SMART BOURSE - Taux longs : la détente va-t-elle se poursuivre ?

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Mercredi 11 octobre 2023, SMART BOURSE reçoit Régis Bégué (Associé-gérant, Lazard Frères Gestion) , Christopher Dembik (Conseiller en stratégie d’investissement, Pictet Asset Management) et Vincent Guenzi (Directeur de la Stratégie d'Investissement, Cholet Dupont Oudart)
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00:00 (Générique)
00:10 Trois invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché.
00:13 Vincent Guenzi est avec nous en plateau, directeur de la stratégie d'investissement de Cholet, Dupont ou Dard.
00:17 Bonsoir Vincent.
00:18 Bonsoir Guillaume.
00:19 Merci d'être avec nous. Merci à Régis Béguet de nous accompagner également ce soir.
00:22 Bonsoir Régis.
00:23 Bonsoir Guillaume.
00:24 Associé gérant de Lazard, frère gestion et Christopher Demby qui est avec nous également autour de la table.
00:28 Bonsoir Christopher.
00:29 Ravi de vous retrouver. Félicitations encore pour cette nouvelle position chez Piquet Asset Management, conseiller en stratégie d'investissement avec la lourde tâche de succéder à Frédéric Rollin, qu'on salue s'il nous écoute.
00:41 La situation de marché quelques jours après le week-end et les attaques du Hamas contre Israël et le choc géopolitique qui s'en suit.
00:53 Vincent, un des mouvements peut-être les plus clairs qu'on peut lire sur les marchés depuis la reprise en début de semaine, c'est la détente assez nette des rendements obligataires.
01:03 Je le disais sur le disant américain, on a pu perdre entre vendredi et aujourd'hui jusqu'à 30 points de base.
01:09 Comment on explique ce mouvement ? Est-ce que c'est de la pure recherche de coffres forts, de sécurité ou est-ce que c'est un mouvement qui peut être prolongé par des sujets économiques plus fondamentaux ?
01:22 Si on observe l'évolution des taux américains depuis plusieurs mois, on voit qu'on est dans une tendance clairement haussière qui n'est pas invalidée, mais qu'elle s'accompagne de mouvements de repli régulièrement.
01:33 Pour moi, c'est des prises de bénéfices, c'est-à-dire que les banquiers centraux, notamment la Fed, maintiennent leur position, higher for longer, donc ils vont maintenir les taux à un certain niveau jusqu'à ce que l'inflation va les satisfaire.
01:47 Mais ils n'ont pas envie non plus d'avoir des dérapages qui seraient trop dangereux pour les marchés.
01:52 Donc la Fed, elle fait son exercice de communication, il y a le président, il y a tous les gouverneurs, votants, non votants, qui s'expriment.
01:57 Et là, on n'était pas loin des 5%, ce qui était peut-être un seuil un peu critique, donc que quelques gouverneurs, même Faucon, disent "bon bah voilà, peut-être que ça va se calmer un petit peu, c'est suffisant".
02:09 Alors après, il y a la recherche de rendement, mais je ne suis pas certain que le repli des taux que nous voyons soit très fondamental.
02:16 Je pense que pour l'instant, ça ne change rien à la tendance. On ne sait pas très bien où ça va s'arrêter.
02:20 Je pense que 5%, ce serait bien, mais on verra bien.
02:23 Ce que l'on ne maîtrise pas du tout, c'est pas tellement la manière dont l'évolution de l'inflation va jouer ou la position de la Fed.
02:31 On suppose à peu près comment ça va se mettre en place, mais il y a aussi les mécanismes de marché.
02:36 Or, on a vu qu'on a une volatilité sur les marchés obligataires qui est quand même très importante.
02:40 On n'est pas à l'abri d'un accident. On a eu la crise des banques au printemps. On peut avoir des hedges qui sont dans le mauvais sens.
02:48 Donc, il est normal que les banquiers centraux maintiennent une position fixe, mais qu'ils essaient d'arrondir un peu les angles pour que la progression ne soit pas trop forte et trop rapide, de mon point de vue.
02:58 Donc, c'est très bien pour les marchés, ça leur permet de souffler.
03:01 Vous noterez qu'en même temps, les marchés actions étaient aussi venus se poser sur des seuils de résistance assez importants.
03:08 Donc, tout allait, si vous voulez bien, dans le bon sens pour qu'on ait des rebonds, pour l'instant, techniques, qui se mettent en place, sur les marchés obligataires et sur les actions.
03:16 Et quand vous dites des prises de profit, ça veut dire que beaucoup de monde dans le marché est encore "short duration", comme on dit ?
03:24 Ah non, quand je dis prise de profit, c'est parce que les taux ont rebaissé. En l'occurrence, c'est un gain qui a été enregistré.
03:30 Donc, non, je pense que les vendeurs ont arrêté un petit peu et que les acheteurs se sont dit "bon, voilà, on a 4,90, 4,85, pourquoi pas ?"
03:39 D'autant qu'il y avait le discours des deux banquiers américains, donc les centraux américains, qui est venu alimenter ce mouvement.
03:45 Je ne pense pas que ce qui s'est passé ce week-end ait beaucoup joué.
03:50 C'est plus, effectivement, une stabilisation, un petit repli tactique, mais ce n'est pas forcément, à ce stade, le démarrage d'un grand rallye obligataire
03:57 qui viendrait rééquilibrer les positions de perte qu'on a pu subir ces derniers mois.
04:02 Pour moi, c'est beaucoup trop tôt pour le dire. Je sais que d'autres personnes pensent qu'effectivement, les taux vont se mettre à baisser,
04:07 mais ça fait un an qu'on le dit et ça ne se produit pas. Donc, je suis beaucoup plus prudent.
04:12 Je pense pas que les taux puissent aller beaucoup, beaucoup plus haut.
04:17 Parce que s'ils allaient beaucoup plus haut, ça nous en serait dans l'erreur de politique monétaire.
04:22 Et avec un risque de ralentissement qui se met en place, les taux baisseraient derrière.
04:25 Mais voilà, il y a des phénomènes de marché qu'il ne faut pas exclure.
04:28 Bon, Christopher, votre vision sur ces taux longs américains qui ont occupé beaucoup d'attention et qui continuent d'occuper de l'attention,
04:35 entre un risque géopolitique qui a augmenté évidemment ces derniers jours et un risque inflationniste qui n'a pas totalement disparu.
04:43 On le voit dans les prix à la production. On peut toujours avoir des phénomènes un peu de résurgence inflationniste ici et là ?
04:48 Tout d'abord, on est quand même dans une phase où on a énormément d'incertitudes par rapport à ce qui va survenir.
04:53 Je crois que c'est un élément qui est fondamental. C'est pour ça que du fait simplement de l'incertitude,
04:57 qu'elle soit macroéconomique ou même géopolitique, je pense quand même que c'est plutôt la macroéconomie qui l'emporte à la fin.
