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Jean-Claude Van Damme - Coup sur coup _ ARTE Cinema

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00:12 Are you ready ?
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00:20 I'm ready.
00:24 1988.
00:26 Un film d'action à petit budget, produit par une compagnie spécialisée dans les séries Z, connaît un succès mondial inattendu.
00:34 Bloodsport.
00:36 Bloodsport.
00:38 Un long métrage qui a bien failli ne jamais sortir en salle, mais grâce auquel le cinéma basé sur les arts martiaux se découvre une nouvelle idole, Jean-Claude Van Damme.
00:47 Please welcome Jean-Claude Van Damme.
00:52 Il y eut Bruce Lee dans les années 70, désormais, en cette fin des années 80, un belge compte bien rafler la mise et il est partout.
01:10 Surdoué en karaté et full contact, doté d'une force mais aussi d'une souplesse inédite, Jean-Claude Van Damme deviendra pendant plus d'une décennie l'un des acteurs de films d'action les mieux cotés d'Hollywood, enchaînant les succès et usant même d'arguments très personnels pour attirer un nouveau public.
01:26 C'est un bon produit belge qui se vend bien aux USA.
01:29 Les fesses.
01:30 Les fesses.
01:31 Mais trop d'excès, trop de certitude...
01:33 I love to be a movie star !
01:35 Et trop de drogue le feront chuter.
01:37 C'est pas ma faute si j'étais câblé pour être une star.
01:39 Dans les pays francophones, Jean-Claude deviendra même la risée des talk show pour sa façon de parler.
01:44 You have to be aware.
01:45 Avant qu'il ne se relève dans les années 2000, jouant de son personnage avec recul et parfois autodérision, dans la pub et en fiction.
01:54 Mais sans jamais délaisser la notoriété que lui ont donné ces films d'action désormais cultes pour plusieurs générations.
02:01 This is Jean-Claude Van Damme.
02:03 *Musique*
02:31 Qui pouvait imaginer qu'un jeune belge venu de nulle part avait la moindre chance de devenir une star ?
02:37 Non seulement dans le cinéma aux USA mais aussi dans les arts martiaux.
02:41 Sûrement pas le petit Jean-Claude et sûrement pas son père.
02:44 Quand au tout début des années 70, il amena son fils, sortant à peine de l'enfance, au cours de karaté d'un certain Claude Guts.
02:52 Il l'a amené pour jouer en face d'un homme.
02:54 Mais c'était l'idée.
02:55 Parce qu'il trouvait qu'il était timide, un petit peu couillon.
02:59 Enfin voilà, il n'était pas satisfait de son fils.
03:02 En fait, contrairement à ce qu'on croit, il était raide comme un piqué, myope comme une taupe, ailé comme un pou.
03:08 Il était bourré de défauts.
03:10 Oh c'était terrible.
03:12 Et alors il était très peureux.
03:14 Il avait l'air d'une victime en fait.
03:16 Voilà c'est ça.
03:17 Il avait un fils qui était vraiment une victime.
03:20 Et donc il a amené cette chose chez Claude.
03:25 Et il m'a présenté, j'étais un gamin de 10, 11 ans, à des mecs de... tu vois.
03:30 La majorité étaient des adultes.
03:33 Donc il y avait quelques jeunes dont Jean-Claude et moi faisions partie.
03:37 Cette époque-là du karaté était harde, dans la mesure où on s'entraînait, on se frappait sans aucune protection.
03:44 Et donc ça faisait mal.
03:46 Ça faisait mal.
03:48 Par exemple j'apprenais à faire le salto avant, arrière, le grand équerre de face.
03:53 J'allais lever des poids, en fait, pour les choses, surtout à cette époque aberrante.
03:58 Je n'avais que des ennemis qui me disaient que je n'étais plus capable de massacrer tous les gens.
04:02 On comprend qu'à son contact et à son charisme, pour quelqu'un de jeune et qui doute un peu, on a envie d'être son disciple.
04:12 Il est encourageant, il est valorisant, il est intransigeant.
04:16 Il voulait en faire une vraie machine de guerre.
04:21 Et dans ce centre sportif s'entraînent aussi des judokas et des boxeurs comme les frères Kissy, Abdel et Mohamed.
04:28 Jean-Claude, de son vrai nom, Jean-Claude Van Varenberg, je l'ai connu quand il était gringalet.
04:36 Et après, avec les années, évidemment, il a attrapé une souplesse formidable,
04:42 qu'il a déjà hérité de sa maman qui fait son grand équerre.
04:46 La manière dont il donnait ses différents mouvements, ce n'était pas donné à tout le monde.
04:51 C'était quelque chose de... J'étais impressionné.
04:55 Comme lui, il était honnêtement, quand il venait me voir, je boxais un peu comme Mohamed Ali.
05:00 Et voilà, c'est de là aussi que cette amitié est née.
05:03 Mohamed Kissy restera longtemps l'un des plus proches amis de Jean-Claude
05:07 et celui qui, bien plus tard, à Los Angeles, l'aidera à traverser les années de galère et à décoller vers le succès.
05:14 Mais pour l'instant, la vie de la future star se passe autour de chez lui, en Belgique, à Ixelles, commune de Bruxelles.
05:22 La famille Van Damme, enfin Van Varenberg, habite au-dessus de ce qui est alors un commerce de fleurs tenu par les parents de Jean-Claude.
05:29 - C'est là où j'ai rencontré sa maman, Eliane, que j'appelais mamie, et puis son papa Eugène, que j'appelais papy.
05:37 Et le papy était... C'était le gars sévère, hein. Ça rigolait pas avec lui.
05:43 Donc c'était souvent des bagarres avec papy et Jean-Claude. C'était...
05:49 - Voilà, c'est là, à gauche, que j'allais chercher mes fleurs chez les parents de Jean-Claude.
06:00 Et c'est là que je les ai rencontrées pour la première fois.
06:05 - Lui, il m'a vue, parce que moi, je me faisais pas très attention. Et c'est là, bon, qu'il a découvert Loza.
06:12 Et quand il a su que Loza avait une école, que j'étais, bon, une ancienne danseuse, etc., il a dit bon, ben, je vais voir.
06:21 La danse était parmi les ventailles de technique. Il pouvait améliorer aussi sa technique à lui.
06:31 J'ai lui dit, tu es fait pour être un danseur. Tu as tout pour être un danseur.
06:36 Il avait ces deux dons exceptionnels, quoi. La force et la souplesse. Ce qui est pas rare.
06:47 - Je suis un expert dans le karaté. Et j'aime le ballet parce que la musique, les filles...
06:53 Le ballet vous apporte beaucoup de dexterité. C'est comme ça en anglais ?
07:00 - Oui, très bien.
07:01 - Et c'est... C'est un mec sympa, hein ?
07:04 - Oh, c'est bien.
07:05 - Et ça m'aide aussi pour me détendre. Le karaté m'a donné de la puissance mentale et physique.
07:11 Et je les ai mises ensemble. C'était merveilleux.
07:15 Il est même question que Jean-Claude rejoigne le célèbre chorégraphe français Maurice Béjar,
07:20 dont le ballet, comme son école, est alors installé à Bruxelles.
07:23 - Chez Béjar, ils avaient une souplesse qui est pas comme nous.
07:26 Nous, c'est une souplesse articulaire. C'est une souplesse musculaire.
07:29 C'est un complément. Il travaillait tellement bien qu'il voulait le garder, comme dans "Sœur étoile".
07:34 Là, on a failli le perdre, hein ? Oui.
07:36 Dans la seconde moitié des années 70, si Jean-Claude fugue du côté de la danse,
07:41 il n'oublie jamais de revenir aux arts martiaux, qu'il s'agisse de karaté ou de full contact.
07:46 - Il s'est façonné comme il a voulu. Il s'est étoffé, il s'est élargi.
07:51 Il a eu ce maintien. Et puis cette musculature, c'est une sculpture vivante, quoi.
07:57 - Faut savoir qu'avoir beaucoup de souplesse et avoir une musculature impressionnante, ça concorde pas.
08:02 Parce que d'un côté, vous raccourcissez les muscles, et de l'autre côté, il faut les allonger.
08:05 Aujourd'hui, il y a beaucoup de gens qui se font opérer pour avoir une souplesse.
08:09 Jean-Claude, c'était que de l'entraînement. C'est ça qui était incroyable.
08:12 Très vite, les compétitions s'enchaînent, autant que les victoires.
08:17 - On gagnait toutes les compétitions. Les gens devenaient fous avec nous.
08:23 On a été les premiers champions de l'Europe en toute catégorie en contact.
08:27 - On est envoyés pour les championnats du monde aux Etats-Unis, direction Tampa, en Floride.
