"Sauver les enfants" : le combat de Soeur Emmanuelle, raconté par Philippe Asso.

  • l’année dernière
Avec Philippe Asso, prêtre du diocèse de Nice et co-auteur de "Sauver les enfants" publié aux éditions Flammarion.

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Transcript
00:00 13h03 sur Sud Radio, on est toujours dans Berkhoff dans tous ses états.
00:03 Aujourd'hui Stéphanie Demuru reçoit pour son face à face Philippe Asso,
00:06 prêtre du diocèse de Nice et co-auteur de Sœur Emmanuel, sauver les enfants.
00:11 C'est aux éditions Flammarion.
00:14 Philippe Asso prêtre du diocèse, Philippe Asso vous fuite pendant 15 ans
00:20 le collaborateur et conseiller spirituel de Sœur Emmanuel. Vous êtes donc en
00:25 lysée prêtre, docteur en théologie, en sciences du langage. Bonjour, merci d'être
00:30 avec nous, on est ravis de vous accueillir ici dans ce studio, nouveau
00:35 studio de Sud Radio. Alors avant de revenir en longueur sur
00:38 celle que l'on surnommait la petite sœur des chiffonniers du Caire, on va parler un
00:43 petit peu d'actualité aussi parce qu'on a le temps, on a une heure ensemble.
00:46 Votre regard de religieux sur ce conflit israélo-palestinien qui semble sans fin.
00:53 Parlons vrai. C'est le slogan effectivement.
00:59 On ne peut pas comprendre la situation actuelle sans un minimum de regard sur
01:06 l'histoire parce que c'est un conflit géopolitique, il est malheureusement et
01:11 dramatiquement sur le long terme.
01:15 Tout d'abord il convient tout de même de condamner avec fermeté une atteinte
01:22 territoriale contre des populations civiles au mépris du droit international
01:26 et des droits humains. Il faut être clair là-dessus tout de même.
01:30 Mais on ne peut pas comprendre cet événement sans ce qui s'est passé en
01:35 1948 où en application de la résolution 181 des Nations Unies a été créé un
01:44 état hébreu, l'état d'Israël, aurait dû voir le jour un état palestinien et la
01:51 ligue arabe, c'est à dire sept pays, l'imitrof et au-delà, ont déclaré
01:57 immédiatement la guerre le 15 mai 48 à l'état d'Israël et ont persuadé les
02:02 palestiniens qu'il n'aurait pas de souci à se faire, que l'état d'Israël ne
02:06 verrait jamais le jour et ont favorisé leur exil puisque les palestiniens étaient
02:10 méprisés. Les états arabes certains auraient perdu des territoires s'il y
02:16 avait eu un état palestinien. Ce n'est que plus tard grâce notamment à
02:20 l'action de Yasser Arafat qui a pris la main grâce au front de libération de la
02:24 Palestine sur l'OLP que la cause palestinienne est devenue un drapeau
02:29 pour le monde arabe mais c'est tardif. Voilà, évidemment aujourd'hui nous avons
02:33 ce clivage entre sunnites et chiites, entre Hamas et autorités palestiniennes,
02:39 entre l'Iran, évidemment les influences de l'Iran, de l'Arabie Saoudite,
02:44 c'est éminemment complexe, c'est éminemment complexe. Mais cette complexité
02:49 ne nous empêche pas de dire un drame se joue là maintenant, des femmes, des
02:55 enfants, des civils sont otages des militaires aussi.
02:59 Bon. Le pape François en tout cas a toujours prôné le dialogue et la paix
03:05 dans ce conflit, ça paraît un petit peu anachronique
03:08 aujourd'hui avec cette opération militaire terroriste, clairement du Hamas,
03:12 le pape d'ailleurs qui réagit. "Je suis avec tristesse ce qui se passe en Israël,
03:16 que les attaques et les armes cessent s'il vous plaît, que l'on comprenne que le
03:20 terrorisme et la guerre ne mènent à aucune solution, la guerre est une défaite."
03:25 Bon, on imagine que vous n'allez pas critiquer...
03:29 [Sous-titres réalisés par la communauté d'Amara.org]
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11:35 Un enfant qui va à l'école est un enfant sauvé, c'est le premier pas,
11:40 parce que le salut, je l'ai dit de manière positive, comme objectif, de manière négative,
11:46 le salut c'est de sortir de la fatalité.
11:49 Quand vous naissez, enfant des abalines, des chiffonniers du Caire,
11:53 votre destin c'est d'être un abaline, d'être un chiffonnier,
11:57 de n'avoir aucun avenir social, d'être méprisé par l'autre partie de la population,
12:03 d'être un impur, en quelque sorte un paria, et de ne jamais sortir du bidonville.
12:08 C'est un enfermement à tout point de vue.
12:11 Et bien sauver c'est sortir de l'enfermement, sortir de la fatalité, avoir un horizon.
