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Dans son dernier rapport, l'Observatoire européen de la fiscalité explique que taxer les milliardaires à hauteur de 2% rapporterait 40 milliards de recettes fiscales aux États européens. Pour en parler, Quentin Parinello, conseiller politique de cet Observatoire et contributeur du rapport sur la taxe des milliardaires.
Regardez Les trois questions de RTL Petit Matin du 24 octobre 2023 avec Olivier Boy.

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00:02 RTL
00:05 Les trois questions du petit matin.
00:07 Et on va donc parler de cette idée de l'observatoire européen de la fiscalité.
00:11 Si mondialement on instaurait une taxe de 2% sur le patrimoine de tous les milliardaires,
00:17 ça rapporterait 140 milliards d'euros en tout, à se partager entre tout le monde si on comprend bien.
00:22 On va en parler avec Quentin Parinello. Bonjour monsieur.
00:25 Bonjour.
00:26 Vous êtes précisément conseiller politique de cet observatoire, vous avez participé à ces travaux.
00:32 Quand on lit ça, on se dit évidemment "super", mais ça ne se fera jamais.
00:36 Est-ce que c'est possible vraiment de se mettre d'accord à l'échelle mondiale pour taxer les patrimoines des plus riches ?
00:42 Oui, alors ce qu'on dit aujourd'hui c'est qu'on a désormais les moyens techniques de le faire.
00:47 On a accès à beaucoup plus d'informations sur la composition du patrimoine des plus riches.
00:52 Ce qui nous permet d'aller chercher notamment tout ce qu'ils ont caché offshore.
00:56 Et ce qui manque aujourd'hui c'est de la volonté politique.
00:59 Et juste pour rappeler qu'en fait ce discours on l'entendait ces dix dernières années sur beaucoup de mesures qui finalement ont été mises en place.
01:06 Je pense notamment aux mesures qui s'attaquent aux secrets bancaires, je pense à l'impôt minimum sur les multinationales.
01:11 Alors il y a des choses à améliorer, mais en fait il y a dix ans on disait que toutes ces mesures elles sont utopiques.
01:15 Elles sont utopiques parce qu'à chaque fois on se dit qu'on n'arrivera jamais à se mettre d'accord, à mettre d'accord tous les pays du monde.
01:20 Donc vous dites vous il y a des exemples où ça a été rendu possible et notamment sur l'imposer les bénéfices ou un impôt minimum sur les bénéfices.
01:28 Oui alors du coup on a mis en place un impôt minimum sur les multinationales de 15%.
01:33 Dans le rapport on montre toutes les limites de cet impôt puisque il y a plusieurs exonérations qui ont été introduites de manière à contourner le dispositif.
01:41 Néanmoins ce qu'on peut dire c'est qu'il y a 140 pays qui se sont mis d'accord sur le principe d'un impôt minimum sur les multinationales.
01:47 Nous ce qu'on demande c'est que ce qu'on a fait avec les multinationales aujourd'hui on le fasse avec les milliardaires.
01:52 Puisque ce qu'on montre dans le rapport c'est que les milliardaires dans tous les pays pour lesquels on a des données,
01:57 et c'est des données des administrations fiscales donc c'est assez précis,
02:00 on voit que les milliardaires payent proportionnellement moins d'impôts que le reste des citoyens et c'est juste une dynamique inacceptable.
02:06 Alors justement il y a donc dans votre rapport on le lit 2800 milliardaires dans le monde, c'est bien le chiffre que vous donnez.
02:13 Détaillez-nous pourquoi justement selon vous il n'y a pas de justice fiscale ?
02:18 Alors ce qu'on voit à partir de ces données d'administration fiscale c'est que si on prend l'ensemble des impôts qui sont payés par les individus,
02:27 donc on parle évidemment de l'impôt sur le revenu mais également de la TVA, de la CSG, des impôts qu'ils payent indirectement via les sociétés qui contrôlent.
02:34 Donc l'impôt sur les sociétés, de l'impôt sur la fortune quand il y en a, on voit que dans des pays comme la France par exemple,
02:40 le taux d'imposition effectif, tout impôt compris, il est à peu près stable, il est autour de 50% pour tout le monde.
