Gérard Collard présente chaque samedi ses coups de cœur de lecture, au micro de Valérie Expert dans le 13h30-14h de Sud Radio dans Les coups de cœur des libraires.
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NewsTranscription
00:00 Sud Radio, le coup de cœur des libraires, Valérie Exper, Gérard Collard.
00:05 Bonjour Gérard.
00:06 Bonjour madame.
00:07 Bon, vous venez là mais on ne va rien dire nous aujourd'hui.
00:09 On a deux invités.
00:10 On a Thomas qui travaille à La Griffe Noire avec vous.
00:13 Bonjour Thomas.
00:14 Bonjour.
00:15 Vous êtes le spécialiste des BD, des mangas.
00:16 J'essaie.
00:17 Il a un look d'ailleurs.
00:20 Et puis un invité d'honneur, Luz.
00:23 Moi aussi j'ai un look.
00:24 Vous avez un look aussi.
00:25 Vous avez retrouvé votre look d'ailleurs, vous avez un petit peu changé à un moment.
00:29 Oui, oui, oui.
00:30 J'ai remis le t-shirt.
00:31 J'ai arrêté les cravates.
00:32 Vous avez bien raison.
00:34 On va parler avec vous de Testosterore.
00:36 C'est un album absolument incroyable qui est paru chez Albin Michel.
00:43 Magnifique.
00:44 Combien de pages ? 300 pages.
00:47 De conneries.
00:48 300 pages de conneries.
00:50 Mais vous retrouvez, vous avez été dessinateur à Charlie Hebdo.
00:54 Les couleurs sont super.
00:55 Vous avez été dessinateur à Charlie Hebdo.
00:57 Vous faisiez beaucoup de dessins de presse.
00:58 C'est passé ce qui s'est passé.
01:00 Et après deux albums qui revenaient un petit peu sur les événements de Charlie Hebdo,
01:08 vous avez vous êtes passé à autre chose.
01:11 Une sorte de nouvelle vie de dessinateur.
01:13 Vous êtes revenu à ce que vous faisiez peut-être au tout départ de la BD ?
01:18 Oui, oui.
01:19 Quand j'étais gamin, c'était la bande dessinée qui m'a motivé, qui motivait à dessiner.
01:25 Et puis, voilà, j'avais...
01:28 Je pense que le dessin de presse, c'est presque un hasard d'une certaine manière.
01:34 C'est toujours un peu un hasard pour un dessinateur.
01:36 Mais il y avait dans ce que je faisais à Charlie aussi plusieurs espaces pour faire
01:43 de la bande dessinée, du comics, du reportage, de l'illustration.
01:48 Et donc maintenant, je fais des livres qui convoquent toutes ces capacités que j'ai
01:53 dans ce grand apprentissage de 25 ans à Charlie.
01:59 Testosterore, c'est un personnage absolument détestable.
02:05 Jean-Pat.
02:06 Il n'est pas si détestable que ça.
02:07 Non, il n'est pas détestable, mais c'est un peu le beauf.
02:09 C'est le beauf de Cabu.
02:12 Mais il est amendable, lui.
02:14 C'est un beauf de Cabu, mais qui tout d'un coup se découvre, découvre que finalement,
02:19 il peut être un peu moins un peu moins un peu moins un con.
02:23 Il est vendeur de voitures.
02:26 Il est vendeur de voitures, mais il pourrait être autre chose.
02:29 Il pourrait être charcutier, il pourrait être libraire à la Grisoire.
02:32 Et tout à fait.
02:33 Il pourrait être...
02:34 Lui, il n'est pas très déconstruit.
02:38 C'est un mot un petit peu à la mode.
02:40 Il ne s'est jamais trop posé de questions.
02:41 La société ne lui pose pas trop de questions non plus.
02:43 Et lui, sa passion, c'est quand même le dimanche.
02:46 Le dimanche, c'est vraiment parce que parce que le dimanche, qu'est ce qu'on fait ?
02:51 On boit des bières, on boit des bières, non pas on s'instique le manche, mais c'est un
02:54 petit peu ça quand même.
02:55 On boit des bières, on boit du rosé, on fait la sieste, on regarde le sport à la télé.
02:59 Et moi, c'est ce que faisaient finalement les hommes dans ma famille.
03:03 Et vous aussi, peut être un peu ou pas ?
03:05 Vous êtes un homme déconstruit.
03:06 Alors, moi, je ne suis pas un homme déconstruit, mais je suis un homme très...
03:09 Qui n'a jamais réussi à se construire par le sport, par exemple.
03:12 En tout cas, par le sport télévisuel, ça, j'ai jamais jamais réussi.
