SMART BOURSE - Planète marché(s) du mercredi 3 mai 2023

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Mercredi 3 mai 2023, SMART BOURSE reçoit Luciana Duprat (Responsable Relations Gestion de Fortune & ESG - Responsable Adjointe Equipe Investisseurs, PortzamparcBNPP) , Éric Venet (Directeur de la gestion, Montbleu Finance) et Vincent Guenzi (Directeur de la Stratégie d'Investissement, Cholet Dupont Oudart)

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Transcription
00:00 (Générique)
00:10 Trois invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché.
00:13 Luciana Duprat est avec nous ce soir en plateau, responsable des investissements durables chez Ports-en-Port.
00:18 Bonsoir Luciana. - Bonsoir.
00:19 Merci beaucoup d'être là. Merci à Eric Venet d'être avec nous également.
00:22 Bonsoir Alex. - Bonsoir.
00:23 Directeur de la gestion de Montbleu Finance. A nos côtés enfin Vincent Guenzy.
00:27 Bonsoir Vincent. - Bonsoir Gilles.
00:28 Ravi de vous retrouver. Vous êtes directeur de la stratégie d'investissement de Cholet, Dupont ou Dard.
00:32 Commençons par la séquence Banque Centrale avec la décision imminente de la Réserve fédérale américaine.
00:38 Pour finir le travail proprement, comme je dis Vincent, les dernières données économiques, statistiques aux Etats-Unis
00:46 ainsi que les derniers développements sur le front de la crise bancaire autorisent la FED ce soir à faire un dernier mouvement de 25 points de base ?
00:54 Un mouvement de 25 points de base certainement. Le dernier on ne sait pas encore. C'est assez probable.
00:59 On a quand même une activité qui reste assez soutenue même si elle se modère.
01:03 On a eu une création d'emploi tout à l'heure qui était très très très élevée.
01:06 Et puis sur le plan du recul de l'inflation, il y a parfois des signaux un petit peu discordants.
01:12 Dans le dernier chiffre ISM industriel qui est sorti, la composante prix était remontée.
01:17 Donc il est assez probable que ce soit la dernière hausse des taux puisque entre 5 et 5,25 par rapport à une inflation qui est en train de ralentir
01:27 et qui ralentira un petit peu dans les prochains mois, on arriverait à une certaine neutralité.
01:32 Donc il est probable que la FED ait envie de se positionner en disant "bon, on a déjà fait une bonne partie du boulot".
01:38 Mais je pense qu'elle va surtout avoir à coeur de dire "attention, ce n'est pas parce qu'on s'arrête qu'on va rebaisser tout de suite".
01:44 Parce que ce qui doit l'enquiquiner, c'est quand même les anticipations de baisse des taux de 50 à 75 points de base d'ici la fin de l'année.
01:51 Et ça, je pense que c'est beaucoup trop tôt.
01:54 Donc c'est plutôt là que je l'attends. Je ne sais pas si elle va s'exprimer vraiment sur le sujet.
01:59 Il serait quand même assez logique qu'elle, comme toujours, qu'elle manie un peu les deux côtés de la pièce.
02:08 Donc qu'elle dise "il faut que je monte encore, mais à côté de ça, on est déjà maintenant à 5,25,
02:13 donc on peut penser qu'on aura peut-être moins besoin d'oursir notre politique monétaire".
02:18 Donc un discours assez ambiguë, destiné à soutenir les marchés sans entretenir une euphorie.
02:24 Où est la barre d'une première baisse de taux ?
02:27 Puisque les marchés continuent d'imaginer, c'est un sujet de discussion infinie depuis des mois et des trimestres,
02:32 ces anticipations de baisse de taux qui suivent la dernière hausse ont toujours été là, restent ancrées dans le marché.
02:38 La FED l'avait dit, pour que l'inflation recule, il faut qu'il y ait une demande moins soutenue.
02:42 Alors la demande est un petit peu moins forte, mais elle n'a pas suffisamment reculé.
02:46 Le chômage n'a pas suffisamment augmenté. Donc les tensions sont toujours là.
02:51 On est quand même loin des 2%, qui est l'objectif des grandes banques centrales.
02:55 Donc il serait assez logique qu'elles maintiennent une position assez restrictive pendant encore quelques temps,
02:59 jusqu'à ce que la décrue de l'inflation se rapproche d'un objectif qu'elles jugent plus cohérent.
03:07 Aujourd'hui on en est loin. Certains pensent que la FED pourrait relever les objectifs d'inflation.
03:12 Aujourd'hui ce n'est plus 2, c'est 3. C'est un peu prématuré également.
03:16 Donc je pense que la FED, encore une fois, elle est là pour rassurer, mais elle n'est pas là pour entretenir la spéculation à l'euphorie.
03:23 Elle est là aussi pour soutenir l'économie quand c'est nécessaire.
03:26 Aujourd'hui ce n'est pas nécessaire. Soutenir le secteur financier quand il y a des bombinettes qui explosent à droite ou à gauche, oui.
03:34 Mais elle le fait à ce moment-là par des liquidités qu'elle réinjecte dans le marché le temps nécessaire qu'elle reprend par la suite.
03:39 Mais elle n'utilise pas l'arme d'étau.
03:41 Eric, qu'est-ce que vous attendez du cap que va fixer Jérôme Poel ce soir ?
03:46 Si jamais la FED entre effectivement dans quelque chose d'un peu différent après le front-loading de 2022,
03:53 les hausses de taux à un rythme effréné, on a déjà réduit les incréments à 25 points de base et maintenant une nouvelle perspective s'ouvre.
04:02 Oui, c'est plutôt un point final. Le job is done.
04:05 Et puis ça a fonctionné. Je suis le premier surpris parce que ça a monté sévère.
04:12 Et la croissance tient. En fait, j'ai des points de vue jusque là.
04:17 Il y a une espèce de paradoxe parce que les économistes ne sont pas tous d'accord,
04:23 mais justement la croissance, on va dire que ça ne se tient pas près.
04:27 Mais les financiers, non, parce qu'on anticipe déjà une baisse des taux pour pas très longtemps.
04:33 Les cycliques sont dans les choux. Le pétrole, à chaque fois forcément des conséquences, pas forcément des signaux.