12:17 Vous parlez de la dernière partie, en tout cas la troisième partie de sa vie,
12:22 au lieu de prendre sa retraite, elle a décidé d'aller au Caire, dans les bidonvilles,
12:29 aider ses enfants, et vous expliquez, elle explique dans le livre,
12:34 qu'au début les parents sont assez réticents finalement.
12:36 Les parents sont très réticents, pour plusieurs raisons.
12:39 D'abord ils ignorent ce que c'est l'école, ils n'y sont jamais allés eux-mêmes.
12:42 Il y a une méfiance.
12:44 C'est plus que ça. Parce que aller à l'école c'est priver aussi
12:49 de la force économique de travail des enfants.
12:53 Dès 3, 4, 5 ans ils sont mis au boulot pour le tri des déchets.
12:57 Et dans tous les endroits vraiment pauvres, malheureusement,
13:01 où c'est comme ça, les enfants sont aussi une force de production économique.
13:05 Ils bossent, vous comprenez ?
13:07 - Elle explique d'ailleurs ce mépris terrible de ces enfants qui ramassent les poubelles,
13:10 les gens leur ouvrent la porte, ne les regardent pas vraiment,
13:14 et surtout ne les touchent pas. - On ne les touche même pas.
13:16 - Ils posent les poubelles par terre et les enfants les prennent.
13:18 - Alors à la fois on ne les touche pas parce que ce sont des paris à la société,
13:23 ils vivent sur le tas d'ordures, enfin bon, ce sont les autres,
13:27 ce sont les ramasseurs de poubelles quoi.
13:29 Et deux aussi il y a des motifs parfois religieux,
13:32 puisque pour les chrétiens notamment il y a des abellines musulmans,
13:37 des chiffonniers musulmans, des chiffonniers chrétiens.
13:39 Soeur Emmanuel s'est adressée à tous et à toutes indistinctement,
13:43 mais les chrétiens élèvent par exemple des porcs et ils sont impurs aux yeux des musulmans.
13:47 - Et elle a ce courage-là de les sortir, elle en a sauvé beaucoup,
13:52 elle est, entre guillemets, c'est un vocabulaire un peu politique,
13:56 mais elle est satisfaite de son bilan ?
13:59 C'est une question que vous lui avez posée ?
14:02 - Pas besoin de la poser, elle s'en est expliquée en long, en large, en travers.
14:07 D'un côté non, parce qu'elle dit toujours "et les autres, et les autres,
14:12 moi je n'ai fait que mettre une goutte d'eau dans l'océan de la misère et de la pauvreté, ok."
14:16 Et d'un autre côté, avant sa mort, il n'y avait plus un seul bidonville, bidonville.
14:24 Tout était transformé en dur.
14:26 Les enfants étaient scolarisés, elle a d'abord commencé par des crèches,
14:29 puis ça a été des écoles, puis des collèges, puis des lycées.
14:32 Et maintenant les enfants peuvent aller au lycée et faire des études supérieures.
14:36 Donc oui, oui, mais il y a tant d'autres enfants.
14:40 - Vous y êtes retournée là-bas, vous, où elle était justement, soeur Emmanuel ?
14:45 - Moi non, mais l'association Azmaï, soeur Emmanuel, continue l'action,
14:50 en lien bien sûr avec soeur Sarah et les religieuses coptes au Caire.
14:54 - Aujourd'hui on en est où ?
14:56 - Aujourd'hui, l'action de soeur Emmanuel se poursuit grâce à la coordination de soeur Sarah,
15:03 avec l'aide d'associations.
15:05 Comme je l'ai dit, maintenant tout est en dur, la scolarisation est en cours.
15:09 Il y a toujours une antenne et une intervention au Soudan,
15:12 et malheureusement, malheureusement, le Soudan a de nouveau pris feu.
15:17 Je voudrais juste rappeler ceci sur l'urgence contemporaine.
15:20 20 000 enfants dans le monde sont déportés, exilés chaque jour, chaque jour.
15:27 Et en 4 mois au Soudan, 1 200 enfants sont morts, non pas de la guerre,
15:33 ou de manière violente, dans les camps, dans les camps de réfugiés, de maladies et de faim.
15:39 Comprenez ? Donc, la misère, la pauvreté, c'est un océan.
15:49 - Aujourd'hui elle aurait été au Soudan, soeur Emmanuel ?
15:51 - Bien sûr. - Clairement. - Et bien en tête.
15:54 - Il y a beaucoup d'associations qui prennent le relais à l'instar de celle de soeur Emmanuel,
16:00 aujourd'hui dans ces pays où il y a un abandon et une indifférence totale.
16:05 - Il y a énormément de personnes, d'associations qui sont mobilisées.
16:12 Et je regrette, vous voyez, que dans l'univers médiatique, fasciné par l'immédiateté de l'actualité,
16:18 l'actualité profonde, comme par exemple le fait que, malgré les orientations de l'ONU suivies par l'UNESCO,
16:27 en 2030, il y aura encore 245 millions d'enfants qui n'auront aucun accès à l'instruction. Aucun.
