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Éric Dupond-Moretti a averti mercredi que "les petits guignols" auteurs de fausses alertes, notamment à la bombe, seraient "retrouvés" et "punis". Le ministre de la Justice est l'invité de RTL matin.
Regardez L'invité de RTL du 20 octobre 2023 avec Amandine Bégot.

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Transcription
00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 RTL matin
00:06 RTL 7h42, excellente journée à vous tous qui nous écoutez. Amandine Légault vous recevez donc ce matin
00:11 le ministre de la justice, garde des Sceaux, Eric Dupond-Moretti.
00:14 Eric Dupond-Moretti, le château de Versailles a une nouvelle fois dû être
00:17 évacué hier pour la quatrième fois en moins d'une semaine suite à une fausse alerte à la bombe et on ne compte plus
00:22 les aéroports qui ont dû être fermés quelques heures, même chose pour les établissements scolaires.
00:27 "75 pour la seule journée d'hier" a dit le ministre de l'éducation nationale.
00:30 Tout ça a bien sûr un coût financier, les vols retardés, des entrées de musées en moins, ça mobilise aussi des policiers, des gendarmes
00:36 qui ont autre chose à faire qui plus est en ce moment.
00:39 Concrètement comment on arrête ça ?
00:42 D'abord on poursuit, c'est ce que j'ai demandé.
00:45 On identifie, on a les moyens techniques
00:49 de le faire et chaque fois qu'on peut le faire on le fera et puis on condamne.
00:53 Parce que
00:56 dans ceux qui
00:58 font ces alertes à la bombe, il y a des gamins
01:02 type plaisantins qui n'ont pas le sens des responsabilités.
01:06 Il faut que les parents soient là, je rappelle d'ailleurs que c'est les parents qui vont payer les conséquences financières, vous en avez parlé, et elles sont
01:12 extrêmement importantes.
01:14 Puis après il y a les malveillants, il faut que ces gens là arrêtent.
01:18 Il faut que l'on poursuive, il faut qu'on identifie et il faut que l'on condamne.
01:24 Il n'y a aucune ambiguïté sur ces questions.
01:26 Combien d'individus ont été identifiés, interpellés, peut-être même déjà condamnés ?
01:30 Il y a d'ores et déjà
01:31 22 enquêtes qui sont en cours, il y a eu des interpellations
01:34 il y a quelques heures de cela et il y aura évidemment
01:37 des condamnations, on ne peut pas laisser faire ça. Ça désorganise le trafic aérien,
01:42 il y a des gens qui ont besoin de travailler, il y a des gens qui ont le droit de prendre quelques jours de vacances.
01:50 Ça crée une psychose dont le pays n'a pas besoin. On a besoin de recul,
01:55 on a besoin d'unité, on a besoin de concorde nationale.
01:59 - Vous parlez des parents, ce sont des mineurs pour la plupart ceux qui ont été identifiés ?
02:02 - Oui.
02:03 - A quel âge ?
02:03 - Ce sont des mineurs, vous savez, il y a des gamins qui sont des petits plaisantins mais qui n'ont pas
02:09 en tête les conséquences
02:11 absolument
02:13 dramatiques. Je dis dramatique que ça peut générer parce que
02:16 dans la question que vous m'avez posée, vous rappelez à juste titre que les policiers qui vont évidemment se rendre sur les lieux
02:21 qui ont fait l'objet de fausses alertes, ils ne sont pas dans la rue, ils n'assurent pas notre sécurité.
02:27 Donc il faut que tout ça s'arrête, je lance un message clair, une fois encore je dis aux parents, surveillez vos gamins,
02:33 je demande une fois encore à la justice d'être très réactive, elle l'est, et moi je veux dire ici que
02:39 les procureurs, les magistrats sont sur le pont, on a besoin de calme dans cette période.
