pour menaces téléphoniques
01:46 et une contre cette mère de famille.
01:49 Ça a duré plus de six mois dans un collège de quartier,
01:53 c'est le collège Claude Boucher à Cognac,
01:56 dont tout le monde savait, et j'étais bien informé,
01:59 qu'il y avait beaucoup de fichiers lettres pour radicalisation.
02:02 - Alors on est avec Gilles.
02:04 Bonjour Gilles.
02:06 - Bonjour Pascal.
02:07 - Vous habitez dans la banlieue lyonnaise.
02:09 Vous êtes dans le monde de l'enseignement ?
02:12 - Oui absolument.
02:13 Vous m'aviez déjà eu,
02:14 enfin en tout cas, Europe 1 m'avait déjà eu au téléphone
02:17 pour intervenir sur un problème de l'éducation nationale.
02:20 Et je suis honoré de vous parler.
02:26 Je vous regarde tous les soirs
02:28 et je vous félicite pour la pluralité des opinions
02:31 qui circulent sur les news,
02:32 n'en déplaise.
02:34 Et ceux qui ne partagent pas toujours votre avis,
02:37 je trouve qu'ils ont du cran et je les admire eux aussi.
02:41 - Vous êtes professeur en lycée, dans quelle matière ?
02:44 - Alors j'enseigne la sécurité.
02:46 Alors c'est un peu particulier,
02:48 mes élèves ce sont des bacs pro des métiers de la sécurité.
02:51 Avec mes élèves en particulier, je n'ai pas de difficultés.
02:54 Mais mon lycée étant en banlieue,
02:56 j'observe ce qu'il s'y passe.
02:58 Notamment mon proviseur qui, tous les matins,
03:02 parce que ce n'est pas un lycée qui est dans le pas de vague,
03:05 non pas du tout, le proviseur et le CPE,
03:07 tous les matins sont obligés,
03:09 ils le font, c'est leur job,
03:10 devant les tours Nikkei,
03:12 parce que pour entrer au lycée,
03:13 c'est comme quand on rentre dans une ambassade,
03:14 il y a des tours Nikkei, des portiques,
03:16 chaque élève a une carte magnétique
03:18 pour pouvoir empêcher ceux qui les intruent.
03:21 Donc le proviseur et le CPE,
03:24 devant, filtrent aussi les élèves
03:26 afin de veiller à ce que ceux-ci ne soient pas porteurs
03:29 de tenues à vocation ostentatoire.
03:32 Donc tous ceux qui voudraient rentrer
03:35 avec un voile ou une abaya,
03:38 ben non, ils sont interdits de le faire et l'enlèvent.
03:40 Et d'ailleurs, ils le font en arrivant,
03:42 en voyant le proviseur qui inspire l'autorité,
03:46 c'est vrai, ils le font de loin.
03:48 - Mais il y a des tentatives peut-être ?
03:50 - Ah ben oui absolument,
03:52 alors je les vois, je les vois arriver,
03:54 donc ils arrivent,
03:56 le proviseur à l'œil bien sûr,
03:57 mais s'il n'était pas là,
03:59 ben à chaque fois,
04:00 des ordres qui sont donnés,
04:02 ça ne rentre pas en question.
04:03 - Quand vous dites que vous êtes professeur de sécurité,
04:05 d'abord ce sont des bacs pro,
04:08 donc c'est peut-être la terminale j'imagine,
04:11 mais quel...
04:12 - Première, seconde, troisième, quatrième...
04:14 - Quel métier feront-ils ?
04:15 Ce seront des gens qui seront par exemple vigiles,
04:17 ou ces métiers-là de la sécurité ?
04:20 - Vous n'en êtes pas loin Pascal,
04:21 mais ce n'est pas l'essentiel des filières du lycée.
04:23 Moi j'ai eu une chance inouïe d'avoir ces élèves-là
04:27 qui respectent au pied et à la lettre
04:30 tous les principes de la République,
04:31 c'est une chance énorme,
04:32 mais mes collègues qui sont dans d'autres matières
04:34 passent pour certains la moitié de leur heure de cours
04:37 à faire la discipline,
04:39 ce n'est pas facile pour eux.