05:02 Je doute qu'on puisse avoir effectivement une baisse des rendements sur l'obligataire dans l'immédiat.
05:07 Je suis d'accord, on est plutôt sur une stabilisation. Là, c'est un petit couac des oscillations qu'on a vues.
05:12 La tendance à court, moyen terme et à la hausse est certainement une stabilisation.
05:16 Le seuil des 5 % est effectivement très symbolique. On verra si on y arrivera du côté américain.
05:21 Mais la réalité, c'est qu'aujourd'hui, il est quand même très difficile de voir une baisse sur du long terme.
05:25 Vous avez l'EFMI qui a revu en début de semaine ses prévisions de croissance.
05:29 Alors pas fondamentalement, mais 2,9 % l'année prochaine au niveau mondial, c'est quand même très négatif.
05:34 Vous avez aussi surtout, et c'est peut-être le point qui est le plus important, la macroéconomie européenne.
05:39 On n'a pas de bonne surprise. Le panorama est le même depuis plusieurs mois.
05:43 En revanche, côté américain, c'était finalement très résilient. On a encore de bons indicateurs.
05:46 Mais on a aussi des enquêtes conjoncturelles qui montrent que la consommation commence quand même à être...
05:52 On rentre dans le dur finalement de cette fameuse inflation du taux d'épargne, bien sûr pré-Covid, qui revient à la normale.
05:58 Bien sûr, ce surplus d'épargne, il reste. Mais on avait 2 100 milliards. On est tombé à 80 milliards.
06:03 Donc effectivement, c'est beaucoup plus bas.
06:05 Et on a une conjoncture qui est beaucoup plus incertaine avec la macroéconomie, notamment américaine, qui va être probablement le point faible.
06:10 L'enjeu pour les banquiers centraux, sur tout côté américain, c'est d'essayer de stabiliser un peu cet envolée des taux de rendement.
06:17 Ils sont contents parce qu'ils le disent. Ça fait le job à la place.
06:21 Ça évite de délivrer sans doute peut-être une dernière hausse d'autodirecteur.
06:26 Et en même temps, comme vous le disiez, au-delà de 5 %, on sait que ça peut créer des turbulences financières importantes.
06:33 C'est ça, exactement. Aujourd'hui, la politique monétaire américaine est quand même en territoire restrictif.
06:37 Côté européen, c'est la même chose. Donc c'est très dur d'avoir une hausse des taux supplémentaires.
06:42 Sachant que côté européen, côté États-Unis, du point de vue de la macro elle-même, on n'a pas encore l'impact complet de ces fameuses hausses de taux.
06:49 Donc on peut basculer très, très rapidement. Aujourd'hui, c'est le discours qui va plus l'emporter que des actes qui sont très concrets.
06:55 Alors il y a peut-être une lueur d'espoir, malgré tout, dans tout ce panorama.
06:58 C'est que la Chine, on le voit, commence à aller plutôt dans une orientation « on va soutenir l'économie ».
07:03 Bloomberg nous a parlé quand même d'un montant de 164 milliards, si je ne me trompe pas, de dollars qui pourraient être mis sur la table.
07:08 Alors il faudra voir comment c'est bien sûr dispatché. Mais en tout cas, en termes de données aujourd'hui, on a notamment un phénomène qui est assez intéressant du côté chinois.
07:15 C'est que le secteur de l'immobilier, vous le savez, est en difficulté. On va essayer de compenser justement ces difficultés.
07:20 On a vu que le crédit est aujourd'hui orienté vers le secteur manufacturier.
07:23 Alors bien sûr, il y a des limites, mais malgré tout, ça veut dire qu'effectivement, les autorités essayent de trouver des moteurs à la fois de stabilisation et de relance de l'économie.
07:31 Il faudra du temps pour que ça ait un impact de notre côté.
07:33 Mais en tout cas, ça peut être le seul élément un peu stabilisateur, optimiste qu'on a dans ce panorama macroéconomique qui est effectivement quand même très déterminant.
07:40 Une macrochinoise qui cesse de se dégrader, ça peut en partie compenser peut-être les déceptions qu'on accumule sur l'Europe et puis un affaiblissement passager, on verra peut-être, de l'économie américaine.
07:51 Oui, en tout cas, l'affaiblissement, il est là. Je ne pense pas qu'il y ait un sujet de récession côté américain.
07:56 Le T3 va être tellement fort en termes de croissance. Je voyais les chiffres. Je crois qu'Atlanta nous dit que c'est encore peut-être du 5 % en now-casting pour la croissance américaine T3.
08:07 Il y aura forcément un contre-coup au T4. Il faut l'anticiper.
08:10 Oui, le scénario d'une éventuelle contraction au T4 commence un peu à s'imposer.
08:14 Un petit moins devant le chiffre de croissance américain au T4.
08:17 Il y a des éléments qui ont soutenu au T3 aussi, qui ne jouent plus au T4. Le remboursement des pré-étudiants. Vous avez une étude, je citerai de Fidelity, qui est quand même assez frappante.
08:26 C'est que 30 % de ceux qui ont un pré-étudiant aux États-Unis sont aujourd'hui dans une situation tellement difficile qu'ils considèrent qu'ils ne peuvent pas payer leur fin de mois.
08:37 Donc, une étude qui a été publiée en septembre. Donc, il y a quand même des éléments qui montrent que ça va être compliqué au quatrième trimestre.
08:42 Ce n'est pas de la récession, mais ça peut être une contraction quand même sur un trimestre.
08:45 Régis, je veux bien qu'on revienne sur la crise géopolitique et les implications potentielles via le pétrole, puisque dans la sphère économique et la sphère de l'investissement, c'est peut-être le vecteur de diffusion de la tension géopolitique le plus évident.
09:02 D'une manière générale, il faut avoir en tête qu'aussi dramatique soient-ils, les événements géopolitiques, type attentat, guerre, etc., en réalité, ont assez peu d'influence sur la dynamique économique.
09:18 En général, ce sont évidemment des moments de grande émotion, etc., mais concrètement, les impacts sont très limités, tant qu'on ne touche pas, on n'est pas sur une guerre sur le territoire.
09:30 Tant que ce n'est pas la Russie qui envahit l'Ukraine.
09:33 Oui, mais même quand la Russie a envahi l'Ukraine, il ne s'est pas passé grand-chose. Sur le plan macroéconomique, il ne s'est pas passé grand-chose.
09:38 Si vous regardez, il y a eu un pénuble. Non, s'il y a une guerre sur le territoire américain, s'il y a des destructions d'outils productifs, s'il y a des cyberattaques, je ne sais pas.