02:46 - Le syndicat indépendant des commissaires de police
02:48 demandait hier à ce que l'article
02:50 227 17 du code pénal soit appliqué, un article qui prévoit que les parents qui ne s'occupent pas de leurs enfants, qui compromettent leur
02:56 sécurité, leur surveillance ou leur éducation,
02:58 risquent jusqu'à deux ans de prison et 30 000 euros d'amende. Vous souhaitez qu'on aille jusque là s'il le faut ?
03:02 - Je l'ai dit à propos des émeutes, il faut que, vous savez, tout ça c'est une responsabilité collective.
03:09 - Mais ça veut dire quoi ? Que les parents doivent surveiller les portables de leurs enfants, les ordinateurs ?
03:13 - Mais bien sûr, mais bien sûr, enfin ça s'appelle, madame, ça s'appelle l'éducation.
03:17 C'est pas plus compliqué que ça. Et après les émeutes, moi j'ai redit, alors ça a fait hurler
03:22 quelques-uns et quelques bonnes-uns, mais je m'en moque complètement,
03:26 que d'abord c'était les parents qui étaient civilement responsables,
03:29 qui avaient un texte, vous venez de le rappeler, et puis il faut bien faire le distinguo là entre les parents qui sont en mesure,
03:36 bien sûr, d'assurer l'éducation de leurs enfants, et ceux qui parfois sont totalement dépassés.
03:42 Il faut être là dans la mesure et l'analyse fine. Mais les parents qui peuvent assurer l'autorité parentale et qui ne le font pas,
03:50 c'est absolument
03:52 ces générateurs,
03:54 notamment de ces émeutes, de ces alertes, de ce fausses alertes à la bombe, il faut qu'on mette un coup d'arrêt. Chacun doit assumer
04:01 ses responsabilités.
04:03 - Autre chiffre qui interpelle Éric Dupond-Moretti, ce sont ces actes antisémites, là aussi en très forte hausse. Quels sont les derniers chiffres que vous avez ?
04:11 - Alors, sur ces questions, vous voyez, j'ai tout de suite pris une circulaire pénale
04:16 pour dire
04:19 l'antisémitisme, c'est pas une opinion, c'est une infraction.
04:21 Et on ne doit rien laisser passer dans notre pays. Donc je veux une réponse
04:28 systématique, je veux une réponse rapide, je veux une réponse ferme. On en est pour le moment à
04:36 296 enquêtes ouvertes, dont 47 pour apologie du terrorisme.
04:40 Antisémitisme, apologie du terrorisme, voilà les deux infractions que je vise dans ma circulaire. 280
04:48 signalements faroces, vous savez, faroces, c'est cette plateforme police, qui vont être
04:53 judiciarisées. Des condamnations ont d'ores et déjà été prononcées. Il y a à Bobigny, par exemple, une condamnation, trois ans d'emprisonnement ferme,
05:01 trois ans d'emprisonnement, pardonnez-moi, dont deux en ferme
05:05 pour des propos antisémites et d'apologie
05:08 au terrorisme. - Il faut de la prison ferme systématiquement dans ces cas-là ? - C'est pas ce que je dis.
05:13 D'abord, le juge dans notre pays,
05:17 vous le savez, est indépendant.
05:20 Mais il faut une réponse ferme. Oui, on ne peut pas, on ne peut plus laisser prospérer des propos antisémites,
05:28 racistes, qui touchent
05:31 nos compatriotes juifs, qui touchent nos compatriotes musulmans également d'ailleurs. Bien sûr qu'on ne peut pas
05:36 qu'on ne peut pas oublier, mais il faut que ça s'arrête.
05:39 Et si ça ne s'arrête pas par la raison, la justice est là pour rappeler les choses et le garder ça aussi. - On ne peut pas,
05:45 on ne peut plus. Est-ce que vous
05:48 dites ce matin, Eric Dupond-Moretti, que peut-être, en tout cas, quand vous voyez tout ça, je parle à la fois de ces fausses alertes à
05:53 la bombe, de cette recrudescence des actes antisémites, mais aussi bien sûr de cet attentat
05:57 qui a coûté la vie à Dominique Bernard, est-ce que vous vous dites parfois, on a manqué un peu de fermeté, on a peut-être fait preuve
06:02 de naïveté ?