04:41 Mais si, les actifs cycliques montrent qu'il y a quelque chose de désagréable devant nous.
04:48 Il y a une décotomie en fait, qui me met mal à l'aise.
04:50 Normalement, en tant qu'économiste, je dis bravo, j'applaudis, tout a été...
04:55 La feuille de score est bonne.
04:58 On a remonté les taux à 5, il ne s'est rien passé. La normalisation du marché de l'emploi, les anticipations d'inflation ont diminué.
05:06 Alors certes, on ne viendra jamais à 2, on n'est jamais en inflation à 2.
05:11 Mais j'ai un problème, parce que le marché financier ne me dit pas ça.
05:15 J'espère que le marché financier se trompe en fait.
05:18 Et auquel cas, je pense que la priorité de la Fed, c'est de se dire, je fais le job,
05:26 et j'attends de récolter toujours mes fruits, on va diminuer progressivement mon inflation sous-jacente,
05:32 qui est encore un peu diminuée, et puis je vais me laisser porter par les statistiques.
05:38 Et puis si vraiment, soit j'ai une chute brutale que je n'ai pas vue, auquel cas, on verra si j'entame une baisse des taux,
05:47 mais il n'y a pas de raison jusqu'à là.
05:49 Donc je pense qu'il y a intérêt à ne rien dire.
05:51 Si on dit, écoutez, moi j'ai fait le job, on va attendre, peut-être que j'en ai trop fait,
05:56 et si j'en ai trop fait, ça veut dire qu'effectivement, ils ont raison d'attendre une baisse des taux,
06:00 parce que ça va chuter sévère.
06:03 Sûrement, j'ai fait comme il fallait, et je n'ai rien d'autre à faire avant le changement macro-économique.
06:09 Mais ce n'est pas pour l'instant.
06:10 Mais le bilan, on ne peut pas le tirer tout de suite.
06:12 Vu le décalage de l'impact des politiques de taux, des politiques monétaires...
06:16 Le bilan, si.
06:17 Non mais, savoir si le resserrement a été abusif ou pas...
06:20 Ah bah, jusqu'ici, il n'est pas abusif en fait.
06:23 Sauf que les marchés financiers vous disent que...
06:25 Oui, parce qu'on a une bonne moitié des hausses de taux qui n'ont pas encore eu d'impact dans la vie réelle.
06:29 Voilà, c'est ça.
06:30 Luciana.
06:31 Ça n'a pas été abusif, mais comme dans chaque hausse des taux, il y a les acteurs les plus fragiles qui sont pénalisés.
06:37 Et en l'occurrence, cette fois-ci, c'est les banques commerciales américaines.
06:40 Les banques centrales, quand elles veulent lutter contre l'inflation, c'est vrai qu'elles augmentent les taux de directeurs,
06:45 parce qu'elles estiment que les banques vont moins octroyer de crédit aux agents économiques,
06:51 et comme ça, on va lutter contre l'inflation.
06:53 Là, on a une partie du tissu bancaire américain qui est embourberée dans des difficultés financières
07:01 et qui, de fait, est obligée de ralentir sur le crédit américain.
07:07 Donc finalement, on a non seulement une hausse des taux directeurs classiques pour lutter contre l'inflation,
07:13 et là, on a les banques commerciales américaines qui, finalement, en ralentissant le crédit, luttent contre l'inflation aussi.
07:21 Mais vous dites "ça fait partie", c'est l'intention de la banque centrale américaine
07:27 de voir ce phénomène de resserrement des conditions de crédit, de resserrement de la distribution de crédit,
07:32 quand bien même il y a des dommages collatéraux ici et là dans le secteur bancaire.
07:36 C'était son intention, effectivement, de ralentir.
07:38 Maintenant, ce n'était pas son intention de pénaliser les banques commerciales américaines.
07:42 Mais est-ce que c'est de son fait que les banques commerciales américaines se retrouvent dans cette situation ?
07:47 Non. Il y a aussi, on l'a vu, une mauvaise gestion sur les ratios prudentiels, sur la baisse clientèle.
07:54 Sur certaines de ces banques, ils avaient juste un client, que sont les start-up.
07:59 Donc finalement, ce n'est pas la Fed la seule responsable. Il y a aussi une mauvaise gestion, comme à chaque fois.
08:05 Il y avait des modèles particuliers, effectivement, plus fragiles que d'autres.
08:09 Voilà, plus fragiles que d'autres. Mais l'intention de la Fed était bien celle-ci, comme toute banque centrale,
08:14 en relevant les taux, de lutter contre l'inflation.
08:18 Vincent ?
08:19 Ce n'est pas le modèle qui est plus fragile. C'est que lorsque vous remontez les taux aussi violemment,
08:24 vous avez des secteurs qui souffrent. Il n'y a pas que...
08:27 Regardez l'immobilier. Là, ils ne sont pas bien non plus.
08:31 Donc, c'est simplement... Ils devaient remonter les taux, parce qu'on a changé d'air, de paradigme.
08:36 Mais il y a des collatéraux, des dommages collatéraux, qu'il faut résoudre.
08:40 Et pour l'instant, les banquiers centraux sont là pour supporter.
08:44 Mais ce n'est pas parce que le modèle était défaillant. C'est parce que manque de chance pour l'immobilier.
08:49 Un petit peu aussi, parce que certains clients avaient besoin de retirer de l'argent.
08:53 Eux-mêmes, pour donner du cash à leurs clients, ils ont été amenés à vendre leur portefeuille obligataire, un peu dans la panique.
09:03 Et c'est pour ça que, assez rapidement, aussi bien la Banque centrale américaine que le Trésor, que Joe Biden,
09:09 ont voulu freiner la fuite des dépôts, ont voulu également assurer la liquidité des banques,
09:18 au niveau, en tout cas, des portefeuilles obligataires qu'elles détenaient, pour ne pas quelles les vendent dans la panique.
09:24 Et surtout, rétablir la confiance, parce que le système bancaire repose sur la confiance.
09:29 La question étant, est-ce que la confiance est revenue ou pas ?
09:32 Visiblement, la reprise de First Republic Bank par J.P. Morgan ne suffit pas à couper la série d'événements qui semblent continuer devant nous, Vincent.