08:38 Donc, on est dans l'avion. Jean-Claude, qui veut communiquer, me dit...
08:42 "Comment on dit mon nom est Jean-Claude ?"
08:45 J'ai dit "My name is Jean-Claude".
08:47 Alors, il réfléchit un instant, il fait "My name is GC".
08:50 Le showman reprenait le dessus.
08:52 C'est la période des Starsky et Hutch.
09:02 Les voitures sont énormes et font plein de bruit.
09:05 Les filles sont superbes. En fait, on en a plein les yeux.
09:08 Pendant 10 jours, on passe à un moment extraordinaire
09:13 où la compétition, même si c'est un championnat du monde, devient un accessoire.
09:18 On passe son temps à visiter, la journée, mais la nuit aussi.
09:23 - Ils sont sortis dans toutes les boîtes.
09:25 Ils sont arrivés au moins du cours au bas. Je crois qu'il n'a pas dormi.
09:34 On fait des résultats qui ne sont pas mauvais.
09:37 On est au pied du podium.
09:39 Et puis après, on est rentrés en Belgique.
09:43 Et je comprends très bien que ce rêve qu'on avait vécu
09:46 ait resté comme but pour Jean-Claude.
09:49 Mais Jean-Claude n'est pas revenu de Floride seul.
09:55 Il y a rencontré une jeune bodybuildeuse nommée Maria Rodriguez,
09:58 qu'il va épouser, avec qui il va vivre à Bruxelles quelques temps,
10:02 et qui, avant qu'ils ne se séparent, sera de l'aventure du California Gym,
10:06 une salle que Jean-Claude va ouvrir pas loin de chez lui.
10:09 - Je m'appelle à mon gym, le gym de Californie.
10:12 Et c'était rempli tous les jours.
10:14 - Est-ce que tu as jamais été à Californie ?
10:16 - Jamais, jamais. Je ne peux pas lire les magazines.
10:19 - Qu'est-ce qui t'a fait venir à Californie ? Tu as des hamburgers ?
10:22 Qu'est-ce qui t'a fait venir à Californie ? Tu aimes la Californie.
10:24 - Parce que le business de Hollywood, du gym,
10:27 ça a été un mouvement de la US.
10:32 J'étais en avance en Belgique avec ce gym, et c'était un succès.
10:37 - Jean-Claude, qui est le manager de cette salle de sport,
10:40 il ne manage pas grand-chose, parce qu'il s'occupe essentiellement de lui.
10:44 Donc, lui demander comment on manie la machine pour le développer coucher,
10:48 je n'ai pas le temps, parce que Jean-Claude est dans des magazines de cinéma,
10:53 dans des magazines de culturisme, il s'entraîne énormément en lui.
10:58 Alors, celle-là, il vient de s'entraîner,
11:00 parce que le lendemain, il a un concours de bodybuilding.
11:04 Il pèse à ce moment-là plus de 100 kg, il fait 101 kg.
11:09 - C'était le début de ce bodybuilding qui était basé sur la beauté.
11:13 Il est allé, il a gagné. Pourquoi il a gagné ?
11:15 Parce qu'il s'est mis comme ça, et il est descendu en grand écart.
11:20 Alors, les gens qui étaient super musclés à l'époque, étaient super raides.
11:23 Lui, il fait un truc, alors la foule, la foule dit, cette fille devait gagner.
11:29 - La Belgique est un petit pays, mais il a mis un candidat au Mr Universe
11:34 aux championnats mondiaux de bodybuilding, toujours en haut, en trois.
11:39 - Son avenir, c'est d'être propriétaire et gérant de salle de sport.
11:44 Ce à quoi lui ne croit pas du tout, parce qu'il dit à qui veut l'entendre
11:48 qu'en fait, ça, c'est rien, il va laisser tomber cette salle de sport,
11:52 il va partir aux Etats-Unis, faire des films, et il feuillette des magazines.
11:57 Il sort un magazine où il y a un poster sur une double page de Gladys Portuguese,
12:02 qui est un top modèle de l'époque, et il montre cette femme et il dit,
12:06 j'épouserai cette fille-là.
12:08 - Si les arts martiaux, et désormais les femmes, occupent une grande part
12:12 de son existence, le cinéma est depuis l'enfance l'autre obsession de Jean-Claude,
12:16 qu'il partage avec son ami Mohamed.
12:19 - C'était la passion du cinéma, vraiment, qui naissait en nous.
12:23 Il reprend des fois des scènes, de temps en temps, il jouait le rôle principal,
12:28 de temps en temps, moi, je jouais le méchant.
12:30 - Et dans l'envie de devenir acteur, c'est pas forcément acteur de film d'action,
12:35 mais je pense que c'est la porte d'entrée qu'il voit, à cause de sa souplesse au karaté,
12:39 de son style, il veut devenir un grand acteur de cinéma hollywoodien.
12:43 - Dans un premier temps, à défaut d'Hollywood et de film d'action,
12:48 c'est dans un long métrage belge, sombre et politique, que Van Damme
12:51 décroche comme figurant sa toute première apparition à l'écran,
12:54 "Femme entre chien et loup" d'André Delvaux.
12:57 - On passait des castings, c'était en général négatif,
13:01 et puis, quasiment pas de film d'action, donc nous c'était plutôt ça,
13:05 on cherchait à faire des films comme "Choconobis".
13:08 Et c'est de là où on est parti au Festival de Milan,
13:12 on a pris nos petites valises, on a pris le train,
13:16 et on est resté dans une auberge de jeunesse, et on a rencontré plein de gens.
13:19 - Parmi les producteurs approchés à Milan, un certain Menaem Golan,
13:23 patron de la Canon, qui produit notamment les films de Chuck Norris.
13:27 - Ils nous ont tous dit la même chose, il faut aller à Hollywood.
13:31 - Quand Yvan Sassal, qui part aux Etats-Unis, personne ne peut y croire.
13:37 - En Belgique, t'es fou, tu vas aller aux USA, tu parles pas l'anglais,
13:40 tu vas te droguer, c'est trop dur, il faut connaître un agent,
13:43 il faut connaître un lawyer, tu sais pas où loger, t'as pas de copain,
13:46 et je suis parti.
13:47 - On est parti, on a pris l'avion, et l'aventure commence.
13:51 [Musique]
13:58 - Il y avait un Américain qui venait manger chez nous à la maison,
14:01 qui adorait la nourriture marocaine, qu'on a fait la rencontre,
14:04 et il a dit "si vous venez, vous êtes le bienvenu chez moi,
14:06 vous me téléphonez", on avait son numéro.
14:08 Arrivé là-bas, à l'aéroport de Los Angeles, on téléphone.
14:14 "Eh, comment ça va ?" avec son accent américain.
14:17 "Eh bonjour, ça va, tout va bien là à Bruxelles ?"
14:20 "Ah on n'est pas à Bruxelles, on est à l'aéroport,
14:23 on voulait te faire une surprise, on est là."
14:25 "Comment ça là ?" Et de là, pac !
14:28 Jean-Claude vient.
14:32 On a le retour.
14:34 "Viens, on retourne, il n'y a rien à faire ici."
14:37 Je dis "je réussis ici ou je crève ici."
14:40 "Retourne, je ne retourne pas."
14:42 On arrive, Santa Monica Boulevard, la plage, le soleil, les filles.
14:49 Jean-Claude Mohamed me dit "t'as raison, super !"
14:53 Et puis la nuit tombe.
14:55 Le choc que j'ai eu, c'est le premier jour quand je suis arrivé,
14:57 j'ai vu Los Angeles, at night, la nuit, avec toutes ces lumières,
15:01 j'étais effrayé, je me suis dit "qu'est-ce qu'il se fait ?"
15:04 Commencent alors des années de galère pour Jean-Claude et Mohamed,
15:08 au cours desquelles ils n'oublient cependant jamais les entraînements,
15:11 au Girls Gym, temple de la musculation,
15:14 par où est passé Arnold Schwarzenegger.
15:17 Pour le reste, nos deux amis multiplient les lieux de fortune où dormir.
15:22 Quand je suis venu aux USA, c'était très dur,
15:24 il y avait des tas de choses qui ne m'aimaient pas pour moi,
15:26 je n'avais pas les papiers, j'étais illégal,
15:29 j'avais des problèmes de langue, personne ne voulait me parler,
15:32 c'était un français, parce que la Belgique je ne le connais même pas,
15:35 et disons que j'ai eu très dur.
15:38 Durant cette période de vache maigre, le duo enquille les petits boulots pour survivre.
15:43 Jean-Claude, qui est parvenu à rencontrer Chuck Norris,
15:46 travaillera un temps dans le restaurant que gère le comédien à Newport,
15:49 au sud de Los Angeles.
