• l’année dernière
Face au fléau de ces groupes armés qui pillent, violent et tuent des civils, l’ONU a accepté, lundi 2 octobre, d’envoyer une force d’intervention multinationale pour rétablir l’ordre sur l’île. La mission avait été réclamée par le premier ministre haïtien un an auparavant.

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Transcription
00:00 Il existe une capitale contrôlée à 80% par des gangs et non par l'État.
00:04 Ça se passe en Haïti, où des groupes armés violent, tuent et sèment la terreur au sein de la population.
00:10 Au point que l'ONU a accepté lundi 2 octobre d'envoyer une force d'intervention pour rétablir l'ordre sur l'île.
00:16 Mais comment ces gangs sont-ils devenus si puissants en Haïti ?
00:19 D'abord, il faut rappeler qu'Haïti est l'un des pays les plus pauvres du monde.
00:22 Et cette pauvreté s'explique en partie par la dette colossale imposée au pays par la France,
00:28 puis reprise par les États-Unis en échange de son indépendance en 1804.
00:31 Le pays ne va jamais réellement sortir de cette instabilité politique et économique.
00:36 Dès les années 50, les politiques haïtiens entretiennent des relations troubles avec des groupes armés.
00:40 Et ça, particulièrement durant la dictature d'un père et d'un fils, les Duvaliers.
00:45 Le père, François Duvalier, est élu en 1957 et va rapidement créer une force paramilitaire
00:51 pour se maintenir au pouvoir à tout prix.
00:53 Ce sont les tontons Makout, un bras armé du pouvoir qui se charge notamment d'assassinats d'opposants politiques,
00:58 mais aussi de violences contrôlées civiles.
01:01 Il sera conservé par son fils, Jean-Claude Duvalier, jusqu'en 1986.
01:05 Mais la fin de leur dictature ne marque pas pour autant la mort de ce système, de violences et de corruptions.
01:10 Les anciens membres des tontons Makout continuent à participer dans les années qui suivent à des coups d'État,
01:15 des extorsions de fonds ou à des assassinats politiques.
01:18 Et c'est bien ce terreau criminel qui est à l'origine des gangs que l'on connaît aujourd'hui.
01:22 Mais les gangs haïtiens vont aussi bénéficier d'événements imprévisibles
01:25 qui vont dramatiquement accélérer leur expansion.
01:27 En 2010, le pays subit le pire tremblement de terre de son histoire.
01:30 Plus de 250 000 personnes meurent et 1,5 million de personnes se retrouvent à la rue.
01:35 Une large partie du pays est en ruine et notamment les prisons,
01:39 d'où vont s'échapper plusieurs milliers de membres de gangs jusque là incarcérés.
01:43 Et c'est ce chaos justement qui va permettre aux gangs de grandir et d'agir en toute impunité.
01:48 Ces groupes armés gagnent de l'argent par le racket.
01:51 De commerçants, de particuliers, mais aussi en enlevant des individus
01:54 et en demandant des rançons très élevées à leur famille.
01:56 Cet argent sert ensuite en partie à acheter des armes,
01:59 le plus souvent importées illégalement des États-Unis.
02:02 Résultat, ces gangs sont plus nombreux et surtout bien mieux équipées
02:06 que la police haïtienne elle-même.
02:07 Et en parallèle, l'État haïtien est de plus en plus affaibli.
02:10 Le 7 juillet 2021, le président en poste, Jovenel Moïse,
02:14 est assassiné à son domicile.
02:16 C'est son premier ministre, Ariel Henry, qui hérite du pouvoir,
02:19 mais il est très contesté par une large partie de la population
02:22 qui le considère illégitime.
02:23 Un mois après la mort du président, un nouveau tremblement de terre secoue le pays.
02:26 L'État ne parvient plus à faire face, les institutions ne fonctionnent plus
02:30 et à ce jour, le pays ne compte plus aucun sénateur ou député en poste.
02:34 Face à ce constat, le premier ministre haïtien avait lancé en 2022
02:37 un appel à la communauté internationale.
02:39 Un an plus tard, les Nations Unies donnent finalement leur accord.
02:42 Pour organiser une intervention multinationale,
02:45 un millier d'hommes devrait être envoyés dès 2024
02:47 pour débarrasser l'île de ses gangs,
02:49 une mission dirigée par le Kenya qui s'est portée volontaire.
02:52 Cette décision a été accueillie de façon mitigée par la population
02:55 qui garde en tête les deux dernières missions de l'ONU en Haïti
02:58 dans les années 90 et 2000.
03:00 Des interventions très critiquées, car des casques bleus
03:02 avaient commis des crimes contre la population haïtienne
03:04 et amené le choléra.
03:05 Ces deux missions avaient toutefois échoué à ramener la paix dans le pays.
03:09 Sous-titrage ST' 501
03:11 [Musique]

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