Apolline de Malherbe reçoit Hugo Micheron, spécialiste du jihadisme, dans "Face-à-Face" sur BFMTV et RMC, ce mardi 17 octobre 2023.
Category
🗞
NewsTranscription
00:00 Vous êtes chercheur, vous estimez qu'il faut pouvoir faire des recherches sur ce sujet.
00:04 En faire, en discuter sans avoir forcément à se faire un débat,
00:07 si vous voulez qu'il y ait une guerre de chapelle derrière,
00:09 mais sans non plus minimiser.
00:10 Et j'ai tendance à penser que le travail de la recherche
00:13 qui est d'éclairer et d'apporter des éléments
00:16 a été à un moment donné politisé
00:18 et qu'on a eu tendance à vouloir expliquer
00:22 que tout ça finalement c'était pas grand chose, en tout cas à minorer.
00:25 Et on se retrouve aujourd'hui dans une situation où on ne peut plus minorer.
00:28 Et donc ce qui est très important c'est au contraire
00:30 de faire société autour d'un diagnostic
00:33 qui doit être posé et qui doit être partagé
00:36 sans qu'on arrive systématiquement, si vous voulez,
00:38 à créer des débats pour créer des débats.
00:41 Hugo Michon, vous, d'autres professeurs ont été parfois,
00:45 ou en tout cas ont eu le sentiment d'être quasiment intimidés
00:48 par d'autres de leurs confrères chercheurs.
00:52 Gilles Kepel qui s'exprimait la semaine dernière à ce même micro
00:56 a vu sa chaire à normales fermées, c'est-à-dire que ses études,
00:59 à la limite il pourrait y avoir débat sur qui tient cette chaire,
01:02 mais la chaire elle-même est supprimée,
01:04 c'est-à-dire que les études sur ces questions-là sont supprimées.
01:06 On se souvient évidemment de cette chercheuse du CNRS
01:09 dont la conférence avait été supprimée,
01:12 ajournée au minimum à la Sorbonne.
01:15 Cette atmosphère, alors là pour le coup je reprends ce mot d'atmosphère,
01:17 vous allez me dire, ça va vous faire hurler puisque vous n'êtes pas d'accord avec ça,
01:21 mais en tout cas ce contexte de mise en garde,
01:26 d'intimidation des chercheurs sur ces questions-là,
01:28 est-ce qu'on peut espérer qu'il est derrière nous,
01:29 qu'on puisse chercher et débattre de tout en France ?
01:32 Alors moi je ne parle pas pour les personnes,
01:34 elles en parlent très bien pour elles-mêmes,
01:37 et moi je ne suis pas dans cette situation.
01:39 Vous n'avez pas été visé par ces intimidations ?
01:41 Non mais je ne suis pas dans cette situation,
01:42 et puis je tiens aussi à dire qu'à Sciences Po,
01:44 on arrive très bien à en parler aussi,
01:46 il ne faut pas hystériser aussi de ce point de vue-là,
01:50 les enjeux, ce qui ne veut pas dire qu'il n'y a pas de sujet.
01:55 Je crois simplement que le travail de la recherche,
01:58 il est à la fois très important et il faut rester très humble,
02:01 il est d'apporter des éléments clairs pour essayer de poser un diagnostic.
02:05 La question aujourd'hui, c'est d'arrêter de dire que le djihadisme est derrière nous,
02:09 ça me semble indispensable, et d'éclairer les enjeux à venir.