04:40 - Quel métier feront-ils après le bac pro ?
04:44 - Les miens, ils sont pompiers, militaires,
04:46 policiers, gardiens de prison...
04:48 - Donc c'est des gens qui sont plutôt formés à l'autorité,
04:51 a priori ?
04:52 - Absolument.
04:53 - Qui sont respectueux des règles sans doute,
04:55 et avec lesquelles vous pouvez travailler
04:57 conscienceusement j'imagine ?
04:58 Ils sont motivés j'espère ?
05:01 - Ils sont motivés,
05:02 ils travaillent en uniforme,
05:03 c'est l'éducation nationale,
05:04 ils travaillent en uniforme.
05:06 L'uniforme est financé à moitié par les parents,
05:10 et à moitié par le conseil régional,
05:12 donc ils doivent respecter à la fois cet uniforme
05:16 qui est à l'effigie du lycée,
05:18 la propreté de celui-ci,
05:20 tout ce qui va avec.
05:23 Mais pour les autres filières,
05:26 pour les jeunes de banlieue,
05:29 on voit qu'il y a...
05:31 - C'est vrai qu'il y a un problème avec l'autorité,
05:33 que c'est plus compliqué.
05:34 Vous êtes professeur depuis combien de temps Gilles ?
05:37 - Depuis 2017,
05:38 je suis retraité d'une autre fonction publique.
05:41 - D'accord,
05:42 donc vous avez effectivement moins de recul que d'autres,
05:44 depuis 2017 j'imagine que les choses n'ont pas vraiment beaucoup changé.
05:48 - Alors,
05:49 j'ai aussi les yeux ouverts,
05:52 je vois ce qui se passait,
05:54 j'ai vu ce qui se passait avant et ce qui se passe maintenant.
05:57 On voit que c'est de plus en plus
06:00 indispensable que les proviseurs et les CPE
06:04 fassent un filtrage supplémentaire.
06:06 Et même à l'intérieur du lycée,
06:09 le professeur nous demande de relier,
06:11 c'est-à-dire qu'il suffit de remettre
06:15 une capuche ou un voile à l'intérieur,
06:17 toute l'équipe pédagogique y veille.
06:20 Moi en tout cas, je ne laisse rien passer,
06:22 je ne rentre pas en discussion.
06:24 La casquette ou le voile...
06:26 - Oui, on ne rentre pas qu'une casquette dans un cours.
06:30 Merci beaucoup Gilles, on va marquer une première pause.
06:32 Il faut un peu d'autorité,
06:34 11h17, vous avez vu le match du Paris Saint-Germain hier soir ?
06:38 - Oui. - Bien évidemment !
06:39 - C'est une bonne nouvelle quand même !
06:42 Vous ne l'avez pas regardé ? - Non, je ne l'ai pas regardé.
06:44 - Vous n'êtes pas trop foot ? - Dieu qui l'y a !
06:46 - Bien sûr !
06:46 - C'était sur Canal, au commentaire,
06:49 il y avait Paul Tchoukriel et Abib Bey
06:52 et le Paris Saint-Germain,
06:53 début extraordinaire de Mbappé.
06:54 C'est quand le tirage au sort d'ailleurs, vous le savez ?
06:56 - Ah non, je ne sais pas, je regarde.
06:58 Laurent Tessier regarde.
06:59 - Laurent Tessier, il a l'œil !
07:02 - Heureusement qu'il est là, c'est la vigie !
07:03 - Il est là !
07:06 C'est un mot savant que vous m'avez enseigné !
07:09 - La vigie !
07:10 - Vous êtes mon petit dictionnaire,
07:11 vous êtes mon petit Larousse !
07:12 - Bon, à tout de suite !
07:14 - Pascal Praud vous accompagne de 11h à 13h sur Europe 1
07:17 et pour réagir, vous composez ce numéro.
07:19 - A tous ceux qui sont un peu ric-rac à la fin du mois,
07:27 à ceux qui sont juste-juste, voire limite-limite parfois,
07:30 et à tous ceux qui ne s'appellent pas Cresus,
07:32 pourtant c'est mignon Cresus !