09:48 Mais en tout cas, à ce stade, l'impact est neutre pour l'instant sur la dynamique économique. Là où il pourrait y avoir un impact qui serait un peu plus concret, ce serait effectivement par le biais, d'abord, des prix du pétrole,
10:02 si le conflit devait dégénérer dans la région et, d'une manière ou d'une autre, impacter l'offre de pétrole.
10:09 Pour l'instant, ce n'est pas du tout le cas. Israël n'est pas un producteur de pétrole très marginal. Et l'Iran produit très peu de pétrole aujourd'hui, même si le conflit devait se généraliser à l'Iran.
10:21 Et de toute façon, les prix du baril aujourd'hui sont tenus à bout de bras par le peuple et la Russie, qui ont très fortement limité leur production face à un certain ralentissement de la demande,
10:32 lié au ralentissement chinois en particulier. Et donc, les prix du baril, l'équilibre réel du baril aujourd'hui, si le marché était totalement libre, serait beaucoup plus bas.
10:45 — Pour l'instant, je dirais que, effectivement, est-ce que le marché a pu anticiper sur les marchés obligataires le fait que ces événements-là allaient conduire à une accélération du ralentissement économique ?
10:59 Une accélération du ralentissement, expression malheureuse. — Via le pétrole ? Ouais, c'est ça.
11:03 — Via le pétrole, via les matières premières. — Le rebond du pétrole n'a pas tenu tellement.
11:07 — C'est pas évident. Ce qu'on peut dire quand même sur les taux – je reviens 2 secondes –, c'est quand même qu'on est en taux réel positif, ce qui n'est pas arrivé depuis très très très longtemps.
11:17 — On se souvient même plus, c'est ça ? — On se souvient même plus. Peut-être qu'en 2007, éventuellement.
11:20 — Bah oui, si, 2007. — Peut-être qu'en 2007. Et donc ça, c'est quand même effectivement la volonté de la montagne.
11:26 — Les subprimes, ça pète avec 3% de taux réel positif, disons, aux États-Unis. On est à 2,5%.
11:32 — Voilà, voilà. Donc on est à quelques dizaines de BP de taux réel positif. Mais c'est quand même... On retourne dans une ère assez nouvelle par rapport aux 15 dernières années.
11:45 Je pense que ça vaut le coup quand même d'être souligné. Peut-être aussi que c'est le signe que la hausse des taux touche quand même à ça.
11:52 Enfin on a fait le gros de la hausse des taux dans la mesure où il n'y a pas tellement de raisons de penser qu'on va avoir des taux réels super positifs,
12:00 puisqu'on voit bien que les économies finissent par ralentir. Elles ralentissent plus lentement que ce qu'on avait pu penser peut-être il y a un an.
12:08 Mais l'Europe commence à avoir un petit... Pas un genou, mais un doigt de pied à terre. Et puis aux États-Unis, on sent aussi un petit peu...
12:15 Ça ralentit. Côté Chine, c'est pas très clair parce que côté Chine, il y a effectivement peut-être une politique de relance qui est possible.
12:23 On voit que les chiffres dans le luxe restent assez bons. Mais tout ce qui concerne l'immobilier est quand même très compliqué.
12:31 Il y a des faillites de promoteurs qui se... En Chine ? En Chine, en Chine, en Chine, en Chine.
12:36 Et donc la Chine n'est pas non plus... C'est pas un facteur à ce stade de dynamisme sur le plan macroéconomique mondial.
12:46 Non. Ça ajoute pas de la croissance, mais ça en enlève peut-être un peu moins si la Chine se stabilise.
12:50 Donc il y a quand même pas mal de nuages noirs autour de la croissance en général, en Europe, aux États-Unis, en Asie.
12:55 Et par conséquent, voilà, il est probable qu'on soit au bout de cette phase du cycle de remontée des taux.
13:04 Oui, oui. Comment on regarde d'ailleurs un peu les facteurs de soutien à la croissance ?
13:08 On parle beaucoup des déficits, on parle des revenus disponibles réels quand même qui regagnent de la positivité, pour mal parler, Vincent.
13:18 La question des déficits aux États-Unis, elle est quand même importante, hein. Enfin, je veux dire...
13:24 Il n'y a pas qu'aux États-Unis. C'est quand même la question de l'endettement.
13:26 Oui, oui, oui.
13:27 On peut se poser aussi des questions sur le niveau à terme des taux de réel.
13:29 Avec 2,5 de taux réel positif 10 ans aux États-Unis, est-ce qu'on peut encore engranger beaucoup de déficits, quoi ?
13:34 Oui. Maintenant, c'est un peu l'histoire de l'œuf de la peau, là.
13:37 C'est que pour attirer les investisseurs pour financer le déficit, il faut quand même leur servir un taux attractif.
13:42 Donc dans le contexte d'incertitude actuelle, finalement, c'est une sorte de prime de risque qui s'est mise sur les obligations pour financer le long terme.
13:49 Bon. Et en termes d'investissement, c'est déjà un moment où on a envie d'aller sur ce genre de durations longues ? Pas tout de suite ?
13:58 Est-ce que dans 6 mois ou dans 2 ans, est-ce qu'on se retournera en se disant « mince, j'ai raté le 10 ans à 4,90 aux États-Unis, c'était quand même un super point d'entrée ? »
14:07 Je n'ai pas encore viré ma cutie, donc je me laisse encore un mois.
14:10 C'est vrai que ça commence à… En tout cas aux États-Unis, pour un investisseur américain, ça peut en devenir attractif.
14:16 Pour un investisseur européen, c'est plus compliqué compte tenu de la couverture du change.
14:20 On peut penser que ça commence à l'être aux États-Unis. Mais en Europe, je ne crois pas.
14:25 Juste sur la Chine, une toute petite parenthèse. Puisqu'on parlait de mesures de relance en Chine, il faut faire attention, ce n'est pas le même type de relance que précédemment.
14:33 La Chine aidait le reste du monde quand elle consommait des produits de luxe, des voitures de luxe et du capital goods, de l'investissement.
14:42 Aujourd'hui, on n'est pas du tout en train de relancer ça. L'investissement dans les routes ou dans les ponts, ça ne va pas aider beaucoup les entreprises occidentales.
14:51 Beaucoup moins que dans le cycle précédent. Donc, stabilisation, oui. Il y aura peut-être un petit peu moins d'anxiété sur la Chine.
14:59 Mais ça ne va pas relancer les niveaux de consommation de biens occidentaux de manière aussi importante que par le passé, je pense.
15:07 On a vu d'ailleurs sur la Golden Week, ce n'est pas spectaculaire comme délire de consommation en Chine.
15:14 La consommation chinoise reste quand même très nettement le point faible. Et surtout, le gouvernement chinois, à mon avis, a assez peu de marge de manœuvre
15:22 tant qu'on aura un secteur d'immobilier qui va être justement en face de gestion sur la longue durée. Et ça, vous n'aurez pas de retour de la confiance.