15:51 Il y officiera comme videur et portier sur le ponton, triant les clients.
15:55 Chuck Norris, qui est depuis quelques années un karateka
16:01 à l'affiche de nombreux films d'action de série B,
16:04 engage aussi Jean-Claude comme sparring partner sur un tournage aux Philippines.
16:08 Mais le jeune Belge espère autre chose de cette collaboration,
16:18 un coup de pouce de Norris, ce que ce dernier se gardera bien de faire.
16:22 Question tournage, rien ne se passe donc pour Jean-Claude,
16:26 qui s'impatiente et désespère.
16:29 Mais une nouvelle parenthèse amoureuse et un deuxième mariage
16:33 vont temporairement le sortir de son marasme.
16:36 - Cynthia Derderian, il l'a rencontrée à Los Angeles.
16:41 Le papa avait une usine sur Newport Beach de tapis.
16:45 Jean-Claude finira cependant par se lasser de coller des tapis pour son beau-père
16:50 et se séparera de Cynthia.
16:53 En 1984, 2 ans après leur arrivée à Los Angeles,
17:00 Jean-Claude et Mohamed décrochent enfin une petite figuration
17:04 dans un film surfant sur la vague breakdance.
17:07 - Elle me voit avec short noir, Jean-Claude, et on dansait, donc voilà.
17:14 - Certains endroits, on le voit bien, Jean-Claude.
17:19 En 1984, toujours changement d'ambiance,
17:23 Jean-Claude obtient un rôle un peu plus consistant,
17:26 celui d'un conducteur gay plutôt doué en karaté.
17:29 - Le viens, qu'est-ce que... formidable.
17:33 Tu as un corps bien musclé, un athlète, quoi.
17:38 - Viens, ne me touche pas. Viens !
17:41 - OK.
17:44 (Musique)
18:01 - Tiens, fabuleuse !
18:03 Un an plus tard, en 1985, les choses commencent à devenir sérieuses.
18:11 Jean-Claude Van Damme est engagé pour le film "Karate Tiger",
18:15 dans lequel il incarne un combattant russe sans pitié.
18:18 Si Van Damme apparaît surtout dans la dernière partie du film,
18:22 c'est pourtant lui qui va capter l'attention des fans de films d'action.
18:26 En 1986, Jean-Claude se glissera, le temps de quelques essais,
18:37 dans le costume d'un extraterrestre nommé Predator
18:40 pour un film encore titré Hunter.
18:42 Une prestation pour laquelle la production a passé une annonce
18:45 dans la revue Dramalogue.
18:47 Et c'est Mohamed, toujours à ses côtés,
18:49 davantage comme ami et conseiller que comme prétendant comédien,
18:52 qui la repère.
18:54 - Quelqu'un de souple, acrobate et 1m82.
18:58 Jean-Claude tourne la page. Je dis "attends, qu'est-ce que tu fous ?
19:01 Pourquoi tu tournes la page ? Regarde.
19:03 "Mais j'ai pas 1m82." "Mais t'es souple, t'es acrobate.
19:06 "T'as quand même deux éléments, là. On n'a rien à perdre."
19:09 C'est indiqué, la moitié du visage sera son visage
19:14 et l'autre moitié sera un maquillage.
19:18 Le réalisateur, là.
19:20 John McTiernan montre une statuette.
19:22 Voilà comment sera le costume.
19:25 Et Jean-Claude, je me souviens de... "Où est mon visage ?"
19:28 "Ah, non, we changed."
19:32 Là, il était pas content.
19:34 "Mais ouais, mais regarde, c'était la moitié du visage,
19:36 "c'est plus la moitié du visage. Tu sais que je suis claustrophobie,
19:38 "je veux m'enfermer. C'est quoi ?"
19:40 J'ai dit, "Jean-Claude, il y aura Schwarzenegger,
19:42 "Arnold Schwarzenegger."
19:44 Jean-Claude espère au moins exploiter ses talents en arts martiaux,
19:47 mais c'est impossible avec ce déguisement,
19:49 et puis il a juste été engagé comme cascadeur.
19:52 C'est finalement son refus de faire une cascade trop risquée
19:55 qui, par la suite, lui fera quitter le plateau
19:57 et tomber le déguisement.
19:59 Le monstre du Prédateur a été plus ou moins bien fait.
20:03 Et ils m'ont demandé de sauter d'un obstacle.
20:06 Et je savais que physiquement, c'était impossible.
20:09 Alors ils ont pris un standman, un cascadeur...
20:12 - Un cascadeur professionnel, oui. - ...américain.
20:14 Il faut pardonner mon français, hein.
20:16 Et il a fait donc la cascade et il s'est cassé les chevilles.
20:19 Entre-temps, à Los Angeles,
20:22 Jean-Claude a déjà troqué son vrai nom, Van Varenberg,
20:25 pour Van Damme, en hommage à un ami belge, Paul Van Damme,
20:28 qui l'avait beaucoup aidé à Bruxelles et qui vient de mourir.
20:32 Van Damme.
20:34 Un nom qu'il va pouvoir faire briller au générique d'un film essentiel
20:37 qui fera basculer le jeune belge dans une autre dimension,
20:40 Bloodsport.
20:42 Mais au milieu des années 80, il ne le sait pas encore.
20:45 D'ailleurs, personne ne sait qui incarnera le héros de cette histoire,
20:49 inspiré de la vie d'un certain Frank Dux,
20:52 lequel prétend avoir participé en Asie à des comités
20:55 des combats d'arts martiaux secrets et sanglants,
20:58 comme il le racontera au scénariste Sheldon Lettich.
21:01 - Toutes ces histoires sur le comité, c'est digne d'un film hollywoodien.
21:04 L'idée m'a intrigué, et plus encore quand il m'a dit
21:07 que dans ces tournois, tous les coups étaient permis.
21:10 Les participants recevaient des coups de poing
21:13 et des coups de pied dans le visage.
21:15 Il y avait beaucoup de sang partout sur le tatami,
21:18 raison pour laquelle ils ont donné au tournoi le surnom de Bloodsport,
21:21 sport de sang. C'était un excellent titre de film.
21:24 (cris et applaudissements)
21:27 - Come on, get up! Come on!
21:29 I'm gonna kill you, man!
21:31 Alors quand j'ai rencontré Mark Dissal,
21:34 je lui ai parlé de ce titre, Bloodsport,
21:37 et il a immédiatement adoré. Il m'a embauché pour écrire le scénario,
21:40 et il est allé voir la canon. La canon était intéressée
21:43 parce qu'à l'époque, elle faisait beaucoup de films d'arts martiaux.
21:46 Il tournait American Ninja, tous ses films sur les ninjas, vous savez.
21:50 Après, il a fallu déterminer qui allait jouer le rôle principal.
21:53 Personne ne nous aspirait vraiment.
21:56 Et puis, Menahem a rencontré Jean-Claude Van Damme.
22:00 - J'ai rencontré le gars de la canon, qui s'appelait Menahem Golan,
22:04 tout à fait par hasard, parce que je parle à tout le monde.
22:07 Et je suis rentré dans un restaurant, il est sorti d'un restaurant,
22:10 mais je l'ai reconnu, et je lui ai fait un coup de pied
22:13 au-dessus de sa tête en me présentant "M. Van Damme".
22:16 Il m'a filé le cap.
22:18 - Le lendemain matin, je dis à Jean-Claude,
22:21 "Prends nos petits déj' et on va chez Menahem. La sécurité."
22:24 "Yes, can we help you?"
22:27 "Oh, we had a dinner with Menahem Golan last night."
22:30 On n'a pas eu de dîner avec lui, non.
22:33 Il appelle Menahem.
22:35 Menahem dit, "Qui demande?"
22:38 "On va." Et on va s'asseoir.
22:41 Et on entend gueuler.
22:43 Menahem Golan qui gueule.
22:46 C'était un deal qu'il devait faire avec Sylvester Stallone, over the top.
22:50 On s'en fout car il me dit, "Parce que ça gueule,
22:53 "c'est pas un bon moment."
22:55 Je dis à Jean-Claude, "On n'aura pas une autre occasion,
22:58 "s'il te plaît, patiente."
23:00 Et Jean-Claude me dit, "Qu'est-ce qu'on va faire?"
23:03 "Je mets une chaise, tu mets ton grand décart."
23:06 Menahem Golan qui rentre.
23:08 "Ah, it's you?"
23:10 "Yeah, OK, OK, I remember."
23:12 Avec son accent juif.
23:14 "Two minutes!"
23:16 "I did my split, I show my muscles,
23:18 "I'm not a Nazi, take me now."