03:15 Et je n'ai jamais réussi à me construire.
03:18 C'est une bonne question.
03:19 Je n'ai jamais réussi à me construire avec les mâles qui m'entouraient.
03:21 Et finalement, peut être l'exemple que j'avais, alors ça, c'est un petit peu, ça fait presque
03:26 snob de dire ça, mais mon père achetait plutôt des disques de David Bowie, par exemple.
03:32 Donc, quelque part, c'était pas Michel Sardou.
03:36 C'était pas Michel Sardou, mais ça ne m'a pas empêché de danser sur les lacs du Connemara
03:39 quand j'étais enfant.
03:40 - Comment est venue cette idée de testostérore de cet homme qui...
03:47 Il y a un virus qui arrive, qui frappe la planète et les hommes n'ont plus de testostérone.
03:52 - L'idée est arrivée il y a quand même assez longtemps.
03:58 C'est aussi parce que pendant le Covid, j'ai vu des hommes, j'ai vu des mecs complètement
04:04 paniqués qui, tout d'un coup, Dontin, qui tout d'un coup a acheté, qui a fait les
04:09 courses pour la première fois de sa vie.
04:11 Je me suis dit que c'est un bon exemple.
04:12 Pour la première fois de sa vie, il est allé au supermarché, à l'hypermarché.
04:16 Il a mis trois, quatre masses sur le visage.
04:18 Il a ramené que des produits de première nécessité.
04:21 Mais comme il ne faisait jamais les courses, ses produits de première nécessité, c'était
04:24 du saucisson, un tranche de saucisson, de la bière, du rosé, des chips.
04:29 Et je vous jure que c'est vrai.
04:30 Je vous jure que c'est une vraie histoire.
04:31 Et je me suis dit, tiens, c'est marrant.
04:33 En fait, au fond de pas mal d'entre nous, nous, les hommes, parce que je m'inclus là-dedans,
04:38 on est, il y a peut être une peur panique qui fait qu'on se protège avec une espèce
04:44 d'uniforme viril, d'uniforme de super héros qui est finalement pas si à notre taille
04:51 que ça.
04:52 - Alors comment on crée le personnage en BD ? Comment elle se construit ? On demande
04:56 souvent aux auteurs, est-ce que vous avez la fin avant ? Est-ce que vous savez où vous
05:00 allez ? Comment on travaille ? Je me suis posé la question parce que sur 300 pages,
05:04 c'est rare d'avoir des albums.
05:05 - C'est pas comme dans les films.
05:06 - Comment ça se passe ?
05:07 - Je sais pas comment font les scénaristes, mais moi, je sais que moi, ce qui me manque
05:12 encore maintenant, c'est des bouquins comme Pétillon savait les faire aussi, des bouquins
05:17 où tout d'un coup, on prend un sujet de société et puis on va, on l'essore jusqu'au bout
05:22 pour aller, pour le, pour étirer, pour en faire quelque chose, pour en faire une espèce,
05:29 pas qu'une blague, mais pour en faire un bouquin qui compte dans le moment social,
05:34 dans le moment sociétal.
05:35 Et c'est vrai que pour fabriquer Jean-Pat, je savais pas où j'allais.
05:41 Au début, j'étais parti pour dessiner un petit peu, j'avais fait Vernon Subutax et
05:47 je voulais prendre Vernon et puis le modifier.
05:51 Je voulais en faire un Mike de la nouvelle économie, etc.
05:53 Et puis finalement, je me suis rendu compte que il valait mieux que j'aille chercher
05:57 dans ma famille.
05:58 - Il sortait la boîte à couilles.
06:00 - L'infamie, ça sortait la boîte à couilles.
06:02 - Ça, ça vient plutôt du côté de ma meuf qui avait entendu ça dans un match de foot.
06:08 Un parent à son fils qui disait "Allez maintenant, faut sortir la boîte à couilles".
06:13 Je me suis dit "ça, je vais le garder ça".
06:16 - C'est pas mal, il y a beaucoup de couilles dans le livre.
06:17 Vous en pensez quoi Thomas ? - Il y a aussi des testicules.
06:20 - Des couilles et des testicules, c'est pas pareil ?
06:33 - C'est pas pareil parce que la couille, c'est l'homme à des couilles, tandis que l'être
06:36 humain a des testicules.
06:37 - D'accord, il y a des chiens aussi.
06:39 - Des chiens, c'est important.
06:40 On ne peut pas faire une bonne bande dessinée, on ne peut pas faire un bon film, un bon comics
06:46 sans un chien.
06:47 - Qu'est-ce que vous en pensez Thomas ? Vous qui êtes spécialiste des bandes
06:50 dessinées, elle est atypique cette bande dessinée.