15:30 Donc, effectivement, ils n'ont pas d'autre choix que d'avoir d'autres mesures. On a eu notamment au début d'année, des signaux très clairs de Pékin au gouvernement local
15:37 disant qu'il faut subventionner au maximum le secteur des exportations. Mais vous dites ça à des gouvernements locaux qui sont en même temps aussi très endettés
15:44 et qui n'ont pas une capacité de manœuvre qui soit extrêmement importante. Donc, il y a aussi, au-delà des chiffres qui sont annoncés, il faut voir quels sont les secteurs qui vont être concernés.
15:53 Il est fort probable, je pense qu'on est d'accord, que ça bénéficiera beaucoup moins que les précédentes relances au niveau de l'économie internationale.
15:59 Et surtout, dans tous les cas, vous avez aussi des limitations qui sont très importantes. Le point qui est central, c'est que depuis la réforme du milieu des années 1990,
16:09 c'est quand même toutes les recettes qui sont remontées au niveau du gouvernement central. Donc, le gouvernement local a quand même beaucoup moins de marge de manœuvre.
16:15 Ils sont énormément endettés à l'heure actuelle. Donc, ils n'auront pas énormément aussi de levier de soutien. Et c'est d'habitude quand même un relais extrêmement important pour la Chine
16:22 lorsqu'elle est dans cette logique de relance de la croissance. Donc, il y aura plein de points de friction. Espérer une relance chinoise massive, c'est très peu probable,
16:31 avec des effets qui soient bénéfiques au niveau mondial. En revanche, le meilleur des mondes, en étant assez réaliste, c'est plutôt la stabilisation.
16:38 Et à long terme, peut-être une relance de la consommation, mais dont on ne voit pas du tout les premiers soubresauts.
16:45 – Mais il y a une forme d'un schéma lent qui se met en place, effectivement. On ne cherche plus des rebonds ou des reprises rapides.
16:52 Ce n'est plus le sujet pour la Chine. 1 trillion d'yuan, 150 milliards de dollars, ça pèse un peu, mais ce n'est pas un game changer non plus
17:02 pour la dynamique de la croissance chinoise. En plus, on verra si l'annonce est confirmée. Il y a un plénum, je crois, d'ailleurs, bientôt.
17:08 – Oui, il y a deux réunions importantes d'ici la fin de l'année.
17:10 – C'est vrai que c'est un peu bizarre de se dire à deux mois et demi de la fin de l'année, tiens, on lance la cavalerie pour faire nos 5% de croissance.
17:18 – Ce sera très très lent. Il y a effectivement deux réunions, il y a le plénum à la fin du mois d'octobre.
17:22 La date officielle n'est pas encore communiquée, mais d'habitude c'est fin octobre.
17:25 Donc là, on aura les grandes lignes directrices sur les 5 à 10 prochaines années en termes de relance.
17:29 Et surtout, il y a une réunion qui est un peu moins commentée, qui a lieu au T4. On n'a pas encore la date, donc vous voyez, ce sera d'ici la fin de l'année.
17:35 Mais qui permet de savoir très concrètement, effectivement, quels vont être les projets dans le détail qui vont être financés sur du court moyen terme.
17:41 Donc c'est vrai qu'on manque énormément de visibilité.
17:44 Et surtout, il y a certainement en interne au niveau de la Chine aussi une bataille sur quelles sont les mesures à mettre en place.
17:49 Il y a eu toutes ces rumeurs, par exemple, sur le marché des changes, d'une éventuelle dévaluation.
17:54 Ça revient assez régulièrement quand la Chine se porte mal.
17:58 On sait très bien que ce n'est pas du tout dans les mesures.
18:01 Et d'ailleurs, si on regarde l'évolution du yuan chinois, ce n'est pas du tout ce qu'a fait la Chine.
18:05 Mais malgré tout, on voit très nettement aussi qu'ils n'ont pas de bon levier.
18:09 C'est vrai que si vous avez une monnaie qui se déprécie, on pourrait se dire que ça relance les exportations.
18:13 Mais ce n'est pas complètement évident.
18:15 Et surtout, vous avez des fuites de capitaux qui augmentent.
18:17 On a eu les chiffres pour le mois de septembre.
18:19 La fuite des capitaux en Chine commence à devenir un peu problématique.
18:22 Donc ils sont aussi énormément bloqués sur les leviers d'action.
18:25 Donc ça va être très compliqué dans les prochaines années.
18:28 C'est très compliqué pour la Banque centrale d'assouplir massivement les conditions et la politique monétaire.
18:32 Tout à fait. Et baisser le taux de réserve obligatoire des banques, c'est fait.
18:35 Mais on sait très bien que c'est un effet plutôt limitatif.
18:37 Alors là, on reste bien sûr, on s'oriente sur les gros chiffres.
18:40 Voilà ce que ça libère en termes de liquidité.
18:42 Mais comment c'est utilisé concrètement ?
18:44 Il y a énormément de limitations.
18:46 Donc il faut être très prudent sur la relance chinoise.
18:48 La consommation de luxe, on en parle.
18:50 C'est le sujet quand même à travers la publication de LVMH.
18:53 Alors quels sont les enseignements un peu généraux pour le secteur et pour ceux qui vendent des produits haut de gamme ?
18:59 La veille de la publication de LVMH, il y avait aussi chez Mercedes un petit signal d'alerte
19:04 où on nous disait "attention, la classe S, ça se vend moins bien".
19:07 J'ai vu que c'était des baisses à deux chiffres quand même sur les prises de commandes et les ventes de classe S
19:11 qui sont, je crois, de ce que je comprends de l'automobile,
19:14 qui sont le segment un des plus luxueux chez Mercedes.
19:18 Vous avez eu l'ultraluxe, les Ferrari, etc.
19:20 Non, mais je parlais chez Mercedes.
19:23 Oui, bien sûr, chez Mercedes.
19:24 Est-ce que c'est un avertissement un peu général d'un nez spectaculaire pour le luxe ?
19:31 Ce n'est quand même pas le même ticket moyen entre une Mercedes classe S et les produits d'LVMH,
19:37 même s'il y a des produits qui sont très chers dans le luxe.
19:41 Mais on parle de 170 000 euros d'un côté.
19:46 Il y a des prix plus abordables chez LVMH ?
19:48 Il y a des prix moyen qui sont quand même beaucoup plus faibles que l'autre.
19:52 Je crois qu'LVMH a 18 millions de clients en Chine.
19:56 Je ne pense pas qu'il y ait 18 millions de propriétaires de classe S en Chine non plus.
20:02 Ce qu'on voit très clairement dans les chiffres aujourd'hui publiés par LVMH, c'est un ralentissement en Europe.
20:10 C'est vraiment la mauvaise surprise de cette publication.
20:16 C'est vraiment le consommateur européen.