16:38 Bon, je parle de la faim, je parle de l'exil. Ce sont des choses de fond.
16:43 Et bien, mettons aussi le projecteur sur toutes ces hommes, toutes ces femmes, toutes ces institutions,
16:50 publiques, privées, ONG, Etat, qui travaillent. Qui travaillent, vous voyez.
16:56 - Des enfants que l'on retrouve malheureusement souvent dans les bateaux, qui essayent de traverser la Méditerranée.
17:02 C'est un phénomène qui va en s'accroissant et qui va aller en s'accroissant avec le réchauffement climatique.
17:10 - Nos auditeurs le savent, le phénomène migratoire ne fait que commencer.
17:16 L'instabilité géopolitique, les guerres, on le voit bien,
17:21 des changements climatiques, donc les désertifications, la faim, la soif,
17:28 vont pousser de plus en plus d'hommes et de femmes sur les routes de l'exil et de la migration.
17:36 Malheureusement, notre mer commune, la Méditerranée, est un cimetière.
17:44 On ne peut pas être simpliste dans la question, bien sûr.
17:48 Mais considérons les droits humains simples d'hommes, de femmes et d'enfants,
17:55 qu'on ne peut pas simplement renvoyer, comme dit le pape, les renvoyer aux mains des passeurs.
18:03 Parce que le pape François, pour les idéologues de tout poil, qui l'admirent ou qui le conspuent,
18:10 dirait des choses simplices, mais pas du tout. Il analyse les difficultés dans les pays d'origine.
18:16 - Oui, il a quand même fait la morale aux Occidentaux, à son arrivée à Marseille.
18:22 Il est dans son rôle. - C'est normal.
18:26 - Il est aussi simple, effectivement, sur le terrain, avec les opinions publiques,
18:30 avec l'accueil qui est difficile, avec la pauvreté qu'il y a aussi en France.
18:34 - Le rôle du pape est d'être une autorité morale, sinon spirituelle, mais morale.
18:39 Vous savez ce qu'a dit un fameux chef d'état de l'URSS, "Le pape, combien de divisions ?"
18:47 Bon, voilà, il ne peut faire que ce qu'il ne peut faire, et qu'il sait faire, qu'il doit faire.
18:52 Mais ce qu'il dit est simple, c'est que dans l'évangile,
18:56 "A celui auquel il a été beaucoup donné, il sera demandé davantage."
19:03 Nous avons une responsabilité, nous, pays riches, et développés, parce que riches et développés.
19:10 - Est-ce que le Vatican accueille des migrants ? - Oui.
19:13 - Combien ? - Je ne sais pas le chiffre, mais à la maison Sainte-Marthe, où habite le pape, des migrants ont été accueillis.
19:19 - On va se retrouver dans quelques instants, Philippe Asso,
19:22 je rappelle que vous êtes l'auteur du livre "Sœur Emmanuel, sauvez les enfants",
19:27 et ce sont les derniers échanges que vous avez eus, en tout cas avec Sœur Emmanuel.
19:32 - Oui, et puis on va prendre vos réactions sur Sud Radio, restez bien avec nous, 0826-300-300,
19:37 on vous attend au Standard. A tout de suite sur Sud Radio.
19:39 13h30 sur Sud Radio, nous sommes ensemble jusqu'à 14h aujourd'hui dans le Face à Face,
19:43 Stéphanie Demuru continue cet entretien avec Philippe Asso, prêtre du diocèse de Nice,
19:48 et co-auteur de ce livre "Sœur Emmanuel, sauvez les enfants", c'est aux éditions Flammarion.
19:52 - Philippe Asso, effectivement, qui fut un collaborateur, si on peut appeler ça comme ça, de Sœur Emmanuel.
19:58 Alors, dans ce livre où vous relatez, Philippe Asso, les derniers échanges avec elle,
20:02 il y a plein de choses, on y reviendra d'ailleurs, c'était assez cocasse,
20:06 les conseils éducatifs que Sœur Emmanuel donne, ça paraît simple comme ça,
20:11 mais enfin quand on l'applique c'est beaucoup plus compliqué.
20:13 Et puis, de belles anecdotes, ce fait incroyable qu'on avait un petit peu oublié,
20:18 Mustafa Kemal, alias Atatürk, le président turc de 1923 à 1938,
20:25 avait confié ses trois filles adoptives à l'école dans laquelle travaillait Sœur Emmanuel.
20:30 Alors, Sœur Emmanuel, elle explique qu'il savait que cette école apporterait une contribution à son projet,
20:36 à Atatürk, une nation turque moderne, avec des femmes qui occuperaient le premier plan.
20:42 Ça paraît incroyable aujourd'hui, que dirait Sœur Emmanuel sur la Turquie d'aujourd'hui ?
