• l’année dernière
Le Rabbin de Bastia, Zalman Teboul

Category

🗞
News
Transcription
00:00 - Salman Tebboul, bonjour. - Bonjour.
00:02 - Depuis, dans plusieurs villes de France, des rassemblements spontanés ou programmés ont déjà eu lieu.
00:08 Chez nous, c'est ce soir à Ajaccio, à 18h30, place Foch, place Ludiamant.
00:12 Face à l'innommable, la Corse ne peut pas rester silencieuse.
00:16 Vous attendez quoi, vous, de ce rassemblement ?
00:19 - Je pense chaque personne qui a un petit peu de cœur et son cible.
00:22 Et bien sûr, moi le premier, donc bien sûr, je précise avant tout que je ne suis pas le seul représentant du judaïsme ici.
00:28 C'est bien sûr le rabbin, le Vipinson, le rabbin de la Corse.
00:31 Et je parle bien sûr à leur... je prends leur place par la parole et moi-même bien sûr.
00:35 Donc je pense que chaque personne qui a du sens et de la compréhension, n'apparaît pas à sa degré.
00:39 En vérité, c'est tout simplement un condamnation avec la plus grande fermeté d'une barbarie
00:44 que nous rappelle vraiment pour nous en tant que juifs, moi le premier bien sûr.
00:47 Donné que j'ai aussi de la famille qui a passé ces moments-là très, très difficiles et très horribles et atroces.
00:52 Des périodes les plus sombres de l'histoire, où malheureusement, on tue des enfants, des hommes et des femmes.
00:57 Sans aucune raison, juste parce que pour le seul prétexte qu'ils soient juifs.
01:01 Donc bien sûr, ça, je pense que chaque personne qui voit les choses de cette manière, et devrait en tout cas.
01:06 Donc sera sûrement présente ce soir, qu'ils soient juifs ou pas, à ce rassemblement.
01:11 Et je pense que c'est important bien sûr d'y être.
01:13 - Comment vous suivez, comment vous vivez ce conflit ? Cet énième conflit, je vais dire. Personnellement.
01:18 - Alors bien sûr déjà, quand on parle de conflit, moi je pense que c'est important que...
01:22 Je pense que tout média qui voudrait comparer, ça vous savez, comme deux côtés, voilà, comparables.
01:28 Voilà, il y a un qui pense comme ça, un autre qui pense de cette manière.
01:30 En vérité, moi je pense, c'est simplement contribuer un encouragement de l'antisémitisme.
01:34 Parce que tout simplement, même si on n'est pas juif, quand on voit des actes de barbarie pareils.
01:39 On ne peut pas rester insensible, insensé en vérité.
01:41 Et on doit se dire, mais que puis-je faire le plus vite possible pour arrêter une chose pareille ?
01:45 - Alors, que pouvez-vous faire, vous ?
01:47 Vous, vous êtes un religieux, j'imagine que voir, savoir autant de morts, c'est une catastrophe.
01:53 - Bien sûr, évidemment, bien sûr.
01:55 Et aussi, les gens me posaient la question, est-ce que j'ai de la famille en Israël ?
01:59 Alors je disais, bien sûr, j'ai des oncles, etc.
02:01 Mais avant tout, le peuple juif, on est comme une seule famille.
02:03 Comme ça, on n'est pas beaucoup. Les gens pensent qu'on est énorme, mais on est une grande quantité.
02:07 Mais pas du tout, on n'est pas du tout beaucoup dans le monde.
02:09 Et c'est justement ça, peut-être aussi notre force.
02:11 Et même sûrement.
02:13 Et donc, bien sûr, quand on a vu cet événement-là, tout le monde, pourtant on est à Bastia,
02:17 je ne connais peut-être pas du tout la majorité, même pas du tout,
02:19 de ces gens-là qui sont malheureusement décédés si jeunes, de manière atroce.
02:23 Mais tout de suite, on se sent finalement concernés.
02:25 Même qu'on ne les connaît pas, peut-être qu'on ne les connaîtra même jamais.
02:27 Simplement, c'est des membres de notre famille.
02:29 Et comme je disais, voir même personne qui n'est pas juif,
02:31 elle sera totalement touchée par des actes pareils.
02:35 - Ça aurait pu être un frère, ça aurait pu être un oncle, ça aurait pu être un enfant ?
02:37 - Exactement.
02:39 Ça aurait pu être des choses, tout ça.
02:41 Et avant de parler de, si je vois directement un lien familial,
02:43 je vois que c'est mes frères qui se font massacrer.
02:47 Et quand on demande comment on ressent ça et que ce qu'on peut apporter,
02:49 déjà, j'aimerais dire que les gens pensent qu'on est dans un esprit d'abandon.
02:53 Alors bien sûr, on est peignés, c'est évident, par toutes ces victimes.
02:57 Et sous les otages, on espère qu'ils seront sains et saufs.
02:59 Et sauvés, bien sûr, qu'ils puissent rentrer chez eux sans aucun dégât.
03:03 Mais il faut savoir de l'autre côté, c'est notre force aussi, je pense,
03:07 que le moral est quand même très fort.
03:09 Parce qu'on sait que Dieu est avec nous.
03:11 Et finalement, c'est la justice et la lumière qui va triompher.
03:14 Si on me demande comment, celui qui connaît un petit peu l'histoire, il le sait.
03:17 Avec tous les massacres qu'on a pu passer au cours de l'histoire,