07:33 - Chez Intermarché, s'engager contre la vie chère,
07:35 c'est vous proposer le produit le moins cher de France.
07:38 Comme l'huile de douche Labelle à l'Argan et à la Rose
07:40 à seulement 1,04€.
07:42 Et c'est aussi au drive et en livraison.
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07:50 sur la base d'un relevé en date du 4 mars.
07:51 Voir méthodologie sur intermarché.com.
07:53 - Chez Boultrin Sofa, nous sommes fiers de vous annoncer
07:56 la sortie de notre nouvelle collection.
07:59 - Et moi, je suis fière de vous annoncer
08:00 qu'il y a jusqu'à 50% d'économies
08:03 sur les nouveaux modèles.
08:04 - Fin à 50% ?
08:05 - Eh oui, sur les nouveaux modèles de la collection.
08:07 - Une superbe économie !
08:09 Boultrin Sofa, solo divan et de qualité.
08:11 - Et voilà !
08:11 - Uniquement des canapés de qualité, vérifiez condition au magasin.
08:13 - 0,90€ le litre de E85.
08:18 Voilà.
08:20 Ben c'est tout.
08:24 Le litre de carburant à moins de 1€.
08:27 - À ce prix-là, tout est dit.
08:29 En mars, avec Ford, le seul constructeur à proposer
08:31 une gamme hybride E85 complète,
08:33 faites des économies à chaque plein.
08:35 - Ford.
08:36 - Prix moyen national pour janvier 2024,
08:38 constatez via la base de données des prix
08:39 écologie.gouv.fr, prix sujet à variation.
08:41 Au quotidien, prenez les transports en commun.
08:43 - Lire et votre passion ?
08:45 - Rejoignez le jury du Prix littéraire Europ1 GMF
08:48 aux côtés de Nicolas Carreau, Céline Géraud
08:51 et Frédéric Tadei.
08:52 - Pour sa 5e édition, le Prix Europ1 GMF
08:56 récompense une œuvre qui met à l'honneur la solidarité,
08:59 l'engagement collectif et l'humain.
09:01 - Pour partager votre passion et intégrer le jury
09:03 du Prix littéraire Europ1 GMF,
09:06 inscrivez-vous au Club Europ1 sur clube1.europ1.fr.
09:11 - Leclerc, bonjour !
09:13 - Oui, bonjour !
09:14 Vous connaissez le proverbe "Une pomme chaque matin
09:16 éloigne le médecin" ?
09:17 - Oui, bien sûr !
09:18 - Eh bien, moi j'en ai un autre !
09:19 Prends tes pommes chez Leclerc, tu feras des affaires !
09:22 - Oh, pas mal aussi !
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09:31 - Chez Leclerc, le goût du frais, ça se défend tous les jours.
09:34 Variété Crips Pink, catégorie 1, calibre 170/220g,
09:37 modalité et magasin participant sur www.e.leclerc.
09:41 - Il est 11h15 sur Europ1,
09:43 chef d'établissement, professeur en danger,
09:45 on en parle avec Pascal Pro,
09:47 et vous au 01-80-20-39-21,
09:49 Pascal Pro de retour dans moins d'une minute sur Europ1.
09:52 A tout de suite !
09:53 - 11h13...
09:54 - Pascal Pro sur Europ1.
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10:51 - Europ1.
10:52 - Pascal Pro et vous.
10:53 - De 11h à 13h sur Europ1
10:55 avec votre invité au téléphone,
10:56 Pascal Bruno Popkiewicz.
10:58 Bonjour M. Popkiewicz.
11:00 Bonjour M. Popkiewicz,
11:03 est-ce que vous êtes avec nous ?
11:05 - Oui, oui, je vous entends.
11:06 - Bonjour.
11:07 Vous êtes professeur et secrétaire général
11:09 du principal syndicat de chefs d'établissement.
11:11 Je disais tout à l'heure que pour être prof,
11:12 c'est un sacerdoce aujourd'hui.
11:14 Est-ce que vous êtes d'accord ?
11:15 - Oui, oui, je dirais la même chose
11:18 de chef d'établissement en réalité.