20:47 Mais c'est vrai que ça paraît fou que ce président turc ait envoyé ses enfants dans cette école plutôt catholique,
20:54 avec des sœurs catholiques, ça paraît incroyable aujourd'hui.
20:58 Mustafa Kemal, qui a pris le nom de famille au moment où il l'a imposé à tous,
21:05 Atatürk, le père des Turcs, a adopté des enfants, des filles, notamment arméniennes, chrétiennes.
21:14 Et donc il les a confiés à l'école Notre-Dame de Sion, tenue par des religieuses catholiques,
21:21 dans un contexte général de militance de sa part, de fondation d'un État turc, moderne, c'est-à-dire laïque.
21:30 Sœur Emmanuel raconte, petite anecdote, au moment où Mustafa Kemal impose sa réforme de la laïcité, il dit
21:38 "Ou tête sans keffier", signe religieux musulman, "Ou keffier sans tête".
21:49 Donc on promettait de couper la tête à tous ceux qui portaient des signes ostensibles.
21:53 Et donc, par exemple, toutes les religieuses de Sion, mais aussi le futur pape Jean XXIII, qui était non-apostolique,
21:59 sont obligées de s'habiller en Pékin, de quitter l'habit religieux en Turquie. Et tout le monde est ravi.
22:05 - Ça lui plaisait bien, ça, sœur Emmanuel, elle avait un côté très féministe.
22:10 - Très féministe, mais pas au sens féministe probablement pour certaines féministes contemporaines.
22:17 Mais aujourd'hui, effectivement, nous ne pouvons qu'observer la récession, de ce point de vue au moins, de la Turquie actuelle.
22:31 - Aujourd'hui, qu'est-ce qu'elle aurait pensé de ces débats, notamment sur la baïa, l'interdiction dans les écoles,
22:37 est-ce qu'elle aurait vu ça d'un bon œil ?
22:43 - Sœur Emmanuel aurait dit peut-être deux choses. Elle aurait dit, moi vous voyez, à partir de 1931 jusqu'en 1993,
22:53 j'ai vécu un monde arabo-musulman, ou plutôt musulman, puisque Turcs ne sont pas des Arabes.
22:58 C'est une orientale.
23:01 Ça c'est la première chose. La deuxième chose, connaissant la France,
23:08 elle aurait dit, et connaissant aussi certaines véléités islamistes radicales,
23:14 qu'elle réprouvait, qu'elle ne confondait pas avec l'islam,
23:17 elle aurait dit, il faut être très ferme.
23:20 - Très ferme, oui.
23:21 - Sœur Emmanuel, par exemple, a été inquiétée par des islamistes au début, au Caire.
23:27 Et ce sont les abalines, les chiffonniers, les hommes, y compris musulmans, qui l'ont défendu et empêché son arrestation.
23:37 Voire des inquiétudes physiques, au début, avant qu'elle ne fût célèbre,
23:41 puis évidemment nationalisée, égyptienne, par le président Moubarak.
23:46 Ça a été autre chose, mais au début ça n'a pas été simple.
23:48 Mais elle aurait bien fait la différence, attention, entre les musulmans musulmans,
23:53 enfin honnêtes et croyants, et ces mouvements islamistes,
23:57 qui montaient en puissance de son temps, les frères musulmans,
24:01 qui dans le monde notamment arabo-musulman, mais pas seulement,
24:05 turcs aussi, ont commencé à voir le vent en poubelle, radicaliser et prenaient des actions violentes.
24:13 - On apprend, je vous disais, plein de conseils, vous parliez de fermeté,
24:18 il y a un gros chapitre, qui prend d'ailleurs la moitié du livre,
24:24 alors ça je m'adresse aux parents, aux grands-parents,
24:27 on apprend qu'il ne faut pas crier, des choses qu'on sait déjà,
24:30 mais enfin quand on les relie, on se dit, mince, il faut les appliquer,
24:34 c'est pas toujours évident dans la pratique, il faut appliquer les punitions,
24:38 jamais revenir en arrière, jamais te fesser,
24:41 c'est un petit peu le sketch, je sais pas si vous le connaissez,
24:43 de la Maman Calme de Florence Foresti, bref, il faut être un parent exemplaire,
24:49 c'est quand même difficile.
24:51 - Non, elle le dit, c'est très difficile l'éducation, on n'y arrive pas,
24:57 elle le dit, non, elle le dit, attention, elle est mesurée,
25:01 puis elle dit qu'il faut avoir beaucoup d'humour.
25:03 - Oui, ça l'humour, parfois on le perd, quand on est devant des récepts citrons.
25:07 - Voilà, elle sait très bien ce que c'est, elle-même a perdu ses moyens
25:11 un jour devant une élève qu'elle a giflé.
25:13 - Elle gifle une élève, elle l'a regretté toute sa vie.
