ÉDITO - Manifestation pro-Palestine: "Oui, on peut invoquer la démocratie mais à condition qu'on en respecte les lois et les principes"

  • l’année dernière
Plusieurs milliers de manifestants pro-palestiniens se sont rassemblés ce jeudi 12 octobre sur la place de la République, malgré l'interdiction. Dix ont été interpellés.
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00:00 - Mathieu Croissando, on va revenir avec vous sur ces manifestations en faveur de la Palestine.
00:05 Alors, il y en a encore pas beaucoup, mais quand même, voilà, 3000 personnes du côté de la Place de la République à Paris.
00:09 Des manifestations également, quelques-unes en province. D'abord, est-ce que c'est légal ?
00:14 - Alors, en fait, Gérald Darmanin a envoyé hier un télégramme au préfet pour leur demander d'interdire ces manifestations pour la Palestine,
00:22 les manifestations pro-palestiniennes, parce qu'elles sont susceptibles de générer des troubles à l'ordre public, doivent être interdites.
00:27 Et l'organisation de ces manifestations doit donner lieu à des interpellations. Du point de vue juridique, il en a la possibilité.
00:32 On rappelle par ailleurs que la France est un État de droit et que la justice administrative peut être saisie, même en urgence.
00:36 Ce fut le cas hier par les organisateurs de la manifestation Place de la République, puisque le préfet de police de Paris avait annoncé son interdiction
00:42 avant même les consignes de Beauvau. Et le tribunal administratif de Paris a confirmé la décision du préfet de police,
00:49 jugeant qu'il n'avait pas porté une atteinte grave à la liberté d'expression en raison notamment du contexte d'une extrême violence
00:56 et des risques avérés de l'exportation de cette violence sur le sol national et du regain d'actes antisémites.
01:01 Gérald Darmanin a d'ailleurs donné des chiffres. Hier, depuis une semaine, une centaine de faits antisémites ont été enregistrés,
01:06 donnant lieu à une quarantaine d'interpellations.
01:08 Ça, c'est du point de vue juridique, mais du point de vue politique ?
01:11 Ça pose question. D'abord parce que quand on décide quelque chose, il vaut mieux que ce soit appliqué. Et c'est vrai que ces manifestations ont lieu.
01:16 Ensuite, parce que cette décision a évidemment mis en colère des défenseurs de la cause palestinienne, des élus, des associations
01:22 qui dénoncent une forme de deux poids, deux mesures. On pourrait manifester pour le soutien à Israël, mais pas pour celui à la Palestine.
01:27 Et une atteinte insupportable à la liberté d'expression.
01:30 Mais attention, l'argument du trouble à l'ordre public, dans un contexte aussi tendu qu'aujourd'hui, mérite qu'on s'y attarde.
01:35 D'abord parce que nous sommes instruits par le passé. En 2014, lors du lancement de l'opération Bordure protectrice à Gaza de Tsahal,
01:42 il y avait eu déjà des manifestations de soutien à la Palestine qui avaient dégénéré en émeute, en débordement, à Sarcelles, à Paris.
01:48 On y avait entendu des slogans antisémites. Ensuite, parce que nous sommes aussi instruits par ce qui se passe à l'étranger.
01:53 Marie en parlait sur ce plateau hier. On a quand même vu des manifestations tournées aux manifestations antisémites.
01:58 Gazer les juifs a-t-on entendu à Sydney. Et puis parce que c'est un fait, ces manifestations de solidarité avec la Palestine
02:04 se transforment souvent en manifestations de haine d'Israël. Hier, il y a plusieurs manifestants dans les déplaces de la République.
02:10 On a entendu, malgré l'interdiction, Israël assassin, sionistes, terroristes. Alors oui, on peut invoquer la démocratie et la liberté d'expression.
02:17 Ça peut s'entendre, mais à condition qu'on en respecte les lois et les principes. Et on rappelle qu'en France, l'incitation à la haine est une infraction.

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