20:18 C'est le premier signal.
20:20 Je n'ai pas en tête d'avoir eu de message de ce type pour l'instant sur le plan microéconomique du consommateur européen.
20:28 C'est inquiétant. L'Europe pour la consommation de luxe, ce n'est quand même pas le plus gros marché de LVMH.
20:32 On a eu pas mal de signaux négatifs.
20:34 Je dis l'Europe pour la consommation de luxe et pour LVMH.
20:36 Cela fait longtemps que ce n'est plus le premier marché.
20:40 Ce n'est pas malheureux.
20:42 Cela pèse quand même.
20:44 Quand vous avez un de vos marchés qui est en décroissance, on l'avait déjà vu.
20:46 Les Etats-Unis ralentirent au trimestre précédent.
20:50 Pour l'instant, la partie Chine tient assez bien.
20:54 Ce qui en fait une originalité.
20:56 Dans beaucoup de publications, on a une Chine qui faiblit dans beaucoup de domaines.
21:00 Apparemment, pas encore tout à fait dans le luxe.
21:04 C'est toujours difficile à lire du point de vue de la Chine.
21:08 Une très grande partie, la moitié des ventes de produits de luxe aux Chinois avant le Covid,
21:14 étaient faites quand ils voyageaient à l'étranger.
21:18 Quand ils ont cessé de voyager, il y a eu pratiquement un transfert intégral de ces ventes.
21:24 Ils se sont mis à consommer sur Internet et en local la même quantité de produits.
21:28 Maintenant, ils recommencent à ressortir.
21:32 C'est difficile de lire les chiffres aux Chinois.
21:36 Pour l'instant, il ne semble pas qu'il y ait de fléchissement de ce point de vue-là.
21:40 Mais il n'y a pas non plus d'accélération.
21:42 Le luxe, d'une manière générale, nous a habitués depuis maintenant 20 ans,
21:48 depuis que la Chine a émergé, depuis le début des années 2000,
21:52 à des niveaux de croissance qui sont systématiquement extrêmement élevés.
21:58 On parle de 10, 15, 20, 30, 40 % par trimestre.
22:02 Le marché s'est habitué à ces chiffres-là.
22:06 Quand on a des chiffres qui s'approchent de zéro, voire qui passent la barre des zéros,
22:12 ça fait un gros choc pour le marché qui avait en tête que c'était impossible, qu'on resterait.
22:18 Par ailleurs, même sur l'effet prix, on commence à avoir un peu des difficultés.
22:22 C'est aussi une nouveauté, quelque chose de très nouveau.
22:26 Il y a une limite au "praximal power" du luxe.
22:29 C'est quelque chose qu'on n'avait pas en tête jusqu'à présent.
22:33 On pensait que l'effet prix était infini, qu'il y avait les zéros élasticités prises sur les produits de luxe.
22:39 Là, on voit apparaître une inflexion dans ce domaine.
22:43 Il y a une parenthèse qui se referme pour ce secteur du luxe, pour la consommation discrétionnaire,
22:48 le haut de gamme ou le très haut de gamme.
22:51 Il y a eu des années magiques, rugissantes.
22:55 Il y a une parenthèse qui se referme, mais elle se rouvrira.
22:59 On a regardé la croissance des résultats de l'LVMH sur très longue période,
23:03 je parle de plusieurs décennies,
23:05 au niveau des chiffres d'affaires, on était autour de 12%.
23:09 Il y a des périodes où on est au-dessus, et puis on repasse en dessous.
23:13 Là, je pense qu'on est en train de repasser un peu en dessous,
23:16 et qu'on n'a peut-être pas encore vu toutes les conséquences.
23:20 Surtout si la Chine, au niveau de la consommation, ralentissait un petit peu plus.
23:24 Ce qui me frappe, une autre grille de lecture,
23:31 c'est qu'on voit qu'on ne peut pas anticiper les mouvements.
23:36 C'est-à-dire que c'est au dernier moment que l'LVMH fait son warning.
23:41 C'est pas un warning, mais...
23:44 Non, c'est pas un warning, qu'il déçoit.
23:47 Il ne dit pas aux analystes, il n'y a qu'un jour...
23:50 Ça m'intéresse, ça.
23:52 Vous êtes plus optimiste, comme certaines entreprises le font.
23:55 Aux US, c'est une culture beaucoup plus...
23:57 La culture de la communication financière et de la préparation du terrain,
24:00 avant les trimestres, est plus importante aux Etats-Unis et en Europe ?
24:03 En Europe, également. On sait qu'en Europe, il y a des entreprises qui appellent les analystes
24:06 en disant "écoutez, là, vous êtes vraiment très en dehors du coup.
24:10 Vous êtes beaucoup trop optimiste, beaucoup trop pessimiste."
24:12 Après, l'analyste fait ce qu'il veut.
24:14 C'est ça qui me gêne un petit peu.
24:17 Après, le cours de bourse a déjà perdu de 20% aussi, pour l'LVMH.
24:20 Oui, mais plus par l'effet taux.
24:22 Alors qu'on n'est plus du tout dans la mesure...
24:24 Bien sûr, en termes de valorisation, on trouve des niveaux un peu plus attractifs
24:27 si on regarde l'histoire des 5 ou 10 dernières années.
24:30 Mais en termes de résultats, on est encore loin du compte.
24:32 Donc, bien sûr, quelqu'un qui n'a pas d'LVMH peut se dire
24:34 "Oui, ça vient de perdre 20%, pourquoi pas en acheter un petit peu."
24:37 Mais quelqu'un qui en a depuis 10 ans...
24:39 Il n'y a pas d'urgence.
24:40 Je pense qu'il n'y a vraiment pas d'urgence.
24:42 Et je ne crois plus que le mouvement se prolonge encore pendant quelques trimestres.
24:45 Quand vous dites "C'est une parenthèse qui se referme",
24:48 elle se rouvrira, bien sûr.
24:50 Mais ça veut dire que dans l'intervalle, il y aura mieux à faire
24:52 que peut-être être surpondéré trop massivement sur ce secteur
24:56 qui reste un secteur poids lourd et incontournable, forcément,
24:59 pour ceux qui suivent les marchés.
25:01 On ne va plus avoir le type de surperformance
25:03 que ça avait ces dernières années pendant quelque temps.
25:06 LVMH ne va pas disparaître.
25:08 Ça reste une boîte extraordinaire.
25:10 Et deux mois après, il y a l'investissement boursier.
25:12 C'est peut-être une parenthèse qui se referme, mais qui se rouvrira.
25:16 Peut-être que c'est l'Inde qui remplacera la Chine.
25:18 On verra.
25:19 Il y a quand même une chose sur la Chine.
25:21 C'est que la prospérité pour tous, ce n'est pas une classesse pour tout le monde.
25:25 Et ce n'est pas des montres à 50 000 dollars pour tout le monde.