25:15 - Vers 1935, et elle dit, dans la vie d'une enseignante,
25:19 une gifle, c'est une gifle de trop, une seule, je l'ai regrettée toute ma vie,
25:23 pourquoi ? Parce que c'est une perte de contrôle de soi,
25:26 or l'autorité éducative est nécessaire, et l'autorité, c'est ce qui permet,
25:32 c'est ce qui appelle à grandir, l'enfant à grandir,
25:35 et pour cela il faut que l'adulte éducateur, enseignant, parent, grand-parent,
25:40 tonton, tata, éducateur, soit en soi-même, en soi-même, moi-même,
25:47 que la parole vienne de soi, de l'intérieur, en quelque sorte, de manière calme,
25:53 quand on est hors de soi, c'est pas facile, et elle donne des conseils,
25:57 attention, je ne sais pas si vous avez lu,
25:59 - Si, j'ai lu, mais je me suis dit mince, c'est dur.
26:02 - Je m'en doute, Stéphanie, je m'en doute, mais elle dit,
26:04 si vous n'y arrivez pas avant de réagir, allez à la fenêtre,
26:08 respirez, buvez un petit coup, allez boire un verre d'eau,
26:11 une gorgée d'eau, faites quelque chose pour mettre un peu de distance,
26:14 mais c'est vrai, elle l'affirme, il n'y a pas d'éducation parfaite,
26:19 parce que nous, êtres humains, nous sommes imparfaits, les adultes,
26:22 et les enfants sont imparfaits, voilà, il y a dans l'enfant du bon, du mauvais.
26:26 - Mais elle dit, il faut toujours respecter les enfants,
26:28 respecter leur différence, alors ça, je vais être un petit peu provocatrice,
26:33 mais l'Église ne... non mais là, bon, quand même, on n'est pas là que pour s'envoyer des fleurs,
26:40 non mais, ne respecte pas toujours la différence, regardez,
26:42 aujourd'hui, on refuse la bénédiction, on en parlera peut-être avec le synode
26:46 qui est en cours actuellement à Rome, mais enfin, voilà, on bénit pas les divorcés,
26:52 on bénit pas les homosexuels, donc voilà, elle dit, il faut respecter
26:57 quelles qu'elles soient les différences de l'enfant,
26:59 mais enfin, est-ce que l'Église donne l'exemple ?
27:02 - Il y a plusieurs questions dans votre question, hein ?
27:04 - Oui, mais bon, je vous laisse vous en dépatouiller.
27:07 - Merci, et puis j'aime bien la provocation, et Sœur Emmanuel l'aimait davantage encore,
27:11 provocatrice qu'elle était.
27:15 - Le respect de la différence, qui est le respect de l'identité,
27:21 puisque chacun, chacune de nous, nous sommes dans notre identité différent.
27:26 Bon, c'est un fondement biblique, chrétien, d'ailleurs juif, enfin bon, c'est dans la Bible.
27:34 Mais, le respect de la différence et de l'identité, ce n'est pas l'indifférenciation.
27:43 Justement, on est tous pareils, et bon.
27:46 Vous parlez, les questions des divorcés et remariés, c'est une chose.
27:51 Mais, par exemple, l'homosexualité.
27:55 Et le cardinal Ratzinger, préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi,
28:01 futur pape Benoît XVI, dans son instruction sur la question,
28:06 rappelle bien que selon la doctrine de l'Église catholique,
28:09 l'homosexualité en elle-même, comme orientation sexuelle, ne consiste pas à un péché.
28:15 C'est dans l'identité non voulue de la personne.
28:19 C'est autre chose qui est en jeu.
28:21 C'est lorsque l'on veut équiparer l'hétérosexualité et l'homosexualité,
28:26 où cela pose problème pour l'Église catholique.
28:28 Quand on veut indifférencier. Voilà, tout simplement.
28:31 - Est-ce que les choses vont évoluer à ce niveau-là, puisqu'on le disait,
28:34 il y a un synode qui se tient en ce moment même,
28:38 ça a débuté la semaine dernière pour un mois,
28:41 on rappelle que c'est le fruit d'une consultation des catholiques du monde entier pendant deux ans,
28:45 quand même, il n'y a rien qui filtre, parce que le pape a imposé une cure médiatique,
28:49 il y a ces sujets justement qui sont abordés.
28:52 Vous vous attendez à des grands changements, on le qualifie déjà de synode historique.
28:57 - Un synode, c'est un synode des évêques.
29:04 Donc ce sont des débats à partir d'un document de travail préparatoire,
29:08 et il faut laisser le temps au débat, la liberté du débat,
29:12 pour qu'il y ait enfin un document final qui sera promulgué par le pape
29:16 selon la forme que le pape voudra.
29:20 Un, deux.
29:22 Le but du synode, comme tous les synodes, c'est que l'Église catholique
29:28 devienne un peu mieux, un peu davantage elle-même.
29:31 - Et c'est un gros mot, "synodale", l'Église doit être synodale.
29:36 Et synodale, ça veut dire "marcher ensemble".