23:20 "OK, OK, I have your contact number,
23:23 "I will call you when we need you."
23:26 Je dis, "Ah, ça sent mauvais, ça."
23:28 Je viens vers lui.
23:30 Et je m'approche vers lui.
23:32 Je dis, "Listen to me, Menahem Golan."
23:35 "You are making a very big mistake.
23:37 "He's playing the bad guy
23:40 "against Schwarzenegger with 20th Century Fox.
23:44 "Hunter!"
23:46 Jean-Claude me frappe en dessous,
23:48 disant de se taire, parce qu'il voulait pas
23:50 qu'on découvre que c'était un simple clown
23:52 à l'intérieur d'un costume.
23:54 Menahem Golan appellera la Fox.
23:56 On lui confirmera qu'un certain Jean-Claude Van Damme
23:58 est bien crédité pour ce rôle,
24:00 ce qui est encore le cas à l'époque,
24:02 mais sans préciser qu'il est totalement masqué.
24:05 Menahem Golan nous regarde.
24:07 OK.
24:11 We're going to make three movies.
24:15 First one is going to be...
24:18 Il va dans son tiroir et prend le scénario de Bloodsport.
24:22 Bloodsport.
24:24 Jean-Claude regarde le scénario.
24:27 What's going to be my part in the movie?
24:32 Il regarde.
24:34 "You imbecile, you're the star of the movie."
24:37 Il y a eu de la chance de tomber sur la canonne,
24:43 parce que c'était un studio normal.
24:45 Je pense pas qu'il lui aurait donné sa chance.
24:48 C'est aussi eux qui ont relancé Charles Bronson
24:51 avec les suites d'Injusticier dans la ville.
24:53 Ils avaient vraiment peur de rien.
24:55 C'était le bordel, mais il a profité du bordel.
24:58 Témoin privilégié de l'éclosion sur le tournage
25:01 de ce nouvel acteur, David Worth,
25:03 le directeur de la photographie du film.
25:06 Nous étions en Hong Kong,
25:08 où nous avons tourné pendant 45 jours.
25:11 Il était déconcerté au début,
25:13 car il était irascible.
25:15 Si quelqu'un tardait à faire ce qu'il voulait,
25:18 il criait "C'est moi, la star".
25:20 Je venais de faire 2 films,
25:22 et pas une seule fois, il n'avait élevé la voix.
25:25 Je me suis dit "Qui c'est, ce gamin ?
25:28 Il n'a pas fait de film, et le voilà à gueuler sur tout le monde."
25:32 Mais j'ai compris.
25:34 Il suivait un programme d'entraînement strict
25:37 pour obtenir ce corps magnifique.
25:39 J'ai donc accepté son comportement
25:41 et n'y ai plus prêté attention.
25:43 J'étais totalement épaté,
25:53 car ce qu'il dégageait à l'écran était incroyable.
25:56 Son charme, sa beauté,
25:58 ses muscles,
26:00 son accent.
26:03 Tu m'as enseigné à utiliser toute la technique qui fonctionne,
26:06 à ne jamais limiter moi-même à un seul style,
26:09 à garder une tête ouverte.
26:11 Personne n'attendait de lui qu'il devienne le prochain Robert De Niro.
26:15 Pour t'honorer,
26:17 Shidoshi.
26:18 On avait juste besoin de quelqu'un qui puisse être devant la caméra
26:22 et réaliser lui-même les cascades.
26:24 Pour que les gens se disent "C'est vraiment ce type qui a fait tout ça."
26:32 Le tournage de Bloodsport a duré 45 jours.
26:35 C'était long et exténuant.
26:37 Il y a eu pas mal de hauts et de bas,
26:39 mais côtoyer JCVD a toujours été un plaisir.
26:41 Mais la première projection de Bloodsport, en interne, se passe mal.
26:45 On était tous déçus.
26:48 Pire, on était dépités.
26:50 Le film était très mauvais.
26:52 Le monteur, Carl Kress,
26:54 était un gars de la vieille école formé dans les années 40 et 50.
26:58 Or, Bloodsport proposait une approche inédite du film d'action.
27:02 Et lui n'avait pas compris que c'était un nouveau genre de film,
27:05 avec un nouveau style d'art martiaux.
27:07 Il avait vraiment merdé.
27:10 Achem Golan nous le dit.
27:14 "Ah, it's a piece of shit."
27:16 Ils allaient sortir le film directement en VHS,
27:19 mais c'était les années 80.
27:21 A l'époque, tous les films sortaient en salles,
27:23 et seuls les navets irrécupérables sortaient directement en VHS.
27:27 Il a eu conscience, Van Damme, que c'était le moment ou jamais,
27:30 que si ça, ça marchait pas, c'était foutu.
27:33 Et c'est aussi pour ça qu'il s'est impliqué dans le montage du film.
27:37 Jean-Claude a dit à Menahem,
27:41 "Je vais aller en salle de montage,
27:43 "parce que c'est moi qui ai chorégraphié tous ces combats.
27:46 "Alors, je t'en prie, laisse-moi y aller et travailler avec le monteur."
27:50 Il a remonté les scènes d'action
27:52 pour que la chorégraphie soit plus simple.
27:55 La chorégraphie soit plus lisible, etc.
27:57 Il a une vision très précise de ce qu'il donne à l'image.
28:00 Il se débrouille très bien en salle de montage.
28:03 Il a de très bonnes idées pour monter les séquences de combat.
28:07 Cette seconde version, retravaillée par un nouveau monteur et Jean-Claude,
28:12 satisfait enfin toute l'équipe,
28:14 sauf Menahem Golan, qui n'y croit toujours pas
28:17 et décide de ne pas sortir le film en salle, aux Etats-Unis.
28:21 C'est la consternation dans le clan Van Damme.
28:23 Tout ça pour ça.
28:25 Le salut viendra de la Malaisie,
28:27 à qui la Canon est parvenue à vendre le film
28:29 et où il remportera un gros succès.
28:31 "C'est grâce à ce succès que Menahem Golan,
28:34 finalement, l'a fait sortir sur le East Coast,
28:37 et puis West Coast, et qui a cartonné.
28:40 Cartonné."
28:52 "Les autres films de la Canon coûtaient 35 millions de dollars,
28:55 et le nôtre 2 millions.
28:56 Un jour, je suis tombé sur les bilans,
28:58 et j'ai vu que notre film était le seul à avoir fait un bénéfice.
29:01 Parmi tous ces films à 35 millions de dollars,
29:03 seul Bloodsport avait gagné de l'argent."
29:05 "C'était le début pour Van Damme,
29:07 mais un début supersonique, quoi."
29:10 "Il y avait tout dedans.
29:11 Il y avait le blanc kimono, il y avait le karaté,
29:12 il y avait le kickboxing.
29:13 En fait, c'était le nouveau Bruce Lee.
29:15 Et quand lui est arrivé, il a effacé tous les autres.
29:17 Chuck Norris a été effacé."
29:21 "Rappelez-nous votre nom."
29:22 "Jean-Claude Van Damme."
29:24 "On s'en souviendra."
29:25 "Merci."
29:26 Pour Jean-Claude, toutes les planètes semblent enfin s'aligner.
29:30 D'autant qu'entre temps, il s'est marié, pour la troisième fois,
29:34 avec une certaine Gladys portugaise.
29:36 Celle-là même que, des années plus tôt, à Bruxelles,
29:39 il avait repéré en couverture d'un magazine.
29:41 "Gladys était splendide.
29:45 Et c'était une attente de très haut niveau.
29:47 Et ça ne pouvait que plaire à Jean-Claude.
29:50 Il était fou amoureux, il la poursuivit."
29:52 Jean-Claude aura deux enfants avec Gladys,
29:55 Christopher en 1987 et Bianca en 1990.
29:59 Bientôt, Mark Dissal, le producteur de Bloodsport,
30:05 propose Kickboxer à Van Damme.
30:07 Jean-Claude collabore au scénario de ce film,
30:09 pour lequel il retrouve David Worth,
30:11 mais en tant que réalisateur cette fois.
30:14 "Jean-Claude et le producteur ont travaillé ensemble sur le scénario.
30:18 C'est normal, c'est la star.
30:20 C'est son visage que l'on voit, son nom au-dessus du titre.
30:24 Il a le droit d'être impliqué.
30:26 Il était toujours très professionnel.
30:28 Il avait ses idées, mais il ne criait plus.
30:31 Il était là d'abord comme acteur,
30:33 et ensuite comme karatéka."
30:36 Pour le second rôle crucial du vilain Tong Po,
30:42 que Kurt, alias Jean-Claude, veut affronter
30:44 pour venger son frère lors d'un combat de boxe thaïlandaise,
30:47 Van Damme ne voudra pas de l'acteur initialement pressenti.