06:52 - Elle est super, j'ai hâte d'ailleurs de la lire, mais pour l'instant elle est tellement
06:55 victime de son succès que je n'arrive pas à la lire.
06:58 Pour l'instant je vide mes piles, aussi vite qu'elles arrivent, aussi vite qu'elles partent.
07:02 Et donc, félicitations.
07:03 - Quelles sont les logiques d'achat ? Est-ce que c'est les hommes ou les femmes qui achètent
07:07 sa bande dessinée ? - Je pense qu'il n'y a pas de logique.
07:09 Des fois c'est un auteur, des fois c'est l'histoire, des fois c'est ce qu'on met en
07:13 avant.
07:14 Après, il faut que ça matche avec le public.
07:16 Mais là, je sais qu'à peine arrivé, c'est parti en fusée.
07:20 Félicitations.
07:21 - C'est génial, merci.
07:22 - C'est rare d'avoir une BD aussi boule de canne.
07:25 - C'est moi qui ai fait sa fiche pour qu'on dise quelque chose de sympa.
07:31 - Vous me disiez que la couleur était faite à l'ordinateur.
07:33 Vous travaillez comment ? On m'en pose des questions un peu naïves.
07:38 - Non, non, non, c'est bien de parler du boulot.
07:39 - Comment ça se fait une bande dessinée justement ? Vous le dessinez à la main ?
07:43 - Je suis plutôt un homme du noir et blanc.
07:46 C'est quelque chose qui me fascine, qui m'a façonné pendant pas mal d'années.
07:52 C'est vrai que la couleur, ça arrive un peu après.
07:53 Les derniers bouquins que j'ai faits, je les ai faits au lavis, on trempe à l'angle,
07:58 quelque chose où on a les doigts tout salopés, etc.
08:01 Et là, je me suis dit, je vais tenter un truc.
08:04 Je vais essayer de voir si je peux avoir des couleurs aussi dégueulasses avec de l'ordinateur.
08:08 Et justement, grâce à l'ordinateur, on peut avoir une patte un petit peu plus humaine
08:14 sans passer par l'intelligence artificielle.
08:16 - Ça gagne du temps ou c'est aussi au niveau de temps ?
08:19 - Ah oui, ça gagne du temps.
08:20 Parce que si vous avez tout d'un coup, vous partez sur une couleur et puis vous dites
08:24 "Ah non, mais ça va pas, la gamme de couleurs de la page, elle n'est pas réussie."
08:27 Vous pouvez la changer d'un clic.
08:29 - Ça, ça me fascine.
08:31 On met combien de temps pour écrire une BD comme ça ?
08:33 - Pour écrire, c'est compliqué.
08:35 - Une fois qu'elle est terminée, il faut combien de temps ?
08:38 - Regardez, pour ceux qui nous suivent sur les réseaux, cette double page qui est absolument extraordinaire.
08:42 - Une double page où notre héros Jean-Pat, Jean-Patrick, se sent possédé par des hormones
08:48 femelles et on voit à l'intérieur de son corps, les hormones mâles sont en panique
08:53 justement par l'invasion des hormones femelles.
08:56 - Qu'est-ce qu'elle fait ici, cette prostate ?
08:59 Désolée, mais j'ai la soirée jeux vidéo qui a été remplacée par écoféministes et citoyenneté.
09:04 J'allais descendre des poubelles, mais j'ai oublié qu'elle saute.
09:06 C'est très drôle, c'est exactement chouette un jacuzzi.
09:09 C'est vraiment tout dans les...
09:12 - Je ne vous dis pas où le jacuzzi est placé dans l'anatomie du personnage.
09:16 - Dans les petits détails.
09:17 Combien de temps ça prend alors ?
09:18 - Oui, c'est pour ça.
09:19 - Au niveau dessin pur, ça m'a pris un an et demi.
09:22 Et au niveau scénaristique, ça prend plusieurs années.
09:25 Mais après, j'ai fait effectivement Vernon Subutex, il y avait d'autres projets au milieu.
09:31 Mais c'est vrai qu'au début, j'ai fait une trentaine de pages et qui étaient beaucoup
09:37 trop sérieuses.
09:38 Et du coup, j'ai tout balancé parce que ça n'avait plus...
09:41 Parce que quelque part, il y a beaucoup trop de livres qui sortent justement sur les rapports
09:46 hommes-femmes ou la virilité qui sont, comment dire, informatifs.
09:55 Et là, je voulais quelque chose de très caricatural parce que pour parler de la virilité,
09:58 il faut aller dans la caricature.