09:46 Alors, à chaque période de remontée des taux et de dorsisme monétaire, il y a un chapelet de faillite.
09:51 Depuis 30 ans, chaque fois qu'on a vu une remontée des taux et une récession ou non, il y a eu des accidents financiers.
09:57 Donc la Fed, elle le sait, elle les vit. Il y a des organismes de sauvetage.
10:00 C'était prévisible.
10:02 On avait vu quand même cette remontée des taux depuis deux ans, qui se passait relativement bien.
10:08 On avait eu des pertes sur les portefeuilles obligataires, mais on n'avait pas eu d'accident financier.
10:13 Bon ben voilà, ça commence à arriver, il y en aura sans doute d'autres.
10:16 Je pense que la Fed, elle est blindée de ce point de vue-là.
10:19 Les autorités américaines savent gérer la situation, et je dirais même qu'elles le font mieux qu'elles l'ont fait les fois précédentes.
10:25 Elles ont réagi beaucoup plus rapidement qu'en 2008.
10:27 Une courbe d'expérience.
10:28 Exactement.
10:29 Alors, les autres banques régionales qui continuent à chuter.
10:33 Bon, marché américain, c'est un marché d'anticipation, c'est un marché spéculatif.
10:39 Donc oui, ils s'amusent à trouver le prochain domino, le prochain maillon-père.
10:42 Est-ce que c'est précurseur d'une faillite généralisée ? Non.
10:46 Ce que je constate quand même par rapport à 2008, c'est que l'ensemble du tissu financier,
10:52 que ce soit en Europe ou aux Etats-Unis, pour prendre les deux grandes zones,
10:55 les banques sont quand même beaucoup mieux capitalisées.
10:58 Il y a probablement un peu moins d'actifs douteux dans les comptes.
11:03 Il y en a certainement, mais globalement moins.
11:06 Je rappelle que la banque qui a fait faillite, la Silicon Valley Bank,
11:12 les actifs douteux qu'elle avait en portefeuille, c'était quand même des emprunts d'épargne.
11:16 Oui, des treasuries.
11:17 Donc il fallait lui laisser du temps et ramener un peu de confiance à éviter le bank run.
11:20 Ce que je crois que les autorités ont quand même assez réussi.
11:25 Ceci étant, on a cru que le calme revenait très rapidement.
11:28 Et puis il suffit qu'il y ait de nouveau un petit peu de tension alimentée par des vendeurs à découvert sur des titres
11:34 pour que voilà, on ait quand même encore une quatrième banque qui saute.
11:37 Je suis d'accord que ce n'est pas une crise des actifs de ce point de vue-là.
11:40 On ne peut pas reprocher à une banque de détenir en actifs des treasuries.
11:43 Après, il y a la question du modèle économique, de la gestion,
11:46 et de l'équilibrage du passif et de l'actif.
11:50 Non, mais là, il y a quand même une crise du passif généralisé dans le sens où
11:54 les dépôts bancaires sont challengés par des produits monétaires qui offrent aujourd'hui
11:58 une rémunération que toute une génération n'a jamais vue.
12:02 Et de ce point de vue-là, que peut faire la réserve fédérale américaine ?
12:05 Si elle continue encore de mettre 25 points de base ce soir,
12:07 elle ne fait qu'accroître le problème et l'appétit de certains déposants bancaires
12:13 pour des produits monétaires qui ont un appétit tout à fait légitime.
12:17 Les déposants vont vers les produits monétaires,
12:20 pas parce que les taux sont beaucoup plus élevés,
12:23 parce qu'il y a aussi des comptes à terme aux Etats-Unis.
12:25 Ils vont sur les SICA monétaires parce que c'est "moins risqué"
12:29 que de laisser son argent dans une banque dont le modèle est un petit peu en panique.
12:34 C'est plus un problème de sécurité qu'un problème de rémunération.
12:37 C'est différent en Europe, parce que les taux des SICA monétaires
12:40 n'ont pas rattrapé le taux du jour le jour.
12:42 Aux Etats-Unis, le taux des SICA monétaires n'est pas très différent des comptes à terme.
12:46 Si vous placez de l'argent à deux ans, ce n'est pas le bon exemple.
12:50 On est dans une problématique assez classique de hausse des taux
12:55 où le particulier, quand il a du cash sur un compte courant,
13:00 si c'est rémunéré, évidemment il va le laisser.
13:03 Mais on est déjà sur un fonds à terme.
13:05 Un fonds monétaire, là aujourd'hui, offre pratiquement du 5% de rendement.
13:11 C'est plutôt les banques qui ont tardé à offrir une rémunération
13:16 sur le dépôt des comptes courants.
13:19 Et ça va se faire.
13:21 Ce qui ne se faisait pas dans les années passées,
13:24 c'est que là, avec l'arrivée des banques digitales,
13:26 en quelques clics, vous avez des mouvements sur les capitaux qui sont très rapides.
13:30 Et donc là, les banques vont être obligées d'offrir un rendement sur les comptes courants.
13:36 C'est comme ça que le marché va se réajuster.
13:40 Mais ça veut dire que ça change quand même le cas d'investissement bancaire
13:44 qui était plutôt vu positivement, parce que hausse des taux, repondification,
13:48 c'est bon pour les banques.
13:49 Ça c'était l'argument fatal des derniers mois et des derniers trimestres.
13:52 C'est vrai. Non mais jusqu'à présent, elles ont gardé les profits pour elles.
13:55 Et puis là, elles vont être obligées de partager.
13:57 La liquidité en coûtait cher. La liquide des ventes coûtait plus cher.
13:59 Et donc toutes les banques qui auront des problèmes de liquidité
14:03 ou d'accès aux liquidités vont se fragiliser.
14:06 Mais je pense que ce n'est pas une question de taux d'intérêt de la fête.
14:09 Peu importe que ce soit à 5 ou à 25, c'est simplement qu'on passe de 0...
14:13 En fait, c'est une question de grandeur, de masse.
14:15 Oui, de grandeur.
14:16 Passer de 0 à 5 et d'ajustement.
14:19 C'est la violence quand même.
14:21 Il y a quand même d'autres éléments.
14:23 Il y a d'autres parties de l'économie qui devaient être financées,
14:26 qui étaient financées avant par des taux très bas.