29:39 - Est-ce que c'est possible de marcher ensemble ?
29:42 Parce qu'il y a des conservateurs, il y en a d'autres un peu moins,
29:45 qui espèrent des avancées, notamment sur la question des LGBT, des divorcés,
29:48 la place des femmes, est-ce qu'on peut attendre des choses de ce point de vue-là ?
29:54 - Je vais répondre de manière lapidaire, mais je crois... juste !
29:58 Regardez les débuts de l'Église au premier siècle de notre ère.
30:02 Ah, c'était pas drôle, ils se sont drôlement engueulés sur des choses fondamentales,
30:06 dans leur différence entre l'étonnant hébraïsant d'un judaïsme chrétien un peu étroit,
30:12 entre l'étonnant de l'ouverture aux grecs, aux païens, entre, entre, entre, entre...
30:15 Les conflits de pouvoir.
30:17 Presque 2000 ans plus tard.
30:20 Ça a marché ensemble.
30:23 - Bon, donc espoir.
30:25 - Ah bah plus que ça, oui !
30:26 - On va se retrouver dans quelques instants, Philippe Asseault, pour la suite de ces conversations.
30:32 - 13h41 sur Sud Radio, on va prendre vos appels au standard 0826 300 300,
30:37 appelez-nous, on vous attend, à tout de suite sur Sud Radio.
30:39 Dernière ligne droite sur Sud Radio, nous sommes toujours avec Philippe Asseault,
30:43 qui vient nous voir pour ce livre, co-écrit avec Sir Emmanuel, "Sauvez les enfants",
30:47 c'est publié chez Flammarion, et puis nous sommes en direct avec Pierre,
30:50 qui nous appelle au 0826 300 300.
30:52 Pierre, vous nous appelez de Toulouse, bonjour Pierre.
30:54 - Bonjour.
30:56 Oui, je disais que, au fond, Sir Emmanuel disait que, quelque part,
31:02 elle n'était qu'une goutte d'eau dans un océan de misère,
31:05 mais l'essentiel, c'est au fond ce qu'elle a réussi à transmettre,
31:09 c'est-à-dire l'espoir, et elle donne aux gens l'envie, peut-être, de faire la même chose.
31:15 Et je crois que c'est ça l'essentiel d'une personnalité comme Sir Emmanuel.
31:20 Et quant aux enfants, je crois que lorsqu'elle dit qu'en effet, elle a regretté de mettre la gifle,
31:25 je pense que l'homme, ou l'être adulte, doit donner l'image d'une force aux jeunes,
31:35 et justement, cette force, bien sûr, ne passe pas par la gifle,
31:38 mais elle passe par une sorte de solidité, où elle maîtrise,
31:43 où la personne maîtrise la totalité de ses humeurs, et voire de ses impulsions.
31:49 C'est-à-dire qu'au fond, la personne, l'enfant, a besoin d'une personne forte en face,
31:57 et Sir Emmanuel, me semble-t-il, est l'exemple même de cette force de la nature.
32:02 - Merci, merci Pierre. Philippe Asso, votre réaction ?
32:06 - Merci Pierre de cette réaction.
32:10 D'un mot, d'abord sur la question de l'adulte, dans la position éducative, amoureuse, aimer l'enfant,
32:23 la force de l'adulte, elle n'est pas tant dans sa maîtrise complète, totale, ou dans sa perfection.
32:33 Par exemple, un adulte est très fort, la vraie force,
32:38 lorsqu'un enfant lui pose une question, et au lieu de faire le fanfaron et d'inventer une réponse,
32:43 l'adulte dit "ben tu vois, je sais pas".
32:46 Alors l'enfant comprend que l'être adulte, c'est aussi avoir des doutes, des questions, des ignorances.
32:52 Grandir, ce n'est pas rejoindre une sorte de perfection idéale,
32:57 auquel cas il y a des enfants qui sont traumatisés par des images idéales de ce qu'ils devraient être.
33:03 Et beaucoup de parents malheureusement sont dans l'injonction "tu dois faire ci, tu dois être ça,
33:08 tu dois être un homme mon fils, tu dois être fort ma fille, tu dois tout..."
33:12 Mais non ! Sois toi-même, dans tes forces, dans tes faiblesses, mais sois toi-même.
33:19 Et sois toi-même fraternel dans le partage, dans la fraternité avec d'autres. Point.
33:25 Sur l'océan de la misère, le livre s'achève sur un appel. "J'appelle", dit-elle.
33:35 Et elle dit "ce que j'ai fait, je l'ai fait, mais il y en a d'autres qui faisaient en même temps que moi,
33:40 et d'autres feront après moi, et j'appelle tout le monde à s'y mettre,
33:44 parce que tout le monde peut faire quelque chose".
33:46 Tout le monde peut faire quelque chose.
33:49 Chacun d'entre nous, en commençant par peut-être les grands décideurs, oui, ok,
33:54 mais chacun, chacune d'entre nous peut faire quelque chose pour sauver les enfants.