09:59 - Allez, debout, champion, je vous laisse découvrir qui est le champion.
10:04 - Oui, le champion, c'est un...
10:06 Alors, vous savez que dans la sexualité, dans le couple, il ne faut surtout pas donner
10:11 un nom à son sexe.
10:12 - Ah, je ne savais pas.
10:13 - Vous ne savez pas vous donner quel nom ?
10:15 - Pas, pas, mais spontanément.
10:16 - Ou plus, ou plus.
10:17 - Ou plus, voilà.
10:18 - Je vous remercie.
10:19 Et pourquoi ?
10:20 - Parce que c'est un tue-l'amour.
10:21 Tout d'un coup, ça voudrait dire que le sexe, que vous ramenez finalement la sexualité
10:31 à un jeu d'enfant, ce qui n'est vraiment pas terrible pour...
10:34 - Ce ne sont pas toujours sympas vos femmes dans le livre.
10:37 - Elles sont comme dans la vie.
10:39 - Non, mais je ne parle pas que d'un mec, je parle aussi d'une famille qui est impactée
10:42 par un virus qui touche le mec.
10:45 C'est-à-dire que aussi la virilité d'un homme peut avoir un impact très fort sur
10:49 la famille.
10:50 On l'a vu aussi pendant le Covid où tout d'un coup, il y avait des déflagrations
10:54 liées à certaines violences domestiques.
10:57 Moi, ce que j'avais envie de traiter finalement, de l'ensemble des conséquences aussi de la
11:06 virilité, de ce mythe de la virilité qui est essayer d'aller plus loin, plus fort,
11:11 être plus puissant, être quelque part un super-héros, un surhomme.
11:17 Et on se rend compte que ce n'est pas si simple.
11:19 Moi, j'ai vu des mecs qui continuent à être le surhomme.
11:23 Et le surhomme, des fois, ça passe par la consommation, avoir le dernier portable, ou
11:28 alors ça passe par les éclats sexuels.
11:32 Et je pense que les femmes, en tout cas dans les couples hétéros, ils ne se rendent pas
11:36 compte que le...
11:37 - C'est comme dans les romans.
11:38 Dans les romans, il y a des romans qui font des thèses.
11:42 Et c'est chiant comme la lune.
11:44 Et là, comme c'est notre fameuse phrase, ça donne de la légèreté à la profondeur.
11:47 - Oui, mais ça ne sera pas le débat.
11:49 - Mais non.
11:50 Et ça donne en plus cette envie, ce plaisir de découvrir.
11:53 - C'est vous, là, ou pas ? J'ai cru vous reconnaître.
11:57 - C'est un peu moi.
11:58 C'est vrai que l'adolescent gay dans l'histoire, c'est un petit peu moi.
12:05 Ça ressemble à moi.
12:06 Ça ressemble un petit peu au Grand Duc du Chaud.
12:08 - C'est du vécu.
12:09 - Il y a pas mal de capot aussi dedans, dans cette BD.
12:11 - Ça ne vous manque pas du tout, le dessin de presse ?
12:13 - En même temps...
12:14 - Vous voyez l'actualité ?
12:15 Vous avez des réflexes ? Je ne parle pas de celles immédiates.
12:19 - Mais disons que quand je vois l'actualité, je prends toujours des notes.
12:22 Ça, c'est certain.
12:23 Mais en même temps, j'ai pris le temps du temps.
12:29 Maintenant, pour répondre à l'actualité, je me suis dit que c'est bien de réfléchir un petit peu avant.
12:34 Peut-être que c'est aussi dû à cette abondance de réseaux sociaux.
12:38 Moi, je ne suis pas sur les réseaux sociaux.
12:39 Mais je me dis que mes likes, ils sont dans les librairies.
12:44 Mes followers, ils sont dans les librairies.
12:47 Et c'est un autre rapport, un autre timing.
12:51 - Ça ne vous est jamais venu, Janine ?
12:53 J'adorerais ça de faire un journal intime.
12:56 Vous savez, comme les...
12:57 Son journal intime avec ses petits BD, ses dessins chaque jour.
13:02 Un truc d'actualité que vous feriez paraître après.
13:05 - Oui, quelque part, j'en ai fait un, un journal intime.
13:08 Il s'appelait "Quatorze-six" après 2015.
13:11 Et après, il y a aussi un truc, c'est que j'ai beaucoup parlé de moi, en fait, dans mes BD.
13:16 J'ai aussi dans "Indelible", une bande dessinée qui parlait de mon passage à Charlie Hebdo.
13:21 Et parfois, c'est difficile de parler de soi.
13:24 Peut-être qu'il y a beaucoup...