14:28 Le private equity, l'immobilier.
14:30 Donc il y aura probablement d'autres dégâts collatéraux.
14:34 Je ne suis pas si inquiet que ça sur le private equity,
14:36 parce que généralement, on a du temps devant soi.
14:38 Donc le banquerie ne se produit pas sur le private equity.
14:41 Oui, il y a plus de viscosité quand même sur le dépôt passif d'un fonds de private equity.
14:45 Exactement. Par contre, les fonds de private equity ont du mal à lever davantage de dettes
14:50 pour continuer à financer les start-up.
14:52 Donc ça fait quand même un impact négatif sur l'activité.
14:56 Un mot du plafond de la dette,
14:59 qui vient percuter un peu également le sujet de la réserve fédérale américaine,
15:05 entre l'inflation, la stabilité financière.
15:07 On s'invite donc désormais à cette question du plafond de la dette,
15:09 avec une date fixée autour du 1er juin,
15:12 en tout cas à partir du moment où le trésor américain
15:16 devra commencer à réduire sérieusement ses dépenses.
15:20 Luciana, là aussi, le marché nous dit que c'est plus sérieux que d'habitude.
15:26 Est-ce que c'est plus sérieux ?
15:28 C'est un problème récurrent, c'est vrai, aux Etats-Unis.
15:32 Maintenant, le vrai sujet, ce n'est pas tant la probabilité de défaut des Etats-Unis,
15:41 mais plus l'arbitrage que le trésor américain va devoir faire
15:45 sur des prestations de santé ou de retraite.
15:48 C'est plus le particulier américain qui pâtit de cette situation.
15:54 En 2011, Obama avait été confronté au même problème de relèvement du plafond de la dette.
16:01 Un moment, en plus, j'allais dire encore plus prégnant.
16:06 C'était quand même suite à 2008.
16:09 Là, on n'est pas dans la même situation que 2008.
16:13 Comme à chaque fois, ça se fait dans un laps de temps très resserré.
16:17 Comme vous avez dit, Yannick Pélen a dit 1er juin.
16:20 Et Biden a l'air d'être cool, pas pressé, de donner rendez-vous au Congrès.
16:27 Il n'y a pas trois mois devant nous, quand même.
16:29 Le 9 mai, l'enjeu, c'est de se dire que dans un laps de temps assez court,
16:34 il va falloir trouver une solution.
16:37 A savoir si les négociations sont faites sous la pression.
16:40 C'est mieux ? Je ne sais pas. On verra.
16:43 Quel type de dégâts peut générer cette situation de blocage politique ?
16:47 Le coup d'un compromis que tout le monde attend et qui viendra à un moment ou à un autre ?
16:51 Dans l'intervalle, il peut se passer des choses ?
16:53 Ça augmente la volatilité sur le marché financier.
16:57 On vient de passer quelques minutes à nous dire que le problème était dans la finance,
17:02 dans la banque et dans la finance.
17:04 Je suis assez étonné qu'il n'y ait pas de problème de finance.
17:07 Dans la banque, oui.
17:09 Mais quand on passe du 10 ans à 0, à 5, 6, je ne sais pas où sont ceux qui ont perdu.
17:17 Peut-être qu'on va sortir dans quelques mois.
17:21 Mais ça, ça sera autrement plus dangereux.
17:23 Je reviens à la question. C'est sûr que ça ne peut pas aider.
17:28 On a un souci de court terme et tous les problèmes sont cristallisés.
17:34 C'est noir, blanc.
17:36 Oui, c'est binaire.
17:38 Tout est binaire. C'est pour ça que tout est violent.
17:41 Ça a rajouté un peu de stress pour le mois de mai.
17:46 Après, je vois mal que l'État américain fasse le faux.
17:53 Ça va ralentir la capacité de politique budgétaire des États-Unis.
18:00 Je pense que le problème n'est pas là.
18:05 Le problème, il faut qu'on ait encore davantage de normalisation du processus.
18:10 Qu'on puisse tourner la page, entrer dans une nouvelle ère avec des taux normaux,
18:15 des anticipations d'inflation stabilisées, acceptables.
18:21 Et regarder si on n'a pas laissé trop de problèmes derrière nous pour pouvoir avancer.
18:28 Je crois que c'est juste là le problème.
18:30 Il y a une période de transition qui est encore devant nous, qui n'est pas totalement aboutie.
18:35 Je crois qu'il y a encore 6 mois.
18:38 - Et le plafond de la dette ?
18:41 - C'est toujours un peu une tragédie comme il dit.
18:43 Mais depuis 3 ans, Biden a beaucoup dépensé.
18:48 Il a peut-être même un peu trop dépensé alors que la croissance était déjà en train de repartir.
18:54 - Il a pris le relais de ce qui se faisait avant.
18:56 - Il en a quand même beaucoup rajouté.
18:59 Sur le fond, cette petite guéguerre entre républicains et démocrates
19:04 réduit un peu les interventions de l'Etat, ça ne me choque pas trop.
19:08 Le timing est plus délicat puisqu'on est dans une phase où l'économie commence à ralentir un peu.
19:14 Ça peut peut-être accélérer un peu les choses.
19:18 Maintenant, ça va dépendre du compromis.
19:21 Si c'est un compromis qui prévoit une réduction budgétaire à un horizon 6 mois, 9 mois, 1 an,
19:27 so what ? On gagne du temps.
19:29 Ça ne va pas être instantané.
19:31 C'est peut-être un élément négatif à court terme pour les équilibres économiques.
19:36 Mais pour le déficit budgétaire, la dette et le refinancement des Etats-Unis à moyen terme,
19:41 ce n'est pas forcément une mauvaise chose.
19:43 Il faut être un peu pondéré.
19:45 Les marchés ne sont jamais pondérés, donc il y aura peut-être un peu de volatilité.
19:48 - Ça peut coûter au marché.
19:50 - Oui, peut-être.
19:52 Mais ça donnera peut-être des opportunités pour voir le côté positif de la chose.
19:56 - Pour l'Europe, après la Fed ce soir, ce sera autour de la BCE demain.
20:01 Eric, là, on sent toujours ce petit décalage.