03:19 et qu'on est finalement toujours là.
03:21 Il y a un exemple que j'aime bien souvent ramener, c'est, vous savez,
03:23 c'est comme une olive, on a envie de l'écraser.
03:25 Mais quand on l'écrase, pour la faire disparaître, au contraire,
03:28 il y a de l'huile d'olive, c'est le meilleur, finalement, qui sort de l'olive.
03:32 Donc je pense que c'est un petit peu aussi notre tas d'esprit par rapport à ça.
03:35 - Alors, les lieux de culte et de rassemblement de la communauté juive
03:39 sont censés faire l'objet de surveillance au niveau national.
03:42 Depuis samedi, depuis le début de la guerre en Israël,
03:45 il y a eu en France une vingtaine d'actes antisémites.
03:48 Est-ce que vous, vous avez eu des contacts avec les pouvoirs publics
03:52 pour la protection de votre communauté ?
03:55 Il y a quatre ou cinq sites qui peuvent être qualifiés de sensibles en Corse.
03:58 - Oui, mais écoutez, nous, alors, on a vraiment,
04:01 comme je l'ai dit aussi avant, on en a parlé,
04:04 c'est magnifique de voir vraiment ce soutien, etc.
04:06 J'ai eu l'appel de plusieurs personnes d'ici, de Corse,
04:09 et donc tous les personnes et représentants qui s'occupent, bien sûr, de ces affaires-là,
04:12 qui nous ont dit vraiment qu'ils étaient là pour nous aider dans n'importe quel détail.
04:16 Je vous donne un exemple. Après ces événements tragiques, on a fini nos fêtes,
04:19 donc c'est le début de semaine, donc on a fait un rassemblement il y a deux jours,
04:23 et le soir, il y a la police qui est venue,
04:25 voilà, vraiment, qui est restée jusqu'à la fin, qu'on finisse ce petit événement.
04:28 On n'était pas beaucoup, on était une quinzaine de personnes.
04:30 Il faut vraiment s'assurer que tout allait bien.
04:32 Pour nous, c'est important de voir que, bien sûr, le pays prend ça à cœur
04:36 et fait le maximum pour qu'on soit, bien sûr, en bon état dans toute cette période.
04:41 - Le préfet, la collectivité de Corse, les maires vous ont contacté ?
04:44 - Voilà, j'ai eu, voilà, surtout hier, le préfet qui m'a appelé, etc., par rapport à ça,
04:48 et bien sûr, toute son équipe, etc., bien sûr, qui ont pris contact
04:51 et nous ont dit de ne pas hésiter s'il y avait n'importe quel souci, bien sûr.
04:54 - Alors, on ne va pas faire de la géopolitique ce matin,
04:57 je pense que ce n'est pas à nous qu'ils régleront ce problème vieux de 70 ans,
05:01 mais vous, quel est votre regard ?
05:03 Vous êtes jeune, vous n'avez pas une trentaine d'années,
05:06 sur le conflit israélo-palestinien, des deux côtés, il y a des peuples qui souffrent.
05:11 - Bien sûr.
05:12 Mais écoutez, nous, la vérité, bien sûr, comme je l'ai dit avant,
05:16 je pense qu'on ne peut pas rester aveugle sur ce qui se passe avant,
05:19 c'est bien clair que les actes sont vraiment horribles,
05:22 et comme je l'ai dit avant, notre plus grand souhait,
05:24 c'est qu'ils se règlent le plus vite possible par rapport à notre peuple
05:27 qui sort de vraiment en sain et sauf.
05:28 Moi, j'ai bien sûr aucun avis politique à donner là-dessus, mais bien sûr...
05:34 - Le peuple israélien appelle à la vengeance, est-ce que c'est une erreur ?
05:38 Est-ce qu'aujourd'hui, il faut pardonner,
05:40 il faut arrêter la spirale de la violence, même lorsque l'on est attaqué ?
05:44 En tant que religieux.
05:46 - Bien écoutez, nous, toujours, notre vue, bien sûr, c'est d'espérer qu'il n'y ait pas de guerre finalement.
05:52 Ce qu'on essaie de faire, en tant que religieux,
05:54 c'est de faire en sorte qu'il y ait une belle harmonie,
05:56 qu'il y ait un monde qui est sain et sauf, qu'on soit en paix.
05:59 Alors, ça, comme j'ai dit avant, pourquoi nous on n'appelle pas ça une guerre,
06:01 on appelle ça plutôt une défense.
06:03 Il faut vraiment avoir une défense, malheureusement, qui n'a pas pu se faire au début,
06:06 et qui se fait, je pense, maintenant.
06:08 Mais, bien sûr, si on demande ma vue, ce qui est en fait pas la même,
06:11 celle de la Torah, donc de la Bible,
06:13 c'est vraiment que chacun de nous, actuellement,
06:15 on est peut-être impuissant, on est peut-être un peu, malheureusement, bloqué ici,
06:19 mais chacun se demande "qu'est-ce que je peux faire pour apporter ?"
06:22 Et chacun de nous présents ici, dans cette pièce,
06:25 où qu'il soit, doit savoir que quand il fait n'importe quelle bonne action,
06:29 en pensant à toutes ces victimes, malheureusement, qui n'ont rien demandé,
06:32 savoir qu'il amène du bien dans le monde.
06:34 Et ça, finalement, c'est ce que j'ai dit avant, notre réconfort,
06:37 savoir que chaque bonne action qu'on fait, qu'on peut apporter,
06:40 c'est finalement de cette manière qu'on puisse apporter la paix.
06:43 Merci, Zalman Tebboul, d'être venu ce matin dans nos studios.

Recommandations