06:04 - Non, écoutez, moi je ne peux pas dire ça. Voyez, sur ces questions, par exemple, sur la question du terrorisme,
06:09 grâce au président de la République, on a créé le parquet national antiterroriste. Il faut qu'on s'en souvienne quand même.
06:16 On a créé dans les établissements pénitentiaires des quartiers d'évaluation de la radicalisation. On a créé
06:21 des quartiers pour lutter contre la radicalisation.
06:25 On a renforcé considérablement le renseignement pénitentiaire qui travaille main dans la main
06:30 avec la DGSI et la DGSE. On a renforcé en termes de personnel la DGSI et la DGSE.
06:38 On a embauché
06:40 10 000 policiers,
06:43 1500 magistrats.
06:45 Alors je ne peux pas laisser dire que... - Je ne dis pas qu'on n'a rien fait.
06:50 Je pose la question, est-ce que parfois vous ne vous dites pas "oui, on a peut-être été un peu naïf". La soeur de Samuel Paty,
06:57 par exemple, cette semaine disait devant
06:58 les sénateurs "si la mort de mon frère avait servi à quelque chose, peut-être que Dominique Bernard serait encore là".
07:03 Elle a raison. Et quand je dis "on n'a pas tiré les leçons", je ne vise pas que le gouvernement ou que les politiques. C'est peut-être la société aussi.
07:09 - Mais madame,
07:11 c'est en réalité le droit qui s'adapte à la société et pas la société qui s'adapte aux droits. Donc qu'est-ce que nous avons nous comme
07:18 impérieuses obligations ?
07:20 C'est de réfléchir et pas que quand nous sommes
07:23 dans un événement terroriste qui nous bouleverse tous, en permanence, dans la loi séparatisme.
07:30 Après la mort de Samuel Paty, on a inventé des infractions qui n'existent pas. Par exemple,
07:36 le fait de livrer le nom, l'adresse d'un policier. On a, pour les enseignants, pris un certain nombre de dispositions.
07:44 C'est une évolution que l'on doit à nos compatriotes dans notre réflexion pour améliorer les choses.
07:49 - Et il faut continuer à faire évoluer le droit. Gérald Darmanin nous a expliqué...
07:54 - Pardonnez-moi, qu'est-ce que vous diriez si à cet instant je vous disais "mais on a fait le travail,
07:59 tout va très bien". Mais non, bien sûr qu'il faut encore et encore et encore réfléchir. Mais je veux se dire aussi, madame,
08:07 qu'il y a un temps de la décence,
08:10 qu'il y a un temps
08:13 réservé à cette émotion nationale qui nous a tous étreints.
08:18 Ensuite, il y a le moment des polémiques
08:20 politiciennes. Elles arrivent forcément, à mon sens, trop vite,
08:24 puisque certains se servent évidemment de ce malheur
08:27 pour...
08:30 comment dirais-je, à des fins électoralistes. Et puis il y a le travail. Et puis il y a évidemment le travail.
08:36 Gérald Darmanin dit, par exemple, que dans le texte qu'il va porter, il y a un certain nombre de dispositions...
08:41 - Justement, il y avait une disposition...
08:43 - Une disposition qui nous intéresse. Il était là à votre place hier matin,
08:47 mardi matin, pardon, et il nous explique qu'il souhaite qu'un étranger, désormais, qu'il soit en situation irrégulière ou non, puisse être expulsé
08:53 dès lors qu'il est soupçonné d'avoir commis des faits contraires aux valeurs de la République ou qui troublent l'ordre public,
08:59 qu'il soit arrivé en France avant 13 ans ou pas, avant même qu'il soit condamné. C'est possible ça,
09:04 d'expulser sans condamnation ?
09:07 - Mais c'est déjà possible aujourd'hui, dans un certain nombre d'hypothèses, madame.
