Le Cauchemar de Hans Fallada
La réédition en 2011 de Seul dans Berlin et son immense succès auprès des lecteurs allemands ont remis à l’honneur son auteur Hans Fallada, Rudolf Ditzen de son vrai nom, né en 1893 et mort en 1947, un écrivain réaliste au style prosaïque et aux envolées lyriques qui a admirablement su peindre le désespoir de ses compatriotes sous la période nazie.
Retraduit en 2014 par Laurence Courtois, ce pavé de près de 800 pages écrit en à peine un mois raconte la « petite » résistance d’un couple d’ouvriers berlinois qui après avoir vaguement cru aux promesses hitlériennes, puis avoir perdu leur fils au front, va tous les dimanches déposer minutieusement des cartes postales un peu partout dans la ville pour inciter la population à se révolter. Le roman a été adapté au cinéma en 2016 par Vincent Perez.
Le Cauchemar, traduit quelques années plus tard par la même Laurence Courtois, est en quelque sorte la suite de l’Histoire, même si l’on n’y retrouve aucun des personnages ou des situations du précédent roman.
Avec son désespoir de bête traquée, Hans Fallada, plonge dans « l’Allemagne, année zéro » et livre un tableau halluciné de ruines, d’errance et de solitude dont la tristesse et la beauté laissent le lecteur sonné.
Mal construit, abandonnant l’intrigue initiale au bout de quatre chapitres pour se réfugier dans les ruines berlinoises, le roman ressemble lui-même à un pan de mur branlant qui menace de s’écrouler.
Amorphes, vides et désespérés, les personnages s’abandonnent à la « petite mort » causée par la morphine, traversés de bouffées d’espoir maladives qui retombent aussitôt.
Ces personnages, ce sont Herr Doll, un écrivain de 52 ans, et sa jeune épouse de 24 ans, en proie aux médisances d’un petit village du Brandebourg où ils se sont réfugiés durant la guerre. Lorsque les Russes débarquent le 26 avril 1945, l’écrivain les accueille en libérateurs et se retrouve désigné par eux pour être maire de la commune.
Mais le dégoût qu’il éprouve face à ses compatriotes retournant leur veste et persistant dans leur égoïsme accaparateur finit par le rendre littéralement malade.
Il décide de rentrer à Berlin avec sa femme, malade elle aussi.
Dans la capitale allemande, leur appartement est occupé et on leur claque la porte au nez. Le couple se clochardise, sombre dans la morphine avant de finir séparés, chacun dans un hôpital, soignés et désintoxiqués.
Il y a dans cette errance des scènes qui remuent les tripes, par exemple celle où l’écrivain, couvert d’un tapis poussiéreux dans une chambre de bonne aux fenêtres brisées, tremblant de froid, rêve comme un enfant qu’il est Robinson sur son île déserte.
Derrière ce désespoir et cette déchéance personnels, c’est évidemment de la situation de l’Allemagne dont nous parle Hans Fallada. Un pays liquéfié, sidéré, qui par la responsabilité qu’il leur fait porter sur les épaules, continue de broyer ses enfants.
La réédition en 2011 de Seul dans Berlin et son immense succès auprès des lecteurs allemands ont remis à l’honneur son auteur Hans Fallada, Rudolf Ditzen de son vrai nom, né en 1893 et mort en 1947, un écrivain réaliste au style prosaïque et aux envolées lyriques qui a admirablement su peindre le désespoir de ses compatriotes sous la période nazie.
Retraduit en 2014 par Laurence Courtois, ce pavé de près de 800 pages écrit en à peine un mois raconte la « petite » résistance d’un couple d’ouvriers berlinois qui après avoir vaguement cru aux promesses hitlériennes, puis avoir perdu leur fils au front, va tous les dimanches déposer minutieusement des cartes postales un peu partout dans la ville pour inciter la population à se révolter. Le roman a été adapté au cinéma en 2016 par Vincent Perez.
Le Cauchemar, traduit quelques années plus tard par la même Laurence Courtois, est en quelque sorte la suite de l’Histoire, même si l’on n’y retrouve aucun des personnages ou des situations du précédent roman.
Avec son désespoir de bête traquée, Hans Fallada, plonge dans « l’Allemagne, année zéro » et livre un tableau halluciné de ruines, d’errance et de solitude dont la tristesse et la beauté laissent le lecteur sonné.
Mal construit, abandonnant l’intrigue initiale au bout de quatre chapitres pour se réfugier dans les ruines berlinoises, le roman ressemble lui-même à un pan de mur branlant qui menace de s’écrouler.
Amorphes, vides et désespérés, les personnages s’abandonnent à la « petite mort » causée par la morphine, traversés de bouffées d’espoir maladives qui retombent aussitôt.
Ces personnages, ce sont Herr Doll, un écrivain de 52 ans, et sa jeune épouse de 24 ans, en proie aux médisances d’un petit village du Brandebourg où ils se sont réfugiés durant la guerre. Lorsque les Russes débarquent le 26 avril 1945, l’écrivain les accueille en libérateurs et se retrouve désigné par eux pour être maire de la commune.
Mais le dégoût qu’il éprouve face à ses compatriotes retournant leur veste et persistant dans leur égoïsme accaparateur finit par le rendre littéralement malade.
Il décide de rentrer à Berlin avec sa femme, malade elle aussi.
Dans la capitale allemande, leur appartement est occupé et on leur claque la porte au nez. Le couple se clochardise, sombre dans la morphine avant de finir séparés, chacun dans un hôpital, soignés et désintoxiqués.
Il y a dans cette errance des scènes qui remuent les tripes, par exemple celle où l’écrivain, couvert d’un tapis poussiéreux dans une chambre de bonne aux fenêtres brisées, tremblant de froid, rêve comme un enfant qu’il est Robinson sur son île déserte.
Derrière ce désespoir et cette déchéance personnels, c’est évidemment de la situation de l’Allemagne dont nous parle Hans Fallada. Un pays liquéfié, sidéré, qui par la responsabilité qu’il leur fait porter sur les épaules, continue de broyer ses enfants.
Category
🗞
News