11:20 Donc, on a des métiers en tension,
11:22 difficiles d'ailleurs,
11:24 qui souffrent d'un manque de candidats.
11:26 Donc, c'est une conséquence directe
11:28 des conditions d'exercice
11:29 que peuvent vivre les enseignants
11:31 et les chefs d'établissement.
11:32 - Est-ce que vous pouvez nous raconter
11:33 votre quotidien ?
11:34 D'abord, dans quel lycée êtes-vous ?
11:36 Dans quelle région de France êtes-vous ?
11:38 - Alors, moi, je suis proviseur
11:39 d'une cité scolaire, Buffon à Paris.
11:42 Donc, qui est un établissement plutôt favorisé,
11:45 qui ne rencontre pas forcément
11:48 de grosses difficultés dans la vie quotidienne.
11:51 Mais c'est très variable d'un établissement à l'autre,
11:54 il faut le reconnaître.
11:55 Et la vie quotidienne d'un chef d'établissement,
11:57 c'est à la fois garantir
11:59 les conditions de sécurité,
12:01 donc c'est aussi gérer les personnels,
12:04 gérer les incidents avec les élèves,
12:07 c'est piloter et administrer l'établissement
12:10 dans la vie quotidienne,
12:11 les conseils de classe,
12:12 c'est beaucoup de sujets différents.
12:13 Et une journée de chef d'établissement
12:15 n'est jamais identique à la précédente.
12:17 - Est-ce que vous pouvez me raconter
12:19 le dernier incident que vous avez eu à gérer ?
12:21 - Alors, là, il faut que je réfléchisse
12:25 à ce qui pourrait être significatif.
12:27 Je pense qu'on a régulièrement,
12:30 je ne vais pas citer un exemple,
12:31 mais je l'ai vécu récemment dans mon établissement,
12:34 parfois des tensions avec les familles
12:37 qui contestent une décision,
12:40 qui contestent le choix qu'a peut faire un enseignant
12:44 dans sa notation ou dans son programme.
12:48 Et aujourd'hui, on est régulièrement confrontés,
12:50 et le rapport de la médiatrice le confirme tous les ans,
12:54 une augmentation des contestations
12:57 des parents d'élèves notamment.
12:58 Et ça fait partie des sujets qu'on est amenés
13:01 à régulièrement traiter en tant que chef d'établissement.
13:03 - Le lycée Buffon est dans le 15e arrondissement,
13:06 c'est ça, Boulevard Pasteur ?
13:07 Et moi, je vois souvent des jeunes gens
13:09 qui sont devant lorsque je vais à Montparnasse,
13:12 comme tout à chacun, chercher,
13:15 j'allais dire des amis, non, pas des amis d'ailleurs,
13:17 c'est mon ami que je vais chercher en l'occurrence,
13:21 et le vendredi, parfois, je peux passer devant
13:24 et je vois plein de jeunes gens,
13:25 et c'est toujours sympathique d'avouer.
13:26 - Très beau quartier, j'aime beaucoup.
13:27 - Oui, mais c'est surtout de voir des jeunes gens
13:30 devant un lycée, je ne sais pas si vous êtes comme moi,
13:33 lorsque je passe devant,
13:35 voilà, il y a quelque chose, on se dit "bah oui,
13:37 il y a quelques années, c'était nous".
13:39 - Exactement, quelques décennies.
13:41 - Quelques décennies quand vous dites "c'était eux".
13:44 Vous êtes proviseur depuis combien de temps,
13:47 monsieur Bokiewicz ?
13:49 - 21 ans.
13:50 - Bon, depuis 21 ans.
13:51 Qu'est-ce qui a le plus changé en 21 ans ?
13:54 - Je pense que c'est la complexification
13:57 de ce que nous, on est amené à faire dans la vie quotidienne.
13:59 C'est beaucoup de numérique,
14:00 c'est beaucoup, encore une fois, de justifications,
14:03 notamment auprès des parents d'élèves.
14:05 Ça, c'est des choses qui ont beaucoup évolué.