25:28 Donc, qu'on parlait du Plenum, du Parti communiste chinois,
25:31 je ne suis pas sûr qu'il relance la consommation de produits de luxe.
25:34 Non, non.
25:35 Il l'avait même bien cassé à un moment,
25:38 en luttant contre la corruption et les cadeaux un peu trop visibles,
25:42 visiblement, qui s'échangeaient.
25:44 Il ne faut pas oublier qu'une grande partie de l'épargne des ménages chinois,
25:47 c'est l'immobilier.
25:49 L'effet richesse, on l'a connu aux Etats-Unis en 2007.
25:53 Je ne prévois pas une implosion.
25:55 Ce que je veux dire, c'est que le mouvement, il arrive lentement,
25:58 mais il ne va peut-être pas s'arrêter comme ça tout de suite.
26:01 Je ne suis pas sûr qu'on ait vu la fin de la normalisation chinoise.
26:05 Qu'est-ce qu'on peut dire du poids du secteur du luxe aujourd'hui,
26:10 dans un indice comme le CAC ou dans un portefeuille d'investissement, Christophe Heuret ?
26:15 Moi, je trouve que la séance est intéressante,
26:17 parce que déjà, LVMH s'était réservé à la baisse ce matin.
26:19 Ça n'arrive quand même pas tous les jours de voir une réaction comme ça de marché.
26:23 Ça a baissé peut-être jusqu'à 7 % au cours de la séance.
26:26 Là aussi, c'est quand même une baisse appuyée pour LVMH.
26:29 Mais on avait vu sur des keyrings des baisses à deux chiffres.
26:32 Je me souviens, il y a une paire d'années,
26:33 on avait eu des gros décrochages aussi sur quelques séances.
26:36 Sauf que c'est la première KPIE européenne.
26:38 Non, c'est la deuxième KPIE européenne. On y viendra dans un moment.
26:42 Mais quelle est la capacité de nos indices à tenir ?
26:45 Parce que c'est quand même le sujet aussi, quand on regarde les marchés actions.
26:48 On a ce krach obligataire depuis trois ans,
26:51 avec des pertes monstrueuses, historiques, sur la séquence.
26:54 Les actions tiennent beaucoup mieux quand même.
26:56 Il y a ce phénomène de résilience qu'on voit encore d'ailleurs,
26:59 y compris dans la situation immédiate.
27:01 Est-ce que cette résilience peut perdurer,
27:04 malgré le décrochage de secteurs poids lourds,
27:07 comme celui du luxe en Europe ?
27:09 Vous aviez utilisé, lorsque vous avez initialement parlé de LVMH,
27:12 un terme qui est intéressant, c'est normalisation.
27:14 Je pense que déjà, juste si on se rend compte qu'on est plus sur une normalisation,
27:18 après une période un peu exubérante,
27:21 qui était extrêmement positive pour le secteur du luxe,
27:23 et particulièrement pour LVMH,
27:25 ça permet d'avoir une lecture qui est un peu plus différente,
27:27 si on parle de normalisation.
27:29 Pour LVMH et pour le secteur du luxe plus globalement,
27:32 ça reste quand même un secteur qui est très porteur,
27:35 avec beaucoup de potentiel,
27:37 même s'il y a assez peu aujourd'hui,
27:39 parce que c'est déjà un peu passé la grande tendance.
27:41 Il y aura certainement du M&A dans les prochaines années,
27:44 dans les prochains mois, puisqu'il reste quelques prises,
27:46 notamment côté bourse de Milan, qui peuvent être éventuellement intéressantes.
27:49 Ça peut d'ailleurs concerner LVMH, comme d'autres sociétés importantes dans le secteur du luxe.
27:53 Ça va être effectivement un moteur, ça aussi, intéressant pour les investisseurs.
27:57 Pour moi, comme je vous le dis, comme on est plutôt dans un processus fortement de normalisation,
28:01 avec effectivement des inquiétudes.
28:03 La macro chinoise est une inquiétude.
28:05 En même temps, on a aussi le gouvernement chinois,
28:08 qui a autorisé depuis le mois d'août les voyages de groupe à l'étranger.
28:11 Donc on verra, est-ce que concrètement, ça va se matérialiser aussi par la suite.
28:15 Mais foncièrement, en delà de cela,
28:17 je pense que si on regarde sur les derniers résultats trimestriels,
28:19 y compris des entreprises du luxe,
28:21 qui ont une taille beaucoup plus faible que LVMH,
28:24 ce qui a été extrêmement impressionnant,
28:26 c'est leur capacité notamment à trouver systématiquement des relais de croissance.
28:30 Alors soit technologique, ça peut être le digital, typiquement la Chine à certains stades,
28:33 soit lorsque ces relais étaient un peu épuisés,
28:36 on a eu une diversification géographique.
28:38 Je me souviens, il y a eu quelques résultats trimestriels de cela,
28:40 peut-être deux ou trois trimestres de cela.
28:42 Vous aviez des sociétés plutôt mid-cap dans le luxe,
28:45 qui nous disaient, la macro chinoise, ça bien sûr, ce n'est pas très glorieux.
28:49 En Europe, on n'a pas finalement aussi un potentiel important.
28:52 En revanche, c'est beaucoup plus développé du côté des États-Unis.
28:55 Ils ont énormément bénéficié du surplus des paris.
28:58 C'est un secteur qui a une énorme force de résilience.
29:01 Une agilité.
29:02 C'est très dur d'être pessimiste, même d'ailleurs à court terme.
29:05 C'est plus effectivement le débat, c'est les points d'entrée indéniablement
29:08 qui peuvent être intéressants pour des investisseurs qui se positionnent aujourd'hui.
29:11 Mais à moyen-long terme, effectivement, ça reste dans tous les cas un secteur extrêmement résilient.
29:15 Et après, on peut toujours débattre de qu'est-ce qu'on entend par luxe.
29:18 Si on intègre, et j'ai tendance à intégrer notamment, y compris de l'Apple.
29:22 Apple a ouvert récemment son premier magasin en Inde.
29:27 Donc pour du grand public, qu'on parle de relais de croissance, là, c'en est un.
29:30 Ça prendra bien sûr du temps parce que la macrochute indienne est aussi très complexe.
29:34 Mais malgré tout, ça montre effectivement que ça reste des secteurs qui sont...
29:37 Il y a des relais, il y a encore des poches à exploiter.
29:39 Encore énormément, très certainement.
29:41 Oui, l'idée, c'est d'avoir une vue normale sur ce secteur.
29:44 Voilà, on sort de l'exubérance.
29:46 Ni exagérée dans un sens, ni dans l'autre.
29:48 Complètement. Il y a plein d'autres secteurs qui ont connu aussi des périodes d'exubérance.
29:51 Il faut simplement comprendre la normalisation qui est nécessaire.