20:05 Si la Fed peut peut-être se satisfaire de la situation et se mettre en pause,
20:10 visiblement, ce n'est pas le cas pour la Banque Centrale Européenne,
20:14 qui devrait réduire son rythme de hausse de taux en passant de 50 à 25.
20:17 - Déjà, on ne pourrait pas dire qu'elle a fini de faire le job.
20:20 Je pense qu'effectivement, les anticipations d'inflation sont un peu plus élevées.
20:26 Alors certes, elle commence à réussir.
20:30 L'inflation sous-jacente diminue.
20:33 Le souci, c'est que d'abord, tous les pays n'ont pas la même problématique.
20:38 Regardez par exemple l'inflation allemande.
20:41 Elle diminue parce qu'elle est plus dépendante des biens et de l'alimentaire,
20:46 alors qu'en France et en Espagne, on est dépendant du service.
20:49 Les services marchent bien et l'inflation remonte légèrement.
20:53 Mais on peut dire que la BCE a fait le job.
20:59 Le problème, c'est qu'elle ne peut pas non plus monter trop.
21:05 Comme elle ne l'a pas fait violemment, elle l'a fait par simonie,
21:10 elle a plus de temps pour aller le plus haut possible.
21:15 Jusqu'à ce que l'économie européenne puisse l'absorber.
21:20 Donc je pense qu'elle va faire 0,25 et puis on va voir.
21:25 Elle ne peut pas dire autre chose.
21:30 - Mais là aussi, on voit que la transmission se mène.
21:35 La BCE est partie en retard avec moins d'agressivité.
21:39 Quand on voit les enquêtes réalisées auprès de l'industrie bancaire,
21:42 on voit qu'il y a un petit choc sur les conditions de crédit,
21:45 sur la distribution et sur la demande de crédit.
21:48 Il y a toujours cette question de la demande privée intérieure en Europe,
21:53 chez les consommateurs, mais aussi du côté de la demande de crédit
21:56 qui s'affaiblit assez nettement.
21:59 - C'est le plus préoccupant.
22:02 Jusqu'à quand les entreprises qui se sont gorgées de capitaux à taux zéro,
22:08 vont revenir sur le marché ?
22:11 - Quand le marché de crédit est bloqué, on va avoir un accident.
22:15 Ce n'est pas le cas pour l'instant, mais on voit que c'est plus touchy à gérer.
22:21 Je ne sais pas trop où ça va nous mener,
22:26 mais je pense qu'on n'a pas intérêt à remonter trop les terres.
22:29 Je crois qu'on a intérêt pour maintenant,
22:31 à continuer d'aller plus loin, plus longtemps.
22:36 Au lieu de faire 0,75, on va faire 0,25,
22:41 le plus longtemps possible, pour voir ce que l'économie européenne peut absorber.
22:48 - C'est-il le sens du discours de Christine Lagarde en décembre ?
22:51 La dernière fois que la BCE a rétrogradé le rythme des hausses de taux,
22:54 en décembre on passait de 75 à 50,
22:56 mais le discours qui accompagnait le passage de 75 à 50,
22:59 c'était de dire "on fait moins, mais on va en faire plus de fois,
23:04 et plus longtemps que ce que vous imaginez".
23:07 Ça reste le schéma valable aujourd'hui pour la BCE ?
23:10 - Je ne sais pas si on va faire 25 ou 50.
23:13 Il y a quand même des gouverneurs qui ont dit 0,50,
23:17 donc je ne sais pas.
23:19 On a quand même une inflation qui est beaucoup plus élevée,
23:21 et puis c'est vrai que la BCE fait aussi son travail,
23:23 mais elle a commencé plus tard.
23:25 L'inflation a connu son pic également plus tardivement qu'aux Etats-Unis.
23:28 On a aussi des facteurs de tension salariale
23:30 qui sont peut-être un peu moins maîtrisés qu'aux Etats-Unis,
23:34 dans certains pays européens.
23:36 Donc moi je suis plus dubitatif.
23:38 Déjà j'ai des hypothèses de taux terminal plus élevés que le consensus.
23:43 - Taux de 4 ? - 4,5 je pense.
23:45 - 4,5 pour le taux de refinancement ou le taux de dépôt ?
23:48 - Non, le taux de refinancement.
23:50 - Ah oui d'accord.
23:52 - Parce que l'inflation est quand même beaucoup plus élevée,
23:56 je vois mal la BCE baisser la garde si vite.
24:00 C'est vrai qu'il y a une situation très hétérogène en Europe,
24:03 et que ça a toujours été en quiquinant,
24:05 mais c'est aussi intégré,
24:07 parce que ce n'est pas 5,25 comme la Fed, le taux terminal.
24:10 Donc je pense qu'elle devrait continuer.
24:13 Alors c'est vrai que c'est plus facile de continuer à dose homéopathique,
24:16 en disant "ben voilà, je laisse le marché l'absorber,
24:19 voir comment ça réagit au niveau de l'économie".
24:22 On avait aussi un petit décalage conjoncturel par rapport aux Etats-Unis,
24:25 puisque l'année dernière on avait beaucoup de craintes de ralentissement,
24:28 et qu'elles se sont avérées un peu affondées grâce à la baisse des prix de l'énergie.
24:33 Et là ça a l'air de repartir un petit peu,
24:35 c'est pas très virulent, pas très violent comme croissance.
24:37 Donc moi je pense quand même que la BCE ne doit pas baisser la garde tout de suite.
24:41 - Je crois que vous n'êtes pas tout à fait tout seul dans ce camp-là,
24:43 enfin c'est minoritaire aujourd'hui,
24:45 mais il y a des calls pour 50 encore demain du côté de la BCE.
24:48 - Madame la garde, ce n'est pas M. Trichet,
24:50 mais on n'est pas à l'abri d'une poursuite de la hausse des taux.
24:53 - Luciana, sur ces considérations autour de la BCE,
24:56 et puis on va parler quand même des entreprises et des résultats microéconomiques,
24:59 25, 50, est-ce que ça change quelque chose au final ?
25:03 - Non, enfin 25 pourquoi pas.
25:06 Comme on l'a dit, elle a commencé plus tard que la Fed,
25:10 donc elle terminera plus tard.
25:12 L'inflation est toujours là, on l'a vu sur les chiffres.
25:15 Après 5 mois de décélération, on a vu que l'inflation augmentait.