14:08 C'est l'évolution aussi du public qu'on accueille,
14:10 avec évidemment, pas forcément systématiquement
14:12 de dégradation d'ailleurs,
14:13 mais des tendances, des modes différentes,
14:17 qui fait qu'effectivement, notre vie quotidienne
14:19 n'est plus celle du début des années 2000,
14:22 comme j'ai pu le connaître quand j'ai député.
14:24 - Je voulais vous faire écouter Dominique Régnier,
14:26 il est politologue,
14:26 il était l'invité de sonner à Mabrouk ce matin
14:28 à 8h10 sur Europe 1.
14:30 Écoutez ce qu'il disait.
14:32 - La société ne se tient plus, en fait, je trouve.
14:35 Ça, c'est le point le plus inquiétant,
14:36 parce que jusqu'ici, j'avais plutôt le sentiment
14:38 que la société continuait à se tenir.
14:40 Nos pouvoirs, enfin, ne sont pas...
14:43 Moi, je pense qu'ils craignent davantage d'être craints.
14:46 - Mais c'est un cycle...
14:47 - C'est absurde, parce que c'est leur rôle.
14:49 - Mais oui.
14:49 Il ne faut pas venir au pouvoir pour être aimé.
14:51 La société a besoin d'une direction
14:53 qui réinjecte de la crainte.
14:56 Il faut une remise en ordre de la société.
14:59 - La société ne se tient plus,
15:01 est-ce que vous partagez, M. Bobievitz ?
15:05 - Je ne sais pas exactement ce que ça veut dire,
15:07 la société ne se tient plus.
15:09 Ce que je peux dire aujourd'hui,
15:11 c'est que sur la question de l'école en particulier,
15:14 puisque c'est mon travail,
15:16 on attend tout de l'école, en fait.
15:18 Donc, on lui fait porter la responsabilité
15:21 de toutes les difficultés et de la gestion de tous les sujets.
15:26 - Ah, j'ai l'impression qu'on a perdu M. Bobkiewicz.
15:30 Et on va peut-être pouvoir le reprendre dans une seconde.
15:34 Mais Alexandre est là.
15:35 Alexandre qui est professeur également.
15:36 Bonjour Alexandre, vous êtes professeur en Belgique, je crois ?
15:39 - Oui, bonjour M. Proec.
15:41 - Bonjour Alexandre, vous écoutez notre conversation.
15:43 Est-ce que les problèmes qui existent en France,
15:45 vous les rencontrez également en Belgique ?
15:47 - Oui, je viens d'entendre ici mon collègue français.
15:51 Donc moi, c'est vrai que j'ai la chance de travailler aussi
15:53 dans un établissement relativement favorisé.
15:56 Je partage parfaitement le point de vue qu'il a donné
15:58 en disant que ce qui pose problème aujourd'hui,
16:00 c'est beaucoup de contestations régulières
16:02 de la part des élèves et des parents
16:03 sur notre manière de travailler.
16:06 Ça, c'est une première chose.
16:08 Et la deuxième chose,
16:09 pour faire le lien avec l'invité précédent de la région lyonnaise,
16:12 c'est qu'en Belgique, on a ce problème,
16:14 c'est qu'en théorie, nous, on ne parle pas de laïcité,
16:17 on parle de neutralité,
16:18 mais on a des établissements scolaires
16:20 qui, malgré cette neutralité obligatoire,
16:23 acceptent vraiment le port du voile,
16:25 voire le port de la baïa dans certains quartiers,
16:28 notamment à Bruxelles ou à Verviers.
16:30 Et là, c'est davantage problématique,
16:31 étant donné qu'on se retrouve avec des élèves
16:35 qui, finalement, arrivent avec des opinions
16:39 qui sont franchement radicalisées
16:41 et où les enseignants sont parfois obligés de se censurer.
16:45 Moi, je vous dis, quand je parle avec mes collègues
16:47 de ces établissements-là, c'est assez problématique.
16:49 Donc, vraiment, les réalités dans les deux pays
16:52 sont globalement les mêmes.
16:55 Donc, le grand problème,
16:56 c'est cette place qu'on fait sans cesse aux parents
17:00 et aux élèves,
17:03 mais qui, la plupart du temps, malheureusement,
17:05 sont plutôt au détriment de notre métier,
17:08 et où on doit constamment être dans la négociation.