29:54 Après, comme en Europe, on n'aura jamais Apple, Amazon et autres sociétés de croissance américaines.
30:00 On sort du secteur du luxe et de la santé.
30:03 Difficile de trouver autre.
30:05 On a eu ASML à un moment, qui était la première cap européenne.
30:09 Bon, il y a eu ADN, ça a un peu moins tenu.
30:13 Mais il y a eu des tentatives dans le secteur tech d'avoir des nouveaux leaders en termes de market cap en Europe.
30:19 Et aujourd'hui, la première market cap, c'est Novo Nordisk.
30:22 Une valeur que personne ne connaît.
30:25 Pas ceux qui écoutent Smart Bourse, ça fait déjà plus d'un an qu'on n'en parle.
30:29 Une valeur danoise, donc on n'est pas à zone euro, il faut le préciser.
30:32 C'est fascinant, parce que la question qui se pose,
30:35 historiquement, un des deux grands acteurs, ou même l'acteur mondial du diabète,
30:40 c'est ça, historiquement,
30:42 et partant de cette molécule utilisée dans le diabète,
30:44 c'est toujours la même molécule avec des dosages différents,
30:47 d'exploiter, d'explorer un certain nombre d'indications.
30:50 Donc l'obésité, et puis sur l'obésité on s'aperçoit diminution des risques cardiaques,
30:55 et puis on s'aperçoit limitation des risques d'insuffisance rénale,
31:00 ça c'est la nouvelle du jour qui fait encore monter le titre.
31:02 La question qui se pose, c'est dans quelles indications est-ce que Novo Nordisk
31:06 ne va pas apporter quelque chose de plus que l'existant et que le marché actuel ?
31:12 C'est fascinant quand même.
31:13 Effectivement, valeur danoise Novo Nordisk c'est probablement la meilleure performance
31:18 de toutes les valeurs européennes, toutes devises confondues sur 20 à 25 ans,
31:22 ils sont très centrés sur une maladie qui fait 90% de leur chiffre d'affaires,
31:27 qui est effectivement le diabète.
31:29 En deux secondes, si vous me permettez, j'explique juste ce que c'est que le GLP1,
31:34 le diabète c'est donc l'excès de sud dans le sang qui est cassé par l'insuline
31:38 produite par le pancréas,
31:39 le diabète c'est une insuffisance de production d'insuline,
31:42 le GLP1 dont on parle aujourd'hui c'est une protéine, c'est une hormone
31:48 qui va commander le pancréas, donc on est un degré en amont de la production d'insuline
31:53 par le pancréas.
31:54 Ça a été développé il y a effectivement, vous avez raison de le souligner,
31:57 il y a fort longtemps, il y a une vingtaine d'années qu'on a développé le concept,
32:00 il y a une quinzaine d'années que plusieurs GLP1 sont sur le marché
32:04 et notamment celui de Novo Nordisk qui domine très largement le marché.
32:09 Ils ont ensuite évolué en termes de dosage et on s'est très rapidement aperçu
32:16 avec son grand concurrent sur cette partie GLP1 qui est Eli Lilly aux Etats-Unis
32:21 que ça induisait la prise de GLP1, non seulement améliorait le diabète en tant que tel
32:27 mais induisait une perte de poids et ils ont développé des indications
32:30 avec des dosages différents dans la perte de poids jusqu'à avoir un premier produit
32:34 dans la bésité, un deuxième produit dans la bésité qui s'appelle Wegovy
32:37 qui est sorti il y a deux ans.
32:40 Qui est déjà sur plein de marchés.
32:41 Qui est sur l'ause littéralement et là aujourd'hui ils ont annoncé sur la partie, cette fois-ci,
32:46 Diabète, Ozempic, en injection hebdomadaire,
32:52 qu'on avait des effets très favorables sur l'insuffisance rénale.
32:57 L'insuffisance rénale qui est une maladie à 60% composée de diabétiques.
33:01 Ils ont prouvé il y a quelques semaines dans l'obésité, cette fois-ci,
33:05 donc il faut quand même...
33:07 Oui, on sait parler d'eux !
33:08 Il y a quelques semaines dans l'obésité, ils avaient des effets favorables sur...
33:11 Sur le risque cardiaque.
33:12 On voit bien toutes les pathologies associées, toutes les comorbidités associées
33:16 à ces deux grandes maladies, diabète et obésité, qui peuvent d'ailleurs se rejoindre.
33:20 Il y a des intersections énormes entre ces deux pathologies.
33:23 On se dit, où est la limite ?
33:25 C'est quand même la question que se posent les analystes aujourd'hui.
33:27 Si innovateur que ça, dans le sens où il y a une autre molécule dans le traitement diabétique
33:32 qui s'appelle les SGLT2, les anti-SGLT2, qui sont produites entre autres par AstraZeneca
33:37 mais aussi par d'autres concurrents, qui ont déjà prouvé, il y a déjà 3-4 ans,
33:42 qu'ils avaient des effets très favorables dans l'insuffisance rénale.
33:46 Et aujourd'hui, ce qui est publié dans l'étude de Novo Nordisk,
33:49 ce qui est intéressant, c'est qu'ils disent que c'est égal, l'effet favorable est égal,
33:54 pas supérieur, égal aux SGLT2 qui sont donc sur le marché déjà depuis 3-4 ans.
33:59 Donc la nouvelle n'est pas aussi dramatique que dans le sens où on le légitimise.
34:05 Oui, non, on n'en parlerait peut-être pas autant.
34:07 On n'en parlerait peut-être pas autant s'il y a 3 jours de cela,
34:12 le CEO de Walmart disait que les gens sous traitement aux NP, Kuygevi, il y a Mounjaro aussi chez L.Lily,
34:18 consomment moins de cochonneries, c'est comme ça que je le dis.
34:21 Mais c'est des baisses qui peuvent être marquées sur certains items,
34:24 notamment tout ce qui est très calorique, les comportements de consommation des gens
34:28 sont en train de changer.
34:30 Mais là, l'autre effet sur les fournisseurs de dialyse, c'est moins 20% pour Fresenius Medical Care.
34:38 Chaque fois qu'il y a une nouvelle avancée dans une nouvelle indication,
34:41 il y a un secteur qui s'effondre en bourse derrière.
34:44 D'une certaine manière, on pourrait souhaiter que le marché ait raison,
34:47 c'est-à-dire que le développement de Zempik, Weekly ou des SGLT2
34:54 réduisent de manière absolument visible et dans des proportions fortes le nombre d'insuffisants rénaux.
35:05 Je ne peux souhaiter que ça.
35:07 Est-ce que je crois que c'est raisonnable aujourd'hui d'actualiser la baisse des insuffisants rénaux
35:12 sur les 20 ou 30 prochaines années grâce aux GNP1 ?