25:19 Alors légèrement, on est passé de 6,9 à 7%.
25:22 Sur l'inflation sous-jacente, là il y a du mieux.
25:25 En mars, on était à 5,7%, là on passe à 5,6%.
25:30 De là à tirer des conclusions, c'est trop hâtif.
25:33 Et la BCE ne le fait pas, les banques centrales, c'est toujours après le cycle.
25:37 Elles prennent le temps, donc ça paraît normal de continuer
25:40 à faire des hausses de taux de manière homéopathique
25:43 et aussi longtemps que nécessaire pour l'instant.
25:46 La situation le nécessite en fait.
25:49 - Fed ce soir, BCE demain pour la séquence banque centrale
25:53 de ce début de mois de mai, qui accompagne la séquence
25:58 de publication de résultats d'entreprises.
26:01 Luciana, moi ce que je note, c'est que je vois que le consensus
26:05 des analystes est en train de tourner, que ce soit aux Etats-Unis ou en Europe.
26:08 On a eu plusieurs mois, plusieurs trimestres, même peut-être aux Etats-Unis,
26:11 de révision baissière des anticipations de résultats sur les 12 mois, 24 mois suivants.
26:16 Et bien là, il y a semble-t-il un début de point d'inflexion.
26:20 Les anticipations de résultats aux Etats-Unis, par exemple pour 2023 et 2024,
26:24 sont désormais révisées à la hausse.
26:27 - Oui, alors là, la saison des résultats n'est pas encore terminée.
26:31 On voit quand même qu'il y a des gagnants dans les secteurs.
26:34 Il y a d'abord le luxe, on a vu des chiffres d'affaires
26:37 pour Hermès et LVMH de 17-20%.
26:41 On a vu des valeurs comme Ferrari ou Montclair,
26:44 qui ont publié de très bons résultats.
26:47 Toutes les valeurs du secteur ne sont pas à mettre au même niveau.
26:50 On a vu que Kering avait du mal à convaincre
26:54 des consommateurs asiatiques sur la marque Gucci.
26:57 - STLodder vs L'Oréal aussi. L'Oréal a été très bonne.
27:01 STLodder envoie un message à l'opposé orthogonal de L'Oréal.
27:06 - Non, non, exactement. Il y a d'autres secteurs aussi,
27:08 notamment dans le secteur de la technologie,
27:10 le sous-secteur des semi-conducteurs,
27:12 qui est un segment vraiment porteur.
27:16 Malheureusement, les publications étaient plus mitigées.
27:19 Pour le leader qui est ASML, comme ils ont annoncé
27:22 une baisse des commandes plus importante qu'anticipée,
27:26 le marché l'a sanctionné assez sévèrement.
27:29 Ça peut être intéressant parce que le management a dit
27:33 que c'était un report de commandes et en plus de ça,
27:36 a maintenu les objectifs pour 2023 et 2024.
27:40 On voit bien que sur la thématique des semi-conducteurs,
27:43 des deux côtés de l'Atlantique, aussi bien aux Etats-Unis,
27:47 on a annoncé des plans de 50 milliards de dollars
27:50 pour soutenir les semi-conducteurs,
27:53 200 milliards de dollars pour la recherche et développement
27:56 sur les semi-conducteurs. De l'autre côté, en Europe,
28:00 c'est 45 milliards, donc c'est quand même des montants
28:02 importants également. Et tout ça, c'est pour réduire
28:06 notre dépendance par rapport à l'acteur taïwanais TSMC.
28:10 On voit bien qu'il y a quand même les valeurs de croissance
28:13 qui ont repris de la vigueur. On a d'autres secteurs aussi,
28:16 il faut les oublier peut-être, mais la chimie,
28:19 c'est toujours un secteur intéressant.
28:21 Les télécoms, avec Deutsche Telekom qui a appuyé
28:24 de très bons résultats. De l'autre côté,
28:27 on a en queue de peloton les matières premières
28:31 qui sont à la peine, notamment, là on le voit avec Eramet,
28:35 qui a fait un profit warning. Pourtant, on est sur une thématique
28:39 porteuse, le lithium, normalement c'est pour les véhicules électriques.
28:43 Mais c'est vrai aussi que depuis deux semaines,
28:45 depuis l'annonce de Tesla qui a dit qu'elle allait baisser
28:48 la baisse des prix sur les véhicules électriques,
28:51 on a toute la filière, ça va de Eramet
28:56 aux semi-conducteurs, aux constructeurs automobiles
28:59 qui pâtissent de cette annonce et de cet ajustement.
29:03 C'est intéressant de voir quand même dans un secteur
29:05 où l'intensité concurrentielle a toujours été très forte,
29:07 comme l'automobile, que dès qu'on a un peu de normalisation
29:10 des chaînes de valeur, stabilisation de la situation
29:14 du commerce mondial, pour dire les choses simplement,
29:17 tout de suite, il y a un acteur, Tesla en l'occurrence,
29:20 d'autres chinois à l'est également, qui enclenchent
29:23 tout de suite la logique de volume, la guerre des prix,
29:27 etc. Ça repart très très vite.
29:29 De ce point de vue-là, le politique n'a pas besoin
29:31 d'emmander aux entreprises de baisser les prix,
29:33 ça se fait tout seul.
29:35 C'est vrai, c'est la loi de la concurrence.
29:38 C'est bien dit Vincent Guenzi.
29:40 C'est en fait la conséquence, la remarque que j'ai à faire
29:44 sur les profits des entreprises, qu'on a vu,
29:46 les résultats du premier trimestre.
29:48 Beaucoup d'entreprises ont pu profiter de cet engouement
29:52 de la demande pour remonter leurs prix
29:56 dans la vague.
29:59 Là, on va voir maintenant une espèce de normalisation.
30:02 Chaque entreprise va être un peu confrontée
30:05 à la désirabilité de son produit, tout simplement.
30:08 Je ne sais pas si on peut faire une projection des profits,
30:12 mais en tout cas, ça va être entreprise par entreprise,
30:15 puisqu'on va avoir une normalisation.
30:18 La pression des salaires va diminuer un petit peu,
30:22 mais le juge de paix, c'est effectivement
30:25 la désirabilité du produit, ce qui est final.