34:00 - Elle avait ses préférés chez les décideurs ? Vous pouvez nous le dire maintenant.
34:04 - Parmi les hommes politiques, vous voulez dire ? - Oui, bah oui.
34:07 - Non. - Non.
34:09 - Elle avait des familiarités, des complicités plus simples.
34:13 On va dire par exemple, ce qui s'est passé entre elle et Jacques Chirac était relativement fluide.
34:18 - Oui. - Dans une distance, hein, toujours respectée.
34:21 - Elle l'interpellait, hein. - Ça, on imagine bien.
34:25 - Tu vois mon petit Jacques ? Je l'ai entendu personnellement.
34:28 Bon, mais enfin, il y avait une série d'autres...
34:30 - Surtout qu'elle était petite, et Jacques Chirac est extrêmement grand,
34:33 donc c'est cocasse, avec sa petite voix.
34:35 - On va raconter des choses, mais... - Bah racontez-les-nous.
34:38 - Non, mais bon, une autre fois, on n'a pas beaucoup de temps.
34:41 - Ah si.
34:43 - Par exemple, un jour, j'étais en train de travailler avec elle dans une session de 3 jours,
34:47 4 jours de travail pour l'écriture des confessions d'une religieuse,
34:51 et c'était juste après l'élection, la première élection de Jacques Chirac,
34:55 et comme vous le savez, Jacques Chirac avait consulté Geneviève Antonios de Gaulle,
35:01 la présidente d'ATD Carmondes, Sœur Emmanuel, etc.
35:05 Et Jacques Chirac, je nous étions en train de travailler, le téléphone sonne,
35:09 la personne qui nous hébergait décroche,
35:13 et elle vient en disant "Sœur Emmanuel, c'est pour vous le téléphonier".
35:16 "Ah non, non, je travaille, je travaille".
35:18 Elle dit "C'est Jacques Chirac".
35:20 Bon alors elle se lève, elle prend le téléphone, elle écoute,
35:24 et elle dit à un moment donné "Ah non mais mon petit Jacques, c'est juste pour te dire
35:27 qu'une petite religieuse prie pour toi maintenant que tu es président de la République.
35:30 Au revoir Jacques, PAN !"
35:32 - C'est drôle, hein. Alors elle avait beaucoup d'avis sur plein de choses...
35:36 - On n'a pas parlé de l'océan de la pauvreté là, pour Pierre.
35:39 - Oui, allez-y, allez-y, s'il vous plaît.
35:41 - Je pense à Pierre qui nous a appelés.
35:43 - Il me semble qu'elle prend une jolie comparaison.
35:46 Elle dit "La pauvreté c'est comme l'hydre de l'erne,
35:50 quand on lui coupe une tête, il en repousse deux".
35:53 Mais elle dit "Mais Hercule a fini par vaincre l'hydre de l'erne".
35:57 Alors, Sœur Emmanuel était un des Hercules,
36:01 mais il y en a des milliers, et nous souhaitons qu'il y en ait encore davantage,
36:04 et elle appelle à cela pour couper le plus de têtes possible à la pauvreté,
36:09 sachant qu'elles repousseront. Et ce sera un travail jusqu'à la fin des temps, point.
36:13 - Bien sûr. Alors, on le disait, elle évoque plein de choses,
36:16 notamment la surabondance de l'information,
36:19 qui, elle le dit, n'a absolument aucun intérêt pour elle.
36:23 On imagine qu'elle serait atterrée aujourd'hui avec ces réseaux sociaux
36:26 qu'elle n'a quasiment pas connus.
36:29 - Ce qui est étonnant, à mon avis, c'est que ce que dit Sœur Emmanuel,
36:34 il y a plus de 15 ans, se révèle d'une incroyable actualité.
36:39 - Eh oui. - Elle voyait les choses. Bon. Venir.
36:42 Donc, deux choses. Oui.
36:45 Elle appelle les éducateurs à amener les enfants à l'intelligence de la vie.
36:49 Et l'intelligence de la vie, c'est faire une reprise avec les enfants
36:53 de l'information, de ce que ça veut dire, pourquoi on éprouve ceci et pas cela,
36:57 qu'est-ce que l'on pense, voilà.
37:00 Donc c'est amener à hiérarchiser, à relativiser l'information, notamment.
37:05 Mais aussi les événements de la vie.
37:07 - Ce qui est extrêmement compliqué sur les réseaux sociaux, effectivement.
37:10 - Sauf si des parents des éducateurs prennent le temps, comme elle le dit,
37:15 d'écouter les enfants et les jeunes, et de dialoguer avec eux de manière intelligente.
37:21 En gros, elle dit, respecter les enfants, c'est répondre intelligemment à leurs questions.
37:25 Il ne faut pas les prendre pour des imbéciles. Voilà.