13:25 Il y a aussi beaucoup de littérature ou de bandes dessinées qui parlent de soi.
13:30 Et moi, j'avais envie de fiction.
13:32 J'avais envie de faire un grand ouvrage de fiction.
13:34 Et pas forcément un ouvrage...
13:35 Parce que j'aurais pu faire un ouvrage sur les masculinistes,
13:38 sur les femmes, sur les homosexuels, sur les homosexuels.
13:41 Et ça, c'est un ouvrage qui serait très inspiré de ce qui existe déjà.
13:45 Et en même temps, je me suis dit "merde, il faut...
13:47 J'ai envie d'inventer un monde parce que c'est dans les mondes qu'on invente qu'on est le plus libre".
13:50 - Et plus de rire.
13:51 Et plus de rire.
13:52 C'est quand même se marrer, il faut le dire.
13:54 C'est qu'on se marre vraiment en lisant "Testosterore" qui est paru chez Albin Michel.
13:58 Luz, je vous propose de rester parce que vous étiez comme un gamin
14:01 en voyant les livres qu'a apporté Thomas puisqu'on va parler manga et BD.
14:05 A tout de suite.
14:06 - Super, Gérard Collard.
14:08 - Alors, une émission un petit peu spéciale aujourd'hui puisqu'on a Luz avec nous
14:12 pour "Testosterore" chez Albin Michel, l'album qui cartonne, vous nous l'avez dit Thomas.
14:16 Thomas, vous êtes le spécialiste BD de la griffe noire.
14:19 Donc on va vous laisser parler, nous dire un petit peu BD, manga,
14:24 qu'est-ce qui marche et ce que vous nous proposez.
14:27 - Je voulais vous parler du manga.
14:29 C'est un phénomène qu'on a souvent tendance à qualifier de récent.
14:33 Et en fait, le phénomène manga en France, il existe depuis des années.
14:36 Il a commencé avec un personnage qu'on ne pense pas que je vais réciter, mais c'est Dorothée.
14:40 Dorothée, c'est vraiment elle qui a importé le manga en France.
14:43 - Ah bah oui, tout dessin animé Goldorak.
14:45 - Goldorak avec "Récréa 2" et plus tard son passage sur TF1 avec le club Dorothée,
14:50 avec "Dragon Ball".
14:52 Et c'est vraiment elle qui a fait exploser.
14:54 Et donc ça fait des années en fait que le manga, il explose en France.
14:58 Et donc c'est pour ça que ce n'est pas un phénomène qui touche que la jeunesse.
15:01 En fait, le public du manga aujourd'hui, il a entre 30 et 40 ans.
15:05 - Ah bah attendez, il touche aussi la vieillesse.
15:07 Moi j'ai 51 ans, je suis un fan absolu du manga.
15:09 Moi je vois des bouquins qui sont là.
15:12 - Alors c'est quoi ?
15:13 - Parce que là il est en trance.
15:15 - Alors qu'est-ce qu'on peut lire ?
15:17 C'est quoi les phénomènes en ce moment des mangas ?
15:20 - Justement, pour parler du manga, je pense qu'il faut quand même commencer par le début.
15:23 Et c'est Ozomu Tezuka.
15:25 Là, je voulais vous parler des "Trois Adolfs"
15:27 qui est un de ses récits phares, un de ses derniers récits.
15:30 Qui va nous placer dans les JO de 36.
15:34 Ça va être un thriller politique.
15:37 On va avoir un journaliste qui va envoyer une lettre à son frère, qui est au Japon.
15:42 Et qui a une info comme quoi il pourra faire tomber le régime nazi.
15:46 Je ne veux pas vous spoiler, mais l'information c'est qu'Hitler a des origines juives.
15:51 Et à côté de ça, on va suivre deux autres Adolfs.
15:53 - C'est pas du tout un spoiler.
15:55 - C'est terrible.
15:57 - Tout à coup, il y a des dépêche-AFP qui sont en train de sortir.
16:01 - Exactement.
16:02 Et à côté de ça, on va suivre deux autres personnages, deux autres Adolfs qui vivent au Japon.
16:07 Un qui a immigré au Japon et un autre qui a la famille qui habite là-bas.
16:11 Et quand ces trois histoires vont se rencontrer, ça va donner un super polar.
16:15 Pour moi, c'est une des oeuvres emblématiques du polar.
16:18 Ozomu Tezuka, c'est vraiment un gars à découvrir.
16:20 Parce que sans lui, il n'y aurait pas de manga comme on le connaît maintenant.
16:23 - Mais en quoi c'est un manga et pas une BD ?
16:25 C'est quoi la différence ?
16:27 - Il n'y a aucune différence.