02:46 Sauf un français moyen il paye 50% d'impôt par toutes les taxes, par tous les impôts, par tous les cadeaux ?
02:51 Voilà, sur son revenu. Pour tout le monde sauf pour les milliardaires qui payent deux fois moins.
02:55 Ce n'est pas forcément une surprise quand on est tout en haut de l'échelle, c'est beaucoup plus facile d'organiser son patrimoine
03:01 de manière à ne pas générer d'impôts qui soient taxables, de revenus qui soient taxables.
03:06 Et donc ce qu'on voit c'est qu'à l'échelle de leur patrimoine, ils ont des taux d'imposition effectifs de 0 à 0,5%.
03:13 Ce n'est pas du tout tenable sur le long terme, c'est un facteur d'exacerbation des inégalités et ça érode la démocratie et la confiance dans l'action publique.
03:22 Que dit par exemple, si on commence par le début, par notre pays ? Est-ce que vous savez ce que pense le gouvernement de cette idée ?
03:29 Alors, je ne vais pas vous surprendre, le gouvernement a pendant très longtemps été opposé à une taxation compréhensive des plus riches au niveau français.
03:39 Il a effectivement supprimé l'impôt de solidarité sur la fortune en arrivant.
03:43 Néanmoins, depuis 3-4 mois, ce qu'on peut entendre de la bouche du gouvernement, c'est de dire "à l'international, pourquoi pas, discutons".
03:51 Et c'est un véritable changement par rapport à il y a un an ou deux ans d'entendre un Thomas Cazeneuve, ministre du budget, par exemple, dire "pourquoi pas à l'international,
03:58 c'est plus non, surtout pas, chez nous c'est compliqué mais faisons-le à l'international".
04:04 Alors nous, ce qu'on dit, c'est évidemment, c'est mieux de faire une telle mesure à l'international parce que ça veut dire que tout le monde l'applique.
04:09 Il y a une justice et une équivalence partout.
04:12 Sinon, on dirait que les plus riches vont partir et vont quitter la France, ils peuvent économiser de l'argent dans un pays voisin, c'est l'enjeu.
04:18 Effectivement, c'est ce qu'on nous dit. Nous, ce qu'on dit, c'est que si on attend que tout le monde le fasse, le risque c'est de donner un droit de veto aux pays qui n'ont pas envie de bouger.
04:28 Sur la question de la fuite des plus riches, c'est une très bonne question, effectivement, c'est une question qu'on entend très souvent.
04:34 Il faut savoir que jusqu'à présent, les plus riches font très peu d'exil fiscal en France.
04:38 Avec l'ISF, il y avait 0,2% des plus riches qui partaient.
04:42 Néanmoins, ce qu'on dit, c'est que l'ISF taxait de manière assez contre-intuitive très mal les plus riches.
04:48 Si on met en place un véritable impôt sur les milliardaires, 2% minimum, sans exonération, on peut se dire qu'il y a un risque accru d'exil fiscal.
04:55 Oui, et c'est pour ça qu'on pense qu'on devrait mettre en place dans le même temps ce qu'on appelle un impôt anti-exil fiscal qui va cibler ceux qui s'en vont.
05:03 Aujourd'hui, on a toutes les données pour faire ça. Ce qui manque, c'est la volonté politique d'avancer sur ce sujet.
05:09 Et la coopération qui peut être difficile sur ce genre de sujet.
05:14 En tout cas, 2% d'impôt sur le patrimoine des 2.800 milliardaires, ça peut rapporter 140 milliards en tout aux finances publiques du monde entier.
05:23 Merci beaucoup, Quentin Parinello, d'avoir été l'invité d'RTL ce matin.
05:26 Je rappelle que vous êtes le conseiller politique de cet observatoire européen de la fiscalité qui milite pour cette idée.
05:32 Il est 6h20 sur RTL.
05:34 Cette interview est à retrouver sur l'appli RTL.
05:38 [Bruit de la vidéo qui s'arrête]

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