37:28 - Mais les enfants se recroquent-vivent parfois avec ces réseaux sociaux,
37:33 ces jeux, et ont moins envie de parler.
37:36 - Alors, le deuxième aspect, à mon avis, c'est le drame qui est en train de se jouer
37:44 sous nos yeux, lorsqu'un enfant un peu au-delà de 2 ans passe 1h56,
37:54 en moyenne, sur un écran.
37:57 Lorsque, comme je l'ai constaté moi-même, vous avez des pré-adolescents de 13-14 ans
38:01 qui passent, avec la complicité des parents, 48 heures d'affilée devant un écran,
38:07 en se levant à peine. Je l'ai vu, c'est un phénomène pathologique pour lequel on m'a consulté.
38:12 Mais enfin, ça existe. Parce que le grand écran et la machine sont dans sa chambre, au gamin.
38:17 Vous comprenez ?
38:19 Mais ce n'est pas seulement la faute des parents, c'est toute une ambiance.
38:23 Il me semble, quand vous avez lu le rapport des 1000 jours, piloté par Boris Cyrulnik,
38:29 il y a urgence, urgence, urgence à déconnecter les enfants de la prémiance des écrans.
38:38 On en fait des handicapés psychiques, affectifs, physiques,
38:43 on en fait des handicapés physiques, psychiques, affectifs, spirituels.
38:49 Regardez un enfant, un enfant normal, c'est quelqu'un qui bouge, qui escalale,
38:54 regardez un bébé tout petit, il escalale le divan, il faut le récupérer parce qu'il va tomber,
38:58 enfin, ça bouge sa vie. Regardez un enfant qu'on met devant un écran.
39:03 Anesthésié, anesthésié.
39:07 Et on compromet leur développement humain. Il y a urgence.
39:13 - On nous appelle au 0826 300 300, Claude qui nous appelle depuis Montpellier. Bonjour Claude.
39:19 - Bonjour à tous, je vous appelle pour le problème des gosses qui sont en train de subir des choses affreuses.
39:36 Que Sœur Emmanuelle, elle a fait ce qu'elle a pu, mais enfin, elle n'a pas réduit quand même la pauvreté.
39:43 Ils seront toujours ces gens-là dans leurs déchets parce que de plus en plus il y a des gosses.
39:50 Et c'est ce qui se passe actuellement avec le continent africain.
39:53 Je ne comprends pas le pape qui demande à ces gens de venir chez nous,
39:57 alors qu'ils ont des idées inverses aux nôtres.
40:02 Et on voit les conséquences avec ce qui se passe en Israël, ça va se passer chez nous.
40:08 Tout ça c'est pour encourager l'Afrique à faire des tas de gosses et envoyer leurs trop-pleins chez nous.
40:16 Voilà, j'ai des mots assez simplistes, mais il faut se rendre à la réalité et ce ne sera pas possible.
40:24 Tout va devenir catastrophique.
40:27 La Terre ne peut pas supporter tant d'individus, ce n'est plus possible.
40:32 Je pense que le pape est dans la théorie, mais il ne réalise plus la réalité.
40:40 Merci, merci Claude.
40:42 Alors là, il y a plusieurs sujets.
40:44 Alors le pape n'a pas forcément dit aux gens de venir, mais il a dit qu'il ne fallait pas les accueillir avec indifférence.
40:50 Philippe, à ceux de votre réponse.
40:53 Merci Claude, parce que ce que vous exprimez témoigne d'une grande inquiétude largement répandue dans nos populations, c'est vrai.
41:07 Et aussi de choses qui se disent souvent, que j'entends dire dans la rue.
41:11 Donc merci de vous en faire l'écho.
41:14 Comme vient de le dire Stéphanie, le pape ne dit pas du tout qu'il faut venir chez nous.
41:21 Au contraire, il appelle à l'aide au développement dans les pays où les personnes s'exilent,
41:30 pour justement que les personnes puissent rester dans leurs propres pays, croître, vivre, être acteurs dans des pays où on puisse vivre.
41:41 Il prend acte de la démigration, il ne dit pas qu'il faille tous les accueillir indistinctement.
41:48 Par exemple, les évêques de France, dans leur déclaration "L'espérance ne déçoit pas" avant les élections présidentielles,
41:55 disent bien qu'il est légitime que les États régulent la migration.
41:59 C'est normal.
42:01 Je dirais simplement une chose sur notre position, pour paraphraser Michel Rocard,
42:06 nous ne pouvons pas peut-être accueillir toute la misère du monde, mais nous devons en prendre notre part.
42:14 - Merci en tout cas à Claude pour son témoignage.
42:18 Merci à vous Philippe, à toi d'avoir été avec nous sur Emmanuel aux éditions.
42:22 - Merci Stéphanie, merci Esteban.
42:24 - C'est la fin de cette émission déjà Esteban.
42:26 - Oui, ravi d'avoir partagé ces deux heures avec vous Stéphanie.

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