16:29 - Parce que ça veut dire bande dessinée.
16:31 - Il y a trois piliers.
16:33 - Le manga, c'est parce que ce sont des japonais ?
16:35 - Exactement. Il y a trois grands piliers dans la bande dessinée.
16:37 - Et ça se lit à l'envers ?
16:39 - Exactement. Dans le style de lecture japonais.
16:41 Il y a trois grands piliers dans la bande dessinée.
16:43 Il va y avoir la bande dessinée américaine,
16:45 il va y avoir la bande dessinée européenne, franco-belge, et le Japon.
16:49 - Et c'est quoi là, le gros ?
16:51 - Et alors envers, c'est quoi le gros ?
16:53 - C'est Ping Pong de Taiyo Matsumoto.
16:55 - Ping Pong de Tatsuya. Vous connaissez ?
16:57 - Ah oui, je connais.
16:59 C'est probablement le meilleur manga sur le sport que je connaisse.
17:05 Parce que le style, il est dynamique.
17:09 - C'est beau.
17:11 - C'est très très très beau.
17:13 Matsumoto a fait d'autres mangas,
17:17 mais celui-ci, c'est quand même plus de 2000 pages.
17:21 Sur un combat de ping pong entre deux amis, deux amis ennemis, on ne sait pas.
17:31 C'est fascinant, c'est d'une beauté.
17:35 Moi je l'ai découvert il n'y a pas si longtemps.
17:37 - C'est des beaux livres.
17:39 Je ne vous connaissais pas du tout.
17:41 Donc il s'appelle Taiyo Matsumoto.
17:43 - Exactement, sur les éditions Delcourt.
17:45 - On évite avec Gérard en général les noms qu'on n'arrive pas à prononcer.
17:47 - En plus, c'est un manga hyper intéressant sur le sport,
17:49 parce que c'est sur l'opposition.
17:51 On va avoir un jeune hyper talentueux, mais qui n'est pas très travailleur.
17:55 Et à côté de ça, un jeune qui développe son talent, qui travaille beaucoup.
17:59 Et ça va être vraiment l'opposition de ces deux amis.
18:01 Moi je me rapprocherais presque du roman graphique.
18:05 - Oui, c'est vraiment ça.
18:07 - Et c'est vraiment magnifique.
18:09 - Alors qu'est-ce que vous allez apporter encore ?
18:11 - On va rester sur le sport, et je vais encore vous parler d'un pilier du manga, Ashita Nojo.
18:15 - Vous connaissez ?
18:17 - C'était bien, mais je n'ai toujours pas lu.
18:19 - Ça se rapporte, je trouve, ça ressemble à Peave Gadget.
18:21 - Justement, toute cette période-là dans le manga, était beaucoup inspirée de Walt Disney.
18:27 - Ah oui ?
18:28 - La première grande inspiration des mangas, c'est Walt Disney, avec les grands yeux.
18:32 C'est de ça qu'ils se sont inspirés.
18:34 Et Ashita Nojo, c'est le précurseur d'un style de manga qu'on appelle le shonen,
18:39 où on va avoir un jeune garçon qui se développe.
18:42 Et c'est aussi un des premiers mangas social.
18:44 C'est assez rare d'avoir une oeuvre clivée à gauche.
18:49 - Mais qui dit social, dit pas chiant.
18:51 - Ah non, pas du tout !
18:52 - Quand ils entendent social, ils se disent "ah mais non non".
18:54 - Et ça a tellement marqué le peuple japonais, qu'au bout d'un moment,
18:58 quand on va avoir un personnage qui va mourir, il y a eu des hommages au Japon.
19:01 Il y a des gens qui se sont réunis pour lui rendre hommage.
19:03 Quand la factioire Meru j'avais fait des enlèvements au Japon,
19:07 ils s'étaient revendiqués d'Ashita Nojo.
19:09 Il y a une grande importance à ce manga.
19:14 - C'est pour quel âge ?
19:15 - Ashita Nojo, on peut l'adresser à partir de 11 ans.
19:18 - Les jeunes adultes, comme on dit.
19:19 - Les jeunes adultes de la faction Amère Rouge.
19:21 - Ensuite, alors ?
19:23 - On va rester dans le sport d'ailleurs, et après je passerai à autre chose.
19:27 Je vais vous parler de "Real", de Takehiko Inoue, aux éditions Kana.
19:30 - Il dit les noms de...
19:31 - Oui, il est impressionnant.
19:33 Et alors là, oui, c'est une autre forme de graphisme.
19:37 - Exactement, et ça va avoir pour thème le handi-basket.
19:40 Et c'est pas original de voir du handi-basket dans le manga.