30:50 Mais le temps presse. Par qui le remplacer ?
30:53 C'est alors que Mohamed se propose.
30:56 "Il était le bras droit de JCVD.
31:00 Il s'entraînait avec lui, faisait des séances de muscu avec lui.
31:02 Pour Kickboxer, il voulait être Tong Po."
31:05 "Ils ont dit 'Non, Mohamed, non,
31:09 he's nice, he's not Asian, it's not possible'."
31:13 "On lui riait au nez.
31:15 'Mais tu es juste le pote de Jean-Claude'."
31:17 Pour convaincre le producteur et le réalisateur,
31:20 Mohamed va se transformer physiquement
31:22 le temps d'une séance photo.
31:24 Des clichés qui seront discrètement disposés
31:26 parmi ceux d'autres comédiens envisagés.
31:29 "Tous, boum, on veut ce gars-là.
31:32 Ils ont vu ma photo."
31:34 Mais jusque-là, personne ne sait que c'est Mohamed,
31:37 grimé, qui se trouve sur la photo.
31:39 Le producteur et le réalisateur le découvriront en Asie
31:42 avant le début du tournage,
31:44 et se rendent compte avec l'aide du maquilleur
31:46 qui s'y apparaîtra en Tong Po.
31:48 "Un jour, il est arrivé sur le plateau
31:50 avec son faux crâne chauve,
31:52 et tout le monde s'est dit 'Oh, mon Dieu, c'est Tong Po'."
31:56 "Il a fini par nous convaincre,
32:10 et est devenu l'un des plus célèbres méchants
32:12 de tous les temps. C'était lui, Tong Po.
32:15 Il a fait du bon boulot."
32:17 Los Angeles n'a plus de secret pour Jean-Claude,
32:27 qui s'est offert une villa pour abriter sa vie de famille
32:30 avec Gladys et ses enfants dans le quartier de Chatsworth.
32:33 "Chatsworth, c'est une belle maison, avec la piscine,
32:36 il avait sa salle de sport, c'était magnifique.
32:39 Il avait mis des tintins.
32:42 C'est une belle grande maison familiale.
32:44 Ça respire le bonheur, ça respire la joie de vivre,
32:47 ça respire l'humour."
32:49 "Je l'ai retrouvé aux Etats-Unis,
32:51 je reconnais immédiatement le Jean-Claude
32:53 du California Gym.
32:55 Il est toujours hyperactif,
32:57 je l'accompagne sur les tournages pendant la journée.
33:00 Le soir, il mange rapidement, très sain,
33:03 il s'occupe un peu de ses enfants à la maison,
33:06 il s'entraîne pendant 2 heures tous les soirs.
33:09 Le lendemain matin, c'est le premier lever,
33:11 il a des coups de fil avec des producteurs
33:13 qu'il cherche à démarcher.
33:15 Je le suis dans un ou deux hôtels
33:17 quand je passe par sa chambre,
33:19 il y a du linge qui sèche sur les abat-jour de sa chambre.
33:22 Il n'arrête pas une seconde."
33:24 Si le nom de Van Damme est désormais bien connu
33:27 des amateurs de films d'action,
33:29 les médias généralistes en Europe semblent le découvrir.
33:32 "Cinéma enfin, une nouvelle étoile est peut-être née,
33:34 le réalisateur Jean-Claude Van Damme est belge,
33:36 mais il tourne aux Etats-Unis
33:38 et il est la vedette du film américain Full Contact,
33:40 sorti aujourd'hui en France.
33:42 Dans le registre Stallone ou Schwarzenegger,
33:44 le petit Van Damme a toutes ses chances."
33:46 Full Contact, dont le titre original est Lionheart,
33:49 va élargir la palette de l'acteur Jean-Claude Van Damme,
33:52 développant dans son jeu le registre de l'émotion.
33:55 Et c'est son ami, scénariste Sheldon Lettich,
33:58 qui va le réaliser.
34:00 "T'es catch, t'es ?
34:04 Mr. Gaultier,
34:06 il est parti,
34:08 et rien que nous pouvons faire pour le ramener.
34:11 Doc, ma question est,
34:14 est-ce que je l'ai reçu ?
34:16 Oui, Mr. Gaultier."
34:22 "Lionheart était un drame.
34:25 Vous enlevez toutes les scènes de combat
34:27 et le film fonctionnerait encore aujourd'hui.
34:29 Pour un moment,
34:31 nous avons montré le côté tendre de Jean-Claude.
34:34 Résultat, les femmes ont adoré ce film."
34:37 "Deborah Renard est assez sexy,
34:51 et jusque-là, on n'avait jamais tourné
34:53 de scènes romantiques avec lui.
34:55 Même s'il n'y a pas de contact physique,
34:57 ça reste une scène très romantique.
34:59 C'était aussi la première fois
35:01 que Jean-Claude montrait ses fesses.
35:03 Ce n'était pas prévu dans le scénario.
35:05 On se prépare pour filmer la scène,
35:07 il porte ce peignoir,
35:09 et il me dit à voix basse,
35:11 'Et si je laissais tomber le peignoir ?'"
35:13 "J'étais présent ce jour-là
35:15 quand il a montré ses fesses.
35:17 J'ai dit, 'Ça, c'est 100 000 ventes de cassettes
35:19 de films, c'est pas un film de romance.
35:21 C'est un film de romance,
35:23 et je suis là pour le faire.
35:25 C'est un film de romance,
35:27 ça, c'est 100 000 ventes de cassettes en plus,
35:29 rien que pour ça.
35:31 Et j'avais raison."
35:33 "Qu'il montre ses fesses
35:35 a beaucoup plu au public gay.
35:37 Il avait beaucoup de fans gays.
35:39 C'est vraiment Lionheart
35:41 qui a fait de lui un acteur mondialement connu."
35:43 Lionheart, alias Full Contact,
35:49 sera un nouveau succès pour Van Damme,
35:51 le film rapportant 4 fois plus
35:53 qu'il n'a coûté.
35:55 Mais alors que plus rien ne semble arrêter,
35:57 Van Damme, auquel de grands studios hollywoodiens
35:59 s'intéressent, de fortes tensions vont
36:01 briser l'amitié qu'il y ait Jean-Claude
36:03 et Mohamed, ce dernier estimant
36:05 que le pacte qu'ils avaient scellé ensemble
36:07 adolescents n'a pas été respecté.
36:09 "Le pacte, c'était tout simplement
36:13 50-50,
36:15 qu'on réussisse ou qu'on réussisse pas.
36:17 C'est 50-50. On travaille,
36:19 on met tout notre cœur.
36:21 C'était ça notre pacte devant Jésus-Christ,
36:23 devant l'Esprit, devant le prophète Mohamed.
36:25 C'était ça le pacte."
36:27 Apparemment, quand ils étaient jeunes,
36:29 Jean-Claude avait fait la promesse à Michel
36:31 qu'il partagerait toujours tout
36:33 à 50-50. Le genre de promesse
36:35 qu'on se fait facilement entre amis.
36:37 Mais quand le succès est arrivé,
36:39 il leur fallait partager beaucoup d'argent.
36:41 Et donc non, ça ne s'est pas fait.
36:43 "Il a dit
36:45 t'es à Lyon,
36:47 et moi je suis à Lyon.
36:49 Il dit on est deux leaders.
36:51 Ça va pas.
36:53 Ça fonctionnera pas.
36:55 Donc c'était vraiment
36:57 très très dur pour moi.
36:59 C'était une déprime totale.
37:01 C'était horrible."
37:03 Mohamed vivra un temps encore
37:05 à Los Angeles avant de quitter
37:07 les Etats-Unis et de retraverser
37:09 l'Atlantique.
37:11 Au début des années 90, Jean-Claude,
37:17 qui est devenu ce qu'il avait toujours voulu être,
37:19 une star internationale,
37:21 poursuit son ascension.
37:23 Bientôt, c'est un réalisateur allemand installé
37:25 depuis peu aux Etats-Unis qui fait appel à lui,
37:27 Roland Emmerich, lequel triomphera
37:29 quelques années plus tard avec Independence Day.
37:31 Mais son premier long-métrage hollywoodien
37:33 va s'appeler Universal Soldier.
37:35 Comme partenaire féminine
37:37 de Jean-Claude, Emmerich choisit
37:39 Harry Walker.
37:41 "Roland désirait m'engager
37:43 mais je pense que les studios
37:45 préféraient une actrice plus célèbre.
37:47 Je n'étais pas très connue à l'époque.
