• l’année dernière
« Sans la liberté, il n'y a rien dans le monde ». Cette phrase de Chateaubriand donne son titre au tract, 8ème du nom, que François Sureau consacre à la question de savoir si nous sommes encore à la hauteur du principe même de notre société politique et de notre civilisation, celui donc de la liberté. [...]

Category

🗞
News
Transcription
00:00 [Générique]
00:08 « Sans la liberté, il n'y a rien dans le monde ».
00:11 Cette phrase de Chateaubriand donne son titre au tract, huitième du nom,
00:14 que François Surault consacre à la question de savoir
00:17 si nous sommes encore à la hauteur du principe même de notre société politique,
00:20 celui de la liberté.
00:22 Il interroge avec gravité.
00:24 Serions-nous en train de perdre notre amour de la liberté
00:26 et de préférer consentir à la servitude sécuritaire ?
00:29 Devons-nous accepter une telle perte et préférer un horizon totalitaire
00:33 ou par une incessante coopération électronique
00:35 insusceptible d'être utilement contestée par les moyens de droit ordinaires ?
00:39 Un citoyen pourrait être facilement placé
00:41 vers les ténèbres extérieures de la mort sociale.
00:44 Devons-nous nous satisfaire de cet abandon de la liberté,
00:47 à gauche comme projet, à droite comme tradition,
00:50 au profit d'un système qui privilégie le contrôle administratif,
00:53 la censure et la répression sous toutes ses formes ?
00:56 Certes, la liberté est une affaire risquée comme elle a toujours été,
00:59 mais doit demeurer au principe même de notre système de droit.
01:02 L'auteur qui nous alerte ici ne se présente pourtant pas
01:04 comme un professionnel de l'indignation.
01:06 Il anime avec son épouse l'association Michel Clavert
01:08 en soutien aux demandeurs d'asile,
01:10 lui qui a fait reconnaître par un arrêt le principe de fraternité
01:14 afin que les personnes qui accueillent des étrangers illégaux sans contrepartie
01:17 soient protégées contre toute poursuite pénale.
01:20 En bref, un personnage singulier sur la scène intellectuelle française
01:24 qui rédigea les statuts d'En Marche, avant de prendre la défense,
01:26 dans les médias, des Gilets jaunes et de leur droit incontestable
01:29 de manifester contre le pouvoir.
01:31 Il est depuis devenu académicien, au fauteuil 24,
01:34 occupé auparavant par Max Gallo,
01:36 et en a profité pour mettre fin à son activité d'avocat,
01:39 mais non à son activité d'écrivain donc,
01:41 comme ce court essai en témoigne,
01:42 un essai qui emprunte trois directions que l'on pourrait présenter ainsi.
01:46 La première nous met en garde contre la mauvaise habitude
01:48 prise par nos gouvernants de légiférer,
01:50 loi stipulant un pur délit cognitif par-ci,
01:53 loi consistant à réexaminer le travail des journalistes par-là,
01:56 à chaque péripétie de la vie publique.
01:58 Cette habitude, qui va dans un sens contraire à tous nos principes démocratiques,
02:01 n'aurait pour seul but que d'intimider le citoyen en tant que délinquant potentiel.
02:05 Il ne reste rien de la liberté de manifester,
02:08 si le gouvernement peut choisir ses opposants, indique l'auteur.
02:11 La deuxième direction pointe vers une distinction fondamentale,
02:14 entre la liberté individuelle et la liberté d'entreprendre d'un côté,
02:17 dont il n'est pas question dans ce texte,
02:19 et la liberté publique, qui préoccupe ici Suro,
02:22 et qui selon lui distinguerait l'Europe de quelques-unes des grandes parties du monde.
02:26 Un continent qui privilégie le débat et la controverse,
02:29 bref, l'intelligence dont chacun s'estime capable
02:31 pour tenter d'améliorer les conditions de l'existence de tous.
02:35 « La liberté vaut en effet, si elle est l'apanage d'un citoyen soucieux de bâtir une cité meilleure »,
02:39 clame l'auteur,
02:40 « et pas seulement le privilège d'un individu soucieux de sa jouissance personnelle ».
02:44 La troisième direction est peut-être la plus menaçante.
02:47 C'est celle qui ne peut que constater la perte générale de confiance et d'optimisme.
02:51 Perte d'optimisme de la part de nos gouvernants,
02:52 prêts à assigner à résidence de simples suspects.
02:55 Perte de confiance de la part des citoyens qui réclament
02:57 plus de droits pour eux-mêmes et plus de punitions pour autrui.
03:00 « Au tourniquet des droits, chacun attend son tour », décrit Suro,
03:03 « chacun attend le châtiment de l'autre ».
03:06 De ce texte bref et incisif,
03:08 retenons que mettre la sécurité avant la liberté est toujours un non-sens en démocratie.
03:13 Cet ordre de préférence fut adopté d'ailleurs par tous les totalitarismes du XXe siècle.
03:17 Ce fut même leur point commun.
03:19 On peut imaginer en effet que sous Staline, les rues étaient relativement bien sécurisées.
03:23 Mais l'état de droit, lui, mérite mieux,
03:25 et passe par un désir qui nous fait défaut aujourd'hui, l'amour de la liberté.
03:28 Donc, seul postulat susceptible de se substituer comme principe
03:32 à l'onction divine des rois, des autoritarismes et des absolutismes.
03:37 (Générique)
03:40 ---
03:45 [Musique]

Recommandations