19:44 - Non.
19:45 - Et c'est vachement bien parce que justement, en fait, c'est pas bien pensant.
19:48 On peut être handicapé et méchant.
19:51 - Ah, j'adore !
19:52 - On peut être handicapé très sportif.
19:54 - On peut être handicapé gentil aussi.
19:56 - Exactement, et d'ailleurs, le rival de ce manga, qui est insupportable,
20:01 justement, lui va avoir un accident, il va tomber handicapé.
20:04 Et justement, en fait, lui, sa victoire, alors qu'on pense que tout est facilement accessible,
20:09 sa victoire, en fait, ça va être des petites victoires,
20:11 ça va être un combat contre le handicap.
20:13 C'est super beau.
20:14 "Real", on n'en parle pas souvent.
20:15 - C'est beau, c'est bien.
20:17 - C'est impressionnant.
20:18 Il y a souvent des gens qui disent du mal des mangas, mais ils n'en ont jamais ouvert un.
20:21 - C'est vrai.
20:22 - C'est très très beau.
20:23 - Mais les mangas, ça veut dire bande dessinée, mais du coup, il y a tout.
20:28 - Il y a du manga très patrimonial, très années 50.
20:34 Il y a des choses très modernes, des choses très d'après-photo.
20:37 Il y a justement des choses très sociales, il y a des choses très intimes.
20:40 - Il y a des plus grands albums aussi.
20:42 - Ça, c'est de la BD.
20:44 - Ça, c'est de la BD, d'accord.
20:45 Donc, on continue sur les mangas, on va faire manga.
20:47 - Je voulais vous parler de ça aussi, de "Stop Ibarikun" aux éditions "Les Arts Noirs".
20:54 - De "Ibarikun" en Izayi Eguchi et c'est "Stop Ibarikun".
20:58 - C'est déjà plus différent.
21:00 - Là, c'est différent, oui.
21:01 - Là, on se place dans un graphisme plus proche du collège Foufoufou, avec des grosses têtes, des chibis.
21:06 - C'est quoi des chibis ?
21:08 - Les chibis, c'est les petites grosses têtes quand ils commencent à faire un caractère où ils s'engueulent.
21:13 - C'est-ce qu'il est sexuel ?
21:14 - Non, non, c'est comme...
21:16 - Ah, mais il y a de la couleur, là.
21:18 - Oui, c'est parce que c'est une édition de luxe où on a les premières pages en couleur.
21:22 - Ce vaurien de Ibari a encore mis une de mes petites culottes.
21:26 - Exactement. Et là où c'est hyper intéressant...
21:28 - C'est vrai que ça te plairait.
21:30 - En fait, on part sur un scénario très classique de manga.
21:34 On a un jeune garçon qui va l'éveiller dans une autre famille.
21:36 Il va tomber amoureux de la fille, sauf que Ibari, ce n'est pas une fille, c'est un garçon.
21:40 Et pour un manga des années 80 au Japon, c'est hyper bien amené.
21:43 - C'est hyper audacieux.
21:44 - On pourrait penser qu'à l'époque, on avait des clichés au Japon.
21:48 C'est très légèrement amené, il y a plein d'humour.
21:51 Et c'est passionnant de lire ce manga.
21:53 On va parler de musique, on va parler de transidentité.
21:57 Et je trouvais ça hyper intéressant pour un manga qui date des années 80 au Japon.
22:01 - D'accord. Et alors, on continue sur les mangas.
22:04 - Alors là, un tranche de vie.
22:06 Alors dans le manga, la tranche de vie, c'est ce qu'on rapproche...
22:08 C'est dans l'autre sens.
22:09 - Gérard qui aime les belles couvertures, c'est dans l'autre sens.
22:12 - Oui, c'est ça.
22:13 - C'est tout jaune. Alors là, celui-là, qu'est-ce qu'il a de particulier ?
22:16 Alors déjà, l'auteur, Ino Asano, c'est le maître.
22:19 - C'est un auteur absolument sensationnel.
22:22 - Luse, oui.
22:23 - Oui, oui, oui, je suis un petit peu ce qu'il fait.
22:25 Alors, on va parler de Bonne nuit Poon Poon.
22:27 Mais en dehors de ça, c'est un auteur qui parle beaucoup de l'adolescence,
22:33 de l'enfance, de l'adolescence.
22:35 Et qui en parle avec quelque chose de très, très juste.
22:39 Quelque chose qu'on ne lit jamais.
22:41 Quelque chose parfois de très cru.
22:43 Il y a deux albums sur la fille de la plage.
22:47 Qui sont probablement parmi, pour moi, les chefs-d'œuvre absolus de l'adolescence dessinée.