37:49 Donc Roland voulait que je rencontre Jean-Claude
37:51 car si lui m'appréciait alors tout irait bien.
37:53 Nous sommes tous allés
37:55 chez Jean-Claude et là il m'a proposé
37:57 qu'on lise le scénario ensemble.
37:59 Je lui ai dit ok, ça marche.
38:01 Ça s'est passé de manière assez simple
38:03 puis il a regardé Roland avec l'air de dire
38:05 oui c'est bon et j'ai décroché le rôle."
38:07 "Je passais de temps en temps sur le plateau
38:13 juste pour voir et la première chose
38:15 qui m'a frappée chez Jean-Claude c'est sa précision.
38:17 Il frôlait les visages des cascadeurs
38:19 mais jamais il ne les touchait.
38:21 On avait l'impression d'assister à une véritable chorégraphie."
38:23 Dans la première moitié des années 90,
38:33 la popularité de Jean-Claude ne cesse de croître
38:35 et permet à John Woo,
38:37 grande figure asiatique du film d'action,
38:39 de faire ses débuts à Hollywood
38:41 avec "Hard Target".
38:43 Mais surtout,
38:45 Jean-Claude écrase la concurrence avec "Time Cop"
38:47 qui dépassera les 100 millions de dollars de recettes.
38:49 Jean-Claude est donc une "movie star"
38:51 mais une "action movie star",
38:55 une star de film d'action
38:57 moule dont il a du mal à s'extraire.
38:59 "Le public vous met dans une case bien précise
39:03 et il est difficile d'en sortir.
39:05 Ce n'est pas le talent qui lui manque
39:07 mais la capacité du public à le voir autrement."
39:09 "C'est aussi la faute d'Hollywood.
39:11 Certaines personnes gagnent tellement d'argent
39:13 grâce à vous et à ce truc que vous faites
39:15 qu'ils ne veulent pas vous voir faire autre chose.
39:17 La plupart du temps, ils ne vous permettent pas
39:19 de prendre une autre direction
39:21 donc ça devient un gain de poing."
39:23 "On attend de lui qu'il donne des coups,
39:25 qu'il fasse le grand écart,
39:27 qu'il envoie des coups de pierre retournés
39:29 et mette tout le monde KO.
39:31 C'est ce qu'ils veulent et ils payent pour ça."
39:33 "Il était davantage comédien
39:35 que la plupart des vedettes de films d'action
39:37 que j'ai pu connaître.
39:39 Vous voyez un peu comme un James Bond
39:41 mais différent.
39:43 Il aurait pu faire quelque chose
39:45 avec plus de profondeur et de finesse."
39:47 Mais dans cette catégorie de stars de films d'action,
39:53 à l'époque, il n'est pas seul.
39:55 "Jean-Claude, cette année-ci,
39:57 il y a Sylvester Stallone et Sean Senneger
39:59 qui viennent. C'est de la concurrence ?
40:01 Il n'y a pas de concurrence.
40:03 Il y a de la place pour tout le monde."
40:05 "Je trouve qu'Arnold et Sylvester sont incroyables
40:07 dans leur rôle, mais ils sont très stoïques."
40:09 "Pour moi, c'était quelqu'un de très vulnérable.
40:29 Un aspect que vous ne retrouvez pas
40:31 chez Arnold ou Sylvester.
40:33 Il aurait pu aller très loin en tant qu'acteur."
40:35 Reste, au chapitre de la comparaison,
40:37 le niveau de notoriété.
40:39 "Il n'était pas très loin du niveau
40:45 de Stallone et de Schwarzenegger
40:47 dans des films comme Time Cop,
40:49 mais c'est la consommation de drogue
40:51 qui l'a entraîné dans sa chute.
40:53 Il a sombré.
40:57 Subitement, il ne se présentait plus
40:59 sur le plateau, ou alors sans s'être préparé.
41:01 Il y avait beaucoup de problèmes
41:03 et ils étaient tous liés à la cocaïne.
41:05 C'est vraiment ça qui a changé la norme."
41:07 "La drogue a indéniablement été un problème,
41:11 mais je n'y croyais pas.
41:13 Je pensais que c'était la dernière personne
41:15 à qui ça allait arriver, parce que
41:17 dès le début, à Hollywood,
41:19 Jean-Claude m'explique, tu vois,
41:21 tel acteur, tel acteur, je t'ai rélé non,
41:23 ils sont fichus, ils se droguent,
41:25 ils font ça, ils font des soirées comme ça.
41:27 Voilà, tous ces gars-là, tu sais pourquoi ?
41:29 Parce qu'ils ont du succès, ils ont de l'argent.
41:31 Ils ont tous les trucs qu'ils voulaient faire,
41:33 ils ont tout réalisé, ils cherchent un kick,
41:35 ils cherchent quelque chose qu'ils n'ont pas
41:37 et ils tombent dans la drogue.
41:39 Moi, je m'entraîne deux heures par jour.
41:41 J'échapperai à ce piège
41:43 dans lequel ils finissent par tomber."
41:45 "Stallone n'a jamais eu de problème
41:47 avec la drogue. Schwarzenegger
41:49 n'a jamais eu de problème avec la drogue.
41:51 Bien sûr, ils ont eu leurs problèmes,
41:53 mais la drogue, c'est autre chose.
41:55 En général, tous les acteurs qui ont eu
41:57 de sérieux problèmes avec les stupéfiants
41:59 ont vu leur carrière freiner."
42:01 "La drogue,
42:03 quand on a tout,
42:05 on a fait le tour du monde,
42:07 quand on a fait les hôtels,
42:09 on est la prima donna du penthouse.
42:11 Penthouse.
42:13 De chaque hôtel,
42:15 dans chaque monde entier,
42:17 les voyages,
42:19 on veut quelque chose de supplémentaire.
42:21 Et à cause d'une femme,
42:23 parce que c'est l'amour,
42:25 j'ai essayé quelque chose,
42:27 je suis tombé dedans.
42:29 Van Damme,
42:31 la bête,
42:33 le tigre de la cage,
42:35 l'homme Blasphore
42:37 est tombé dedans."
42:39 Cette plongée dans la cocaïne
42:41 coïncide avec la période
42:43 où Jean-Claude s'était pris d'un mannequin
42:45 qu'il a épousé, Darcy Lapierre.
42:47 Son addiction à la drogue
42:49 lui fait perdre le sens des réalités
42:51 et rater un très gros contrat
42:53 avec le studio Universal
42:55 lors d'un échange téléphonique
42:57 qui part en vrille,
42:59 alors que Jean-Claude est en voiture
43:01 avec Darcy.
43:03 "Universal le voyait très clairement
43:05 comme le prochain Stallone,
43:07 le prochain Schwarzenegger.
43:09 Il allait devenir leur grande vedette.
43:11 Le studio lui a offert un contrat
43:13 pour trois films avec à la clé
43:15 une énorme somme d'argent.
43:17 Mais il s'est convaincu
43:19 qu'il méritait encore plus d'argent
43:21 que ce qui était mis sur la table."
43:23 Universal propose 8 millions de dollars par film.
43:25 Jean-Claude fait monter les enchères.
43:27 Universal revient avec 10
43:29 puis 12 millions de dollars par film.
43:31 "Universal a dit
43:33 voilà, ça c'est le maximum
43:35 et nous n'irons pas au-delà.
43:37 Si vous voulez plus,
43:39 alors on retire notre offre.
43:41 Et c'est ce qui s'est passé."
43:43 "Je voulais plus, j'ai fait le con.
43:45 Je voulais un prix égal à...
43:47 Et m'ont dit Jean-Claude...
43:49 "Jean-Claude voulait 20 millions de dollars
43:51 par film, comme Jim Carrey cette année-là."
43:53 Si Van Damme enchaîne malgré tous les tournages,
43:57 son déclin est amorcé tant au box-office
43:59 qu'auprès des studios.
44:01 Pire, à la fin des années 90,
44:03 aux Etats-Unis,
44:05 ses films ne sont plus distribués en salles
44:07 mais directement en vidéo.
44:09 "Les drogues y sont pour beaucoup,
44:11 c'est vrai, mais il est quand même parvenu
44:13 à signer quelques gros films après ça
44:15 mais qui n'ont pas connu de succès au box-office.
44:17 Tout le problème est là."
44:19 "Il y a plusieurs films qui n'ont pas marché.
44:21 Hollywood, quand il y a un film qui ne marche pas,
44:23 bon, admettons, mais si on a un deuxième derrière
44:25 qui ne marche pas non plus, c'est au revoir."
44:27 "Légionnaire" aurait dû sortir en salles
44:29 aux Etats-Unis.
44:31 Ça a été le premier film de Jean-Claude
44:33 qui est sorti directement en vidéo.
