AVC à 27 ans - Elise Mathy : "À ce moment-là, j’étais tellement triste que j’ai pensé que j’aurais préféré mourir le jour de mon AVC"

  • l’année dernière
Elise Mathy n’a que 27 ans lorsqu’elle est victime d’un accident vasculaire cérébral. Un sort qu’elle trouve injuste, au regard de son âge et de son mode de vie très sain. Avec transparence, elle relate le sentiment d'injustice qui l'a traversée lorsqu'elle s'est réveillée de la réanimation. Dans les moments les plus sombres de son combat, la jeune femme confie qu'elle aurait préféré mourir le jour de son AVC plutôt que de devoir se battre avec acharnement au quotidien pour récupérer la partie gauche de son corps, paralysé à la suite de l'attaque. 
Transcript
00:00 À ce moment-là, j'étais tellement triste et dévastée
00:02 que je pensais vraiment que j'aurais préféré mourir ce jour-là, en fait.
00:04 Au départ, ce qui ressort le plus, c'est le sentiment d'injustice.
00:10 La colère assez rapidement aussi.
00:12 Pourquoi moi ? Pourquoi j'ai eu ça ?
00:14 Pourquoi ma vie, là, elle est terminée ?
00:16 C'est pas le... Ouais, c'est pas juste, quoi.
00:18 J'étais pas... Voilà, en surpoids, je fumais pas,
00:20 j'avais pas de diabète, j'avais pas d'hypertension,
00:22 j'avais pas d'incident dans ma famille.
00:23 Pourquoi c'est tombé sur moi, en fait ?
00:25 Moi, j'ai eu beaucoup de chance encore
00:26 parce que j'ai eu ma famille très, très proche tout le temps avec moi.
00:29 Mes amis qui étaient là pour moi, qui croyaient vraiment en moi.
00:33 Et du coup, ce sentiment, il est un peu parti.
00:35 Après, c'est le combat quand on est obligé d'aller de l'avant
00:38 et se dire soit tu restes en fauteuil roulant toute ta vie,
00:41 soit tu te bouges les fesses et t'as un moyen de récupérer.
00:44 Il y a énormément de craintes qui sont apparus.
00:47 D'abord, quand j'arrive au centre de rééducation,
00:49 il y a l'ergothérapeute qui me prend des mesures
00:53 pour mon fauteuil roulant.
00:55 Et là, c'est le premier choc qui me marque.
00:58 Est-ce que je vais rester en fauteuil toute ma vie ?
01:00 Est-ce que je vais arriver à remarcher ?
01:02 Tout bête, est-ce que je vais arriver à me relever toute seule ?
01:04 Parce qu'au début, j'en étais au point qu'on me lavait,
01:06 qu'on me faisait les transferts pour aller aux toilettes.
01:08 Je ne faisais rien toute seule.
01:09 Et la deuxième crainte, c'est surtout est-ce que je vais en refaire un ?
01:13 Est-ce que je risque de refaire un accident vasculaire et de mourir cette fois ?
01:16 La crainte, c'est que je devienne un boulet pour ma famille.
01:19 Est-ce qu'eux, ils sont à risque aussi d'en faire un ?
01:21 Du coup, est-ce que c'est une maladie génétique que j'ai ?
01:23 À mes parents, je leur ai dit que j'avais tellement peur d'en refaire un
01:25 que si jamais j'en refaisais un, qu'il ne fallait surtout pas me réanimer.
01:29 Un jour, quand j'étais toute seule chez moi,
01:31 j'ai pensé que j'aurais dû mourir le jour où je suis tombée.
01:35 À ce moment-là, j'étais tellement triste et dévastée
01:37 que je pensais vraiment que j'aurais préféré mourir ce jour-là.
01:40 Et la crainte aussi majeure que j'ai eue pendant de longs mois,
01:43 c'est est-ce que je vais arriver à finir mes études de médecine ?
01:46 Il me restait un an à faire.
01:47 Je voyais bien mon corps qui avait changé.
01:49 J'ai pris beaucoup de poids en très peu de temps.
01:51 Je boitais quand je marchais. Je boite toujours.
01:53 Et je me suis dit, mais en fait, je vais finir ma vie toute seule.
01:56 C'est sûr que je n'aurai pas de conjoint.
01:58 Je n'aurai peut-être pas d'enfant.
01:59 J'ai eu très, très peur.
02:02 Je ne vais pas tout récupérer comme avant,
02:05 mais je fais le maximum encore maintenant, c'est-à-dire six ans et demi après.
02:09 Je vais continuer de la rééducation chez moi toute seule,
02:11 mais je sais très bien que je ne marcherai plus jamais comme avant.
02:15 Et je sais très bien que je n'arriverai pas à utiliser mon bras gauche comme avant.
02:18 [Générique]

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