09:12 Mais il y a toujours la possibilité d'exercer un recours, il y a toujours le contrôle du juge. Moi, je veux vous dire une chose simple.
09:18 Les terroristes, ils ont une envie, c'est de détruire notre démocratie,
09:24 notre mode de vie, le rapport que nous avons, que les hommes ont avec les femmes, le rapport
09:30 que nous entretenons avec nos institutions, tout ça, ils veulent le détruire.
09:34 Mais tout ça, ça s'appelle aussi l'état de droit. Donc certains pensent aujourd'hui
09:39 qu'à raison du terrorisme, on peut s'affranchir de toutes les règles de la Constitution,
09:44 d'un certain nombre de textes fondateurs. Non, il faut bien sûr de la sévérité
09:51 dans le cadre de l'état de droit et il est déjà possible aujourd'hui d'expulser un étranger qui vient
09:58 nous gêner dans la conception que nous avons de l'ordre public.
10:03 C'est possible, mais le texte que va porter Gérald Darmanin,
10:09 aurait permis ou permettra, pardonnez-moi par exemple,
10:11 d'expulser l'assaillant Daras car il n'était pas expulsable.
10:15 - Ces deux petites questions et moins d'une minute, Eric Dupond-Moretti. Est-ce que vous avez été choqué hier soir par la manifestation
10:20 Place de la République, manifestation pro-palestinienne et ces cris qu'on a entendu à la Ouagbar ?
10:25 - Oui madame.
10:27 Oui madame, et pourquoi ? Parce que je disais, il y a un temps de la décence.
10:30 Et à la Ouagbar, c'est ce que l'on a entendu de la bouche de l'assaillant qui a égorgé le professeur Daras.
10:38 - Le conseil d'état a eu tort de...
10:40 - D'abord, ce n'est pas le conseil d'état qui a statué, c'est le tribunal administratif.
10:42 - Dans ce tribunal administratif, mais...
10:44 - La préfecture a autorisé.
10:45 - La préfecture a autorisé. Moi je ne dis pas qu'il a eu tort, je suis respectueux des décisions de justice,
10:48 évidemment. Ce que je dis, c'est qu'il faut être très attentif parce qu'un certain nombre de ces manifestations
10:54 ont dégénéré. En 2014, ça s'est terminé par mort aux juifs,
10:58 Israël assassin. Nous, nous avons une position très très claire. Je veux ici, si vous m'y autorisez, la rappeler.
11:05 Le Hamas est une organisation terroriste.
11:07 N'en déplaise à monsieur Mélenchon et à ses séides, c'est très clair.
11:12 Israël a fait l'objet d'une attaque terroriste. Israël a le droit de se défendre.
11:17 Israël doit le faire dans le cadre des règles internationales.
11:21 Nous sommes favorables à ce qu'il y ait un état palestinien. Nous sommes favorables à ce qu'il y ait un état d'Israël
11:29 sécurisé. Je pense que tout cela n'est pas antinomique
11:33 et que tout le monde devrait avoir cela à l'esprit.
11:36 Juste un mot, monsieur le ministre, vous allez comparaitre à partir du 6 novembre devant la Cour de justice de la République, pas question de
11:41 démission, vous nous l'aviez dit, ici même sur RTL, il y a un mois. Malgré tout, qui va gérer le ministère pendant ces deux semaines d'audience ?
11:47 Ma seule préoccupation, c'est que le ministère
11:50 soit géré. Pardonnez-moi pour cette familiarité, tourne. Et madame, il tournera. Sans vous.
11:57 Mais sans moi. Vous savez, moi je me lève tôt,
12:00 bien plus tôt que 7h54.
12:02 Je peux faire un certain nombre de choses, je les ferai et nous trouverons
12:08 l'organisation juste pour qu'il y ait un ministère de la justice présent. Mon procès, vous l'évoquez, dure six jours et demi.
12:16 de l'Union Européenne.
12:17 Merci.
12:17 [SILENCE]

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