17:11 Et ça, c'est problématique.
17:12 Et il y a aussi des érives chez nous, comme chez vous,
17:15 avec des agressions,
17:16 voire, parfois, malheureusement, des meurtres.
17:19 Donc, les réalités sont tout à fait les mêmes.
17:21 - Vous avez expliqué, évidemment, avec des mots extrêmement précis
17:24 et synthétisés, une situation qu'on devine.
17:26 Vous enseignez à quelle matière, Alexandre ?
17:29 - Moi, j'enseigne la langue française.
17:32 - Et les jeunes collégiens ou lycéens belges
17:35 sont avides de la langue française ?
17:37 Est-ce qu'ils apprécient nos auteurs ?
17:41 - Malheureusement, il y a de moins en moins de culture générale.
17:43 Ça, c'est aussi un problème.
17:45 Et donc, c'est pour ça que je dis,
17:46 le problème, parfois, de radicalisation de certains jeunes
17:49 dans certains établissements,
17:51 parce qu'ils manquent d'esprit critique.
17:52 Et on essaye, autant que faire se peut,
17:55 d'apporter un maximum de concepts,
17:57 en lien avec la langue française, bien entendu,
17:59 pour, justement, développer cet esprit critique.
18:02 C'est ce manque de repères qui pose problème, je pense, aussi,
18:05 chez les jeunes, et donc, qui, parfois, se radicalisent.
18:09 On parle ici de l'islamisme religieux,
18:11 mais ça peut être aussi les problèmes liés à l'extrême-gauche.
18:13 On a le même problème en Belgique, essentiellement francophone,
18:16 avec un parti politique comparable à celui de M. Mélenchon,
18:19 qui, parfois, malgré cette neutralité dans les établissements scolaires,
18:22 parvient, de par ses jeunesses politiques,
18:25 à faire cette propagande d'extrême-gauche.
18:26 Et c'est assez problématique.
18:28 - M. Babkiewicz est de retour.
18:29 Il est proviseur, secrétaire général du principal syndicat des chefs d'établissement.
18:33 Il y a quand même quelque chose de positif,
18:35 c'est que, dans le temps, ce phénomène était nié,
18:37 c'est le rapport Aubain,
18:38 et qu'aujourd'hui, on sait à peu près ce qui se passe quand même dans les lycées,
18:42 qu'il y a quand même eu une prise de conscience,
18:43 qu'on a un ministre Attal qui, durant l'automne,
18:47 a semblé vouloir faire bouger les choses.
18:49 Je ne sais pas d'ailleurs ce que vous pensez de Mme Belloubet,
18:51 mais on a quand même le sentiment que vous êtes sous surveillance,
18:55 si j'ose dire,
18:57 et peut-être aidée, je l'espère.
18:59 - Excusez-moi comme ça, à couper,
19:02 si vous pouvez repréciser le sujet.
19:04 On parle de laïcité, j'imagine ?
19:05 - Non, au-delà de laïcité,
19:07 je disais qu'il y a 20 ans,
19:10 le phénomène était ou nié,
19:12 ou les médias n'en parlaient pas,
19:14 c'est le rapport Aubain,
19:15 et qu'aujourd'hui, quand même,
19:17 on a pris conscience de ce qui se passe dans les lycées et dans les collèges,
19:20 que ce sont des choses dont on parle,
19:25 et la preuve, on parle de ce sujet depuis quelques minutes,
19:29 et que le fait quand même d'en parler, de le médiatiser,
19:32 doit quand même vous aider au quotidien.
19:34 - Oui, oui, je pense qu'il y a une prise de conscience,
19:37 générale, maintenant il faut voir comment
19:39 on peut agir pour améliorer la situation.
19:42 Tout n'est pas négatif,
19:43 il ne faut pas noircir le tableau complètement,
19:45 mais il faut se pencher sérieusement
19:48 sur les difficultés rencontrées,
19:50 et essayer de faire en sorte que les choses évoluent,
19:51 c'est une évidence.