30:28 Là où certaines entreprises sont bien sorties
30:31 parce que tout le monde en voulait,
30:33 et que si on ne pouvait pas avoir Tesla,
30:35 on pouvait avoir autre chose,
30:37 ça va être plus compliqué pour le prochain trimestre,
30:40 en termes de profit de l'entreprise.
30:43 Sur les premiers enseignements de cette publication,
30:46 on a quand même 60% du S&P 500 qui a dû publier.
30:49 Plusieurs choses à dire.
30:51 Les résultats sont meilleurs qu'attendu,
30:54 un pourcentage d'entreprises qui batte les attentes
30:57 est assez élevé, puisqu'on est à plus de 80%,
31:00 la moyenne c'est plutôt 75%.
31:02 Ceci étant, quand on regarde en masse,
31:06 les grandes surprises, en Europe ou aux Etats-Unis,
31:10 ça vient des acteurs qui sont dans des positions
31:13 un peu inexpliquables,
31:15 et qui ont eu un énorme pricing power.
31:17 Le Luxe en Europe, qui représente un point important
31:20 des indices, même dans les indices européens,
31:23 qui ont des positions assez monopolistiques,
31:26 qui ont engagé des réductions des coûts.
31:30 Si on retire le Luxe et les 8 plus grosses capilles
31:34 techno-américaines, dans la croissance des résultats,
31:37 c'est moins brillant que ça.
31:39 D'ailleurs, les entreprises américaines
31:41 qui ont publié des résultats un peu en dessous des attentes
31:44 ont été très sanctionnées.
31:46 C'était le cas aussi en Europe,
31:48 et pas forcément des acteurs cycliques,
31:50 des acteurs qui avaient très bien performé
31:52 dans les industries médicales ou paramédicales,
31:54 qui ont forcément des volumes qui croissent
31:56 un peu moins vite.
31:57 Il y a eu des fortes sanctions,
31:59 même Téléperformance,
32:01 qui annonce un rachat et qui est sanctionné.
32:05 C'est asymétrique et c'est un peu en trompe-l'œil.
32:09 Il reste que, effectivement,
32:11 les résultats sont meilleurs qu'attendu,
32:14 c'est plutôt positif.
32:16 J'ai tendance à penser que cette amélioration
32:19 est dans les cours.
32:21 Quand LVMH a publié ses résultats,
32:24 tous les titres du secteur ont beaucoup progressé,
32:26 et quand ils ont annoncé leurs propres résultats,
32:28 ils montaient moins.
32:29 C'était joué.
32:30 Je pense que ça commence à être un peu joué.
32:32 Je voudrais revenir aussi sur ce que tu disais tout à l'heure,
32:35 sur la révision des EPS 2023 et 2024.
32:38 Il faut faire très attention,
32:40 parce que ça dépend du scope,
32:43 de l'horizon que tu regardes.
32:45 On est toujours dans une tendance baissière
32:47 sur les EPS, sur 2023 et sur 2024.
32:50 Aux États-Unis, comme en Europe.
32:52 On a connu en Europe, pendant un mois,
32:54 un moment où les EPS remontaient un peu.
32:57 Ils sont revenus en arrière.
32:59 On est revenu au niveau où on était avant cette remontée.
33:01 Et aux États-Unis, c'est vraiment tourisme en semaine.
33:04 Avec les résultats des GIGAFA qui sont sortis,
33:07 on a révisé un peu à la hausse,
33:08 mais en tendance, on est dans une période de révision à la hausse.
33:11 La dernière chose que je voudrais ajouter,
33:13 c'est qu'aux États-Unis,
33:14 les analystes ont fait une bonne partie du job d'ajustement,
33:17 puisqu'on attend peut-être 3-4% de croissance cette année.
33:20 Mais l'année prochaine, on attend encore 9 ou 10.
33:23 Donc c'est beaucoup.
33:24 Surtout que la croissance américaine, l'année prochaine,
33:26 elle ne va pas être meilleure que cette année.
33:27 On attend 1% de croissance économique, comme cette année.
33:30 Donc peut-être qu'il y aura aussi, à un moment donné,
33:32 un ajustement à faire sur les EPS 2024.
33:35 Ça va dépendre du ralentissement, de son ampleur.
33:38 - Et le point bas des profits n'est pas encore là, alors, pour vous, Vincent ?
33:40 - Je ne suis pas tout à fait sûr.
33:43 Et c'est pareil en Europe.
33:45 On attend un rebond de la croissance bénéficiaire l'année prochaine.
33:47 Ce n'est pas encore gagné.
33:49 Donc, je pense que ce n'est pas forcément suffisant
33:54 pour faire baisser les marchés.
33:55 Mais ça peut justifier d'avoir un certain attentisme
33:58 et de se laisser porter,
33:59 mais pas forcément de se précipiter sur les actions aujourd'hui,
34:02 dont les valeurs ont quand même pas mal remonté en espace de 6 mois.
34:05 - Donc, effectivement, la petite tour de table sur la logique d'investissement.
34:08 Vous dites, si on est investi, on peut rester investi, se laisser porter.
34:12 Mais vous dites, ce n'est pas une porte d'entrée
34:15 qui mérite d'être mise à profit agressivement aujourd'hui.
34:18 - Je ne crois pas qu'on soit dans une phase d'une opportunité majeure aujourd'hui.
34:22 Non, non.
34:23 Et même quand on avait baissé il y a quelques semaines,
34:26 ce n'était pas suffisant de mon point de vue.
34:28 Sauf pour des gens qui sont très, très liquides.
34:30 Parce que là, effectivement, toute baisse de 5-6% est bon apport.
34:33 - Oui, pour un investisseur.
34:35 - D'ici à la fin de l'année, je pense qu'on aura certainement
34:38 de meilleures opportunités d'achat.
34:40 Et je conseille même à des gens qui sont très, très investis éventuellement
34:43 d'alléger un petit peu.
34:45 - Ah, mois de mai ?
34:47 - Non, pas mois de mai.
34:48 Potentiel qui est largement atteint.
34:53 Alors, bon, la saisonnalité, elle joue plus aux Etats-Unis qu'en Europe.
34:56 Mais bon, on a quand même des indices qui ont beaucoup progressé.
35:00 - Oui, oui, ça c'est sûr.