44:35 Je sais que le film est sorti en salles
44:37 dans certains pays européens
44:39 mais pas aux Etats-Unis.
44:41 Et Jean-Claude a été stigmatisé par cette sortie
44:43 directement en vidéo.
44:45 Les producteurs ont commencé à se dire
44:47 que John Damm, c'est le mec qui fait des films
44:49 qui sortent directement en cassette.
44:51 Et donc ils étaient peu disposés
44:53 à injecter plus d'argent dans ses films.
44:55 "On peut effectivement avoir une seconde carrière
44:59 dans ce type de film
45:01 et c'est le cas de beaucoup d'acteurs
45:03 "un peu has-been". Bon, ils sont quand même bien payés
45:05 les gars, parce qu'ils ont été connus, tout ça.
45:07 Ils ont un nom. C'est sur leur nom que ces films-là se vendent.
45:09 Généralement, ce ne sont pas de très bons films."
45:11 Une période de turbulence pour Jean-Claude
45:13 qui, de surcroît,
45:15 ne semble plus faire confiance à personne.
45:17 "Un jour, il y a Sheldon Lettich
45:19 qui lui dit,
45:21 je suis témoin de ça,
45:23 "écoute, faut que tu prennes des cours de diction
45:25 pour l'accent américain et ces trucs-là.
45:27 Parce qu'on ne va pas éternellement
45:29 dans tous les films
45:31 trouver dans le scénario
45:33 une explication comme quoi
45:35 t'es un ancien de la Légion étrangère,
45:37 comme quoi tu viens de Bulgarie, comme quoi tu...
45:39 Voilà. Et donc il lui envoie
45:41 une dame
45:43 qui donne des cours de diction.
45:45 Et la nana, elle dure deux heures. Je l'ai vu sortir en pleurant.
45:47 Et Jean-Claude qui claque les portes
45:49 en disant, c'est une actrice ratée,
45:51 elle veut m'apprendre des trucs.
45:53 Moi, si je suis arrivé là où je suis,
45:55 c'est parce que j'ai jamais écouté les conseils
45:57 qu'on m'a donnés, sinon je serais nulle part.
45:59 Et donc, il ne le fait pas.
46:01 Et je suis sûr que dans sa carrière,
46:03 c'est une des choses qui vont le bloquer.
46:05 Et on ne peut pas critiquer
46:07 cette confiance en soi, puisque
46:09 c'est ça qui a rendu les miracles possibles.
46:11 Un, sa transformation physique.
46:13 Deux, son passage
46:15 de Bruxelles, je ne parle pas anglais,
46:17 j'ai aucun contact dans le cinéma, à
46:19 je fais des films d'arts martiaux et je deviens une star planétaire.
46:21 Très, très difficile de se dire
46:23 j'ai intérêt à m'associer au meilleur ou à demander conseil.
46:25 La carrière de van d'âme volant désormais
46:29 à plus basse altitude, Jean-Claude
46:31 décide de reprendre le contrôle de sa vie privée.
46:33 Divorcé de Darcy Lapire,
46:35 il va se remarier
46:37 avec Gladys Portuguesse.
46:39 De nouvelles épousailles
46:41 qui ont lieu en Belgique
46:43 et plus précisément à Knok,
46:45 bourgade huppée du littoral belge.
46:47 Knok où Jean-Claude se ressource un temps
46:49 avec Gladys, où il a confortablement
46:51 installé ses parents et où il s'est fait
46:53 construire une maison.
46:55 Après quoi, Gladys et les enfants retournent
46:57 à Los Angeles, Jean-Claude les y rejoignant
46:59 quand il n'est pas à Hong Kong,
47:01 sur notre port d'attache.
47:03 Mais à l'époque,
47:07 en Europe et particulièrement en France,
47:09 ce n'est pas de sa vie privée et encore moins
47:11 de ses films dont on parle, mais de ses
47:13 envolées parfois improbables ou maladroites
47:15 qui font le miel des talk-show.
47:17 "Je parle un peu vite, c'est pas un problème
47:19 non si je rapide, je suis un mec qui rapide,
47:21 je spite pourquoi, je mange que des légumes."
47:23 "En pleine forme, il n'y a pas de problème."
47:25 "Mais c'est une idée, mec !"
47:27 Et puis il y a cette expression que le public francophone
47:29 ne semble pas comprendre et qui suffit
47:31 à le ridiculiser.
47:33 "You have to be aware."
47:35 Et c'est là que Jean-Claude tentera de s'expliquer.
47:37 "Parfois quand on me demande des questions,
47:39 comme le mot 'aware', je me dis 'mais qu'est-ce que je suis ?'
47:41 Je suis 'aware', en français ça veut dire 'conscient'
47:43 'conscient de la chose'. 'Mais conscient de quoi ?'
47:45 D'avoir, comme on dit en américain,
47:47 'an awareness'.
47:49 Être conscient de tout ce qui se trouve
47:51 autour de nous,
47:53 à l'intérieur et entre nous."
47:55 "Dans la culture francophone,
47:57 si vous avez des gros muscles,
47:59 c'est que vous avez une toute petite tête.
48:01 Ce qui est débile à penser,
48:03 il ne devrait même pas y prêter attention
48:05 parce que c'est quoi la Belgique et la France
48:07 comparée au reste du monde ?
48:09 Je vais l'accompagner sur des tournages à Hong Kong,
48:11 dans d'autres endroits des Etats-Unis.
48:13 À l'époque, c'est une star."
48:15 "Il a quand même réussi quelque chose
48:17 que aucun acteur français
48:19 à ce jour n'a réussi,
48:21 c'est-à-dire être une tête d'affiche
48:23 du cinéma mondial."
48:25 "Mais il sait qu'à Bruxelles, et à Paris,
48:27 encore moins,
48:29 personne ne se rend compte de ça.
48:31 Et je pense que c'est l'explication
48:33 du fait que lorsqu'il arrive
48:35 pour des interviews ici,
48:37 il va jouer la star américaine.
48:39 Il va parler avec un accent...
48:41 Ce film va beaucoup plaire
48:43 aux ladies,
48:45 aux femmes.
48:47 Alors que cinq minutes après,
48:49 il reparle avec l'accent bruxellois comme avant,
48:51 on ne sait pas du tout lui."
48:53 "Pour la Belgique, je suis un costard."
48:55 "Comme vous le sentez."
48:57 "Et justement, au pays, à Bruxelles,
48:59 il va y revenir grâce à un réalisateur français,
49:01 Mabrouk El-Mechri.
49:03 Si, dans les années 2000,
49:05 Van Damme enchaîne les films d'action
49:07 destinés au marché mondial de la vidéo,
49:09 il va retourner la critique sur le tatami
49:11 et trouver grâce aux yeux
49:13 de ceux qui se moquaient de lui
49:15 avec un film titré J.C.V.D.
49:17 dans lequel il joue son double,
49:19 mais en mode loser."
49:21 "J'en ai marre ! Je veux mon fric !
49:23 Depuis hier, j'en ai marre !
49:25 Hein ? J'ai pas de cash sur moi !
49:27 Jean-Claude Van Damme sans cash !
49:29 Oh, je veux un emprunt ! Mais ça va pas ?
49:31 J'ai pas encore dormi, j'ai pris l'avion !"
49:33 "Je n'ai pas fabriqué d'acteur,
49:35 j'ai filmé une facette qu'on n'avait jamais eu l'idée de faire
49:37 dans une langue qui est la sienne, maternelle,
49:39 donc dans laquelle il pouvait improviser,
49:41 dans laquelle il pouvait être beaucoup plus lui-même.
49:43 Et à un moment de sa carrière,
49:45 où justement, c'était pas qu'il y avait un rejet,
49:47 mais la fin du désamour avait laissé
49:49 une espèce de truc un peu
49:51 "on l'aime bien, mais passons à autre chose".
49:53 Jean-Claude, c'est quelqu'un
49:55 qui m'a appris, moi, une chose qui dit beaucoup sur le bonhomme,
49:57 la confiance, elle ne se gagne pas,
49:59 elle se perd."
50:01 JCVD, c'est aussi une scène
50:03 devenue culte.
50:05 Jean-Claude improvisant seul, face à la caméra,
50:07 face à sa vie, face à lui-même.
50:09 "C'est pas ma faute
50:11 si j'étais câblé pour être une star.
50:13 Je l'ai demandé,
50:15 je l'ai demandé avec beaucoup de croyance,
50:17 quand on a 13 ans.
50:19 On croit aux rêves, et même l'un donné.
50:21 Mais moi,
50:23 encore aujourd'hui,
50:25 qu'est-ce que j'ai fait pour cette terre ?