22:52 Et Poon Poon, je vous laisse continuer.
22:55 Parce que je ne suis pas...
22:57 - Luse, vous lisez beaucoup de BD ?
22:59 - C'est relativement récent que j'en lise vraiment beaucoup.
23:04 Je pense que j'ai découvert le manga il n'y a pas si longtemps.
23:08 Je dois reconnaître, il y a cinq, six ans.
23:11 Et j'ai vu aussi, ça a ouvert un champ graphique
23:14 que je ne connaissais pas.
23:17 Et aussi, que je trouve particulièrement inventif.
23:22 Mais aussi un petit peu de comics.
23:27 Pour le coup, je navigue entre les Américains, les Japonais.
23:31 Et je suis dans le Pacifique.
23:33 - Et ça c'est en l'occasion des ados.
23:35 - Ça c'est plutôt l'enfance.
23:37 - Le celui-ci c'est plutôt l'enfance.
23:39 - J'arrête de prendre votre place.
23:41 - En fait, on va aller de l'enfance de Poon Poon
23:43 jusqu'à l'âge adulte.
23:45 Dans un style très graphique, hyper réaliste.
23:47 Sauf, en fait, Poon Poon et sa famille
23:49 qui sont représentées par un oiseau.
23:51 Et c'est en fait ça la force de ce qu'a fait Asano.
23:54 Parce que, en fait, cet oiseau,
23:56 personne ne le voit comme un oiseau,
23:57 tout le monde le voit comme un humain.
23:58 Mais c'est vraiment adressé au lecteur.
24:00 Et par cet graphisme d'oiseau,
24:02 on va se rendre compte de ses sentiments.
24:05 - C'est quel âge, ça ?
24:07 - Ça c'est plutôt adolescents plus.
24:09 Parce que c'est des thèmes un peu graves.
24:12 - 14, 15 ans ?
24:13 - Ouais, même 16.
24:14 Il faut être de bonne humeur quand on le lit d'ailleurs.
24:16 - Et c'est un graphisme ultra réaliste.
24:18 C'est aussi là où c'est intéressant,
24:19 c'est de mettre à l'intérieur deux graphismes différents.
24:22 Et Asano, c'est peut-être un des précurseurs
24:25 de ce qu'on pourrait appeler
24:28 une espèce d'hyper réalisme dans le manga
24:32 depuis pas mal d'années.
24:34 - Et puis on va finir, il ne nous reste plus beaucoup de temps
24:36 sur le manga.
24:38 - On va parler de mon petit chouchou à moi, Vinland Saga.
24:41 - Moi aussi.
24:43 - Je ne connais pas. Nous on découvre.
24:46 Alors, pourquoi c'est votre chouchou ?
24:48 C'est beau.
24:49 - Le thème abordé, c'est les invasions vikings.
24:52 Et en fait, je trouve que ça colle pas mal à l'actualité.
24:56 Le père du héros lui explique qu'on n'a pas d'ennemis.
24:59 Et en fait, on guerre tout le temps.
25:01 Et ça va être vraiment la voie du guerrier,
25:03 mais aussi la voie de la paix.
25:05 Et en fait, pendant tout ce manga,
25:07 on va découvrir qu'en fait, le seul ennemi qu'on a,
25:09 c'est soi-même.
25:10 Et c'est un très beau manga, qui est violent graphiquement.
25:13 Et après, ce sera plus simple
25:15 et plus dans le style de "Tranche de vie" de Bonny Pounpoun.
25:18 Mais c'est vraiment un de mes grands coups de cœur.
25:20 C'est hyper intelligent.
25:22 Et c'est dans notre quotidien où les conflits sont permanents,
25:26 il faut lire Vinland Saga, parce que justement,
25:28 ça nous apprend qu'on n'a pas d'ennemis à part soi-même.
25:30 Et c'est super beau.
25:31 - Il est plus testiculaire que les autres, celui-là.
25:34 - C'est plus pour les garçons.
25:35 - C'est testiculaire.
25:37 Ce sera le mot de la fin.
25:39 Merci.
25:40 On rappelle votre livre "Lust, testosterore"
25:43 chez Albin Michel.
25:44 300 pages totalement déjantées, drôles,
25:48 et qui dit des choses sur la masculinité.
25:51 Et puis, Thomas, vous voyez sur le site de La Griffe Noire
25:55 et puis le podcast que vous pouvez évidemment réécouter.
25:58 Merci à vous.
25:59 Très bonne journée sur Sud Radio.
26:00 - Sud Radio, le coup de coeur des libraires.
26:03 Valérie Expert, Gérard Collard.