35:01 L'Europe, c'est 35% de hausse depuis fin septembre,
35:04 depuis le 29 septembre, pour les indices européens notamment.
35:06 Luciana, logique d'investissement aujourd'hui.
35:09 Est-ce que le marché actions vous paraît un peu arrogant, défiant ?
35:13 Défiant, oui, je ne sais pas, les investisseurs
35:16 ou la nature du ralentissement économique que tout le monde voit se profiler ?
35:21 - Non, ce n'est pas arrogant.
35:23 En fait, souvent, on se focalise sur le CAC 40
35:25 et qui n'est pas dividende réinvesti.
35:27 Et quand on reprend le CAC 40 dividende réinvesti,
35:30 en fait, on s'aperçoit que depuis 2015,
35:32 on est sur des niveaux des plus hauts jamais atteints.
35:35 Alors 2020, on a testé ce support, mais finalement, ça a été invalidé.
35:39 On est reparti à la hausse.
35:41 Donc, en fait, depuis 2015, on est sur des plus hauts.
35:45 Alors nous, pour des clients qui seraient plutôt liquides,
35:49 nous, on conseille de toujours investir.
35:51 De toute façon, progressivement, c'est toujours un peu difficile
35:54 de timer le marché.
35:56 Dans cette phase de marché, par contre, qui est plus incertaine,
36:00 comment on l'aborde ?
36:02 C'est en diversifiant les supports.
36:04 C'est-à-dire pas de pari secteurien marqué.
36:06 On est présent sur tous les secteurs.
36:09 Et c'est vrai que c'est ce qu'on avait vu,
36:11 c'est que depuis fin 2020, il n'y a pas de surperformance
36:14 d'un style d'investissement.
36:16 Ça tourne.
36:17 Ça tourne régulièrement.
36:18 Donc, c'est pour ça qu'il faut être présent partout.
36:20 Et voilà.
36:21 Est-ce que je sais que c'est une classe d'actifs
36:23 qui vous tient à cœur ? Je ne sais pas.
36:25 Est-ce que les small cap sont aujourd'hui
36:28 une bonne porte d'entrée pour s'exposer aux risques actions
36:31 pour quelqu'un qui serait trop liquide ?
36:33 C'est une brique intéressante.
36:35 C'est vrai que 2022, on avait espéré
36:37 que ça allait être une année intéressante.
36:39 Ça a été décevant sur le plan boursier.
36:42 Alors, il y a eu le conflit en Ukraine.
36:44 Il y a eu l'envolée de l'inflation.
36:46 Il y a eu également la hausse des taux.
36:49 Donc, il y a pénalisé ce segment-là.
36:51 Maintenant, c'est quand même un segment
36:53 où on voit qu'il y a un écart de valorisation
36:56 qui se creuse avec les grands indices.
36:58 Si on prend le PE 2023 de l'indice small,
37:03 il est à 11,8 fois, alors que le PE du 4/40 pour 2023,
37:08 il est à 12,9 fois, alors que la croissance des bénéfices
37:12 sur 2023 et 2024, c'est près du double.
37:15 Sur ce même indice small, on est à 16 pour cent pour 2023,
37:21 19 pour 2024, c'est le double de la croissance
37:26 des bénéfices attendus pour le 4/40 à ces deux dates-là.
37:30 Donc, il y a une porte d'entrée intéressante.
37:34 Maintenant, c'est vrai qu'il faut rester sélectif.
37:36 Il y a des belles histoires.
37:37 On l'a vu avec SES et MagoTag.
37:40 Oui, bien sûr.
37:41 Il n'y a pas longtemps.
37:42 C'est vraiment...
37:43 Arrêtons-nous parfois sur les belles histoires.
37:45 Mais SES et MagoTag, c'est une société française
37:49 qui faisait des étiquettes, donc un produit simple,
37:53 qui se sont tournées vers les étiquettes intelligentes.
37:57 Alors, intelligente, c'est-à-dire qui changent les prix,
38:02 basse consommation.
38:03 Et un jour, il y a Walmart qui frappe à la porte
38:07 pour vous proposer un contrat pour équiper
38:10 leurs 500 magasins dans un premier temps,
38:12 4 500 dans un deuxième temps.
38:15 C'est 3 milliards de chiffres d'affaires
38:17 sur les 7 prochaines années.
38:18 Donc, comme quoi, sur ce segment-là,
38:20 il y a des niches.
38:22 Il y a des niches.
38:23 C'est un des exemples pour 10 qui sont à la cave, quand même.
38:28 Non, mais ce n'est peut-être pas la priorité du moment
38:31 pour les investisseurs globaux, effectivement.
38:33 On voit qu'ils sont plutôt à la recherche d'actifs liquides, etc.
38:36 Oui, mais en ce moment, c'est les large-cap.
38:37 Ils dominent depuis le début de l'année,
38:39 c'est les large-cap.
38:40 Ça, c'est vrai.
38:41 Mais le segment des small et mid-cap est intéressant.
38:45 Ah, mais bien sûr, il restera des histoires toujours basses.
38:47 Logique d'investissement, il faut qu'on s'arrête après Eric.
38:49 Si on est liquide, je pense qu'il ne faut pas mettre
38:51 un pied dans les small.
38:52 C'est-à-dire qu'en fait, on met un pied dans les small
38:55 si on a déjà pas mal de grosses valeurs.
38:58 Ça peut être un peu quelque chose de contrariant.
39:01 Mais sinon, non, ce n'est pas la peine.
39:03 Parce que si vous êtes liquide, c'est qu'il peut y avoir
39:05 un problème sur le marché.
39:06 S'il y a un problème sur le marché, vous faites -20 sur votre...
39:08 Oui, je comprends.
39:09 Ça, c'est clair.
39:10 Donc, ça peut être deux, trois lignes qui peuvent vous permettre
39:12 de faire quelque chose en attendant que ça bouge.
39:14 Mais c'est tout, malheureusement.
39:16 On s'arrêtera là pour ce soir.
39:18 Merci à vous trois.
39:19 Merci d'avoir été les invités de Planète Marché.
39:21 Luciana Dupras, Porzempa, Vincent Guenzi,
39:23 Cholet, Dupont, Houdard et Eric Venet, Montbleu Finance.

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