35:15 Je pense que c'est allé un peu vite en besoin.
35:18 Peut-être que ça va très vite.
35:19 Et les paroles de Walmart allaient aussi très vite en besoin.
35:21 Je ne crois pas que le marché joue le endgame tout de suite.
35:24 Mais il y a quand même l'idée qu'il se passe quelque chose.
35:26 Sur les obèses aux Etats-Unis et sur Wegovy, on parle de quelques milliers de patients.
35:29 Je ne sais pas si Walmart…
35:30 Oui, l'étude n'est pas complète.
35:32 Il y a eu une étude de JPMorgan notamment qui a beaucoup circulé.
35:36 C'est quand même le patron de Walmart.
35:39 Il ne dit pas ça par hasard, j'imagine.
35:41 C'est une nouvelle qui est importante.
35:45 Moi, ça me fascine.
35:47 C'est le progrès de la recherche médicale d'une manière générale.
35:50 Je trouve que ça remet un éclairage sur le secteur de la santé
35:53 un peu différent peut-être de celui qu'on pouvait avoir.
35:56 Ce n'est pas une révolution qui vous…
36:00 Comme on gère pas mal d'actions américaines sur un fonds,
36:04 ce qui est très étonnant, si on le regarde de manière…
36:07 en prenant de la hauteur, c'est que les gagnants sur le marché de la santé
36:11 dans les grands labos américains, ça change sans arrêt.
36:15 Tous les deux ans, c'est un nouveau.
36:17 - C'est Elie Lili la plus grosse market cap, je crois.
36:20 - Mais ce n'était pas le cas il y a deux ans.
36:22 Avant, c'était Abbott.
36:24 Je ne sais pas si Elie Lili sera le même dans deux ans.
36:28 Ça va tellement vite.
36:30 Il y a une certaine volatilité alors qu'avant,
36:33 du temps des belles années de la santé, vous aviez Roche, Novartis, ça durait.
36:38 - On parle quand même d'un blockbuster potentiellement historique.
36:41 - Regardez Merck, les blockbusters qu'il a lancés.
36:44 Regardez le blockbuster sur le Covid.
36:47 - Que ça ne profite pas forcément…
36:50 - Ça dure un temps.
36:51 - D'accord, mais peut-être qu'on a quand même là sous les yeux
36:54 les prémices de quelque chose qui pourrait bouleverser…
36:58 - Non, mais c'est très bon pour la santé publique.
37:01 Là-dessus, c'est très clair.
37:03 Mais ce que je veux dire, c'est que ça ne va pas changer le fait
37:06 que les marchés sont devenus extrêmement exigeants et volatils,
37:10 même de ce point de vue-là.
37:12 Ils jouent des leaders, un an après, ils en jouent un autre.
37:15 C'est très difficile de jouer du long terme maintenant,
37:18 même sur des valeurs de pharmacie et de santé
37:20 qui auparavant nous donnaient un grand boulevard.
37:23 - Oui, et puis on a vu des envolées spectaculaires sur des promesses,
37:25 des espoirs, etc.
37:27 Et puis, vous avez une phase 3 qui arrive et qui casse l'enthousiasme.
37:30 - Je suis un grand fan en deux secondes du secteur de la pharmacie
37:34 parce que précisément, il n'y a pas de mauvaise histoire.
37:37 Vous pouvez chercher, il n'y a pas de mauvaise histoire.
37:39 Il y a des périodes de sous-performance, 5 ans,
37:42 ça peut sous-performer pendant X années, peut-être 10 ans,
37:45 mais à la fin, on gagne.
37:48 - C'est toujours la santé ? - Toujours.
37:50 - Mais il faut être diversifié. - Dans la pharma.
37:52 - Mais il faut être diversifié. - Oui, bien sûr.
37:54 - Moi, je ne sais pas. - Dans la pharma, c'est un peu plus restreint.
37:56 - La réflexion un peu macro, pour sortir de nos vôtres spécifiques,
38:00 on a des populations en âge de travailler qui deviennent un bien rare et précieux
38:05 sous l'effet du vieillissement démographique.
38:07 On sait que la population active aux États-Unis est laminée depuis des années.
38:10 Quand je dis laminée, il y a des études, je n'ai pas regardé les chiffres.
38:14 Combien de personnes sont sorties justement du marché du travail
38:17 pour des questions de santé, d'addiction aux opioïdes,
38:20 d'obésité morbide, médicale, etc. ?
38:23 Non mais, aux États-Unis, il y a vraiment les traitements contre l'obésité.
38:30 - Oui, c'est ce qui est totalement sensible à la réaction du marché,
38:32 avec l'espoir que ça se situe derrière.
38:34 - Mais ce qu'on a constaté depuis la post-COVID,
38:37 c'est qu'on a aussi tout un sujet qui est un peu lié,
38:40 qui est la nutrition, le mieux vivre.
38:42 Vous regardez certaines valeurs,
38:44 vous avez aussi des valeurs qui capturent bien cette thématique mieux vivre,
38:47 d'autres qui sont un peu plus larges, certains groupes américains,
38:50 qui ont dans leur compartiment cet aspect-là,
38:53 et d'autres choses comme vous évoquiez pour Wal-Mart.
38:56 Mais c'est aussi une grosse thématique, y compris pour deux santé publiques.
39:00 Peut-être que ça explique en partie la réaction du marché.
39:02 - Oui, et on verra bien évidemment comment ça va se définir.
39:05 Mais il faut certainement toujours être prudent.
39:08 Alors bien sûr, on est sur des grandes pharmas,
39:09 on n'est pas sur le secteur de la biotech,
39:11 où c'est encore beaucoup plus volatile,
39:12 où on a eu un peu de tout ces dernières années.
39:15 Mais la réalité, c'est qu'il y a certainement une vraie thématique
39:17 de santé publique liée à la nutrition,
39:19 et donc à la capacité à être productif,
39:22 qui commence à s'imposer, plus aux États-Unis.
39:24 Mais les statistiques qui tombent en Europe sur les niveaux d'obésité,
39:27 les attentes, alors je ne vous parle pas dans 10-15 ans,
39:30 mais en 2030, sont aussi très alarmantes.
39:32 Donc ce sujet va être aussi européen très rapidement.
39:35 - Oui, et sans doute émergent aussi.
39:37 - Complètement.
39:38 - La Chine, ou d'autres, sont en train de partir sur des trajectoires générales.
39:41 - Si on regarde les chiffres du Mexique, la Chine c'est considérable.
39:43 - Il faut qu'on s'arrête, messieurs.
39:45 Merci beaucoup d'avoir été les invités de Planète Marché ce soir.
39:47 Vincent Guenzi, Cholet, Dupont, Houdard, Régis Béguet,
39:50 Lazare Frère-Gestion et Christophe Erdembik,
39:52 PICTE, Asset Management.

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