50:27 Rien !
50:29 J'ai rien fait."
50:31 - Oui, ça, c'était fou, ça.
50:33 Mais ça, c'était possible qu'avec lui.
50:35 Ça a commencé
50:37 par un besoin, lui,
50:39 de vouloir encore raconter, raconter, raconter
50:41 des choses sur lui, et je lui ai donné
50:43 ma parole, que j'essaierais de faire
50:45 quelque chose,
50:47 je sais pas encore quoi.
50:49 "Et là, je vais peut-être mourir dans cette poste.
50:51 En espérant
50:53 de me refaire
50:55 ici en Belgique,
50:57 dans mon pays,
50:59 dans mes racines,
51:01 me refaire et mes parents
51:03 me reprendre une santé."
51:05 - En tournant cette scène,
51:07 il y a un truc à shifter chez lui,
51:09 et dans la perception
51:11 de ses proches, de ses enfants,
51:13 sur lui, et ça, c'est quelque chose
51:15 d'important pour moi.
51:17 C'était simplement
51:19 une porte à ouvrir à un instant
51:21 précis,
51:23 et le refermer à couper,
51:25 et c'est parfaitement ce qui s'est passé.
51:27 - Un tournant ou un U-turn, soit je l'ai poussé de trop
51:29 parce qu'un tournant, c'est bien,
51:31 mais j'ai des fans, j'ai des fans qui aiment bien
51:33 le Van Damme,
51:35 le Van Damme-mèche,
51:37 et j'espère que ces fans vont rentrer dans le jeu
51:39 et voir que j'ai fait quelque chose de spécial,
51:41 mais je repartirai dans ma carrière d'acteur
51:43 avec des films d'action,
51:45 mais avec un acting comme dans
51:47 JCVD.
51:49 - Je me rappelle, on a fait une pub juste après,
51:57 et il venait de recevoir un coup de fil de Stallone
51:59 pour "Expendable", et c'était...
52:01 Enfin, il avait des yeux
52:03 de gosse, quoi.
52:05 - "Expendable 2", un film gorgé de testostérone,
52:07 qui réunira entre autres Silverster Stallone
52:09 et Arnold Schwarzenegger.
52:11 - I love all of them,
52:13 but I grew up with Stallone
52:15 and Rocky, I grew up with Arnold
52:17 and Conan, so for me, it was like those
52:19 two guys, I mean. And to be in,
52:21 even though I'm Jean-Claude Van Damme,
52:23 you're still that kid.
52:25 - There's just guys that have it.
52:27 They're just born with it, and he has it.
52:29 I've known him, we've known him
52:31 a long, long time, and
52:33 he's had his ups and downs, but the main
52:35 thing is, I believe once you've had
52:37 that star, it's just a matter of
52:39 to reignite it. So he comes
52:41 onto the set, and he's
52:43 incredible.
52:45 - "The Terminator", "Rocky",
52:47 "The Universal Soldier".
52:49 - Au début des années 2010,
52:51 la grande famille des stars
52:53 de films d'action est donc enfin réunie.
52:55 Celle de Jean-Claude, aussi,
52:57 avec Gladys, leurs enfants
52:59 Bianca et Christopher, et Nicolas,
53:01 qu'il a eus avec Darcy Lapierre.
53:03 - "Together, right here, right here, big smile!"
53:05 - "Jean-Claude!"
53:07 - En 2013, toujours en mode
53:09 décalage, Jean-Claude Van Damme
53:11 est la star d'une publicité télé
53:13 désormais iconique.
53:15 Et trois ans plus tard, il retrouve
53:19 la fiction grand public pour une série
53:21 parodique titrée "Jean-Claude Van Johnson",
53:23 produite par Ridley Scott,
53:25 et dans laquelle il incarne un espion
53:27 dont les tournages servent de couverture
53:29 à ses missions. - J'ai l'impression
53:31 qu'il a essayé, pas de devenir un acteur
53:33 comique, mais en tout cas,
53:35 de prouver qu'il avait, et il l'a,
53:37 un talent pour la comédie.
53:39 - Le premier épisode réjouira
53:41 le public autant que la critique américaine,
53:43 mais la suite ne tiendra pas ses promesses
53:45 et la série sera supprimée
53:47 après sa première saison.
53:49 - J'ai été quand même
53:51 catégorisé dans des films d'action
53:53 qui sont très "bankable",
53:55 qui sont très... Ils font
53:57 beaucoup de profit pour l'investissement,
53:59 donc, alors quand tu es bien
54:01 catalogué dans ces films-là, ils ont
54:03 parfois un peu peur, vu que ça marche bien
54:05 avec un Brad Pitt ou avec un Rock,
54:07 avec un Carna... On a chacun notre...
54:09 notre...
54:11 "our street", notre avenue, tu vois ?
54:13 - Les vrais fans n'ont en tout cas
54:17 jamais abandonné Jean-Claude.
54:19 Il semble même s'être renouvelé,
54:21 comme le prouve le public du Comic-Con
54:23 à Dortmund, en Allemagne.
54:25 - Jean-Claude !
54:27 (acclamations)
54:29 (musique)
54:31 - Oh, this is for
54:33 Cotten-Duncan.
54:35 (rires)
54:37 (musique)
54:39 - Grâce à ces gens, c'est grâce à eux
54:51 que j'existe.
54:53 Les acteurs
54:55 comme Sly, Arnold, myself,
54:57 ils ont
54:59 apparu dans le monde
55:01 de VHS.
55:03 Et alors, tu sais, à l'époque,
55:05 il fallait louer une cassette.
55:07 C'était pas à l'heure,
55:09 il fallait la remettre deux, trois jours
55:11 après, t'avais la vente.
55:13 Donc, les gens faisaient une soirée
55:15 Stallone, par exemple, tu vois ?
55:17 Faut pas rater, on a payé,
55:19 on a loué, tout ça. Donc, il y avait
55:21 une famille ensemble,
55:23 le père, la mère, ou le père tout seul,
55:25 avec les enfants, Nat Stallone.
55:27 Et je crois qu'on a créé ce culte.
55:29 J'ai de la chance
55:31 que j'ai pu faire... qu'il y a eu trois générations,
55:33 si tu veux. Parce que le père est fier,
55:35 il me montra son fils, et son fils,
55:37 il va voir Van Damme
55:39 when he's young, and then they see him
55:41 on Minions, so...
55:43 J'ai de la chance.
55:45 Curieusement,
55:47 je pense que l'essor de Jean-Claude,
55:49 il s'est pas fait au cinéma. Je pense qu'il s'est fait en VHS.
55:51 Parce que les cassettes tournaient beaucoup.
55:53 Kickboxer, Bloodsport, etc.
55:55 Donc, c'était vraiment au départ du bouche à oreille,
55:57 et puis la niche, on va dire,
55:59 Kung-Fu, biscotto, a explosé.
56:01 Jean-Claude a été un des fers de lance de cette époque.
56:03 Je pense qu'il est pas fini, Van Damme.
56:05 A condition qu'il y ait un vrai cinéaste
56:07 qui lui donne sa chance
56:09 avec un vrai rôle dramatique.
56:11 Faudrait vraiment, par contre,
56:13 un réalisateur haut de gamme. Tarantino,
56:15 pourquoi pas ?
56:17 Je pense qu'il pourrait
56:19 se sublimer. C'est-à-dire, tout ce qu'il a fait
56:21 d'extraordinaire et de
56:23 critiquable, c'est quelque chose d'unique.
56:25 Il y a de fortes chances qu'il mette ça
56:29 à profit pour sortir un personnage
56:31 envers lequel le public va avoir
56:33 une profonde empathie, parce que
56:35 derrière les rides, les poches
56:37 sous les yeux, l'auto-dérision, on sait
56:39 tout ce qu'il y a.
56:41 Le film qui a
56:43 ouvert Jean-Claude, c'est "Laurence d'Arabie".
56:45 C'est...
56:47 C'est le scope, c'est le désert,
56:49 c'est les grands paysages.
56:51 Il a tout de suite voulu une vie en scope,
56:53 donc il l'a eu.
56:55 Tu sais, la Belgique, c'est un beau pays,
56:57 mais le ciel est gris,
56:59 mais "Laurence d'Arabie",
57:01 avec mon père, le ciel bleu...
57:03 Le dimanche soir, quand tu sors
57:05 du cinéma, t'as pas envie
57:07 d'aller à l'école d'adlip, tu veux rester...
57:09 Tu veux re-rentrer dans le film.
57:11 (musique)
57:13 (musique)
57:15 (musique)
57:17 (musique)
57:19 [Musique]
57:46 - Bon vol. - Merci.

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