19:52 - Bon, les parents, alors c'est souvent un problème,
19:55 les parents, parce que de mon temps,
19:57 si j'ose dire, ça a fait rire Olivier Guenec,
19:59 mais les parents, non seulement ne se mêlaient pas de ça,
20:01 mais les parents disaient "vous avez toute l'attitude
20:03 de prendre toutes les décisions, les notes,
20:05 et pourquoi pas, même davantage sur mon fils".
20:08 Aujourd'hui, visiblement, la part des parents,
20:10 c'est compliqué pour vous, monsieur le proviseur ?
20:12 - Oui, les choses se sont plutôt inversées,
20:15 on a beaucoup de parents, encore une fois,
20:17 parlons du positif, beaucoup de parents
20:19 qui accompagnent, qui sont sur un discours
20:22 qui est exactement celui de l'école,
20:24 et là on peut vraiment parler de co-éducation,
20:26 mais on a à la marge,
20:27 le problème c'est que c'est de moins en moins à la marge,
20:30 des parents qui soutiennent plutôt la position de l'élève,
20:33 qui sont dans la contestation,
20:35 et qui n'hésitent pas à menacer,
20:38 à engager des démarches contentieuses
20:42 à l'encontre de l'école.
20:43 - Non mais ça c'est fou quand même !
20:44 Par exemple, cette année, il y a eu une démarche contentieuse
20:47 contre l'école, il y a un exemple ?
20:49 - Moi j'ai par exemple une famille qui a décidé
20:51 d'aller au tribunal administratif sur une décision de sanction,
20:54 une sanction de trois jours,
20:56 pour des faits qu'on avait considérés comme faits de harcèlement.
20:59 - C'est sidérant quand même !
21:00 - Elle a décidé d'aller au tribunal administratif.
21:02 - Mais même, c'est même pas rendre service à ce jeune homme,
21:05 ou cette jeune fille qui est harcelée.
21:07 - Je suis d'accord.
21:09 - C'est ça qui est terrifiant.
21:10 Et j'imagine que vous avez un échange avec ces parents
21:12 dans votre bureau, vous essayez de les convaincre ?
21:15 - Bien sûr, bien sûr.
21:16 - Et vous n'y arrivez pas ?
21:18 - Non, c'est des parents qui sont persuadés
21:19 que l'établissement fait une erreur,
21:22 et donc que c'est leur enfant qui a raison.
21:25 - C'est terrible, c'est terrible.
21:26 Bon bah écoutez, merci en tout cas,
21:28 monsieur Bob Kivitz, et bonne chance à vous,
21:31 vous êtes proviseur au lycée Buffon,
21:34 dans le 15ème arrondissement.
21:35 Je remercie également Alexandre qui était avec nous de Belgique.
21:37 Alexandre, une dernière chose,
21:38 qu'est-ce que vous étudiez en ce moment ?
21:40 Qu'est-ce que vous faites étudier aux élèves,
21:42 comme pièces ou comme romans ou comme essais, que sais-je ?
21:46 - Moi, j'ai les élèves de 12 à 15 ans,
21:49 donc nous on reprend les bases de la langue française.
21:52 Il est vrai que dans la lecture de romans,
21:55 on est plutôt en cours dans la littérature jeunesse,
21:58 mais on peut avoir du débat,
21:59 et notamment en inspirant un bon monsieur.
22:02 - Mais vous n'avez pas un titre à me donner ?
22:03 Un titre, pour les plus en 15 ans, Pagnol ?
22:06 - Ici, récemment, j'ai étudié une auteur belge avec eux,
22:11 Eva Cavian, "La conséquence de mes actes".
22:13 - Je ne connais pas bien.
22:15 - Mais comme je vous dis, vous êtes source d'inspiration aussi.
22:18 - Et bien écoutez, étudier les auteurs français,
22:24 et bien évidemment, je vous remercie grandement Alexandre.
22:27 Merci.
22:27 - Bon Marc, une pause, il est 11h28, on est peut-être un peu en retard.
22:31 - Et si vous voulez réagir, vous composez le 01 80 20 39 21
22:35 avec Pascal Praud de 11h à 13h, et la page Facebook existe aussi.
22:39 Pour réagir et donner votre avis sur Europe 1,
22:41 rendez-vous sur la page Facebook de Pascal Praud et vous.

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